Jour 7

Ce matin, je me réveille. C'est une nouvelle journée qui commence, et ce soir, c'est le prime. Je décide d'oublier ce que j'ai entendu hier soir et de ne pas me gâcher la journée avec ça. Je file à la salle de bain pour mon rituel du matin.

Je suis réveillée par le bruit que font certains dans le couloir, ils semblent être bien déterminés ceux-là, même de bon matin ! Je fronce les sourcils et grogne en étouffant mon cri dans mon oreiller, puis je me lève en deux-deux, y'a qu'une douche et qu'un jus de pomme suivi d'un café et d'une clope pour me mettre de bonne humeur, dans ces cas là. Sauf que quand je me lève, je me prends les pieds dans des peluches éparpillés un peu partout sur le sol de ma chambre. « Putain, c'est quoi ce bordel encore ? » Je tourne dans la pièce, y'a que Charlène dans son lit qui fait semblant de dormir. « Ça te tuerait de ranger tes peluches à la con ? Plutôt que de les laisser traîner partout, là ? » Non mais déjà, c'est quoi cette idée d'emmener ses peluches ?

J'ai les cheveux effarouchés, je ne porte qu'un tee-shirt sur des sous-vêtement, j'ai des cernes un peu creusées. Y'a pas à dire, je suis grave crédible dans le rôle de la grande gueule qui l'ouvre dès son réveil ! « Faire attention ? » Non mais je rêve ! « Attends tu crois que quand j'me lève et que j'ai la tête là où tu penses, je devrais faire attention où je marche ? Putain Charlène t'es pas dans ta chambre de princesse là, on est sept dans cette chambre, alors respecte ton espace au lieu de croire que maman va encore ranger derrière toi ! » C'est dans ce moment-là précis que je regrette fortement ma chambre du loft Aurora Borealis, qu'on avait entièrement retapé avec Vince !

Laisser des peluches seules dans un jardin, c'est inconcevable enfin ! Je roule des yeux, elle est vraiment sérieuse ? « Non mais en fait fallait juste que tu les laisses chez toi, je t'explique. » Quelle idée de ramener son panel Disney/Pixar dans un jeu comme secret ! J'regarde Charlène dans les yeux, qui elle, baisse le regard. J'entends d'ailleurs dans sa voix qu'elle n'est pas à l'aise. Observatrice et surtout mesquine, je lance une remarque pas si anodine que ça. « Bah vas-y, t'as qu'à pleurer ! T'excelles dans le domaine, non ? » Les échos vont vite par ici, on a tous entendu parler du nombre de kleenex qu'elle demande à la prod' par jour !

C'est pas vrai ? Elle va vraiment se mettre à pleurer, là, comme ça, juste pour une pique ou deux ? Je sais que je suis caractérielle et que je peux être blessante dans mes paroles, mais jamais quelqu'un a pleuré devant moi à cause de ça. Maintenant que je vois la sincérité de la tristesse de la jeune femme, je dois avouer que je culpabilise un peu. Elle est trop faible, je ne suis pas habituée à me prendre la tête avec des filles comme elle. Je ne suis pas quelqu'un qui enfonce les autres en utilisant leur sensibilité. Je ne dis plus un mot, coupable. Tout ça pour trois peluches pas rangées. Je finis par m'approcher de Charlène, et m'assoir au bord de son lit. « J'aurai pas du te dire tout ça... » Faut dire que je suis assez poignante dans les paroles, impulsive et sans-tact. Une multitude de défauts que j'use en arme lorsqu'on s'attaque à moi. « Écoute, nos proches nous manquent à tous... je suis la première à le dire. Après c'est pas pour autant que j'ai ramené la vaisselle en argent de ma grand-mère, tu vois ? » J'ai adopté une voix un peu plus douce, j'essaie juste de lui faire comprendre les choses calmement. Puis Charlène, elle est pas méchante. Quand elle pleure comme ça devant moi, j'ai juste envie d'oublier ce qu'il vient de se passer pour qu'on passe toutes les deux à autre chose ! Je ne suis vraiment pas habituée à ce qu'on craque aussi vite lors d'une querelle, c'est pour ça que je ne m'engueulerai plus avec Charlène.

