Jour 08

Pendant la nuit j'avais eu le temps de réfléchir à la situation. C'était pas la nomination qui passait pas, même si ça m'agaçait, même si je trouvais ça chiant. C'est le fait qu'il est mal choisi les adversaires, enfin déjà j'ai été mis sur le banc de touche en sachant que j'avais quand même une capacité à réfléchir contrairement à Charlène qui n'a pas pensé que vu qu'on avait le point pas besoin de s'en faire. J'étais là dans le cabane en bois, je vis Kyet, Tanguy, la fille qui s'appelait Farah ? Hier clairement je me suis laissé emporter par la colère. Là j'étais plus calme, mais ça ne voulait pas dire que j'allais être plus gentil pour autant. On peut parler ? dis-je d'une voix calme. Pas besoin de faire des discours chiants de dix ans, je voulais qu'il m'explique que ça soit bref et que après je lui dise ce que je trouvais con.

Bon je pense qu'il est pas d'humeur, je vais pas attendre longtemps. On parlera quand on parlera, c'est pas important le moment, ce sont les explications.

La cabane en bois... Je l'ai toujours imaginé sous les étoiles, bercé par la lumière de la lune, dans une parfaite harmonie. Là, les étoiles n'avaient pas encore montrés le bout de leur nez, mais suite à ma grosse bourde avec Vincent, j'ai l'envie de m'isoler un peu. J'entends des sanglots alors que je suis à la porte. J'hésite donc à rentrer... Doute enlevé quand je mets un nom sur celle qui pleure. Il est impossible pour moi de la voir malheureuse sans tenter quelque chose. J'entre donc timidement, sans doute un peu sur la pointe des pieds. Plusieurs fois, j'avance et je recule, indécis. J'arrive finalement à elle et je m'abaisse à son niveau. Je ne trouve pas les mots dans un premier temps, mais je souffle assez fort pour qu'elle remarque ma présence. Oui je sais, c'est complètement débile et plutôt maladroit. Quand elle relève sa tête, j'arbore un petite sourire rassurant. Tu es vraiment moche quand tu pleures ! Un peu d'humour pour détendre l'atmosphère ? Je sais pas, ça fonctionne généralement.

Un léger sourire. Comme un petit espoir que je puisse lui faire oublier un peu tout ce qui la tracasse. Je fronce du nez à sa remarque, on continue dans la vanne, ou on parle enfin sérieusement ? Affreuse ? Tu es plutôt dure avec toi. Moi j'aurais juste dit horrible et toute bouffie. Avec tes yeux tout rouges, j'ai l'impression de voir une habitante de la Jamaïque ! Dis-je, d'un air tout innocent, mais avec assez de sous-entendus pour qu'elle comprenne que je plaisante. Difficile le prime d'hier... Si tu veux en parler on peut ! Mais pas plus longtemps que cela le nécessite ! Ensuite, on pensera à autre chose, un petit peu, ça nous fera du bien, à tout les deux. Oh, je n'avais pas encore visité cette pièce. Maintenant, on pourra dire que c'est fait ! Je lui cache évidemment la vraie raison de ma venue. C'est pas le plus important pour l'instant.

Elle me parle un peu de ce fameux prime. Ce ne serait pas simplement ça, mais en tout cas une espèce de goutte d'eau qui aurait fait déborder le vase. J'imagine donc que l'unité chez les lunaires, elle n'était pas si évidente que ça. Je souris lorsqu'elle assure ne pas être une méchante fille... Elle est sûre ? Je trouve qu'elle respire la méchanceté perso ! Je me vois en elle. La personne qui respire la gentillesse et qui parfois, sans avoir rien demander, se retrouve au coeur d'une polémique ou quoi. Tout le monde le sait ça. Même les personnes avec qui tu t'es embrouillée. Mais parfois, il faut simplement accepter de subir. C'est comme un château de cartes... Quelqu'un a soufflé dedans et tout s'est cassé la gueule. Le point positif, c'est que tu peux tout reconstruire, améliorer tes fondations, voire modifier ton château de cartes. En gros, après la pluie viendra sans doute le beau temps. Elle me parle de cette pièce et de ce qu'elle lui inspire. Du calme... et de la sérénité. Tu penses vraiment que des endroits comme ça peuvent exister, dans une émission aussi barge ? Je toise la cabine d'un regard la pièce. Moi j'ai envie d'y croire. Peut-être que cette pièce restera pure et unique. Un havre de paix... J'ai au moins besoin de ça pour m'épanouir pleinement ici.

