Jour 15

Bambi semble m'avoir remarqué, c'est pas faute d'avoir essayer de me fondre dans la masse pourtant. Mais je dois avouer être content de voir sa petite face quand même, je suis pas très bon pour jouer l'asocial. Elle me tend un cocktail... Ouais pourquoi pas après tout. Je souris légèrement en guise de remerciement avant de boire à la paille. Je manque de tout recracher lorsqu'elle parle de bisou magique. Simplement parce que c'est drôle, ouais. Je sais pas. Genre tes bisous, ils envoient tout plein de coeurs remplis d'amour en même temps ? Comme dans les mangas ou les dessins animés vraiment pour gosses. Si c'est le cas, j'en aurais bien besoin. Souriais-je en sirotant mon cocktail.

Kovu a l'air sceptique face à mes bisous magiques. Je hausse légèrement les épaules, tout en continuant de le fixer du regard. « Y'a que toi qui va pouvoir me le dire... » Ce sont mes trois cocktails qui parlent à ma place ? Peut-être. Certainement, même.

Romane lève le pouce discrètement vers Steven quand ils se captent par le regard en mode : bien joué mec ! Puis elle voit Léandre arriver vers elle et elle sait déjà qu'elle va finir toute mouillée ! Et pourtant, elle aura tout tenté pour l'en dissuader : le charme, les menaces, la pitié ! Mais rien n'aura suffit et elle se retrouve dans la piscine à son tour. « T'aurais au moins pu me porter dignement en mode princesse ! » lança t-elle en riant. Non elle ne le prenait pas mal parce qu'au fond, tout ce qu'il a fait c'est l'impliquer dans la soirée et c'était du coup mignon. « Je boude voilà ! » fit-elle en croisant les bras et en tournant le dos au candidat en abordant une moue de bébé chat énervé.

Mon regard quitte le cocktail pour analyser Bambi. Bon d'accord, peut être que je la dévore aussi des yeux, un peu. J'incline d'ailleurs la tête, dans une petite moue, en fronçant légèrement les sourcils. Et je suis bien incapable de te donner une réponse sans avoir y gouté. Dis-je doucement dans une douce mélodie. Tu voudrais faire de moi ton cobaye ?

Romane fait mine de ne pas être contente, car je ne l'ai pas porté en princesse. C'est vrai que la blonde adorait être traitée en véritable princesse, à force je connaissais à la connaître. Mais en sac à patate c'était bien aussu non ? Mais la technique du sac à patate c'est moins épuisant quand même, puis tu aurais pu te débattre. dis-je comme défense. Et maintenant voilà qu'elle boudait. Et bien puisque c'est comme ça autant la prendre par surprise. Je plongeais sous l'eau pour venir passer entre ses jambes et la relever. Désormais elle était sur mes épaules. Tu boudes toujours ? Sachant qu'à tout moment je pouvais la faire tomber de mes épaules et plouf dans l'eau.

Je détaille chaque trait du visage de Kovu, j'essaie tant bien que mal de le comprendre rien que par l'expression qu'il arbore. Il n'est pas souriant, ce soir. Et je peux le comprendre. Mais ma technique pour lui remonter le moral a l'air de fonctionner puisqu'il rentre dans mon petit jeu de séduction. Je ne quitte pas ses yeux des miens, je prolonge même l'instant dans le silence. Je l'observe, je le trouve beau. Alors je me lance, je m'approche de lui pour l'embrasser avec douceur, enlaçant adroitement sa nuque de mes doigts. Je finis par me reculer. « Laisse moi deviner... goût sucré légèrement acidulé dû au dernier mojito que j'ai bu ? » Je laisse échapper un rire, puis m'installe confortablement à ses côtés. « Je pense que t'es quelqu'un de bien Kovu. Tu ne devrais pas vouloir éjecter ta haine sur tous les autres habitants, t'as tellement d'amour à donner ! » J'essaie de lui faire comprendre que ce n'est pas parce qu'il n'a pas pu voir sa fille qu'il doit en vouloir au monde. Je pense bien que ça doit être difficile pour lui, mais ce n'est pas bon qu'il réagisse comme ça. « Et puis tu sais, en tant que ta destinée, je suis là moi, pour toi. » Je lui adresse un sourire sincère.

