Jour 48 - REVELATIONS

A peine le temps de me remettre de mes émotions que c'est au tour des autres révélations. Arthur et Hadès se trompent sur le secret de Sheila, elle est ma proie maintenant, j'écoute attentivement les idées des autres. Vient le tour de Diem qui buzz le secret de Léna et Corentin. Il s'avère qu'elle a raison, je me sens d'autant plus rattaché à Corentin et Léna. Les savoir aussi jumeaux et perdre notre secret en même temps, c'est le destin. Je me dirige vers eux et les serre dans mes bras. "Bravo à vous. On a plus de points en communs que prévu. " dis-je en les embrassant. Quelle soirée.

Magnifique secrets ! 'Fin pas trop magnifique pour Corentin et Lena, ils ont bouffé leur frère quand même... Mas ça reste incroyable quand même. Quelle femme cette Mona, mon dieu. Magnifique secret, magnifique personne. Que ça soit intérieurement... Ou extérieurement. Sérieux, son chirurgien à fait un travail incroyable. " Je ne pensais pas voir autant des personnes hors du commun ici, franchement. " Que de révélations, je comprends le nom de la soirée maintenant.

« Vendre son âme au diable. ». Désolé Gabriel, mais je suis juste LA personne avec qui jouer sur les mots ne marchera pas. Je peux être dupe au jeu des sentiments, je peux être dupe aux belles promesses... mais tu es tombé sur un fana des mots.

Je soupire. Je suis désolé je ne comprend pas ce que ça veut dire. Je le regarde en croisant les bras. Ce n'est pas mon secret.

Bon... Je crois que c'est fini... On peut s'en aller.

Hdvelsvzvsjsns heureusement je suis parti.

Diem a trouvé notre secret. Ma gorge se noue alors que Corentin commence à parler, il est assis sur le fauteuil, et je me tiens debout, derrière lui. Il raconte notre histoire et alors, au fur et à mesure qu'il avance, je me sens flancher. Lorsqu'il termine de parler, avant que les autres ne commencent à applaudir, je tente de prendre la parole : « Notr-... Je ... J'ai ... je marque une pause et essaye de respirer correctement, inhalant profondément avant de reprendre : L'histoire ne s'est pas totalement déroulée ainsi ... Mais ça, Corentin ne le sait pas ... ». Je me stoppe de nouveau, et une larme perle sur ma joue. « Nous ... Nous sommes bien nés, tous les trois ... Seulement, à la naissance, l'un de nous était déjà mort, car nous l'avions ... Nous l'avions étranglés, avec le cordon ombilical ... » Une nouvelle larme coule sur mon visage et je regarde Corentin avec détresse. « Nos parents ne nous l'ont jamais dit, ils ont toujours voulu nous protéger, pensant que si nous croyions à cette histoire d'embryon, peut-être n'aurions nous aucun traumatisme ou aucune séquelle de la perte d'un frère jumeau ... Mais ils se sont trompés, car nous ... Enfin je ... l'ai appris malgré tout ». Je détourne finalement le regard de mon frère et me décide à poursuivre, sachant pertinemment que chaque mot que je prononcerai maintenant risque de le poignarder à l'intérieur. Mon coeur est serré, ma gorge nouée, je tente d'articuler mes mots étranglés de manière à rester audible pour les autres candidats. « La grossesse de notre mère était arrivée à terme, ou presque ... Nous étions trois, et nous étions en vie. Nous étions des triplés relativement exceptionnels, nous étions dans la même poche amniotique, ce qui est déjà rare pour des jumeaux mais relève de l'exception pour les triplés. D'autant plus que contrairement à ce qu'on aurait pu attendre dans notre situation, nous n'étions ni siamois ni rien d'autre, nous étions des enfants qui parvenaient à se développer normalement. Comme un vrai miracle ... Mais voilà, le miracle a tourner au cauchemar ... ». Je suis obligée de m'arrêter de nouveau, essuie mes larmes d'un revers de manche puis ajoute : « Notre frère était en vie jusqu'au jour de l'accouchement. Les premières contractions ont alerté ma mère et mes parents se sont mis en route pour l'hôpital le plus rapidement possible. Ma mère a perdu les eaux dans la voiture ... Le temps de se retrouver en salle d'accouchement, il était déjà presque trop tard ... Corentin est sorti le premier. C'est pour ça que je peux officiellement l'appeler grand-frère ... Et je suis sortie la deuxième ... Notre frère ... Le troisiè-... Etait mort. Car nous l'avions étranglés avec le cordon ombilical ... Le temps que Corentin et moi ne sortions du ventre de ma mère, il était trop tard ... Le cordon se trouvait autour de son cou et lorsque nous sommes sortis, ma mère n'a voulu me dire s'il s'agissait de moi ou Corentin, le cordon s'est resserré et l'a étouffé ... ». Je m'arrête un instant supplémentaire, et me décide d'ajouter, consciente que Corentin a le droit à des explications sur pourquoi je l'ai appris et lui n'en a jamais eu le moindre écho. « Dans ce genre de situation, ou un bébé mort-né, l'hôpital propose de prendre une photo avant de dire au revoir à l'enfant ... Mes parents ont accepté, mais ne nous ont jamais montré cette photo ... J'y suis tombée dessus par hasard, un beau jour, et lorsque j'ai confronté ma mère à la réalité, elle a fondu en larmes et m'a supplié de n'en parler à personne, pas même mon frère ... Mais aujourd'hui, j'ai vécu avec ce secret depuis trop longtemps, et je ne veux plus me cacher ... ». Je me tourne ensuite vers mon frère et lui prends la main. « Je suis désolée de te l'avoir caché si longtemps ... Je n'y arrivais plus, il était temps de te révéler ce que je savais ... ».

