Jour 19

Gabriel m'a tout l'air d'être au bout de sa vie lorsque je le vois assis dans le salon. Muni de mon verre de lait de soja, je me joins donc à lui... « Yo. » ...et c'est bien ce que je pensais. « Ca m'a fait bizarre de rester sobre hier soir. ». Il fallait que j'organise la soirée, donc forcément, je n'avais pas le choix. Bref, le verre d'eau, les aspirines... une dure routine à supporter. « Je te soutiens dans cette épreuve et je compatis lourdement. ».

Ah, il me demande de parler moins fort. Je vois totalement l'effet, je ne compte même plus le nombre de matins où je les vis... bien que je sois plus patient et que je prenne mon mal en patience. On diminue le timbre de voix, et il me dit qu'il en a marre de ces gens. « La vie en communauté, ça commence à te saouler ? ». Ca fait trois semaines qu'on est coupés du monde, c'est surement ça.

Oui. Je bois mon verre par petites gorgées et me frotte le crâne d'une main. Tous ces gens qui ne te connaissent pas et qui se permettent de te juger juste par rapport à ce que tu montres de toi. Un comportement débile. On est dans Secret Story, personne ne peut être sincère. Et quand vous connaîtrez mon secret peut-être que votre point de vue changera. Je bois à nouveau, tout en essayant de parler calmement même si ça m'énerve. Quand je dis "vous" je fais une généralité. Qu'il ne se sente pas visé. En tout cas ce jour là beaucoup regretteront peut-être leurs paroles. Mention spéciale à Charles qui ne connaît rien de moi et qui se permet de me provoquer en duel sois disant parce que je suis quelqu'un de lâche. Je ris alors nerveusement. Puis termine mon verre. Je le pose sur la table basse et me rassied confortablement.

Donc il en a marre. Il m'explique qu'il en a marre du jugement des autres, et notamment de ceux qui ne nous connaissent pas, que lorsque son secret sera révélé, tout le monde comprendra qui il est vraiment, et que ce jour là, beaucoup regretteront leurs paroles. « Et c'est la vérité pure. Ce qu'on fait de notre corps ne détermine en aucun cas ce qu'on fait de notre coeur, et j'ai l'impression que beaucoup ont du mal à discerner les deux. Et ça, ce n'est pas forcément dans la maison, mais dans la société en général. ». J'en suis la preuve vivante, non ? Après, je commence à le connaître, et je ne pense pas qu'il soit énervé que pour ça... « Les résultats des nominations t'ont chamboulé ? ».

J'acquiesce. Puis il me parle des nominations. Pour le coup je pense que vous vous êtes tous bien fait berner par Arthur et Hadès qui ont réussi à protéger les personnes qui leur sont proches, au détriment des autres. Est-ce qu'il va m'avouer que quelqu'un est venu lui parler ? Et me dire ce qu'ils ont dit ? Ça j'aimerais. Pour pouvoir réagir.

On s'est tous fait berner par Hadès et Arthur afin de protéger les personnes qui leur sont proches ? « Après, perso, mon but, c'était que Léna... et Mona-Lisa soient épargnées cette semaine. Et après mes discussions avec Lili et Charles, ma décision n'était toujours pas déterminée, en fait. Du coup, je me suis vraiment décidé à la dernière seconde. ». Et d'un coup, je repense à quelques petits détails... « Merde... ».

Il me dit vouloir protéger Léna ET Mona-Lisa, dans cet ordre. Je fais les gros yeux puis je continue.Et tu n'as pas pensé que nominer Juliette pouvait envoyer Mona' dans le sas la semaine prochaine ? dis-je un peu abasourdi. L'excuse du "protègeons Mona, nominons Juliette" n'a aucune légitimité et est tout sauf logique. Si c'est ce qui t'a fait voter ça alors tu t'es fait avoir. Puis il lâche un "Merde". Je ne dis rien le laissant poursuivre le fond de sa pensée.

J'ai l'air con pour le coup. Il me dit que l'excuse du "nominons Juliette, sauvons Mona-Lisa" est totalement illégitime, et il me donne la bonne raison. « Ohlàlàlàlàlàlàlà, j'ai été un peu con pour le coup. Surtout qu'on aurait pu immuniser Mattéo... ». Bon, là, je dis de la merde, il faudrait que j'arrête de réfléchir. Ce qui est fait est fait, je respire un bon coup, puis je dis : « Bon, dans tous les cas, l'un de nous deux sera immunisé pour les prochaines nominations : soit elle, soit moi. Je vais relativiser, de toute façon, maintenant, c'est entre les mains du public. ».

Immuniser Mattéo ? Mais de quoi il parle ? Je le regarde alors qu'il pense tout haut et que je n'arrive pas à suivre tout ce qu'il me dit tellement j'ai mal au crâne et tellement ce qu'il dit est confus. Ce qui est bien c'est qu'il se rend compte que j'avais raison. Ce qui l'est moins, c'est que je lui ai dis au confess avant qu'il ne vote et qu'apparement il n'a pas compris. Je soupire. Il préfère relativiser. Je préfère agir. Je le regarde pour qu'il comprenne que je compte bien sur lui pour parlementer d'ici peu et mettre en place une stratégie à long terme. Jude nous rejoins, je peine à lui sourire mais je m'y efforce. Mon crâne, mon pauvre crâne. Jamais, répondis-je à la blonde.

J'entend Jude s'adresser à Corentin, je ne dis rien ça ne me regarde pas, mais je laisse trainer mon oreille bien que je grimace quand Jude parle un peu trop fort à mon goût. Je ne sais pas que ce que Blair m'a fait boire hier soir mais j'aurais pas du ajouter de la vodka par dessus ça.
Juliette nous rejoins, je l'accueille avec le plus beau sourire qu'il me soit donné de faire en vu de mon état physique. Salut toi. L'une d'elle rejoindra bientôt Santana et Victoria à l'extérieur. Je ne m'étais pas aperçu de ça depuis l'arrivée ici, mais c'est quand même un principe assez spécial. Là on est tous les 4 à parler, si ça se trouve dans deux semaines il n'en restera aucun de nous. Si je peux me permettre, sachez que je n'ai nominé aucune de vous deux. Je ne dirai pas contre qui j'ai voté par contre, si ça doit se savoir ça se saura en temps voulu. Bonne chance en tout cas.

J'ai trop bu, avouais-je à Jude qui s'inquiétait pour moi. Je suis encore un gamin tu sais, dis-je en souriant alors que mon mal de tête commençait à s'atténuer. Quoi de prévu pour vos potentiels derniers jours ?

Je me retiens de rire en me mordant la lèvre, et derrière mes lunettes de soleil je ferme les yeux. "Mignon". Je souris légèrement. J'ai eu 24 ans, le 1er Juillet. Le jour de la première soirée de réunification. 24 ans... que le temps passe vite. Et toi ? On dit toujours que ça ne se fait pas de demander son âge à une femme, mais depuis quand je suis les règles ?
Elle dit alors qu'elle veut éviter de se morfondre et profiter. Et... tu comptes profiter de quelle manière ? demandais-je innocemment.