Jour 36

Vêtue de mon bikini, je m'approche de la piscine et me pose sur un transat. J'ouvre mon yaourt et commence à le déguster tout en observant l'eau clair de la piscine.

J'étais passée par la chambre pour prendre mon jolie maillot de bain et je m'approchais de la piscine y découvrant Sarah sur un des transats, un yaourt à la main. « Salut ! » dis-je doucement en m'allongeant sur le transat à côté d'elle. Je balançais mes cheveux en arrière et m'installai confortablement. « Tu...» Je ne savais pas trop quoi dire à vrai dire. Je me raclai la gorge. « ...tu savais qu'Edgar était revenu ? » finis-je par lâcher. Je ne savais pas comment lui parler, ça avait toujours été les montagnes russes avec elle. Un coup ça allait et le lendemain elle m'envoyait péter. Je marquai un blanc et soupirai. « Je peux te dire quelque chose ? » demandais-je alors. J'avais envie de lui dire beaucoup de chose mais je ne savais pas trop comment m'y prendre ni par où commencer. « Sans qu'on se crie dessus ? » ajoutais-je alors avec un petit rire. J'avais juste envie qu'on parle elle et moi qu'on se dise les choses...comme avant.

Perdue dans mes pensées, le regard rivé sur l'eau de la piscine, apportant parfois des cuillères de yaourt à ma bouche, je retrouve rapidement la raison quand j'entends la voix d'Ashley. Posant mon regard sur la belle brune, je l'observe s'installer à mes côtés, lui adressant un léger sourire. Il y a un petit blanc. La dernière fois qu'on s'est parlé, ça s'est bien passé. Je m'étais même excusée auprès de la jeune femme. Elle décide finalement de lancer un sujet, me parlant ... du retour d''Edgar ? Je fronce légèrement les sourcils. "Ah, parce-qu'il était parti ?" Que je demande surprise, avant d'apporter une nouvelle cuillère de yaourt à ma bouche. Ces derniers jours, j'étais resté centrée sur moi-même. J'avais besoin de faire le point, réfléchir. Et je pense que ça a eu un bon effet sur moi. Sur ma paix intérieure. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand elle demande si elle peut me dire un truc sans qu'on en vienne à se crier dessus. Je pose à nouveau mon regard sur la brune. "Je pense réussir à ne pas m'énerver." Je lui lance un clin d'oeil taquin, avant de prendre un air plus sérieux tout en gardant un doux sourire aux lèvres. "Vas-y, je t'écoute." Après tout, moi aussi je pense que j'avais des choses à lui dire. Qu'il était temps.

Sarah semblait un peu déconnecté de la maison pour ne s'être même pas aperçu que Edgar était parti. Je fronce les sourcils. « Et bien oui, mais pas pour longtemps du coup. » Je ne m'attardais pas plus sur le sujet car ce qui m'intéressais c'était la suite évidemment. Elle me rassura en disant ne pas s'énerver avec un petit clin d'oeil. J'acquiesçai alors et déglutis puis pris une inspiration. « Je...je me suis rendue compte que je m'étais jamais vraiment excusé en fait...» dis-je en regardant en face de moi. J'avais un peu de mal à la regarder, pas que j'étais gênée ou quoi mais c'était pour me concentrer et aussi parce que je me sentais coupable de ce qu'elle était devenue. « Comme tu étais très remontée j'ai tout de suite été sur la défensive et je me suis jamais vraiment mise à ta place. » continuais-je. Je m'étais rendu compte de certaine chose ses derniers jours. De part la remarque de Nadia sur mon implication dans les humeurs de Sarah mais aussi par ce que j'avais pu voir de la jeune fille. « Et...je me sens coupable de ton mal-être actuel. » finis-je par avouer en baissant les yeux. « Je...je ne voulais rien de tout ça. Tu ne vas peut-être pas me croire, mais j'essayais pas de te faire du mal où de te piquer...» Je déglutis et m'arrêta un instant, je ne vais pas dire ça comme ça. J'ai du mal à m'exprimer, je veux juste m'excuser. « ...je ne voulais pas que ça se passe comme ça. » dis-je tout simplement. Je n'arrivais pas à trouver plus mes mots. « Alors...je m'excuse sincèrement, car ce n'est pas bien ce que je fais, ce n'est pas digne d'une amie c'est vrai, malgré que je ne l'ai pas vraiment contrôler, je n'aurai pas du agir ainsi. » Je ne dis pas que j'aurai du m'empêcher d'être proche de Nathan mais du moins pas comme ça, pas aussi vite, pas de cette manière. Enfin plein de chose qui font que je me sens coupable de son état et que je culpabilise de ce que j'ai fais. « J'espère que tu comprends...» finis-je par dire en me tournant vers elle. Je ne voulais pas lui dire "après que tu es fais pire à Nadia tu devrais comprendre" parce que c'était méchant et je ne voulais pas être méchante avec elle, mais j'espérais qu'elle comprenait tout de même de part cette récente expérience qu'elle a eu elle-même.