Elle ne s'attendait pas à ce que Léandre la prenne sur ses épaules et plutôt que se débattre et finir par chuter dans l'eau, elle tente au contraire de prendre équilibre pour s'installer confortablement. « Non je ne boude plus » fit-elle en penchant sa tête, ses cheveux tombant en cascade alors que ce sont ses lèvres qui tombent sur sa tempe en un baiser tout en légèreté. Steven propose alors une bataille d'eau avec des pistolets. Il est fou ce gars, elle commence vraiment à bien l'apprécier en fait ! « Armons-nous chevalier ! » fit-elle à Léandre avec un rire alors qu'ils rejoignent finalement Steven. Finalement, elle s'approche de Steven lorsqu'il lui fait signe, se mettant tout de suite un peu à l'écart. « T'as de l'imagination, j'adore ! » le complimenta t-elle sincèrement avec un grand sourire.

Alors en plus d'avoir fait en sorte que miss princesse ne boude plus. J'avais le droit à un baiser sur la tempe. L'ambiance ici était bon enfant et j'appréciais ce moment. Je préfère quand tu boudes plus. dis-je avec un sourire amusé. Puis là Steven revient armé, c'est que du bonheur. Il est cool ce mec, je l'aime bien. Allez armons nous et allons à l'attaque mes braves gens ! dis-je en tentant de prendre un air chevaleresque même si bon c'était pas gagné. Je pris un pistolet à eau et je commeçais à arroser Charlène qui était dans la piscine. Moi je voulais m'amuser avec tout le monde, puis c'était de bonne guerre.

« Je suis plus jolie quand je boude pas en effet » fit-elle avec un léger rire à Léandre. C'était mignon ce qu'il venait de lui dire. Elle s'éloigne alors un peu avec Steven qui lui révèle la supercherie. Elle ouvre légèrement la bouche en coeur, en souriant en même temps. « T'es un génie ! » fit-elle en riant alors qu'elle s'arme d'un des deux fameux pistolets. C'est alors que Charlène s'approche pour lui faire un baiser dans le cou. Elle a du boire un verre en trop non ? Elle l'a confondu avec Bambi ? « Hé Charlène ! » l'interpelle t-elle sur un ton neutre. Elle s'approche alors pour poser une main sur sa hanche, leur deux corps se frôlant, se caressant tout en douceur alors qu'elle dépose un furtif baiser sur ses lèvres. Romane rit à son tour, nullement dans l'optique de la casser pour une fois. Peut-être qu'elle aussi, elle avait bu un verre de trop ? Faut dire qu'elle en avait siroté des verres avant de les rejoindre. Non, c'était une bonne soirée et franchement, fallait l'avouer, ça faisait du bien de mettre les tensions de côté ! Elle profite cependant de l'effet de surprise de son geste pour tirer sur elle ! Sauf que ce n'est pas de l'eau mais bien le mélange spécial concocté par Steven !

Mes belles perles, mes plus beaux mots décident de se faire la malle au moment où je devrais les enchaîner. Elle est là, devant moi. Ma princesse disney, celle qui rien qu'avec son prénom, avait rempli mes rêves des semaines entières. (bon trois d'accord, je pousse un peu). On ne parle pas d'un zouk endiablé, j'aurais pu me cacher derrière mes gênes africaines et prétendre que c'était normal. Je défaillis simplement, sans aucune arme pour lutter, en espérant que Bambi me remonte à la surface. Je parviens seulement à m'humidifier les lèvres, comme un message codé, un appel à l'aide. Mais bien sûr qu'elle me comprend Bambi. Elle me libère, me soulève d'un poids. Alors le courage me manque plus et mon visage se rapproche délicatement du sien. Mes lèvres se posent avec une infini douceur sur celles de la jolie blonde. Tout est pure, comme si c'était écrit. Je reprends mes esprits lorsqu'elle se recule. Je suis pas sûr de vouloir revenir à la réalité. Je secoue la tête, encore et encore, pour reprendre contenance. Sucré, acidulé... J'en sais rien. Limpide en tout cas. Avouais-je toujours un peu confus. Elle me parsème de ses beaux mots ensuite. Elle me fascine avec son aisance en ce moment précis. Mon regard se pose sur le sien avec insistance, brillants. J'ai été con... J'ai cru un moment que le monde pouvait être injuste. Que parfois, il s'amusait à simplement être foncièrement méchant... J'ai perdu foi... Je me stoppe un instant, grimaçant instinctivement. Mais il est toujours aussi beau. Grâce à toi... Parce que tant que tu seras là, il le sera. Je te promets de continuer d'aimer, du temps qu'il y aura des personnes comme toi à submerger de mes beaux sentiments. Je me mords la lèvre en dévisageant Bambi. C'est ce qu'il me fallait et je me rends compte que le pire dans tout ça, c'est que je le savais.