Trahison ? Silencieusement, je me demande quand même ce que les lunaires doivent penser de Tanguy, qui avait nominé tout les membres de son équipe. Il fallait voir le coup venir en même temps. Ils auront beau dire le contraire, tout le monde s'est fait avoir hier, sans exception. Mais soit, si on te condamne l'exil, pars, qu'est-ce que t'empêches de voler de tes propres ailes et leur montrer qu'ils ont tord ? Je suis certain que Charlène a en elle une force qu'elle ne soupçonne même pas. Si vouloir faire de son mieux, c'est être stupide... Crois moi que je suis un gros con ! Tu peux t'en vouloir, mais tu n'as rien à te reprocher... Les larmes recommencent à couler. J'avale de la salive en assistant à ce spectacle, essayant de garder contenance. Non, personne ne peut comprendre. Mais je m'y essaye, en me cassant les dents, mais je m'y essaye. Ta place, elle est là que tu veux qu'elle soit. Tu n'as que 19 ans et c'est un concept qui te paraît encore abstrait, mais tu peux devenir qui tu veux être. Il suffit de vouloir assez fort et de tout faire pour y arriver. Alors, tu peux rester là, à essayer de comprendre pourquoi le monde est cruel contre toi, ou te lever et montrer aux autres qui tu es réellement. Tout ça, ça ne tient qu'à toi. L'expérience parlait pour moi, et je croyais fermement en tout ce que je disais. Cette endroit, son refuge ? Qu'il en soit ainsi, je ferai en sorte de passer plus souvent par ici alors.

Se poser la question, c'est leur donner raison dès le début. Je pense que ça s'arrangera de toute façon avec eux. Mais en attendant, si l'idée de prouver aux autres qu'ils ont tord n'est pas assez galvanisante. Prouve seulement à toi-même que tu es capable d'être joueuse exemplaire, forte et respectée. Je suis persuadé que tu en as les capacités. Après, que valait mon ressenti pour elle ? Sûrement pas grand chose, pas plus que celui de ses équipiers sans doute. Comme je t'ai dis, t'es pas la seule à t'être loupée. Tanguy et Steven ont nominés toute leur équipe... Passe à autre chose ! Je te demande pas de faire comme si rien ne s'était passé, mais fais en sorte d'assumer tes actes. Ils sont légitimes... Je hausse les épaules. Elle m'explique qu'elle se sent exactement comme je l'avais décrit. Qu'elle s'en voulait sans rien trouver à se rapprocher. Ce sentiment changera sûrement très vite, avec le temps... Elle me dit ensuite qu'elle sait qui elle est, ce qu'elle vaut. C'est parfait ! Personne te demande d'être une parfaite connasse ! Avance dans le jeu telle que tu es réellement. Certains mots ont dépassés ta pensée, ça peut arriver. On est soumis à un tel stress ici... On doit toujours être sur nos gardes, faire en sorte de ne pas donner sa confiance trop vite... Si tu te sens si mal suite à ta dispute avec Romane... Il suffit d'aller lui parler. Si elle t'envoie chier, tant pis pour elle, elle ratera simplement une alliée hors paire et fidèle.

Un petit sourire réapparait sur ma face en voyant Charlène sûre d'elle. Elle était certaine de pouvoir faire des stratégies et même pourquoi pas aller en finale. Elle avait autant de chances que tout le monde en tout cas. Mon regard se fait un petit peu plus vide à la question qu'elle poste ensuite. Pourquoi je suis... si gentil avec elle ? Pour...quoi je ne le serais pas ? Je dois avouer que cette question m'a quand même pas mal décontenancé... Je ne dévie plus mon regard de celui de Charlène, ma tête mimant l'incompréhension. C'est... normal non ? On en vient à Tanguy et Steven et je découvre qu'elle partage plus ou moins la même pensée que moi. Je ne suis pas certain que Steven s'en veut beaucoup pour ce geste... Peut être un peu envers sa soeur, mais j'sais qu'il ne l'a pas fait exprès non plus, donc bon. Et puis, ce sera un bon moyen de jauger comment je suis perçu à l'extérieur. Pas trop mal j'espère... Je ris légèrement. Je suis certain que ce SAS peut nous être bénéfiques, à chacun des nominés. Pour peu qu'on y revienne évidemment. Ils ont parlé sur le coup de l'émotion... Avec le temps, ils comprendront. Finalement, elle me dit dans un grand sourire qu'elle ira parler à Romane demain. Oh ! Elle a genre, grave sourit là ! Tu me tiendras au courant hein ! Au pire, on pourra se donner rendez-vous ici. J'ai l'impression que cette cabane pousse à la confession. Je sens sa tête sur mon épaule et ma respiration se fait encore moins irrégulière que d'habitude. C'est le genre de petits gestes qui me manquaient depuis mon arrivé ici. Pour une fois, je pouvais dire que tout allait bien. Elle me parle du ciel étoilé et du fait qu'on ne puisse pas le voir d'ici. Au pire, si jamais tu n'as plus besoin de cet abri, on peut toujours se mettre dehors et regarder ça ! Dis-je d'une voix douce. Peut-être qu'elle voudrait passer la soirée ici et ne retourner que dans le monde réel demain matin.