Bon, le principal, c'est qu'Edgar soit revenu. J'irais m'entretenir avec lui plus tard, pour connaître les motivations qui lui ont fait quitter la maison des secrets. Le sujet plus délicat est abordé, et j'avale difficillement ma salive quand la jeune femme commence son discours en avouant ne s'être jamais véritablement excusée depuis que toute cette histoire avec Nathan a vu le jour. Elle ne s'était pas mise à ma place non plus. Je me mordille légèrement la lèvre en l'écoutant. Je ne la pensais pas venir me dire ça. Je suis agréablement surprise. Un peu trop, puisque je décide de dévier mon regard quand je sens mes yeux devenir humides. Faut vraiment que j'apprenne à recontrôler ma sensibilité, parce-que j'ai l'impression de passer mon temps à chialer depuis quelques jours. Paraître humaine, je veux bien. Hyper sensible et faible, ça non. J'écoute donc tout ce qu'elle a à me dire, sans l'interrompre et en gardant mon regard rivé sur l'autre bout du jardin. J'espère que tu comprends ... Je hoche doucement et positivement ltea tê en humidifiant mes lèvres. "Je comprends. Et tes excuses sont acceptées." Que je lance dans un premier temps la gorge nouée avant de tousser légèrement pour faire redescendre la pression. "J'ai pas été la plus sympathique non plus, et je regrette moi aussi certains propos tenus. Je suis allée trop loin." Il aura fallu qu'on m'insulte de garce sans coeur, de manipulatrice, de peste pour que je puisse le comprendre. "Je .. je pense que j'ai décidé de prendre la mouche parce-que .. toute cette histoire .. était bien trop familière sur certains points." Que je confie à la brune avant de prendre ma respiration, et de baisser un peu la voix comme si je ne voulais que personne entende ce qui va suivre à part elle. "T'as pas à accepter mes excuses pour tout ce que j'ai pu te balancer, il n'y en a pas, mais ..." Je hausse les épaules. "Je peux te raconter quelque chose ?" Que je lui souffle, reposant mon regard sur elle, les larmes aux yeux.

Elle m'écoute et j'aperçois quelques larmes dans ses yeux. Je détourne le regard face à la piscine. Je ne veux pas non plus me mettre à pleurer. Parce que voir ses larmes me donnent aussi envie de pleurer. Elle me dit que mes excuses sont acceptées. Je souris et acquiesce en me mordant la lèvre, pour me retenir de pleurer à mon tour. Il y a beaucoup d'émotion dans cette discussion...et je suis à la fois soulagée et rassurée mais triste aussi. Elle avoue aussi ne pas avoir été très...sympathique avec moi. Je lâche un petit sourire. C'était plus que vrai en effet. Elle me dit que finalement, ce qui la toucher, c'est que c'était du vécu. J'écarquillai les yeux. « Bien sûr. » dis-je en me tournant doucement vers elle, posant un regard rassurant sur ses yeux qui s'étaient remplie de larme à nouveau. Je ne voulais pas, je ne savais pas trop quoi dire, mais j'avais la nette impression qu'elle avait besoin de se confier et je suis là pour qu'elle le fasse.

