After prime 8

Avec Alessandro, on se pose là. Apparemment, il veut me parler... on s'installe sur un divan puis je jette mes yeux dans les siens : « Je t'écoute. ». Ma main gauche caresse tendrement mes cheveux... comme pour me calmer. Quand je suis tendu, comme c'est le cas là, je me recoiffe sans cesse... et ça me procure un bien-être. Ca m'apaise. N'empêche, je reste déboussolé... c'est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Par contre, force est de constater qu'il n'a pas lâché le sport. C'est un bon point.

Esteban choisit de les installer au salon extérieur, là où le climat est calme, où la température ambiante est douce. Alessandro s'assit, s'affalant contre le divan, la tête vers le ciel alors que ses cuisses massives s'écartent pour se mettre à l'aise. Il souffle une fois fortement alors qu'Esteban lui dit qu'il l'écoute. « T'as pas mal changer en deux ans » fit-il après s'être redressé, le ton doux. En bien. Physiquement en tout cas. Il ne pensait pas ça possible mais il est encore plus mignon qu'autrefois. Il l'observe mieux, son regard se perdant sur ses traits, sur son torse, sur cette main qui caresse maladroitement ses cheveux. « Viens-là... » souffle t-il avec un léger sourire maladroit et en même temps confiant, comme s'il n'avait pas d'autres choix que de le laisser faire. Il pose sa main sur celle d'Esteban pour la chasser gentiment, se rapprochant de lui par la même occasion pour prendre le relais et caresser tendrement ses cheveux. Il avait toujours aimé qu'il lui fasse des papouilles dans les cheveux. Apparemment ça, ça n'aura pas changé. « Moi aussi j'ai changé » fit-il le regard plus sérieux. « J'ai pas tourné la page Esteban. J'ai jamais pu. » Esteban, c'était sa plus tumultueuse relation mais aussi la plus passionnée. Sa plus longue également. Il l'a dans la peau et malgré ses deux années, il l'a toujours encore.

Il s'installe, il se met bien à l'aise, les jambes écartées, il souffle fortement. Là, je le reconnais bien. Il aime se sexualiser, et on ne va pas se mentir, c'est aussi ça que j'aime chez lui. Mais ce que je préfère, surtout, c'est ce qu'il y a derrière. Des mecs qui le connaissent comme moi je le connais, y en a pas 50 000. Je connais sa sensibilité, je connais son passé, sa famille. On s'est même fiancé. Ce que j'ai vécu avec lui, c'est pas de la merde. Je le regarde me regarder... et en fait, on est connecté. Je me revois il y a quelques années, lorsque lui et moi nous embrassions pour la première fois. C'était magique. Simple mais magique. Je ne dois pas oublier le mal qu'il m'a fait, et maintenant qu'il est là, je compte bien résoudre tout ça. Mais même s'il m'a fait du mal, en fait, il a un truc qu'il n'y aura jamais avec les autres. C'est inexplicable, irrationnel. Il me dit que j'ai pas mal changé en deux ans... « Toi, par contre, t'es toujours le même. ». Physiquement, il a toujours été une bombe sexuelle et il en a toujours été fier. C'est d'ailleurs pour ça que notre relation attisait souvent la jalousie. On était vraiment LE couple glamour par excellence. Je me pince la lèvre inférieure en l'observant... ce physique, je ne dis pas non. Et j'ai envie que ça redevienne ma propriété privée. Lorsqu'il me voit me caresser les cheveux, il s'approche assez brusquement de moi et fait les papouilles dans mes cheveux à ma place. Gosh, il sait y faire... ça aussi, j'avais oublié. Il a toujours été très talentueux, très adroit, très doux. En fait, il est parfait. Du moins, de l'extérieur. Parce que dans les coulisses, ses belles paroles & cie... voilà voilà. Donc je me méfie quand même un peu. Il me dit avoir changé, lui aussi. « En quoi ? ». Je veux des choses concrètes, des actes, et pas forcément des paroles en l'air. Je veux qu'il agisse comme un homme, tout simplement... et qu'il dise les choses clairement. En quoi est-ce qu'il a changé ? Et je ne veux même pas qu'il le dise, en vrai... je veux qu'il le fasse, et qu'il me le prouve. Il me regarde plus sérieusement, je le regarde d'un air impassible... il n'a jamais pu tourner la page. « Ce déclic, il te vient d'où ? ». Pour l'instant, c'est surtout moi qui pose les questions... il vient d'arriver, faut que je me remette de mes émotions. J'vais pas trop m'ouvrir dès maintenant. Je veux surtout savoir comment il en est arrivé à venir jusqu'ici.

