Jour 9

Je me pose là, au calme.

Après avoir fait mon rituel matinal dans la salle de bain, j'ai envie de me poser dehors. Cette chaleur m'a vivement poussé à rejoindre l'extérieur. 24°C, déjà... ce n'est pas rien. Je m'empare donc également d'un brumisateur, que j'ai pris au cellier, puis je trouve Milo. Il est posé, au calme. Il n'est arrivé que vendredi soir, donc on n'a pas vraiment eu le temps de faire connaissance. Je lui souris, puis je lui dis : « Coucou, c'est bien Milo ? ».

Il me met à l'aise tout en m'avouant que Milo est bien son nom. Bien... il a l'air plutôt posé. Serait-ce le doyen de la maison ? Sûrement ! Il a l'air plutôt sympathique et bon délire. Je pense bien m'entendre avec lui. Lorsqu'il me demande de m'installer, je pose délicatement mes petites fesses sur le divan puis je débute : « Tu viens d'où ? ».

Steven arrive, donc je le check. Hier soir, il était bizarrement froid, je ne sais pas pourquoi... mais bon, je passe outre, et je lui souris : « Hey ! Bien dormi ? ».

Je viens d'où ? Est-ce important ? Sûrement. Bordeaux. Mais je travaille à Los Angeles. Voilà comment je me vante. J'aime bien. Je m'aime bien aussi. Et toi ? dis-je en le regardant s'assoir face à mon transat. Un jeune tatoué se pointe et me check. En voilà un de bonne humeur, le premier que je croise depuis vendredi d'ailleurs.

Il habite à Bordeaux mais travaille à LA... ça fait rêver. Il a l'air d'avoir la belle vie, et c'est bon pour lui. Lorsqu'il me demande où j'habite, je continue de sourire, je respire, puis je lui réponds, gentiment : « Hum... j'habite dans une ferme à la Rivière Saint Sauveur, en Normandie. ». Ce n'est pas ce qui fait le plus rêver, mais c'est ma petite vie modeste, dans ma campagne, et j'aime bien. Ensuite, Steven me demande si je ne bégaye plus. Il faut avouer que je prends de plus en plus mes aises dans cette maison, donc la gêne est moins présente. « Comme tu peux le voir, non. ». Je ris légèrement avant qu'il me réponde et qu'il demande - à son tour - comment je vais. Je l'ai peut-être mal jugé, il a l'air plutôt sympathique. « Ca va, merci. ». Pour lui montrer qu'il est sympathique, et qu'au fond, je ne suis pas qu'un timide qui bégaye à chaque fois qu'il parle à quelqu'un, je lui souris... peut-être niaisement, mais je lui souris. Ensuite, Matthew arrive... après ce que j'ai découvert hier, je n'ose même plus le regarder dans les yeux. J'ai l'impression qu'il ne l'a pas très bien pris, et je ne sais pas comment réagir. Je baisse simplement les yeux, puis je bégaye face à lui. « Bon... jour... Mat...thew. ». Et merde, pour une fois que je me débarrassais de ce fichu bégaiement... chassez le naturel, il revient au galop.

Matthew débarque, je le salue avec un sourire et écoute ce que Vincent me répond. Il habite en Normandie, entre deux élevages de vaches et de cochons. Ça doit être cool, tranquille, seul, au milieu de nul part, avec personne pour te faire chier putain. Si j'étais encore un de ces puceaux en chaleur je banderais presque. Il est mignon le gamin. Dangereux je ne sais pas, à voir par la suite. Mais il a l'air plutôt posé, pas comme l'autre qui joue à la racaille. Mon pauvre gars tu n'es qu'un produit de consommation qu'on jettera comme une merde quand t'auras fais ton temps dans l'émission. Et tu t'en rends même pas compte C'est exactement ce à quoi je m'attendais en venant ici. Des gens pas très intelligents et perdus psychologiquement ...

La réponse de merde qu'il me sort, je peux pas m'empêcher de rire intérieurement. Cas analysé, on se revoit d'ici une semaine pour un traitement.
Je connais ta soeur, on a bien discuté hier. Elle sait tenir une conversation sans dire "Ouesh euh".
Puis t'as l'autre qui te sort que Secret' t'offre un tremplin médiatique ? Euh oui, écoutez chacun son but dans la vie. J'ai pas attendu de faire cette émission pour entreprendre quelque chose dans ma vie, c'est la différence entre les autres ici présents et moi.

D'après Milo, il est cool de se sentir seul. Je confirme. À la campagne, on a le calme, la verdure... bref, la belle vie. Tout le monde - y compris les plus snobs - rêve de ce calme. Je fais partie des rares personnes à en avoir le droit... ce n'est pas donné à tout le monde. Après, il est vrai qu'un mode de vue plus luxueux fait rêver... mais bon. « Et tu as complètement raison. ». Ensuite, il clashe un peu Steven, et je dois avouer que ça me fait plutôt rire. Il a l'air marrant, je risque de bien m'entendre avec lui. Ensuite, Steven m'avoue qu'il me préfère quand je ne bégaye pas. « Ma foi, c'est plus agréable comme ça. ». Je continue de lui sourire, de cette manière un peu niaise. Il est gentil et inoffensif, en fait. Je m'étais peut-être trompé sur lui. Après, Matthew me dit sous le ton de l'humour que je ne suis pas guéri. Je suis tellement gêné, mais tellement gêné face à lui... je ne sais pas quoi lui dire, donc je préfère me taire. Au moins, la gaffe sera évitée.

Je suis en train de discuter avec mes trois colocataires quand la fille qui est arrivée lors du prime arrive. On se doit d'être accueillants avec tous les nouveaux habitants, donc je me dirige vers elle, je lui fais la bise, puis je lui souris. « Coucou ! C'est bien Nauraa ? ». Apparemment, elle est muette... on va éviter les questions ouvertes, avec elle, et avec ma timidité, ça me convient parfaitement.

"Et tu as complètement raison" qu'il me dit. Était-ce utile de le préciser ?
Nauraa vient nous rejoindre et s'installe avec nous. Les habitants se réveillaient les uns après les autres, on voyait quand même souvent les mêmes têtes. Pas dur de cataloguer les marmottes. Enfin, chacun sa vie. Dormir, bronzer, tout ça on peut le faire chez soi, ils avaient pas à se donner la peine de venir ici.

Depuis hier j'essaye d'analyser au mieux chacun des candidats, essayant de comprendre qui ils sont, comment ils réagissent. Il vaut mieux savoir quoi dire, comment le dire et à qui le dire dans cette maison.

On entend quelqu'un monter les escaliers du jardin pour venir nous rejoindre. C'est la brune qui critiquait les vêtements d'un gars en short l'autre soir sur le prime. Si ça parle mode, ça m'intéresse.
Salut, répondis-je à la brune avant qu'elle ne demande comment va Milano. Ça fait très artiste peintre comme nom. J'aime bien. Je vais demander à mes parents s'ils voient un inconvénient à ce que je change de nom. Non je déconne. C'est Milo, mais je vais bien merci. Je lui souris. Elle me sourit. On se sourit.