Jour 26

À peu près la même qu'Edgar que je salue, au passage. Non, ce matin, je n'ai pas de personnalité. J'ai décidé de déguster — de nouveau — un yaourt grec et de boire — pour une fois — du jus de raisin. Le regard un peu moins vide qu'hier, je commence à manger... « Je sens que les retrouvailles vont être très sympathiques. ». Pour ma part, retrouvailles ou non, la personne qui m'a fait me remettre en question est bien là, bien existante, bien dans l'une des deux maisons. Et je suis heureux, au final, des derniers événements. Cela me prouve que certains ne valaient pas grandement la peine d'être, et qu'il y avait d'autres personnes à découvrir. Je me pensais indépendant, mais j'ai quand même été beaucoup dépendant... mais ça va changer, ça va changer.

Ah bon on a du jus de raison ici ? Oh ! bah une fois qu'Esteban pose la bouteille sur la table je m'en sers à mon tour un verre. Ça changera. Il a l'air encore blasé... je ne sais pas ce qu'il a. Esteban... tu sais que si tu veux parler... je suis là ? Certes, on n'est pas hyper proches lui et moi mais, je peux quand même essayer de l'aider s'il en a besoin. Parce qu'apparement il n'a pas hâte d'être aux retrouvailles... J'ai pas spécialement hâte de tous les revoirs non plus

Première cuillère du yaourt grec... c'est onctueux. C'est — à chaque fois — un plaisir pour mon palais... c'est mon plat préféré. Bref, on s'en fout. Quand je parle des retrouvailles qui vont être sympathiques, Edgar me dit que si je veux parler, il est là... déjà, est-ce par rapport aux retrouvailles, que je suis comme ça ? Je disais juste ça en mode ça va péter. Mais qui dit que la personne en question est dans la petite maison, à l'heure actuelle ? Peut-être qu'elle est là et qu'elle dort encore... bon, ma fierté me pousse à ne pas répondre à sa question... j'réfléchis un peu. Est-ce que j'en parle ? Est-ce que j'en parle pas ? « Je me suis juste rendu compte que j'étais trop dépendant, même si je pensais le contraire... et c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. ». Je pensais — sur le moment — que c'était le pire, mais c'est en réalité le meilleur... et se remettre en question, ça fait du bien. J'ai très rarement fait ça, ou alors je ne l'ai fait que superficiellement. Mais creuser à l'intérieur de soi-même, faire son introspection, réellement corriger les problèmes, ça vide, mais ça fait un bien fou. Je me sens libéré. Parlons alors des retrouvailles... il n'a pas hâte de les revoir non plus. « Il y a trop de mauvaises ondes, chez eux. ». Le contraste entre notre ambiance et la leur est immense. Je suis bien content de ne pas être là bas.

Il a l'air hésitant et me regarde tout en mangeant son yaourt comme si c'était un don du ciel. Hum. S'il ne veut pas me parler tant pis, je proposais juste. Et finalement si, il ose. C'est bref, c'est résumé, mais c'est clair et je vois où il veut en venir. Tu veux dire que tu penses avoir été ralenti dans ton jeu ? J'essaye de comprendre ce que ça veut dire. Mais il a l'air d'avoir prit le temps de réfléchir et de se remettre en question. C'est bien alors si ça t'a permis d'y penser. Ouais, c'est bien. Lui non plus ne voudrait pas être là-bas... Heureusement qu'on a une vitre au Jardin commun... sinon... je n'imagine pas le carnage.

