Jour 21

Après une nuit passée dehors et une soirée où j'étais déguisé en Capitaine Crochet je décide de rentrer. Je pars enfiler un short et un débardeur avant de me poser, au calme, dans la maison. Quel endroit plus calme que le planétarium ? J'y entre. Putain y a déjà quelqu'un. Sont sérieux les gens à avoir les mêmes idées que moi ? Du grand n'importe quoi. C'est qui ? On voit rien dans cette pièce.
Vu comment ses joues brillent je dirais que c'est Farah. On voit le reflet des lampes bleues sur ses pommettes. Aucun doutes.
Je m'installe face à elle. Dos contre le mur, genou remontés. On a pas trop eu l'occasion de parler toi et moi. Miss Scandale va-t-elle me cracher à la gueule ? Acte I - L'Approche.

Trois minutes. J'ai réussi à tenir une conversation de trois minutes avec elle. C'est plus que ce que je n'aurais tenu en dehors du jeu. Mais il faut faire des compromis. C'est comme ça. Ça fait partie du jeu. Ça fait partie de la vie.
Je me plais de dingue ici ? Est-ce que je me plais ici ? Bonne question. Sincèrement je ne sais pas. Je me fais un peu chier. J'aimerais que ça bouge plus. C'est très plat l'ambiance. A part les deux ou trois clashs sans saveur qu'on nous offre sur un plateau, y pas des masses d'action. J'espère que le prime de ce soir saura me remettre dans le bain. Et non, pas stressé. Pas peur de partir non plus.

Je réfléchis à ce qu'elle me dit, parce que je doute qu'elle ai réfléchit avant de parler. Tout dépend de la série. J'ai pas compris son délire. Ne nous attardons pas sur le sujet. Elle me sort que j'ai plutôt confiance. C'est digne d'une discussion avec Vincent. Ça comprend rien, et quand ça comprend, ça comprend de travers. Je n'ai pas dit que je ne partirais pas. J'ai dis que je n'avais pas peur de partir. Y a quoi de compliqué là-dedans ? Que je parte ce soir ça m'est bien égal. J'aurai pas joué comme je l'aurais voulu. Quoique... Mais je ne mourrai pas pour cela. Contrairement à elle qui doit avoir pour objectifs de faire un monticule d'émissions télé et de fausses paparazzades après celle-ci.
Je me racle la gorge. Elle va peut-être mal le prendre. Mais depuis le temps, faut que je sache. Ton secret a un rapport avec ta famille ? Acte II - L'Attaque

D'accord. Bon. Tu le dis si je te fais chier. Je crois qu'elle comprend pas ce que je dis. J'emploi des termes trop compliqués ? Je suis pas venu pour jouer aux instituteurs vous savez ?
Etonnant par contre qu'elle réponde à ma question concernant son secret ! Ne perdons plus de temps. Allons donc directement au but visé. Ne pas employer les morts "Mort" et "Accident". Sinon elle va se braquer. C'est en rapport avec ce qui est arrivé à ta mère ? Pas mal pas mal. Je me surprend encore. Je m'attend pas à ce qu'elle me saute au coup de vouloir péter son secret, mais passons.

C'est pas Noël. Tu veux pas tout me déballer sur ton secret pourtant t'es en train de me déballer ta poitrine. Avec tes airs d'aguicheuse en chaleur ne crois pas que je vais me laisser berner. Rien ne me dit que tu seras sincère, et rien ne te dis que je le serai. J'arrête un instant, laissant le temps à mes paroles d'arriver à son cerveau. Ça marche. On en reparle après mon retour du sas ? Je vais me prêter à ce petit jeu dangereux. Histoire de voir où ça nous mènera.

J'aime bien ta réponse. Elle marque un point. Je pourrai donc rajouter quelques adjectifs la concernant sur mon petit carnet. Évidemment je ne vois pas l'intérêt d'en reparler si je ne fais plus partie de l'aventure. Puisque qui dis sortis, dis accès aux secrets. Elle fais sa petite princesse en me faisant comprendre que je ne suis pas à l'abri de la sortie. Je le sais merci. Sa tête c'est comme un poisson rouge dans un bocal : ça tourne en rond et ça s'arrête jamais. Elle insiste là dessus alors qu'on en a déjà parlé précédemment. Ces gens manquent cruellement d'attention et de réflexion. Vous trouvez pas ?
A part son secret, est-ce qu'elle m'intéresse ? Ça aurait pu. Elle a pas que des défauts la fille. Même si la liste est longue. Y a forcément quelque chose d'intéressant sous toutes ces couches et surcouches de maquillages et de faux cils. Ou pas. Dans ce cas là ce serait fort inquiétant. Je préfère partir de moi même de cette maison avant qu'on ne m'y garde prisonnier. Des fois je me demande si j'ai pas été interné de force. Que veux-tu vouloir bien me dire à ton sujet ? demandais-je donc par politesse pour la belle. Si je veux en apprendre plus sur son secret par la suite je suis fort bien obligé de passer par là. C'est triste mais c'est comme ça.

Elle veut que je m'intéresse à elle. Je m'exécute. Puis là elle me sors qu'elle a pas trop de choses à dire sur elle. Sérieusement ils sont drogués à quoi ? De ce que j'ai pu prendre dans ma jeunesse j'ai jamais rien connu d'aussi costaud. Je peux avoir le nom ? Tu me l'avais déjà dis que tu étais vendeuse. Elle me demande des choses sur ma vie. Et je lui avais déjà répondu à ça y a une semaine. J'en reviens au poisson rouge dans son bocal. Ça se confirme. Je suis journaliste de mode. Faisons simple et bref. Ça vient de casser l'ambiance là. Mettons fin à la discussion. Vendredi c'est Piscine ! non, déjà dis ... Euh ... je dois aller faire mes bagages. Je me relève et souris : au cas où je parte. Tu vois le genre. Je m'approche de la porte et rajoute : on se voit au prime. Accompagné d'un clin d'oeil je sors de la pièce.
Acte III - Classé sans suite.