Alors que je parle et que je révèle notre secret, Léna reste à côté de moi, et ne lâche pas un mot. C'est certainement son manque de confiance en elle qui parle... je suis certain qu'une fois que j'aurai fini le discours, elle se lâchera. Je la connais par coeur... même si j'aurais aimé qu'elle s'affirme un peu plus lors de la révélation, car ce n'est pas MA révélation, mais NOTRE révélation. Finalement, lorsque je termine de parler, elle commence à parler... et elle bégaye. « Ca va aller, t'inquiète. », lui chuchoté-je à l'oreille, afin de la mettre à l'aise, sans m'attendre à ce qu'elle va réellement dire. Peut-être qu'elle aurait aimé que notre secret tienne plus longtemps... et comme elle est très émotive, elle a du mal. Mais je suis sûr qu'elle va y arriver... elle arrive alors à parler d'une traite, et je manque d'avaler ma salive de travers... « Pardon ? ». Mes yeux sont grand ouverts, tout globuleux... je suis choqué. J'ai envie de savoir ce qu'il se passe. Elle commence à pleurer, et elle dit ce qu'il s'est vraiment passé. L'embryon n'a pas été avalé... mais on l'a étranglé avec le cordon ombilical ??? Là, je suis stoïque, je ne dis plus rien, je ne bouge plus. Je suis complètement bloqué, là. Je suis littéralement sous le choc... c'est le monde qui s'écroule devant moi, c'est la douche froide, c'est une téléportation dans le Mont Blanc. Elle commence alors à détailler l'histoire, tout en me regardant droit dans les yeux, comme si c'était pour me trouver, pour trouver un réconfort, pour trouver une compréhension. Elle a mal, et en entendant ça, j'ai mal aussi. Elle l'a appris, et elle ne m'a rien dit... j'ai besoin de savoir pourquoi, j'en ai besoin. S'il te plaît Léna, donne moi plus de détails. Elle parle alors du début de la grossesse... on était tous les trois dans la même poche amniotique, et le bonheur semblait s'installer en famille... jusqu'au moment où elle dit que le miracle a tourné au cauchemar. Elle fait une pause, afin de sécher ses larmes... mon premier réflexe est de passer mon bras autour d'elle, et je sens également les larmes monter de mon côté. C'est énorme, ce qu'elle est en train d'avouer. Elle parle alors du moment où notre mère a perdu les eaux et est partie à l'hôpital. Le bonheur semblait enfin s'installer, et pourtant, l'hécatombe est arrivée au moment de notre sortie. Je sors le premier, tout va bien... Léna sort la deuxième, tout va bien... et le troisième ressort mort, étranglé avec le cordon ombilical. Il se trouvait autour de son cou, et il s'est serré, serré, serré. À ce moment là, je ne sais plus ce qui m'arrive... et je m'effondre. Ce n'est pas possible... on avait l'air bien, tous les trois. On était en parfaite santé, on était disposés à naître, et au dernier moment, tout s'est effondré. Comment est-ce possible ? Pourquoi autant d'injustices dans ce monde ? Pourquoi ? Comment ? Le pire arrive quand elle raconte comment elle a su cela. Elle a trouvé une photo autorisée par l'hôpital, et elle a immédiatement alerté notre mère... qui nous a suppliés de ne rien dire. Ils nous ont caché cela pendant plus de 20 ans... et le 14 juillet 1995 a réussi à devenir la journée la plus sombre de l'histoire, au lieu d'être le plus beau. Comment a-t-on pu nous cacher cela ? Comment ? Je ne réalise pas... je n'ai pas envie de croire que c'est vrai, je n'arrive pas à y croire, et pourtant, ça l'est. Chaque mot que donne Léna est un coup de poignard supplémentaire dans mon coeur. Mon esprit est totalement meurtri. En m'imaginant l'histoire des embryons, j'arrivais à bien vivre les choses, mais là, je me rends compte qu'on n'est vraiment pas une version complète... et c'est une chose que je peux me dire jusqu'à la fin de mes jours. Je suis meurtri, mais aussi déçu d'apprendre cela en même temps que la France entière et que les autres habitants. Avoir un peu plus d'intimité aurait été plus supportable pour moi. Je pleure, je pleure, je pleure, et j'ai de plus en plus de mal à respirer. C'est trop d'un coup, pour moi. Je commence à voir les étoiles... je suis en train de faire un malaise. Aidez moi, mon corps n'arrive pas à supporter la nouvelle.