Jour 32

Hier, Esteban est venu "récupéré des affaires qu'il avait laissé dans la love room" alors qu'il n'y avait pas dormi depuis la onzième journée de l'aventure. On va faire comme si on y croyait . Je n'ai rien entendu hier soir, les bras de Giani m'avaient portés tels deux anges et je m'étais endormi sans demander mon reste. Nous avons passé la nuit bercés l'un par l'autre, parsemant nos réveils de bisous curieux et joueurs. Je profite du corps de l'italien pour prolonger notre grasse matinée et je quitte ensuite la pièce en m'assurant qu'il ai bien la couverture sur lui, lui déposant un doux baiser sur le front avant de disparaître.

J'avais passé une nuit merveilleuse aux cotés de Liam, chaque moment du sommeil ponctués de caresses tendre, de baisers timides et de découverte de l'autre. Ce matin je l'avais senti me quitter tandis que j'avais préféré rester dormir. Je me réveillais doucement, décidant de quitter la couche à mon tour.

Je débarque dans la love room après le passage éclair de Nathan dans la salle de sport pour me vider son sac. Je pense sincèrement en avoir entendue et vue des choses dans ma vie, et ce visage. Ces mots. Ca fait parti des pires que j'ai eu à entendre, supporter. Un bond de bien des années en arrière ... J'ouvre l'une de mes valises, sors mon doudou et me faufile sous la couette. Je sers fort mon doudou quelques longues secondes, fermant les yeux pour tenter de repenser à autre chose. Mais au final, ce n'est pas le cas. C'est ici qu'a eu lieu notre premier baiser avec Nathan, et j'imagine qu'en y restant autant de semaines seule, c'était un moyen pour m'en rappeler. Rester proche des plus beaux moments de mon aventure, malgré les bas. L'une de mes mains s'approche de mon visage alors que je sens des larmes monter. Je recouvre aussitôt l'intégralité de mon corps sous la couette, en mettant mon visage sur ma peluche, me laissant aller à quelques sanglots que seul mon micro peut donc confirmer.

Après avoir fait toutes les pièces de la maison j'arrivais à la love room. Je n'entendais pas un bruit mais je voyais une bosse sous la couette. Genre un corps d'humain. « Sarah...? » Je finis par m'approcher et en soulevant la couette je la remarquais en pleurs, dans son oreiller. Je lui enlevais alors la couette et je m'installais à côté d'elle. « Mais tu vas t'étouffer si tu continues ! » Je voyais finalement que ses larmes étaient une blessure plus profonde qu'un simple manque de sa famille ou quoi. Je fronçais les sourcils et je finis par m'allonger à ses côtés. « Qu'est-ce qu'il se passe ma belle ? »

Installée dans le lit de la love room, sous ma couette, collée contre mon doudou en larmes, la porte se fait entendre. Oh merde ... J'ai pas envie qu'on me voit dans cet état. La couette est retirée de quelques centimètres et j'aperçois alors le visage de Dalia, qui décide de s'installer à mes côtés. Je suis quelque peu rassurée en la voyant, au final. Je passe une main sur mes joues pour enlever mes larmes, mais elles continuent de couler. "J'suis juste trop conne, j'sais pas ce qui se passe dans ma tête Dalia." Que je lâche en étant coupée par mes sanglots. Je renifle légèrement, fuyant le regard de la belle blonde tant je ne suis pas à l'aise quand il s'agit d'exposer mes faiblesses.

Encore en sanglot, Sarah semblait déstabilisée et bloquée pour parler d'elle. Mais pourtant pour enlever le poids qu'on avait sur le coeur il fallait parler. J'enlevais mes chaussures et je décidais de remettre la couette sur nous deux. Je venais la prendre dans mes bras et je lui caressais les cheveux. « Tu peux tout me dire, on est que entre nous d'accord ? » Je continuais de caresser sa cheveux, essayant de l'apaiser au maximum. « Est-ce que ça a un rapport avec Nathan...? » Je craignais sa réponse.

La belle blonde décide d'enlever ses chaussures pour s'allonger bien à côté de moi, remettant la couverture au dessus de nos têtes. C'est une ambiance que je préfère, comme si j'allais échapper à tous les regards à l'extérieur alors que les micros, eux, ne loupent rien. Je serre d'avantage mon doudou contre ma poitrine alors que la jeune femme me prend dans ses bras, caressant mes longs cheveux. Est-ce-que ça a un rapport avec Nathan. Je hoche positivement la tête, reniflant un peu. "Je l'ai perdu. Définitivement. Il me déteste là." Que je lui souffle, me mordant la lèvre alors que je sens de nouvelles larmes arriver en me remémorant le regard du garçon, ses mots.