Je hoche doucement et positivement la tête quand elle me donne son feu vert pour me confier. J'avale difficillement ma salive et décide de laisser planer un blanc de quelques secondes, détournant mon regard pour l'eau de la piscine une nouvelle fois. Je fais jouer mes doigts ensemble, signe de nervosité. "En fait, quand j'étais plus jeune, j'étais une fille en surpoids." Que je lui confie dans un premier temps avant de serrer légèrement les dents. "J'ai toujours bien vécue ma silhouette, mon corps, jusqu'à ce que j'arrive au collège. Ca a été un tournant compliqué pour moi. Moi qui avait été habituée à être entourée, chouchoutée. J'ai découvert quelque chose de plus malsain au collège, surement la méchanceté gratuite et la bêtise." Avec mes ongles, je gratte un peu la paume de ma main, comme pour me détendre. "Quand mes copines d'école se sont rendus compte que j'étais celle dont on devait se moquer, je me suis retrouvé seule. Je passais mes temps libres assise sur un banc à lire, à espérer qu'on ne vienne pas me demander quoi que ce soit." Je voulais être tranquille. "Sauf que c'était bien trop tentant de venir m'embêter que de juste passer son chemin. Donc des petits groupes ont commencé à m'appeler Peggy. Apparemment, je lui ressemblais comme deux gouttes d'eau et ils s'amusaient à dire que j'étais la version grandeur nature et humaine du dessin animé." Que je lâche avec un rire nerveux, les yeux imbibés de larmes. "Un jour, un nouveau est arrivé au collège, et il a commencé à vouloir me parler." L'informais-je avant de pincer délicatement mes lèvres pour prendre un peu mon temps. "J'étais tellement surprise mais contente, que je me suis juste laissée vivre à ce moment là. Je m'étais dit que j'allais enfin pouvoir arrêter de me cacher en mangeant mes sandwich en dehors du collège pour éviter de m'afficher seule au self." Un nouveau rire nerveux s'échappe. Je déteste cette fille. Celle que j'étais. Je ne sais pas si je ressens de la peine, ou de la pitié pour elle. "On a passé la semaine à se parler, il était plutôt beau et tout le monde nous regardait comme des extraterrestres. Parfois, ça riait même en passant devant nous. A la fin de la semaine, avant le week-end, il m'a embrassé dans un coin isolé du collège et je suis reparti chez moi toute contente. Je suis rentré voir ma soeur, en lui disant que ça y est, j'étais en couple." Je lâche un rire alors que je balaye d'une main une larme coulant sur ma joue. "Toute contente de le retrouver lundi matin, j'arrive pour la première fois avec dix bonnes minutes d'avance en espérant le voir avant d'aller en cours. Et je l'ai vu." Je roule légèrement des yeux, fixant ensuite la piscine encore et toujours. "Il était avec tout un petit groupe, à me regarder en riant." Je décide finalement de poser mon regard sur la belle brune. "Il était en couple. C'était le petit copain d'une nana plutôt populaire du collège, et ils voulaient juste piéger Peggy la cochonne." Que je lui balance avant de baisser délicatement le regard. "A partir de là ... Je crois que tout a vraiment commencé. L'harcèlement physique y compris. Les filles s'amusaient à m'enfermer dans les vestiaires avec elles, m'obligeant à m'allonger sous les douches. Habillée. Elles disaient que mon triple menton me faisait ressembler à un homme, et elles pensaient évidemment que ça irait mieux en me tapant dans le ventre." Je hausse les épaules. "C'était drôle pour elles. Elles avaient l'impression d'être sur un trampoline, apparemment." Je souffle légèrement, reprenant ensuite ma respiration. "Le pire dans tout ça, c'est que quand ca dur ... Que tu n'oses pas en parler ... Tu finis par croire que c'est toi le problème, que c'est de ta faute si tout ça arrive." Je laisse couler quelques larmes le long de mes joues. "Après tout ça, je me suis jurée de ne plus jamais m'ouvrir à qui que ce soit. Du moins pas entièrement. Et c'est ce que j'ai toujours réussi à faire." Je passe une main dans mes cheveux, reniflant légèrement. "Jusqu'à ce que j'entre ici." Je relève le regard, le déposant sur la brune. "J'ai accepté de craquer pour un mec ici, d'essayer de m'ouvrir. J'ai accepté tout ça pour Nathan, parce-que ..." Je hausse les épaules. "Il était différent." J'humidifie mes lèvres avant de poursuivre. "Et à toi. Je te raconte tout ça, parce-que ... quand j'ai vu ton rapprochement avec Nathan, ce que vous étiez en train de devenir, j'ai eu cette impression de déjà-vu. Cette fille qui arrive, et qui me rigole au nez parce-que jamais je pourrais avoir ce que je veux. Parce-que je le mérite pas. Et au final, je me suis rendue compte que j'ai toujours voulu me bercer d'illusions depuis toute cette ancienne histoire de collège. J'ai toujours refusé de croire que le problème pouvait venir de moi dès qu'un truc se passait. Donc je t'ai blâmé. Et tu as été prise pour cible, parce-que tu étais pour moi le problème qui devait être réglé." Je hoche alors négativement et doucement la tête. "Mais c'est faux. Pour le coup, je suis le problème. J'ai cette tendance à faire fuir tous ceux qui m'approche. J'ai pris goût à être en conflit avec les gens, parce-que ca a toujours été plus simple pour moi de les voir fuir que de potentiellement m'attacher et être déçue. Sauf que là ..." Je souffle légèrement, passant une main sous mes yeux. "J'ai pas d’échappatoire possible avec l'enfermement. Je dois affronter mes actes, mes paroles. Et j'ai été le problème principal avec Nathan. C'est de ma faute si on en est là, et j'ai pas le droit de t'en vouloir d'être avec lui alors que c'est un garçon qui mérite d'être bien. D'être tranquille avec quelqu'un." Je lui adresse un sourire, séchant mes quelques dernières larmes. "Et tu es là. C'est ce que tu arrives à lui apporter, pas moi, donc ..." Je ne termine pas ma phrase, avalant difficillement ma salive.

