Jour 41

Je me mets en maillot de bain, puis je me mets dans le jacuzzi, pour réfléchir à tout, tout en ayant les larmes aux yeux.

Je me pointe en short de bain pour me faire un petit jacuzzi tranquille. Lunettes de soleil sur le nez, je m'approche de l'endroit le plus caché du jardin. A cet instant là je m'arrête, droit comme un piquet et retire mes lunettes. Si j'avais été Steven, j'aurais pu dire ça : Mais putain j'ai fais quoi à la vie pour qu'elle m'en veuille comme ça la salope ! Je vais te trouer le cul à coup de bambou wesh ta mère la p*te. Et ça aurait parfaitement imager la situation à laquelle je devais faire face. Têtard est dans la marre (ça rime, c'est dément !). Je soupire. A chaque fois c'est la même chose. Il est toujours là où je ne veux pas qu'il soit, c'est à croire que c'est fait exprés. Pleure pas trop, tu vas faire déborder le jacuzzi. Qu'est-ce que je fais ? J'y vais ? J'y vais pas ? On va peut-être attendre qu'il se casse en chialant comme il sait si bien le faire. Fuis donc mon enfant. En attendant ce raté ne mérite plus aucune pitié venant de moi.

Alors que je réfléchis, que je remets toute mon aventure en question, que les larmes me montent, Milo arrive. Il me conseille de ne pas trop pleurer afin de ne pas faire déborder le jacuzzi. Je n'ai plus la force de rien, je suis à bout. Je me contente d'un simple « Excuse-moi ! ». Je continue ensuite. « À quoi ça sert que... je reste ici ? ». Je vais certainement partir demain, vu que je suis nominé face à 6 fortes personnalités de cette maison, donc pour 36 heures de plus ou de moins, à quoi bon ?

Il s'excuse. C'est bien gentil mais sincèrement j'en ai rien à battre. Plus rien à faire de lui, plus rien à faire de ce qu'il dit, de ce qu'il fait, de ce qu'il pense. Ça me passe au dessus. Je remet mes lunettes, je pense comprendre qu'il a pas envie de se casser du jacuzzi, donc que je ne pourrai pas en profiter. Je me met donc sur un transat non loin de là. Puis je l'entend chouiner. Pleurnicher pour ceux qui connaissent pas le mot. "A quoi ça sert que je reste ici ?". A rien. Je prend une bouffée d'air. Gonflant mes poumons tel un serpent sur le point de cracher son venin. Ça crache son venin un serpent ? Je sais pas en fait. C'est pas grave, je suis pas un serpent. Je gonfle mes poumons pour oxygéner mon corps. C'est tout. Tu te fais du mal, t'es pas fait pour ce jeu. Et en plus tu sers à rien. Dans un grand élan de gentillesse je ne lui dirai pas cette phrase pleine de bon sens. Je ne suis pas un bourreau. Mais j'aime bien voir couper des têtes, ça a du bon des fois. Mais ça fallait y penser avant. On serre pas les fesses quand la crotte est sortie. Parler de fesse et de crotte à Vincent je suis sûr que ça l'excite en vrai. C'était plus dans le but de parler avec des mots qu'il comprend que j'ai employé ces termes là. Tu passes ton temps à jouer un rôle, à jouer plusieurs rôles. Le pire dans tout ça c'est que tu n'es bon dans aucun de ceux que tu joues. Je vais pas me jeter des fleurs en disant que j'ai essayé, de le faire prendre conscience de qui il était vraiment, et que jamais il n'a prit le temps d'essayer de comprendre ce que je disais. A toujours ce braquer pour un oui ou un non. Voilà le résultat. Sa pseudo-relation avec Matthew ? Je l'avais prévenu que ce n'était pas ce qui lui fallait en venant ici. Son côté manipulateur ? Ça lui est retombé sur la gueule. Tant de choses que j'avais dites, et qui se sont révélées vraies. Maintenant tu me demandes ? Il est un peu tard. Mais je te répond quand même, parce qu'au fond j'aime bien penser à haute voix. Tu aurais pu vivre une belle aventure, je pense, si t'avais été toi. La personne que tu es chez toi. Dans ta vie de tous les jours. Mais tu ne l'as pas fait alors je ne vois pas quoi te dire de plus si ce n'est qu'à ta place je quitterais la maison. Pas pour avoir une chance de plus pour la demi-finale, ça je m'en moque. Mais pour lui éviter de se suicider, et avoir un peu de tranquillité dans la maison.