Elle l'avait perdu d'après ses mots. Bon cela ne m'étonnait pas, après ce qu'il s'était passé hier. Et j'avais besoin d'en avoir le coeur net, j'avais besoin qu'elle me le dise. Ce n'était pas pour la juger, juste pour pouvoir la consoler au mieux. « Dis moi, ce qu'il s'est passé avec Nahim hier... Tu te doutais bien qu'on allait être au courant, pas vrai ? Tu voulais que ça l'atteigne, que ça le fasse réagir....? » Et je voulais qu'elle soit franche avec moi. Parfois les filles amoureuses font des choses stupides comme ça. Rendre jaloux un mec pour qu'il nous dise qu'il nous aime. Mais ça n'arrive que dans Bridget Jones ça, pas dans la réalité.

J'essaye de reprendre un souffle plus ou moins correct en sentant ses mains dans mes cheveux, et en entendant sa douce voix réconfortante et calme. Elle essaye d'en savoir plus sur ce qui s'est passé avec Nahim la veille, mes intentions. "Je ne sais même pas ce qui s'est passé dans ma tête." Que je lâche d'une petite voix, caressant mon doudou en le serrant contre moi. "Ca fait quelques jours que j'ai mis mon cerveau et mes émotions sur off, j'ai l'impression." Que je lance. Depuis ma dernière discussion avec Nathan en fait. Celle près de la porte interdite, que j'ai décidé d'ouvrir après une énième dispute plus corsée et plus vive puisqu'il m'avouait des sentiments alors que je lui courrais depuis des semaines après.

Elle me répondait honnêtement qu'elle ne savait pas. Je continuais de caresser ses cheveux, sentant qu'elle se calmait petit à petit. « Ca arrive parfois quand t'es pas bien. Tu te dis qu'en coupant tout tu vas aller mieux. Mais tu peux faire souffrir des gens aussi... » Ah ouais ? Elle avait pas remarqué, merci Dalia pour ta perspicacité ! « Sarah, je sais que ça va pas être facile mais il va falloir que tu te relèves. Que tu te rappelles de qui tu es, de ce que tu vaux et surtout de ce que tu veux. » Je posais un baiser sur son front. « Vous êtes tous les deux brisés parce que au fond vous ne pouvez pas vous passez l'un de l'autre. Il a commencé à joué avec Ashley et ça t'as fais du mal, tu as joué avec Nahim et ça lui a fait du mal. » Je marquais une pause. « C'est pas sain. Et tu le vois avec l'état dans lequel il t'a mit. Mais il regrettera, tôt ou tard d'avoir eu des mots blessants à ton égard, des mots qu'il ne pensait peut être pas. » Je baissais les yeux vers. « Mais pour l'instant il faut que tu t'occupes de toi. Et s'il faut que tu passes 2 jours à pleurer dans ton lit tu le feras, et personne n'aura rien à dire ! Parce que c'est ta façon à toi de guérir. » Je lui faisais un léger sourire en essuyant une larme sur ses joues. « T'es une battante Sarah et ne laisse jamais personne t'en faire douter ! Et une fois que vous aurez tous les deux reprit vos esprits, vous devriez avec une discussion, à coeur ouvert et surtout dans le calme. »

J'écoute alors sagement et tranquillement tout ce qu'elle a à dire, à me conseiller. J'avale chacun de ses mots en me calmant, séchant mes larmes petit à petit. Je pense que c'est avant tout ce qui me manquait ici. Une épaule sur laquelle me reposer quelques minutes. En temps normal, à l'extérieur, je suis celle qui donne conseils et qui décide d'être forte avec les autres. Pour une fois dans ma vie, j'accepte de baisser un peu ma garde. "Je pense qu'il pense tous les mots qu'il m'a dit, et il a raison .." Que je souffle, avalant difficillement ma salive. "J'ai été une garce, et j'suis sans doute la pire personne dans c'te maison." Que je rajoute, fermant les yeux quelques secondes. "Je peux te dire un truc .. ?" Lançais-je timidement à la blonde avant d'attendre quelques secondes. Je décide au final de fermer à nouveau les yeux, serrant mon doudou et profitant des caresses de la jeune femme dans mes cheveux. "Comme tu dis, j'aimerais retrouver la Sarah que j'étais. Mais .. Je pense qu'elle est beaucoup trop loin maintenant." Avec toutes les épreuves de la vie qui ont été mises sur mon chemin, comment la retrouver quand une carapace entière a décidé de la changer et l'emprisonner ? "Je sais au fond de moi que je suis pas une méchante fille, je le sais. Mais j'ai l'impression que c'est plus facile de faire fuir les autres, même si, la preuve, je regrette après." Lui confiais-je de ma petite voix cassée.