Je...je suis abasourdie dès la première phrase, dès qu'elle me dit qu'elle était une fille en surpoids. J'arquais un sourcil en regardant son corps actuel. « C'est...difficile à croire. » dis-je doucement, d'un ton léger. Puis plus elle avançait dans son histoire plus...ma gorge se serrait. Plus j'avais du mal à la regarder car ma vision venait se flouter par mes larmes. Je ne pleurais pas, mes yeux étaient remplie d'eau. Je découvrais une autre Sarah, une Sarah touchante, une Sarah blessée, une Sarah qui avait été humiliée, mais surtout une Sarah sensible. Pas celle qui était sûr d'elle en faisant comme si rien ne pouvait l'atteindre. Non, cela n'avait rien à voir. J'avais du mal à savoir comment réagir face à son histoire aussi touchante que triste. Ça me faisait de la peine de la voir ainsi, moi qui l'est toujours connu forte et inébranlable. J'hésitais en avançant ma main, puis finalement je la posais sur son épaule à la fin de son histoire. « Je....je ne suis pas cette fille Sarah. » dis-je simplement. « Je comprends que cela a du être un énorme traumatisme mais regarde la revanche que tu as pris sur la vie. » dis-je en montrant son corps tout entier. « Et je ne parle pas que ton corps. Tu es devenue une personne magnifique, dont l'intérieur est certes un peu cassée par ses blessures ce qui te pousse à réagir ainsi mais....» Je marque une petite pause la regardant. «...une garce sans coeur, une mauvaise personne, ne serait pas là en train de s'excuser et de se remettre en question comme tu le fais. » C'est femme, il faut se le dire, elle est mature et même si elle se la joue peste aux grands airs, elle a un coeur fissurée par ces années et ces évènements mais il est bien là et elle cherche juste à le protéger. « Tu sais ? On se dit tous que c'est plus simple de s'enfermer sous sa couette et d'être en conflit constant avec les gens plutôt que d'affronter ses actes et de prendre ses responsabilités, alors je comprends que tu es agis comme ça. Mais peu de gens sont capables dans prendre conscience et de faire marche arrière comme tu le fais. » Je lui serre un peu plus l'épaule et souris. « Tu es forte Sarah, malgré ce que tu penses, peu de gens aurait été capable de se relever comme tu l'as fait, tu es une bonne personne et ne laisse personne même pas toi-même faire croire que tu ne mérites pas quelqu'un, que tu ne mérites pas d'être heureuse. Tu le mérites plus que quiconque après ça. » Je ne voulais pas qu'elle se rabaisse, elle est tellement...c'est une personne entière, qui quand elle donne donne tout et évidemment quand elle est blessée se renferme complètement car le passé n'a pas été tender avec elle. « Je ne voulais pas faire remonter ce genre de souvenir à la surface...» dis-je en baissant la tête. « Je pense que...» Je voulais juste qu'elle ne sente pas coupable de comment ça s'est fini avec Nathan. Ce n'était pas sa faute. «...en dehors de la maison toi et Nathan ça aurait été totalement différend. Ne dit pas que c'est ta faute. » dis-je finalement en enlevant ma main de son épaule afin d'essuyer mes yeux à l'aide de mon bras. Je souris en reniflant grossièrement. « Voilà t'as réussi à me faire pleurer. »