La dépendance est un grand défaut, chez moi... si tu veux survivre dans le monde de la jet-set, tu dois pouvoir te débrouiller sans les autres... et pourtant... Mais bon, personne n'est parfait... et ça aussi, c'est une leçon qui me servira. Edgar me demande si je pense avoir été ralenti dans mon jeu. En prenant une nouvelle cuillère de mon yaourt grec, je réfléchis... même si la réponse est toute faite, je réfléchis aux mots que j'vais bien pouvoir dire... « Ouais, clairement, ouais, j'ai été ralenti. Mais je sais que maintenant, je ne dois plus refaire les mêmes erreurs. ». M'associer à cette personne a été une immense erreur dans le jeu... à cause d'elle, je me suis isolé, j'étais plutôt odieux. J'avais tenté de prendre mes distances avec elle, mais en vain. Et finalement, j'aurais peut-être du continuer dans ma lancée... mais bon, il n'est jamais trop tard pour se remettre en cause, et l'essentiel est fait. Cette semaine m'a permis de penser à ça... « Ouais, les événements et les discussions, surtout, de ces derniers jours m'ont permis d'y penser. ». Les discussions m'ont fait énormément me remettre en question. Et à 22 ans, je suis peut-être encore un peu influençable, et pas forcément invincible... et c'est peut-être ça qui me joue des tours. Il me dit qu'on a une vitre au jardin, heureusement, d'ailleurs... « On a la meilleure place : les premières loges. ». Regarder de haut, c'est le mieux à faire.

J'arrive dans la cuisine ou Edgar et Esteban sont entrain de discutés ... Je me contente d'un simple bonjour avant de me concentrer sur le shaker de protéines que je m'apprête à préparer. J'écoute leur conversation mais n'ose y prendre part, trop mal à l'aise pour me confronter à Esteban maintenant.

Ayant vu la tête de Liam hier je ne tarde pas à faire le rapprochement entre les deux... oui je suis pas totalement con non plus. Et tu comptes ne plus lui parler ? que je demande sans citer de nom mais il saura très bien de qui je parle. Je bois une gorgée de ce somptueux jus de raisin, alors qu'il me dit que ce sont les évènements et les discussions qu'il a eu ces deux derniers jours qui l'ont poussé à la reflexion. Je vois. Il s'est passé quelque chose entre eux, quoi exactement ça ne me regarde pas, surtout qu'il n'a pas l'air d'avoir envie d'en dire plus... ma foi. Est-ce que ça sous entend que Liam risque sa place ce soir dans le jeu du switch ? Mmmh.. je ne pense pas je serais étonné. Je ris quand il me parle de notre place vis-à-vis du spectacle que la petit Maison nous offre durant les soirées. Ah ça ! C'est mieux qu'être sur la scène ! ET LIAM A POSTÉ DONC FUCK J'ÉDITE PUTAIN !!!! Je souris à Liam... Ah ! Liam ! Bon j'espère qu'il a pas entendu de quoi on parlait mais je pense pas...

Est-ce que je compte ne plus parler à cette personne ? « Clairement, j'vais devoir mettre les choses au clair avec elle, prendre mes distances. ». Puis voilà, ça me fera du bien... est-ce que ça lui fera du bien ? J'veux pas savoir... là, j'dois penser à moi et rien qu'à moi. Les ressentis, faut les mettre de côté. Parce que même si on voit un Esteban superficiel, dur et tout, j'ai quand même un coeur... et des fois, je suis un peu trop gentil avec les gens. Ca m'a souvent fait défaut, dans la vie. Et c'est pour ça que je laisse paraître une carapace. Mais le problème de cette carapace, c'est qu'elle est assez fragile et qu'elle peut vite se fissurer. On parle ensuite de la petite maison... être aux premières loges est mieux qu'être sur la scène. « Ils sont pathétiques, j'te jure. ». Arriver à se faire sanctionner, pour la moitié d'entre eux, à leur place, j'aurais honte. Liam arrive ensuite et se contente d'un timide bonjour... tiens, ça tombe bien, je voulais le voir. Mais il n'ose pas trop me regarder dans les yeux. Aurait-il peur ? Bon bah il semble pas prêt... je finis mon yaourt grec et je commence mon jus de raisin, tout en le regardant du coin de l'oeil.