« Tu es la pire personne de la maison parce que tu kiffes un mec qui en drague une autre sous tes yeux et que du coup t'as couché avec un autre ? » Je riais doucement. « Ne dit pas n'importe quoi, je voudrais en croiser plus souvent des gens "mauvais" comme toi alors ! » Je lui faisais un sourire de réconfort. Je la laissais exprimer ce qu'elle avait sur le coeur. Elle m'expliquait qu'elle s'était construite une carapace et qu'elle trouvait ça plus facile de faire fuir les gens. « Bien sur que c'est plus facile, parce que quand tu les fais fuir tu n'as pas à t'ouvrir à eux, à leur accorder ta confiance. Ils ne peuvent pas te briser et tu le sais. Mais personne ne peut vivre en fuyant tout le monde. » Je la regardais de nouveau. Elle me faisait tellement penser à moi plus jeune. « Tu sais j'ai été dans le même cas que toi... On m'a fait des crasses énormes, on m'a blessé, on m'a utilisé, et ça pendant une partie de mon enfance et de mon adolescence. Et un jour j'ai décidé de ne plus souffrir et de me rebeller. Plus personne ne s'approchait de moi, j'étais froide, fermé, et je ne voulais que personne entre dans mon intimité, je ne voulais me dévoiler à personne. J'ai commencé à coucher avec des garçons que pour le cul, bon j'avoue que c'est encore le cas, mes amis ce n'était pas des amis en faite, juste des connaissances de soirée etc. Et crois moi, j'ai jamais été aussi malheureuse. Alors je me suis reprise en main. J'ai voyagé, j'ai fais de l'humanitaire parce que c'était les valeurs qu'on m'avait donné : la charité, la générosité, le partage... » Je caressais sa joue doucement. « C'est pour ça, il faut que tu te rappelles qui tu es, et d'où tu viens. »

Dalia essaye de me rassurer, de me faire comprendre certaines choses. Elle aussi a connu ses périodes sombres, mais affirme que ça ne fait pas de moi une mauvaise personne. Je dois simplement me rappeler de qui je suis, me retrouver. "Et si on me blesse quand même ?" Je pense qu'elle est là, ma plus grande peur en fait. Je l'écoute ensuite me parler de son histoire, les yeux redevenant humide au fur et à mesure de son discours tant il me parle et fait écho à énormément de choses. Baissant légèrement la tête, je décide de prendre rapidement la parole. "Moi aussi j'ai été utilisée, blessée .." Que je lance avant de poursuivre après avoir dégluti. "C'est pas facile de se faire ruer de coups dans les vestiaires parce-que tu es en surpoids, pas assez bien pour être dans un groupe, et .." Et je suis coupé. En plein moment confession, on est appelé au salon, surement pour les nominés. Je souffle légèrement, tant j'avais l'impression d'être ailleurs pendant quelques minutes sous cette couette avec Dalia. J'essuie de nouveau mes joues et mes yeux humides avant de déposer mes lèvres sur la joue de la blonde. "Merci .." Me contentais-je de dire avec sincérité avant de nous défaire de notre bulle en soulevant la couette pour sortir du lit, et par conséquent quitter la love room.

« C'est la vie être blessé, et se relever. » Elle finissait par se confier à moi ce qui me touchait. La voix finit par nous appeler. « Je suis là pour toi et je le serai à chaque fois que tu en auras besoin ! » je lui souriais et je quittais la love room.

J'entre dans la love room, et me faufile vite sous la couette. Dans le noir, je tapote plusieurs fois sur mon lit espérant retrouver mon doudou. "Ah .." Que je lâche avec un doux sourire aux lèvres quand je remets la main dessus. Je pose alors ma tête sur l'oreiller, serrant contre ma poitrine celui qui accompagne mes nuits depuis mes 2 ans. Je ferme les yeux et m'endors petit à petit.

Ce soir j'avais décidé de ne pas laisser Sarah seule. J'arrivais alors dans la love room, je posais un baiser sur son front et je me couchais à ses côtés. Puis avouons le, le matelas est bien plus confortable que celui dans la chambre boisée.

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