Confrontation n°2 (Matthew & Mélanie)

J'entre dans la salle des vérités le premier. J'attends ma mère. J'ai envie d'être content, mais on parle de la prod, donc mon petit doigt me dit hey Matt, dans cinq minutes t'es en PLS mais tqt on s'adapte. Wait and see.

Je regarde ma mère rentrer dans la pièce et me sourire froidement. Coeur de glace. Putain elle fait la paire avec la vieille branche dans le salon. Pourquoi ils se sont séparés déjà ces deux là ? Pas plus aimable l'un que l'autre à ce que je vois. "Daddy te passe le bonjour, je vois qu'elle ne sourit pas plus, je vois que ça te fait plaisir maman, c'est cool" je dis en levant les yeux au ciel avant qu'elle ne me demande de lui rafraîchir la mémoire. Je réfléchis quelques secondes. De quoi est-ce qu'on a parlé ? "On est obligé de parler de ça ici ? Je veux dire, en face des caméras ? Maman, sérieusement ?" Pauvre mamie, je pensais pas que ma mère voudrait parler de sa cataracte devant la France entière. Si mémé voit plus bien, elle peut encore entendre, la pauvre !

Je regarde ma mère et alors qu'elle parle je croise les bras et la regarde avec insistance sans ne rien laisser paraître, lorsqu'elle a fini. Je laisse planer de longues secondes de silence et continuer de la dévisager. Je me contente de faire lentement non de la tête, comme pour lui dire tu es pitoyable. Puis alors que je la vois commencer à s'impatienter, je m'adosse à mon pupitre et me penche légèrement en avant, puis jette, acide : "Avec tout le respect que je te dois, tu ne peux m'empêcher de rien. Je fais ce. Que. Je. Veux. Ce n'est pas parce que tu as décidé que Secret Story n'était pas une émission correcte que j'en pense la même chose. Cette émission m'a permis de décrocher des contrats immédiatement après ma sortie. Les ventes du journal de papa ont explosé. Ca nous a apporté à tous les deux. Je marque un temps, fais une pause, puis reprend : docteur Hill c'est plus de ton temps. Il te convient mieux qu'à moi, pas trop mon genre de mec, désolé". Je croise ensuite les bras. Et avant qu'elle n'ai le temps de reprendre ajoute : "Ce n'est pas être dans cette émission qui ruine notre image, c'est ce que tu en fais".

"Le problème, maman, je réponds sèchement, c'est que si tu ne m'acceptes pas tel que je suis, que tu ne comprends pas que le cinéma j'en ferais mon métier, que je vivrais de ça, dans les médias, derrière et devant les caméras, au cinéma, à la télévision. Partout ou tu pourras me voir sans que je ne sois réellement en face de toi, j'y serais. Si tu ne peux pas l'accepter, alors je crois que ton fils chéri n'a plus rien à faire avec toi. Si tu ne me reconnais pas, je ne te reconnais plus non plus. Je te pensais plus subtile et plus intelligente pour ne pas avoir à venir dans cette émission pour ... Pour ça ? Ca pouvait pas attendre la sortie ? Tu croyais qu'en me disant ça face à des caméras je serais plus docile ? Je ris nerveusement. C'est un échec. Je marque un temps puis reprends : C'est ça avec la déception, ça marche souvent par paire". Je laisse encore couler quelques secondes puis contre-attaque une nouvelle fois : "Et pour ta gouverne, plutôt que d'essayer de faire ton show, des contrats ne s'achètent pas, ils se signent, se sont des rôles au cinéma, dans des films, dans des séries. Pas des prêts bancaires que tu aurais dû racheter. Je ne vois même pas pourquoi tu mens comme ça devant tout le monde".

"Tu veux de l'eau ? Tu dois avoir soif après avoir débité tant de conneries non ?" Je dis pour toute réponse. Puis lève les yeux vers le ciel et dit "La voix on a terminé, j'ai encore des illusions à vivre dans la maison, ici y'a que deux caméras ça ne me suffit pas, j'aime qu'on me voit sous tous les angles". Je fais quelques pas en arrière, vais pour ouvrir la porte, puis avant de quitter la pièce, je lance froidement : "ton fils était plus important que cinq minutes de médiatisation aussi, dommage que tu ne t'en sois pas rendu compte plus tôt, au revoir, maman". Et je quitte la pièce en refermant la porte sans attendre d'autre réponse.