Jour 16

Au seuil de la porte, j'hésite un moment à rentrer en voyant Farah installée sur l'un des canapés. Finalement, je me persuade d'y aller. Je m'installe sur un fauteuil en face d'elle. Je me contente de lui sourire légèrement, histoire de tâter le terrain et voir si une discussion est possible à cet instant.

Elle me répond déjà, je suppose que c'est pas mal. Je grimace légèrement avant de lui répondre. Je suis... désolé pour vendredi. Je t'ai attaqué gratuitement et je m'en suis rendu compte qu'après coup. Les évènements qu'il y a eu ensuite m'ont fait comprendre que c'était futile de toute manière. Je suppose qu'on sera jamais les meilleurs amis au monde, mais en tout cas voilà, je tenais quand même à m'excuser. Lors du prime, toutes les disputes m'avaient tapés sur le système et j'avais fini par craquer. Malheureusement, ça avait été pour la pomme de Farah.

Elle semble d'accord pour passer à autre chose, et ce n'est pas plus mal. Je suis étonné de voir que finalement, on est plus ou moins sur la même longueur d'ondes. Elle vient ensuite parler de Lorena et je me montre totalement honnête. J'apprécie beaucoup Lorena, et c'est sûrement la goute d'eau qui a fait déborder le vase. Pour être honnête, c'est un tout qui a fait que j'ai perdu les pédales. Je te trouvais très injuste avec Vincent, vous sembliez proche et je ne comprenais pas pourquoi tu le taillais autant. Autant tout mettre à plat, explicitement et sans détours.

En soi, Farah ne me devait rien et elle aurait très bien pu simplement éviter la conversation. Mais elle entame plutôt un dialogue et ça me plaît. Je l'écoute attentivement avant de répondre dans son sens. Non mais c'est possible que ce soit un manque de discernement de ma part. Vincent, il apparaît tout fragile et innocent, mais c'est peut être un jeu. Ce serait pas la première fois que je me trompe ici... On en parle, du coup de Steven ? Ils étaient pas si proches que ça finalement, et je comprends Farah de toute manière maintenant. Je souris légèrement quand elle parle de ''bébé, ma foufouna''. C'est bon délire en tout cas...Vincent ? J'en suis pas vraiment attaché. C'est juste que j'ai toujours eu ce besoin de défendre les opprimés et de réparer des injustices. Mais je vais arrêter de prendre partie dans des conflits qui me regardent pas... Personne ne ferait pareil pour moi, de toute manière. Sauf les personnes qui m'apprécient, mais du coup, ça les concerne un peu.

Elle me confirme qu'il fallait se méfier des apparences ici. C'est pas faute d'essayer, mais j'ai jamais été bon pour ce genre de choses. D'après Farah, la sincérité se verrait à des kilomètres. Peut être qu'on peut s'entraîner pour mieux le discerner après. Je ferai en sorte d'y faire attention. On est dans Secret Story, après tout. Elle m'avoue qu'elle pense que je joue un rôle. Puisqu'il semblerait qu'on ait une discussion sincère, je lui réponds sans y prendre le gant.Et sans vouloir te blesser, j'en ai absolument rien à foutre de ce que tu peux penser de moi. Et je suppose que ça ne sert rien de vouloir te faire changer d'avis... A ta place, je me méfierai aussi. Je hausse les épaules en baillant légèrement.

Nous sommes au moins sur la même longueur d'onde à présent. Lorsqu'elle me tend sa main, je la serre, comme confirmation qu'on laissait tout ça derrière. On fait ça ! Je me couche ensuite sur le fauteuil, décidant de réfléchir aux secrets.

Eau citronnée à la main, Romane décide de s'installer sur un canapé du salon, venant automatiquement étendre ses jambes parfaites dénudées devant elle.

Je reporte mon attention sur Romane quand elle arrive dans le salon. Je distincte très précisément les images de la soirée d'hier et la blonde en partageait une très belle avec Charlène. Pas trop la gueule de bois ? Je dévisage gentiment Romane dans un petit sourire.

