Prime 5

Romane vient déposer un baiser sur le front de Kovu, sans un mot de plus. Elle n'a pas forcément exprimé son soutien cette semaine envers le beau brun mais elle ne pensait pas devoir mettre des mots pour qu'il sache ce qu'elle ressent, pensant qu'ils ont dépassé ce stade là. Elle lui adresse un dernier sourire avant de partir se coucher.

Romane se laisse aller à un petit geste affectif. J'en profite, parce qu'ils sont rares et surtout d'une honnêteté rare ici. Je lui souris légèrement avant qu'elle n'aille dormir. Je décide finalement d'aller voir Charlène. On a sûrement certaines choses à se dire. Et il n'y aura jamais de bon moment de toute manière. Je me pose en tailleur sur le même fauteuil que Charlène. Je suis... désolé. Pourquoi, pour à peu près tout je crois. Je suis pas du genre têtu et je peux reconnaître mes erreurs.

Ouais, c'est de bonne guerre. J'en prends un coup à ma fierté, mais elle a pas tord. J'ai jamais prétendu être très doué pour jongler avec les sentiments qu'éprouvent les autres pour moi. J'fais de mon mieux pour avancer, tout en essayant de faire avec la confiance des autres. Je pense que j'ai surestimé ma capacité à pouvoir défendre les personnes que j'apprécie ici. Avouais-je du tac au tac. Je ne voulais pas faire un choix... Hiérarchiser mes sentiments, c'est tellement pas moi. Mais soit, t'as bien raison de t'éloigner de moi. Je fais plus de mal que de bien. Je ne me pose pas en victime. Je n'ai peut être tout simplement pas que de l'or entre les doigts.

J'encaisse sans broncher. J'ai rien d'autre à faire... Elle dit avoir l'impression que rien de ce dont elle m'a confié est resté ancré en moi. Je fronce les sourcils, dubitatif, pour la première fois. J'ai toujours fais en sorte de donner de l'importance à tout ce que pouvait dire Charlène. Encore plus depuis notre dispute. Je me répétais encore et toujours les mots qu'on avait pu échanger. Je partage pas son avis. Mais je garde ça pour moi pour l'instant. Elle revient ensuite sur mon fameux choix de ce soir. Il était difficile, cornélien. Ce choix, c'était inhumain Charlène. Si tu savais à quelle point je vous.. Je m'arrête devant le poids de ce que j'allais révélé, préférant finalement continuer sur autre chose. Choisir entre vous trois... Je veux dire, j'ai jamais pensé un moment que ça m'arriverait. Sûrement que si je t'ai mise de côté, ça veut dire quelque chose... Mais ça remet pas en cause l'importance que tu as et que tu auras pour moi ici. Je baisse le regard quelques instants, le visage complètement vide. Cette semaine, j'ai juste eu peur que tu puisses me fuir. C'est égoïste, idiot... Et au fond, c'est ce qui se passe pour l'instant. Donc on peut pas dire que j'ai vraiment réussi à l'éviter. Je réprime néanmoins un sourire en apprenant qu'elle pourra pas m'en vouloir.

Elle m'explique que dans une relation, une personne aime toujours que l'autre. Je fronce un peu plus les sourcils. J'imaginais même pas à quel point elle devait m'apprécier alors. Un sentiment bizarre, salvateur puis dégradant, quand elle prétend que cette fois, c'est tombé sur elle. Je ne sais pas trop quoi répondre, je trébuche. C'est pas souvent que ça arrive.. D'habitude, je sais être clair quand on parle de sentiments. Mais il est pas question de faire un choix... Je ne veux pas avoir à choisir. Pourquoi tout le monde veut faire en sorte de mettre des barrières là il n'y en faut pas ? Cet appel ne vaut rien... Pour moi. Mais comme j'ai pu le dire plus tôt, peut être que ça voulait dire certaines choses, surtout dans la tête de Charlène. Je me sens con... Elle réussi là où j'ai échoué. Au moment de dire ce fameux mot qui résoudrait tout. Je reste de marbre, complétement envahi par le teneur de cette phrase. Puis je viens caresser délicatement la joue de Charlène pour venir m'enfouir au creux de son cou. Je sèche une larme qui arrive illico, parce que j'suis un mec et les mecs ça pleure pas. Tu peux me croire... J'ai envie de passer bien plus qu'une nuit avec toi... L'idée de te perdre m'est insupportable. Malgré que je sois très affectif, ça m'arrive très rarement de m'étendre autant sur mes sentiments. J'espère ne plus avoir à le faire... D'habitude, je préfère le prouver sans devoir le clamer.

Je comprends parfaitement où elle veut en venir. J'essaye simplement de lui faire comprendre qu'au fond, ce choix n'était pas simple et qu'elle y verrait sûrement plein de choses qui n'ont pas lieu d'être. Mais elle semble l'avoir compris elle aussi. Du coup, sans qui proquo, enfin, je pouvais profiter pleinement de ce moment. Tout m'avait manqué, son doux parfum, sa main délicate qui venait caresser mes dreads mieux que personne. Je n'ai plus peur de rien, je sais que je pourrais continuer à avancer... Avec ceux que j'apprécie, jusqu'à la fin. Je te le promets aussi. Je relèverais bien mon regard pour lui monter à quel point je suis honnête. Mais je suis trop bien, la tête dans le cou de la blonde. A sa proposition de dormir ensemble, un sourire complice s'immisce sur ma face. Si tu veux bien de moi... Oui. Je me laisse prendre la main par Charlène qui nous guidera sans heurt jusqu'à sa chambre.