Un doux sourire s'affiche lorsque je sens la main de la belle brune se poser finalement sur mon épaule. Elle semble touchée par ce que je lui raconte, par mon histoire. Je hausse les épaules quand elle fait allusion à mon physique actuel, lorsque je parle de la fille que j'étais au collège. "Ouais, j'imagine." Dur d'imaginer une fille en surpoids quand on me regarde aujourd'hui. "C'est évidemment avec toute cette histoire que j'ai commencé à complexer pour mes rondeurs. Quand mes parents ont été mit au courant de mon année d'harcèlement, ils ont été d'accord pour m'aider." Je laisse passer quelques secondes. "On a vécu au dessus de nos moyens un certain temps pour moi. Ils ont tout fait pour que je me sente mieux. J'ai eu l'aide d'un coach sportif, j'ai toujours eu les derniers vêtements à la mode, des palettes de make-up à n'en plus finir, des soins ..." Je souffle légèrement. "Je voulais juste oublier l'ancienne fille que j'étais pour me concentrer sur l'adolescente que je devenais." Et au final, la carapace a prit le dessus. Je l'écoute me rassurer sur ma personne, en jouant avec mes doigts. Je ne suis pas une mauvaise personne, d'après elle. Je suis juste une fille dont le coeur a été abimé, fissuré par les événements du passé et qui a du mal à se relever entièrement et faire confiance. Je hoche positivement la tête. "Je pense qu'il y aura toujours un traumatisme en moi, avec toute cette histoire." Que je lui confie de ma petite voix cassée. "Je sais que c'est derrière moi, et que je dois avancer. Mais c'est psychologiquement que ça peut être dur." Dur d'avancer quand tu perçois parfois Peggy dans le miroir en te réveillant. Elle semble s'en vouloir d'avoir fait remonter cette époque là de ma vie à la surface, et je pose mon regard sur la brune, tentant de lui adresser un bref sourire rassurant après avoir séché mes dernières larmes. "Je pensais pas que j'arriverais à en parler ici. Mais ... Je te dois bien ça, tu méritais que je t'explique un peu tout ça, que je m'excuse." Peut-être me comprenait-elle un peu mieux déjà ? Je me contente de hausser les épaules quand elle émet la possibilité que Nathan et moi, ça aurait pu fonctionner en dehors du jeu. Peut-être. Peut-être pas. En étant enfermée, je me suis ouverte beaucoup plus vite à lui, donc en dehors ... Peut-être que je l'aurais fait fuir encore plus rapidement, et que je n'aurais jamais accepté de faire tomber un minimum le masque. Un rire nerveux s'échappe quand je vois la jeune femme s'essuyer quelques larmes, affirmant que j'aurais réussi à la faire pleurer. Je décide de me lever de mon transat pour m'installer sur le sien, ouvrir mes bras et la serrer quelques secondes avant de déposer un baiser réconfortant sur son front. "Je .. j'aimerais que tu promettes que cette discussion restera entre nous. Que personne n'en saura rien dans la maison. Pas même Nathan." C'est une partie de mon histoire que j'ai décidé de partager avec Ashley parce-qu'elle méritait de me comprendre. Parce-que j'avais envie qu'elle me comprenne.