Elle lâche un léger rire à la remarque de Kovu. « Non du tout, j'ai l'habitude d'enchainer les soirées arrosées » Suffisait de voir son teint si frais pour savoir qu'elle était honnête. Elle l'observa du coin de l'oeil, tâtant le terrain puis se risqua à placer une petite remarque.  « Tu sais que t'as jamais autant exister que Vendredi soir ? » balance t-elle avec un sourire innocent. C'était pas une pique, elle espère que Kovu le comprend au moins. Elle parle absolument pas de l'incident avec Steven. « Tu sais, exister dans le regard de l'autre... Elle va en faire des ravages plus tard ! » lâche t-elle en riant. La Voix fait alors une annonce de la plus haute importance. « va y avoir encore des rebondissements tiens »

Sortir en boîte de nuit, ça fait parti de la vie de princesse, c'est ça ? Elle aimait bien se considérer ainsi, et à vrai dire, à force, je m'y étais pris au jeu. Mes sourcils se froncent instinctivement ensuite, à sa remarque sur le prime de vendredi. La bouche entre-ouverte, je tente de comprendre ce qu'elle essaye de dire. Je finis par y arriver et un large sourire se tape l'incruste sur ma face. Elle est magnifique... c'est presque... insolant. Avouais-je sans détourner le regard de Romane. J'aimerais pouvoir simplement oublier le prime de vendredi... Est-ce que tu penses que c'est la meilleure chose à faire ? Sa réponse à cette question m'intéresse. La Voix nous annonce ensuite qu'on est tous liés, d'accord. Peut être un SAS à 18, histoire de péter un record. Dis-je dans un petit rire complice.

« Oh, pas forcément en boite de nuit tu sais, mais ça fait partie de ma vie en tout cas » fit-elle en haussant les épaules, sourire aux lèvres. Une vie de princesse, ça a l'air plutôt ennuyant à vivre. Si elle a envie d'être traité comme une princesse, elle n'a jamais voulu la vie d'une princesse, petite nuance. Il voudrait oublier le prime de Vendredi, elle fait une légère moue dubitative.  « Franchement, je ne l'oublierai pas. » Mais est-ce une réponse étonnante de sa part ? Romane et Kovu, ils n'avaient pas le même tempérament. Elle est pas sur que son avis soit le meilleur à appliquer pour Kovu. « Si dans ta tête, tu as des raisons d'en vouloir à Steven, alors vas-y ! Venge-toi ! C'est trop simple de dire à une personne d'apaiser les choses, de faire avec alors que de ton côté tu n'as rien à te reprocher. » C'est comme ça qu'elle le voyait en tout cas. « mais je sais pas si t'es comme ça toi, et si ça te soulagerait. »

Sa réponse ne m'étonne pas un instant. C'était juste une invitation au débat, un début de discussion. Il paraît que les opposés s'attirent et avec Romane, on confirme un peu la règle. On est très différents au fond, mais elle reste quand même une personne avec laquelle je peux avoir des discussions qui me sont bénéfiques. Je... ne sais pas. Je sens cette haine en moi qui n'attend qu'à se lâcher. J'ai envie de le pourrir, de faire de sa vie un enfer... Devant sa mine interrogatif, je ris légèrement. Mais je crois que je suis plus performant dans l'autre extrême... Je roule des yeux avant de préciser. Tu sais.. Aimer les autres... Faire en sorte d'être cette petite parcelle de lumière dans le coeur des gens.

Elle esquisse un léger sourire face à cette facette plus sombre de Kovu. C'est qu'il est sexy quand il est énervé. « Te pose pas de questions, ne te mets pas de barrière. Tu le vois, t'as envie de le pourrir alors fais-le. T'as envie de sourire et d'être joyeux, alors montre-le. » c'est aussi simple que ça, c'est comme ça que les actions de Romane étaient dictées et elle ne le regrettait pas. « Mais oui je confirme, le solaire ça te vas mieux » fit-elle avec un sourire avant de partir.

Ne pas se poser de questions ? C'est loin d'être une mince à faire. Je grimace un petit peu en me mettant en tailleur. Est-ce qu'on pouvait dire que j'accordais beaucoup d'importance au regard des autres et donc intrinsèquement aux répercussions de mes actes ? Sans doute un peu. C'est sûrement ce que je devrais faire. J'ai l'impression d'avoir donner trop d'importance au fait qu'on soit dans un jeu. Indirectement, j'ai agis comme une personne que je n'étais pas. Un peu plus distant, méfiant... Je vais faire en sorte de me poser moins de questions. Tu devrais devenir psy, Cendrillon ! T'as une gueule qui revient plutôt bien, on a envie de se confier...