Je les vois tous les deux faire leur cinéma là, et après c'est moi la victime mais... moi au moins je ne me cache pas et je discute volontiers pour essayer de régler le problème. Bon c'est bon là ! Je crois que vous devez vous parler non ? que je dis alors que Liam fait semblant de quitter la pièce, juste pour qu'on le retienne. On se croirait au théâtre je sais pas ce qu'ils ont tous s'ils sont en mission ou quoi mais ça m'étonnerait pas ! Bon. Je les regarde tous les deux avec insistance jusqu'à ce que Liam revienne s'assoir. Je sais pas ce qui se passe entre vous ça me regarde pas, mais si j'ai appris une chose en venant ici... c'est que parler, ça aide et ça fait du bien ! Là vous vous morfondez chacun de votre côté... je... c'est quoi l'utilité ? Votre égo a peur d'en prendre un coup ? Bah tant pis, blessez-le ! Et dites vous les choses ! Ouah ouah ouah calme toi Edgar la dernière fois que t'as pris les devants comme ça pour quelqu'un d'autre ça a fini en rupture entre Nathan et Sarah...

Liam s'excuse de nous déranger... ok, d'accord. Déjà je comprends pas... même si y a des trucs qu'on doit éclaircir, on peut parler de la pluie et du beau temps, je sais pas... puis là, Edgar s'impose et dit qu'on devrait se parler. « Pardon ?! ». J'comprends pas trop son sketch, là. En quoi la relation que j'ai avec Liam le regarde ? De quoi je me mêle ? Les yeux écarquillés, je reste bouche bée. Il nous regarde d'une façon bien déterminée... et commence son speech avec le fait que nos histoires ne le regardent pas, que parler fait du bien, de l'inutilité de se morfondre chacun de son côté, d'ego... et là, j'comprends qu'il fait allusion à notre discussion. « Mais... mais... c'est pas du tout de Liam que je parlais. ». Avant de vouloir te mêler, renseigne-toi un peu plus. « C'est ça le problème ici : on peut même pas se confier sans que tout soit déformé et disproportionné. ». C'est bon, faut arrêter. Mon jus de raisin presque terminé, j'me lève. « Bref, ça m'a gavé. C'est la dernière fois que j'parle de mes problèmes à quelqu'un ici. ». Et juste avant de partir... « Vous m'avez gonflé, bonne journée. ». Ouais, Liam prend aussi alors qu'il n'a rien fait... mais cette manie des gens de vouloir se ramener dans toutes les histoires, ça me saoule. Je quitte la pièce.

Alors que je m'apprête à quitter la pièce pour laisser trainer mes oreilles derrière la porte, Edgar m'interpelle et se révolte face aux non-dits entre Esteban et moi. Je l'écoute attentivement et m'apprête à retourner m'asseoir lorsque le mexicain s'emporte et refuse la discussion. Ce n'est pas de Liam que je parlais. De qui parlait-il ? J'ai vraiment interrompu une discussion, donc, mais visiblement une qui ne me concernait pas. Esteban s'en va après nous en avoir mis pour notre grade à Edgar et à moi. Je grimace légèrement puis vais m'effondrer sur la table prêt du tatoué. « J'en ai marre, Edgar. Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir bien plus longtemps ... » je souffle alors en prenant ma tête entre mes mains.

J'arrivais dans la cuisine et je croisais Liam en train d'écouter à la porte. Un sourire amusé se dessinait sur mon visage mais avant d'avoir pu lui dire quoi que se soit j'avais failli me prendre la porte de la cuisine dans la tête à cause d'Esteban qui sortait en furie. Oulah bonne journée en perspective ! J'entrais et je voyais Edgar. Les sourcils froncés je me servais un café et je demandais à Edgar : « Salut. Il se passe quoi là ? »

Liam finit par entrer et il s'effondra sur la table. Oulah, le retour de la maison de déprime ! Je m'approchais par réflexe de Liam et je venais passer ma main dans son dos. Je ne savais pas ce qu'il s'était passé, Edgar apparemment oui, je ne disais donc rien.