Jour 19

J'arrive, et je décide de squatter devant la cabane. Bambi hiberne là dedans depuis plusieurs jours ? Je m'en fous, en fait... pour moi, elle n'existe plus. Pour une fois, je ne pense pas à Matthew, mais aux secrets. Je réfléchis.

Une fois n'est pas coutume, je passe devant la cabane en bois sans vraiment y prêter attention, jusqu'à ce que je me rends compte que Vincent est assis contre le mur, a réfléchir au sens de la vie de manière proactive. Je décide donc de m'approcher, il est grand temps que nous ayons une discussion tous les deux. Parce que j'ai beau joué à l'aveugle, je me rends bien compte qu'il m'ignore et m'en veut énormément pour mon pseudo-rapprochement avec Romane.
Je fais quelques pas dans sa direction, puis m'arrête. Jusqu'à ce qu'il daigne enfin lever le regard. Je m'approche de nouveau, puis m'assois à côté de lui, sans un mot. Je laisse planer quelques secondes ... Je ne sais pas trop par ou commencer, et ce n'est certainement pas avec un simple salut que je vais faire la meilleure des entrées en matière. Je regarde droit devant moi. La tête appuyée contre le bois de la petite cabane. "Je peux au moins savoir ce que j'ai fais de mal avec Romane ?" Je lui demande finalement, sans tourner la tête. Je n'ai pas envie d'affronter son regard maintenant.

Je suis en train de réfléchir, m'ennuyer, réfléchir, m'ennuyer, réfléchir, m'ennuyer quand Matthew arrive. Moi qui ne voulais plus parler des histoires qu'il y a entre lui et moi... je suis servi. « Tiens, j'attendais justement que tu te réveilles. ». Il se trouve que moi aussi, je voulais avoir une conversation avec lui... le but étant d'exprimer mon ressenti. Il me demande ce qu'il a fait de mal avec Romane. Je m'en doutais... en voyant le petit cadeau d'hier, il s'est senti visé et a compris qu'il avait des choses à se reprocher... seulement, maintenant, je m'en fous, car je ne suis pas en couple avec lui. Je fais une moue, puis je lui réponds : « Elle m'avait dit que vous aviez eu un rapprochement, toi et elle, du coup, j'étais mal... surtout après que tu m'aies dit que tu pensais tes faits et gestes durant la mission. Mais maintenant, je me suis remis en question par rapport à mes crises de jalousie et tout, et perso, que tu aies des rapprochements, maintenant, ça me passe au dessus. ». J'ai envie de faire passer le jeu avant les mecs, maintenant.

Ce qu'il me dit me soulage et m'enlève un poids. Je tourne enfin le regard vers lui. Il a donc décidé d'arrêter de se focaliser sur moi et de vivre finalement son aventure au jour le jour. Un seul mot me vient à la bouche : enfin. Je lui souris. Attend un instant, puis lui dis : "Déjà avec Romane on peut pas parler de rapprochement vraiment. On a juste discuté et on a échangé un regard, certes plutôt intense, mais pas plus qu'un simple regard". Je marque un temps. Je suis satisfait que Vincent se détache enfin de moi mais en même temps un peu frustré, j'aimais me savoir désiré. "Après oui je t'ai dis que je pensais tout ce que je t'avais dis avant, et je le maintiens toujours. Mais je n'ai jamais parlé de sentiments amoureux ni de quoi que se soit dans ce goût là. C'était de la séduction, ni plus ni moins ... Je me racle la gorge. Mais je suis content que tu réalises qu'on ne s'est rien promis. Ca me soulage vraiment !" Je lui souris à nouveau.

Avec Romane, il y avait juste eu un regard... pourquoi m'a-t-elle parlé de rapprochement ? Je ne sais pas... peut-être qu'avec un unique regard, c'était le cas. Oh et puis merde, ne pensons pas aux autres rapprochements ! Ce qui compte, dorénavant, c'est que je m'amuse, et basta. « Ah... il y avait juste un regard. ». Tout ce délire juste pour un regard, en plus. Je devenais trop possessif. Maintenant, je suis prêt à réparer mes défauts. Il me dit ensuite qu'entre nous, pour le moment, ce n'est ni plus ni moins que de la séduction. C'est vrai. « Tu as raison... et je m'en suis rendu compte hier, quand j'ai discuté avec Cha'. ». Ma conversation m'a été d'une grande utilité. Il faudrait que je pense à aller remercier. Bref, il me dit ensuite qu'il est soulagé que je réalise qu'on ne s'est rien promis. Sans m'en rendre compte, j'ai été un gamin égoïste en le voulant pour moi seul. Maintenant, je penserai plus à moi. « Donc maintenant, on est quittes. ». Je penserai plus à moi, dorénavant... mais ce n'est pas pour autant que je lui ferme les portes, loin de là.

On est quitte ... Mais de quoi au juste ? Je ne sais pas. Je grimace légèrement. Au fond de moi, j'ai l'impression que je viens d'achever deux semaines d'attrape moi si tu peux, et je déteste ça. Enfin je détestais me sentir enfermé, mais j'adorais me sentir adulé par la même occasion. Je me sentais aimé, pourchassé, désiré. Et j'aurais aimé qu'il continu, même après cette discussion, sans les crises de jalousie ni les coups de gueules. Mais c'était demandé le beurre et l'argent du beurre. Et je n'avais pas réalisé que c'était impossible ... "On est quitte ..." Je répète doucement dans un souffle. Puis je réalise qu'il a, lui aussi, discuté avec Charlène. Et je suppose qu'elle lui a dit des choses similaires que ce qu'elle m'a dit à moi. Je préfère donc ne pas relever. "On est quitte ..." Je dis encore plus bas avant de me décider à quitter la pièce. Je lui fais un bisou sur la joue puis me relève. "Je vais à l'intérieur, il fait trop chaud dehors !" Je me rends alors compte que ça fait deux fois que je pars comme un voleur. Je me retourne et lui dis, "Promets moi que ça ne changera rien entre nous ? Cette petite discussion ?" J'attends sa réponse puis quitte la pièce.

Il me répète plusieurs fois qu'on est quittes. Peut-être que je l'ai fermé sans m'en rendre compte... et ce n'est pas mon but. Le but de ma phrase était juste de lui faire comprendre qu'on était tous les deux d'accord sur le fait qu'il fallait que j'arrête d'être possessif sur du vide. Il quitte ensuite l'endroit... je l'ai peut-être braqué dans m'en rendre compte, et ça me rend un peu mal... mais je préfère ne pas le montrer. À ce moment là, il se retourne en me demandant de lui promettre que cette petite discussion ne changera rien entre nous. Ah... il est mal et il a l'air de me désirer, voilà qui est intéressant. Je lui fais donc un sourire, puis je lui réponds : « Peut-être... ou peut-être pas. ». Le mystère est la meilleure arme de séduction.

Je quitte la cabane.