Quand elle joue la carte du grand-père, je me sens vraiment très méga ultra mal-à-l'aise. J'irai pas jusqu'à m'excuser de mon comportement, mais il est clair que j'ai quelques regrets, surtout en la voyant aussi sensible et à fleur de peau que ça ! « Si ses peluches te font vraiment du bien alors, tu devrais juste les garder sur ton grand lit deux places et les serrer tout le temps contre toi plutôt que de les laisser traîner par terre comme des malpropres... » J'ai l'impression de parler à un enfant, quand on doit lui expliquer de ranger sa chambre et de bien traiter ses jouets pour pas les casser ! Charlène, c'est un peu l’innocence même. Alors même si je m'attendais pas à ça, je dois avouer que sa fragilité me touche. « T'en fais pas, ton grand-père doit être très fier de toi de là où il est. » Je finis par dire, regardant la jolie blonde dans les yeux, dont on observe encore ses iris humide et son regard trouble.

Quand Charlène se blottit contre moi, je la laisse faire parce que je me rends compte qu'elle ne demande que d'être bien entourée. Après l'épisode de ce matin, elle n'a définitivement plus rien à craindre contre moi. « Je suis sûre qu'il y a des personnes avec qui tu t'entends beaucoup mieux dans cette maison, mais si tu as besoin de te confier, je serai là pour toi. D'accord ? » Et si on s'en prend à elle, je serai là aussi. Parce que Charlène me rappelle quelqu'un de très cher à mes yeux. « Et puis, il va falloir que je t'endurcisse un peu aussi. » Je laisse échapper un léger rire, pour détendre la situation qui est un peu trop sentimentale à mon goût. Avec autant de candidats - et autant de grandes gueules (oui parce que je ne suis pas la seule ici), Charlène risque de souvent être amenée à faire face à des clash ou des piques par du tout sympathiques. Alors je vais lui faire travailler ça, parce que je ne veux pas qu'elle soit considéré que comme une victime alors qu'elle est simplement un peu trop fragile. Je lui caresse le front avec ma main pendant quelques secondes, le temps que son cœur reprenne un bon rythme et que les larmes s'arrêtent définitivement de couler. « Bon allé, un bisou magique pour Winnie et on oublie tout ça ! » Je mets ma bouche en cœur, en attendant que Charlène me mette la peluche sur laquelle j'ai marché toute-à-l'heure pour l'embrasser furtivement. Une fois que c'est fait, je me lève pour aller dans la salle de bain. « Allez, je vais me préparer ! A toute à l'heure ! » Je lui adresse un sourire amical et je quitte la pièce. Au final, ce réveil aura été mouvementé mais il m'aura finalement changé d'humeur en quelques minutes.

Je me réveille avec mon livre toujours dans la main eh ben j'ai lu toute la nuit dis donc je me lève de mon lit pour aller en direction de la salle de bain.

Après être allé dans la piscine, j'entre dans la chambre afin de choisir ma tenue pour le prime. Mais que vais-je mettre ?

Romane avait terminé de choisir sa tenue. D'ailleurs, elle n'allait pas tarder à se préparer, d'ici une heure surement. En attendant, elle passe le temps et décide de rejoindre Vincent lorsqu'elle passe devant la chambre deux. « Ca en fait du choix ! Plutôt décontractée ou trente et un ce soir ? » C'était le deuxième prime, c'était un évènement important.

J'hésite concernant ma tenue quand Romane me rejoint dans la chambre. Je pense qu'elle a déjà choisi sa tenue, elle a l'air plutôt détendue. Elle me demande si je vais être décontracté ou sur mon trente-et-un... je crois avoir fait mon choix. « Je pense que je vais me mettre en bombe ce soir. C'est le premier vrai prime, donc autant marquer le coup. ». Puis on ne se connaît pas tous réellement, donc un peu de respect s'impose en direct.

Romane esquisse un sourire, satisfaite de sa réponse. « Tu as complètement raison. Tu vas mettre quoi du coup ? » Ils verront bien les quelques clampins qui se ramèneront en jogging parce qu'elle a le pressentiment qu'il va y en avoir.

Elle me demande ce que je vais mettre. « Je pense que je vais mettre une veste, une chemise, un beau pantalon foncé ainsi que des chaussures de cadre. ». Oui, malgré mon côté rustique, je m'y connais en mode.