Esteban est plus fougueux que lui, plus spontané dû à la différence d'âge qu'ils ont : Rappelons-le six ans. C'est d'ailleurs pour ça que cette relation est si importante. Alessandro a pu voir évoluer Esteban de ses quinze à vingt ans. Une période tout de même importante pour quiconque où le caractère se forge beaucoup. Il a toujours voulu être comme un mentor pour Esteban mais parfois, il s'avérait être son gourou. Tantôt protecteur, tantôt destructeur. Il ne veut pas de mal à Esteban au fond mais parfois c'est plus fort que lui, ces actions le blessent. « J'ai appris à me connaitre, à connaitre mes limites » fit-il doucement. « Peux-tu en dire autant ? » Il n'en a pas l'impression. Au contraire, il a plutôt l'impression qu'Esteban s'est perdu par sa faute, se créant une carapace pour le mettre à l'abri là où il n'a pas su l'être avec lui. « C'est pas un déclic, ça a toujours été là. J'ai pas été droit avec toi, je t'ai manipulé, menti, trompé. » Mais ça il le sait déjà. Il avait cette emprise sur Esteban à l'époque et oui, au fond il aimait sentir qu'il avait ce si fort pouvoir et qu'il pouvait faire de lui tout ce qu'il voulait. Ainsi, il sentait que le mexicain lui était complètement dévoué. Il y avait cette forme de soumission à la fois excitante et malsaine. « Et pourtant, j'ai jamais pu passer à autre chose. » En deux ans, il n'a jamais eu d'autres relations sérieuses parce qu'Esteban avait lui aussi son emprise sur lui malgré les apparences. « Je sais pas si on est fait pour être ensemble et c'est ce : je sais pas, que je veux éclaircir. Que ce soit d'un côté ou d'un autre » Il avait besoin de ça pour avancer dans sa vie. « Et t'en as besoin aussi Esteban » Il pouvait pas rester sur la défensive toute sa vie. Il avait besoin d'avancer lui aussi. Cette semaine ensemble, à se ré-apprivoiser, se redécouvrir... ça pourrait changer leur vie à jamais.

Sa voix est rassurante... très rassurante. Avec lui, je sais que je peux me laisser aller à mes faiblesses, que je peux ouvrir ma carapace. Il est dominant, et personnellement, c'est ce qu'il me faut. J'ai besoin de me sentir protégé. Il m'avoue avoir appris à se connaître, à connaître ses limites. Je hoche positivement la tête... s'il a vraiment évolué, je suis très heureux pour lui. Parce que quand on était ensemble, c'est vrai qu'il y a des fois où c'était limite-limite. Il me retourne la question. Peux-tu en dire autant ? « Cette aventure m'a beaucoup changé. ». Je parle de l'émission. C'est vrai qu'en arrivant, je ne pensais pas que j'évoluerai autant... mais finalement, je le fais. « À la sortie, je compte me trouver un vrai job et un appart. ». Bref, je vais servir à quelque chose. Et c'est peut-être ça qui a causé — indirectement — la fin de la relation. Être le gamin pourri-gâté qu'on choie, c'est marrant 5 minutes. Mais après, pour se poser, se stabiliser, bref, être en couple... c'est pas le meilleur truc. Il me parle ensuite du fait que ce ne soit pas un déclic... j'acquiesce, juste, j'acquiesce et j'écoute. Je le regarde assez faiblement, encore sous le choc de son retour. Malgré toutes les conneries qu'il a faites, il n'a jamais pu passer à autre chose. Et c'est un peu pareil de mon côté, au final. J'ai essayé de me trouver des repères affectifs, des personnes pour le remplacer, mais rien n'y fait... avec lui, il y aura toujours cette étincelle qu'il n'y aura pas avec les autres. On aura beau se détruire, se pourrir, s'aimer, se détester, c'est et ça restera comme ça. C'est triste à dire, mais c'est bien vrai. « Moi non plus... ». Il a souvent agi comme un connard, mais les sentiments sont vrais. Et il a les qualités que je recherche chez un homme : le caractère, la dominance, le charisme... bref, le truc qui fait que je me dis waw. Il ne sait pas si on est fait l'un pour l'autre... et c'est à cette interrogation qu'il veut répondre. Et j'en ai besoin aussi. À ce moment là, je le regarde... « J'entends tout ce que tu me dis et cette semaine, je compte faire des efforts, et nous aider à y voir plus clair... ». Je montre alors un regard plus menaçant, un ton plus ferme... calme mais ferme... « ... par contre, je te préviens une fois, pas deux : t'as pas intérêt à me faire perdre mon temps. ». Voilà. Si t'es pas là pour être sérieux, tu peux déjà prendre la porte. Il me connaît et s'il se fout de ma gueule, il sait que les conséquences peuvent être désastreuses. « Bon... — je me lève — ... là, je suis flingué. On prolongera cette discussion demain. ». Et ça, c'est une promesse. Il faudra qu'on crève vraiment l'abcès... parce que Dieu sait qu'on a des choses à se dire. « Passe une bonne nuit... les deux chambres sont libres, donc tu peux dormir où tu veux. ». Puis je pars dormir.