Bêtement, je me surprends à sourire quand Kovu analyse l'effet de mon baiser. Limpide. C'est joli. C'est.... inattendu. Mais Kovu lui seul est quelqu'un de surprenant. Et je pense que je ne me lasserai jamais de lire sa singularité sur son visage. M'allongeant à ses côtés, j'écoute d'une oreille attentive tous les beaux mots qu'il fait échapper de ses lèvres. Poète du soir, ses paroles sont comme des remèdes. Un anti-douleur contre l'éloignement. Un anti-dépresseur contre l'enfermement. Des belles choses, qui font sourire. Qui font aimer. A cœur ouvert. Instinctivement, je prends la main de Kovu pour la serrer dans la mienne puis m'amuser à jouer avec ses doigts des miens, remarquant qu'ils s'emboîtent parfaitement ensemble. « Tu ne devrais jamais perdre espoir. Tu mérites pas. » T'es beau Kovu, quand tu souris. T'es beau, quand t'es heureux. « Alors à mon tour de te promettre quelque chose. » Je me relève, gardant néanmoins sa main dans la mienne et rapprochant mon visage du sien. « Je te promets d'être toujours là pour raviver ton cœur, pour ne pas te faire oublier tes sentiments. » Alors non, je ne sais pas si je vais être à la hauteur mais je vais au moins essayer. Kovu, il vaut au moins ça. Au moins. Mes yeux se perdent au fin fond des siens, je ne vois que lui à cet instant et c'est beau. C'est un moment qui m'rend l'âme heureuse. Ça fait du bien, d'oublier le fait qu'on soit dans un jeu. Rien que pour quelques instants - précieux.

C'était une très bonne soirée et Romane sent malgré tout la fatigue l'envahir. Elle fait un bonne nuit général avant de partir.

C'est comme répondre à une convocation céleste. Ce soir, on a pris le destin en main. Je me rappelle lui avoir dit qui je détestais subir mon destin. Que chaque jour qui passe était une occasion pour moi de l'aiguiller, de le guider vers la destination qui me convenait. Mais cette fois, j'ai subi et ça fait du bien. Après le prime de vendredi, je me suis juré de ne plus me fier aux autres, de me changer radicalement. Et sûrement que je me suis bien débrouillé jusqu'à maintenant. Bambi, c'est la voix de ma raison. La protectrice de mon âme. Je ferai de mon mieux... Mais j'sais que tu seras là pour me rattraper, à chaque fois que je tomberai de mon petit nuage. Une certitude. Puis, une promesse. Un cadeau inestimable, une parole douce portée par le vent. Je me sens léger, calme. Il n'y a plus aucun soucis à me faire, je peux... faillir.  On a tout les deux des promesses à tenir maintenant. Oui, je te lâcherai plus, je veux pouvoir vivre d'autres moments, aussi parfaits, aussi beaux. Mon attention se porte sur nos mains entrelacées et j'ai l'impression qu'elles vont si bien ensemble. Oui, ça ne fait aucun doute, le destin a bien fait les choses, tout est parfait.

Dieu sait à quel point je n'ai qu'une parole. Je finis par détacher ma main de celle de Kovu, préférant lui caresser le visage avec tendresse. Mes yeux toujours aussi plongés dans les siens, je ne pense plus qu'à lui. Je passe mes mains dans ses dreads qui lui font tout un charme, et me permet de l'embrasser une seconde fois. Pour un nouveau baiser limpide. Aussi pur que sa beauté. Nos lèvres se scellent quelques secondes, le temps d'éterniser nos promesses. « Bonne nuit Kovu ! » Je le vois sourire, et l'imite instantanément. Ce soir mon cœur a parlé, bien plus que je n'aurai voulu qu'il le fasse. Je me lève du transat pour quitter la piscine et aller me coucher à la cabane en bois.