Jour 1

Le gars s'appelle Albéric. « Achille. » Bref, à peine arrivé, le gars se tire. C'est pas drôle vu qu'il fait foirer mes plans. Il reste tout de même Shiva le hippie, mais j'ai déjà discuté avec lui. Voilà qu'il me sort une phrase de fumeur de joint par excellence. « Oulah, t'es pas un peu perché toi ? » Lâchai-je en riant aux éclats. Qu'est-ce qu'il raconte avec ses entités cosmiques le garçon ? Il est assez flippant. J'ai bien entendu, il m'a appelé jambe de bois. Lui aussi il pousse à ne pas se faire respecter. « Ca va, je mène mes enquêtes. » Et forcément ça m'avait mené à eux. Mais bon l'autre s'est barré comme un voleur.

Bien sûr que je suis perché. Je domine le monde, et bien plus encore. Mais si je lui sort une phrase comme ça, je doute qu'il ne me parle davantage. Laissons donc le niveau de la conversation à un degré assez bas pour qu'il me comprenne. Tu enquêtes. C'est bien. Et qu'est-ce qui t'a mené jusqu'à moi ? Tu voulais peut-être de l'aide ? Hum.

« C'est bien, avec moi tu vas vite redescendre sur terre alors. Il n'y a pas assez de place sur le perchoir. » lui fis-je amusé. C'est de bonne guerre, il ne peut y avoir qu'un dieu ici, qu'un maitre du jeu et forcément ce sera pas lui. « Je sais pas, je trouve t'as une tête de traitre. » Bon j'y vais à l'instinct, mais je sais pas, je le vois bien tenir un rôle important ici. De toute façon on verra bien une fois que je récolterai de premiers indices le concernant. Si on peut l'envoyer à l'abattoir, je le ferai volontiers.

Je ne dis rien. Je le laisse croire en sa supériorité. Mais au fil du temps je me ferai une joie de le pousser petit à petit du nid qu'il s'est fait aussi haut soit-il pour le voir tomber et se ramasser. Là, il comprendra qu'il avait tort, mais ça sera trop tard.
Je ris à sa remarque. Une tête de traître. Qui est-il pour juger ma tête alors qu'il n'a pas été foutu de garder ses deux jambes ? Tu m'en vois ravi. Qu'est-ce qui te pousse à dire ça ? Monsieur cherche, essaye de trouver des failles chez moi pour y entrer et ne plus jamais en sortir. Vas-y, vient te confronter à Shiva. Je n'attend que ça.

Oui clairement il a une tête de traitre, ou de joueur si il préfère, c'est moins péjoratif. « Moi si j'étais la prod.. Des candidats que j'ai vu en tout cas.. T'as le profil pour être un complice de la voix ou un délire du genre. » Maintenant faudra approfondir cette impression. J'essaie de visualiser son faciès, histoire de cerner une expression qui le trahirait certainement mais c'est plus compliqué que ça. « Maintenant je le découvrirai dans les jours à venir. Et si c'est ça, au revoir l'artiste, retour en Italie ! » riais-je. On provoque, on provoque, et surtout je le teste, je sens que je le chauffe un peu là, faut pas que je m'arrête en si bon chemin. « Au moins t'aurais un rôle à jouer dans l'aventure. » Je rigole une nouvelle fois, ouais ça me semble pas mal.

Du tac o tac il me répond, exposant une de ses idées devant moi, espérant me faire réagir, en bon ou en moins bon, pour tenter d'avoir des indices sur mon secret. Ça ne serait pas un rôle qui me plairait. Je ne suis pas venu ici pour servir quelqu'un. C'est pas mon genre. Il me taquine, j'aime ça. Et je ne vais pas l'empêcher de le faire. C'est tout ce que je te souhaite, de trouver pourquoi je suis venu et ce que je cache. Qu'il se mette un doigt dans l'oeil s'il pense pouvoir me démasquer si facilement. Pauvre petit, tu joues pas à la marelle. Si tu tombes, tu ne te relèveras pas. Et toi ? Ton rôle c'est quoi ?

« T'apprendras à me servir crois moi. » Toujours ce grand sourire aux lèvres qui me caractérise, éternellement provoquant. En attendant c'est tout ce qu'il me souhaite de trouver, je hausse les épaules, dans le fond j'en ai rien à foutre, moi ce qui m'intéresse c'est juste les 300 000 boules, rien d'autre. Il me demanda quel était mon rôle. Grand sourire je me lève et le regarde. « Juste foutre la merde, je trouve ça marrant. » Bref, on verra ça plus tard, pour le moment je me casse.

Je n'ai rien à apprendre de toi. Ni de personne. Je ne suis pas venu ici pour ça.
Foutre la merde est son but ici. J'en ris. Ça ne m'étonne pas vu le personnage. Je finis par quitter le salon extérieur en prenant avec moi mon tee-shirt sali par l'autre débile.