J'écoute ce qu'il a à me dire, et il a raison... il a raison. « J'hésite à sortir maintenant ou à sortir demain, lors du SAS... car on sait tous que dans tous les cas, dans 48 heures, je ne suis plus dans cette maison. ». J'ai un gros moment de doute. Après le dernier prime et les opinions qui ont été diffusées, je sais que le public ne me sauvera pas demain, je le sais. Je me fais du mal, je ne suis pas fait pour ce jeu. « Là, je suis passé à un stade où je subis mon aventure. ». Je souffle un coup, toujours les larmes aux yeux, puis il me dit qu'il fallait y penser avant. « Mais j'ai agi au jour le jour... sans vraiment réfléchir aux conséquences de mes actes. ». Je me rends compte que j'ai merdé sur beaucoup de points, et le public n'a pas apprécié... du moins, je ne pense pas. Je passe mon temps à jouer un rôle, plusieurs rôles ? Là dessus, par contre, je ne suis pas d'accord. « Le... problème... c'est que je suis à fleur de peau. ». Pause. « Il faut aussi comprendre que certains font tout pour me faire péter les plombs, et au bout d'un moment, je ne sais plus comment réagir. ». Et je re-sanglote... car dans le fond, c'est certainement ça qui m'a grillé. À force qu'on me dise "affirme-toi, affirme-toi, affirme-toi", j'ai peut-être fini par trop m'affirmer... et j'ai fait des choses que je regrette, maintenant. En plus, je ne me reconnais plus. Je ne suis pas comme ça, dans la vie de tous les jours. « L'enfermement a certainement eu son impact. ». C'est sûr ! Là, je ne me reconnais plus. Je ne me sens pas aussi fort, dans la vie de tous les jours... je repense à mes proches qui - à mon avis - ne me reconnaissent plus. Il me dit ensuite que j'aurais pu vivre une belle aventure, si j'avais été moi, la personne que je suis dans la vie de tous les jours. « Je pense que demain, je sortirai par la grande porte... ça ne sert à rien d'abandonner. Je vais retrouver mon frère, ma grand-mère et reprendre ma petite vie en Normandie, loin de tout ça. Je suis passé à un stade où je subis mon aventure, clairement. À force qu'on me dise "affirme-toi, affirme-toi !", j'ai fini par trop m'affirmer, et je me suis complètement perdu. ». Pour une fois, Milo est vraiment une oreille attentive. J'attends de voir ce qu'il va me dire, me conseiller.

Il pense qu'il subit son aventure. Tu l'as toujours subie cette aventure. Consciemment ou non. Il me fait un petit spitch me disant qu'il sortira demain. Ça on ne sait pas. Et puis il me raconte encore sa vie, ses petits tracas quotidien, sa petite famille... bientôt il me parlera de son élevage de vache qui sait. Je savais pas qu'on était devenu si proche dites donc. Fais ce qui te semble le meilleur pour toi, sans te soucier des autres. On va m'appeler Soeur Thérése à la sortie je vous dis pas. Me voilà puéricultrice bénévole. Sérieusement. Je soupire et me lève avant de quitter le jacuzzi. Réfléchis bien. Et pars.

Milo se barre. J'en ai marre de tout. J'ai pas de mec, je me fais tâcler à longueur de journée... je m'enfonce donc dans l'eau, tête incluse, les larmes aux yeux, toujours, en espérant me noyer et ne plus avoir à subir tout ça.

La tentative de noyade n'a pas fonctionné... malheureusement. Bref, je me retire du jacuzzi, je me remets en peignoir, puis je change d'endroit.