Jour 54

J'arrive dans la jardin et me laisse aller en marchant le long des murs de la maison des secrets, laissant glisser mes doigts contre les parois bleutés imitant le ciel pour dissimuler la cage dans laquelle nous sommes enfermés.

Sarah me rejoint alors, comme je le lui ai demandé. Je me retourne alors dans un léger sursaut et esquisse un doux sourire alors que je remarque qu'elle a les bras croisés. Elle me demande pourquoi je lui ai demandé de me rejoindre. « Je ... Hm, attends j'ai l'impression que ce n'est pas un bon moment pour discuter ? Je me trompe ? Je te sens un peu tendue ? ». Je passe le sujet de Nathan et de son comportement de la veille sous silence pour le moment.

Alors que je suppose que quelque chose ne va pas, elle confirme sans détour et m'explique avoir été déçue de mon absence hier soir, lorsque ses yeux nous avaient imploré à l'aide. Je marque une seconde de silence, m'humidifiant les lèvres avant de me tourner vers elle pour mieux planter mon regard dans le sien. « Justement, c'est de ça dont je voulais te parler ... je commence alors le plus calmement possible, sentant la tension qui anime Sarah a cet instant précis. Si je ne suis pas venu hier, c'est parce que Giani était avec toi et qu'Ashley avait tout autant besoin d'aide que toi ... Et ... » je prends le temps de formuler ma phrase dans ma tête quelques secondes avant de la prononcer : « Et hier soir, j'ai estimé qu'Ashley n'avait pas mérité ce que tu lui avais dit et que ton comportement vis-à-vis d'elle avait été injuste et limite dégradant ... C'est pour ça que je suis resté avec elle et non avec toi ... ». Je prends une profonde inspiration et attends sa réaction, légèrement inquiet.

Sarah n'accepte pas ma critique et devient plus grisante, piquante. Je l'écoute sans rien dire, puis vient m'asseoir sur le sol afin de mieux la regarder et avoir plus recule sur la situation. Je la fixe de longues secondes en faisant non de la tête. : « Pas de victimisation, Sarah. Je t'en prie » je rétorque d'abord dans un souffle avant d'ajouter, plus piquant cette fois : « Ce que je te reproche, ce n'est pas d'avoir cherché à te défendre. C'est d'avoir cherché à lui faire du mal quand ce n'était pas nécessaire. Plutôt que de simplement assumer ce que Nathan et toi aviez fait, tu as cherché à te dédouaner de la situation en t'attaquant directement à elle, alors qu'elle n'avait rien demander. Et tes excuses dans la salle de bain n'y change rien, tu peux tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler, Sarah. Tu as eu l'occasion d'expérimenter ce que ça faisait de parler trop vite et sans réfléchir, et tu commences à être grande pour ce genre de bêtise et d'insouciance ». Je grimace légèrement alors, conscient qu'elle risque de s'emporter, mais ne voulant pas voir ce petit cinéma de victime face à moi.

Sarah continue son petit cirque de victime. « J'ai l'impression de voir Edgar il y a un mois ... A toujours croire que le monde lui en veut à lui et rien qu'à lui. Putain mais Sarah réveille toi, t'es allée choper le mec d'une de tes amies, pour gagner quoi ?! Deux semaines de câlins dans le jeu sans promesse de lendemain à l'extérieur ! Tu as fait passer les putes avant les potes, et en plus de ça, tu as eu l'indécence de l'attaquer sur sa grammaire et la tristesse qu'elle ressentait plus que te justifier. Mais réveille toi merde, bien sur que tu te victimises, ce qui te tombe dessus depuis hier tu l'as pas volé ! ». Je commence à m'emporter, déçu de voir que Sarah est incapable de se remettre en question. Finalement, elle tente de me faire du mal à moi, de me faire culpabiliser. D'un côté disant qu'elle n'aurait pas dû se confier à moi, de l'autre me disant que je préfère suivre le vent pour me faire bien voir du public. Elle souligne ensuite les propos que j'ai tenu à propos d'Esteban. Le fameux toi même que s'amuse à scander les enfants en primaire. Je fais non de la tête en soufflant longuement. « C'est pathétique ce que tu dis là. Et pour me justifier, alors que je n'ai pas à le faire, je n'ai jamais parlé dans le dos d'Esteban, tout ce que j'ai dit je le lui ai aussi dit en face, sans qu'on vienne me confronter avec un magnéto ou une question, moi ». Je dis en la fixant sans me démonter avant d'ajouter : « Et tu n'as pas à regretter ce que tu m'as dit. Ce que tu m'as dit est toujours là, j'en ai toujours conscience, mais ça n'excuse pas le comportement déplacé que tu as eu. Et excuse moi mais être ami avec toi n'est pas un passe droit pour te laisser choper les mecs de tes copines, ni faire l'aveugle quand tu fais de la merde ». Enfin, et pour tenter de me blesser encore plus, elle me demande si mes intentions étaient les bonnes lorsque j'ai décidé de rester avec Ashley. Je la regarde avec un oeil mauvais, déçu de voir qu'elle peut être si perfide. « Tu sais, Sarah, avant la soirée j'avais déjà passé la journée avec Ashley a tenter de lui remonter le moral, sans savoir que tu avais une quelconque implication dans ce qu'il se passait avec Nathan. Et quand j'ai vu que tu y étais pour quelque chose, j'ai estimé que tu n'avais pas besoin de mon soutien puisque la merde que tu traverses maintenant, elle n'appartient qu'à toi. Donc non, je n'ai pas soutenu Ashley dans le but d'éviter de soutenir celle qui joue l'allumeuse depuis le début de la saison, mais parce que te soutenir toi hier soir allait tout simplement à l'encontre de mes principes. Tu m'as énormément déçu, et je suis désolé que ça prenne une telle tournure. Je pensais que tu serais capable d'écouter et te remettre en question ». Mais visiblement, Sarah n'est pas encore assez mature pour ça.

Alors que je viens d'assener différents coups à Sarah qui, je le savais, lui feraient tous mal, voilà qu'elle réplique à son tour et vient chercher une nouvelle fois à me blesser. Elle me traite de pauvre garçon, de trou du cul, elle remet ensuite ma relation avec Giani en cause puis vient taper sur ce qu'elle sait le plus important pour moi : le combat que je mène dans cette émission pour la représentation et l'inclusivité. Finalement, elle tourne les talon et quitte le jardin sans me regarder. « T'es vraiment faible, Sarah. Incapable d'assumer tes mots, tu préfères fuir avant que j'ai le temps de répondre. Mais à quoi je m'attendais ? Tu passes ton temps à faire des coups en douce, sucer dans les toilettes, embrasser dans le confessionnal. Remarque j'ai de la chance, Giani te laissera pas le toucher, tu dois sûrement le dégoûter ». Sinon nul doute qu'elle aurait déjà englouti son pénis, cette pétasse. Je quitte le jardin à mon tour.