Jour 60

Avec quelques tartines, je m'installe au salon extérieur et je commence à les manger.

J'arrive au salon extérieur et m'installe en face d'Esteban, un sourire amusé sur mon visage alors que j'avais quelques questions à lui poser sur son secret. « Comment tu as pu supporter Dior tout une vie ? Je t'admire beaucoup pour ça. ». Déjà que deux mois, ça avait été compliqué, alors toutes ces années, je me demandais réellement ce qui l'avait empêché de se tirer une balle. Je scrute sa réaction, pour le taquiner.

Giani arrive et veut savoir comment j'ai fait pour supporter Dior toute une vie. « Je rectifie : depuis deux ans. ». Vous imaginez si ça avait été toute une vie, comme ça ? Même si parfois, sa présence m'a été indirectement imposée, notamment lors des départs récurrents de mon père. Après, j'vais pas cracher dessus, le but était aussi de recoller les morceaux, et ça commence à se faire. Maintenant, il faudrait voir ce que ça donne à l'extérieur. « Mais t'as bien raison de m'admirer, parce que ces deux ans, ça a été l'enfer. ». Ouais... ça a été très compliqué. « Même moi, je me demande comment j'ai fait. », que je sors en rigolant. L'éliminé ne le prendra pas mal, je pense.

Esteban vient rectifier mes dires, il ne le connaissait que depuis deux ans. Mais il m'avoue que lui aussi ça avait été difficile à force de devoir le côtoyer. « Il t'a fait le coup du vomi, toi aussi ? » que je demandais, dans un rire, comme pour partager une certaine complicité dans les choses affreuses qu'avait pu commettre Dior durant son aventure. Je soupire alors que j'en viens à changer de sujet. « Et Alessandro dans tout ça, il était au courant ? ». Je veux dire du fait que Dior était son demi-frère. L'inceste, c'est pas vraiment le truc le plus glamour pour draguer. « D'ailleurs, ça en est où avec lui ? » fis-je en référence à son retour dans la maison cette semaine passée.

S'il m'a fait le coup du vomi ? « Non et heureusement... s'il l'avait fait, j'aurais été beaucoup plus exécrable que là, avec lui. ». Je marque une pause. « Moi, faut pas trop me titiller, et il le sait. ». C'est d'ailleurs pour ça qu'il parlait souvent dans mon dos ou derrière un écran, mais rarement en face. Il me connaît bien. Avec Giani, on a un point commun : nos déboires avec Dior. « D'ailleurs, petite anecdote : une fois, il a failli appeler la pizzeria en se faisant passer pour moi... et il l'a pas fait car il avait peur des répercussions. ». Ca, c'est un truc que j'aime bien raconter. Dior, il n'est pas méchant, en vrai... quand tu le remets à sa place, c'est un agneau. L'italien me demande ensuite si Alessandro était au courant. « Alors, non, parce que ça s'est passé après notre rupture... mais il est au courant des absences répétées de mon père durant mon enfance. ». Et il sait que j'en ai beaucoup souffert. C'est un truc que je partage et que j'avais envie de partager. J'ai aussi envie de casser le cliché de la bombe latine que rien ne peut atteindre. On est des êtres humains, et nous aussi, on a des blessures... parfois plus fortes et plus douloureuses que celles des autres. « Par contre, j'ai pas encore parlé avec lui, depuis... et j'appréhende grave sa réaction. ». J'ai peur qu'il me rejette à cause de ça. Après, s'il le fait, ça veut dire qu'il n'en valait pas la peine... mais j'appréhende. Giani me demande où c'en est avec lui. « Faudra qu'on parle. ». J'en dis pas plus, j'en dis pas moins. Si c'est positif de mon côté et négatif du sien, j'ai pas envie de m'enjailler pour rien. Si c'est négatif de mon côté, c'est à lui que je dois en parler en premier, par respect. Si c'est positif ou négatif pour les deux, tant mieux. Mais dans tous les cas, c'est à lui que je parlerai de mes ressentis en premier, et personne d'autre.

Il m'explique Dior est quelqu'un qui aboie mais qui ne mord pas. Et j'avoue que j'étais plutôt d'accord avec lui, au final il avait clairement évité notre confrontation dans le SAS, chose qui m'avait fait beaucoup sourire. On en revient à Alessandro et il m'informe que lui n'était pas aux courant de tout ça et qu'il appréhendait un peu votre réaction. « Je l'ai vu dans ses gestes, dans la manière qu'il te regarde et j'ai l'impression qu'il a encore beaucoup de sentiments pour toi, même s'il en vient à admettre le contraire. Je sens ces choses là. ». Et généralement, je ne m'étais pas trompé. Je sentais que Nathan n'était pas sincère avec Ashley et ça ne m'avait pas manqué et pour le coup, le petit jeu d'Alessandro ne pouvait signifier qu'une chose. « Il lui en faut plus pour se détacher de toi, et c'est quelque chose qui aujourd'hui ne vous définit plus, toi et Dior alors ne te fais pas non plus trop de mauvais sang par rapport à ça. ». Je me lève, avant de dire à Esteban avec un sourire amical, laissant de coté nos dernières tensions et notre histoire commune délicate avec Liam. « Trouve le et parle lui tant qu'il est encore temps. Je rentre, il commence à faire froid, à plus tard Esteban. ». Ensuite leur chemin serait séparés et il ne pourrait plus profiter de ce cadre pour mettre les choses à plat.

Après la terrasse, me voici maintenant dans le salon extérieur, pipe à la bouche, scrutant les environs comme un cow boy, jusqu'à ce que je tombe sur deux finalistes. "LES MAINS EN L'AIR !" m'exclamai-je en faisant le signe du pistolet. "Désolé de vous interrompre en pleine discussion mais j'ai des petites questions à vous poser." Oui, j'avais ma petite enquête à faire sur lequel parmi les 7 finalistes méritaient le + de votes. "Je m'appelle Manu, je suis de la saison 11. En premier temps j'aimerai savoir quel est votre parcours ?" J'enchaînai ensuite avec la seconde interrogation "Ensuite, vous me direz pourquoi vous méritez la victoire." Et ouais j'étais catégorique à la manière d'un shérif, y'avait que comme ça qu'on pouvait se faire écouter avec les jeunes insolents de nos jours.

Giani se casse... et j'avoue que notre discussion me fait réfléchir un peu. Je garde ça dans un coin de ma tête. Un vieux monsieur arrive et me fait toute une scène de théâtre avant de me faire une espèce d'interwiew. La Voix nous appelle au salon. « J'suis désolé frère, mais j'vais au salon d'abord. ». Go salon.

Ah loupé, moi qui pensait avoir réussi mon coup, La Voix en avait décidé autrement "Ah oui je vois, on nous appelle !" Je partis direction salon.