Elle avait du en baver, mais heureusement ses parents avaient l'air de la soutenir. Je ne pourrais pas en dire autant des miens. « Tes parents ont l'air d'être des gens géniaux. » dis-je alors en lui souriant. Elle me confie ensuite qu'il y avait toujours un traumatisme en elle. J'imagine qu'au moment où une femme est en train de se construire, à sa puberté, se faire rabaisser ainsi devant laisser des marques importantes dans le coeur et le cerveau de celle-ci. « Et personne ne te reprochera le fait d'avoir des séquelles. » Elle n'y pouvait rien, et n'importe qu'elle personne de sensé ne lui reprochera ça. J'hochais la tête quand elle m'expliqua alors le besoin qu'elle avait eu de se confier. « Tu as bien fait, ça me permet de comprendre mieux tes réactions. » dis-je alors acquiesçant ses propos. Je n'aurai peut-être jamais réussi à dépasser notre différend sans cette explication, ni à comprendre qui elle était. « Et tu es excusée ! » lui dis-je alors comme confirmer ce qu'elle venait de dire. Bien sur que je ne pouvais que l'excuser, après je ne sais pas si on pourrait redevenir comme avant mais au moins je n'ai plus de haine envers elle et je la comprends. Quelque chose restera différend mais dorénavent j'ai une explication à tout ça. « Je ne sais pas si on pourra redevenir amie, c'est peut-être un peu difficile à concevoir et tu n'en as même pas forcément envie, mais de mon côté je n'ai plus aucune animosité envers toi. » lui dis-je alors avec un grand sourire. On avait vraiment enterrée la hache de guerre je crois, et ce n'est pas pour me déplaire. Elle me serre dans ses bras aussi et vient même à me faire un bisous sur le front. Je lui en colle un sur la joue aussi pour lui montrer que c'est oublié. Elle me demande de garder ça entre nous. « Evidemment, ça ne sortira pas d'ici. » lui affirmais-je en mettant un doigt sur ma bouche. Elle pouvait compter sur moi. « Mais, si je peux te donner un conseil...même si c'est douloureux pour toi, je pense que t'as tout a y gagner de montrer qui tu es vraiment et de t'ouvrir un peu plus. » lui dis-je d'un ton bienveillant. « Beaucoup préférons cette Sarah là. » ajoutais-je. Je le sais, mais je comprends qu'avec ce qu'elle a vécu avant et avec Nathan elle n'en ai pas forcement envie ou du moins en a peur.

Mes parents ont l'air géniaux. C'est ce qu'elle me dit, en tout cas. Je hausse les épaules avec un sourire. "J'ai toujours eu une relation conflictuelle avec mon père. Je pense qu'il aurait préféré avoir un petit gars qu'une deuxième fille." Dis-je avec un petit rire. "Mais je sais qu'il m'aime, oui." Il n'est juste pas autant démonstratif que ma mère. C'est ainsi. Il est pudique et froid sur certains sujets, et au final j'ai l'impression que ma carapace m'a rapproché de lui niveau personnalité. Un sourire naturel se dessine quand la jolie brune affirme que je suis excusée. Je n'en attendais pas autant, à vrai dire. J'ai conscience du caractère que j'ai montré depuis mon retour de la pièce secrète. De la méchanceté que j'ai pu avoir à l'encontre de certains ici, en particulier Ashley. Je suis contente de voir qu'au final, et malgré tout, sa bonté à elle n'a pas changée. Je l'écoute me dire qu'elle ne sait pas si on pourra redevenir amies, mais qu'en tout cas de son côté, il n'y a plus d'animosité. Je hoche positivement la tête. "De mon côté non plus, t'inquiètes pas." Que je lui dis avec un sourire rassurant avant de poursuivre. "Comme tu viens de le dire, je ne sais pas si on pourra redevenir amies, mais en tout cas, c'est toujours bon de voir qu'on aura pas à se tirer dans les pattes en se disputant du matin au soir." Les choses ont été dites, et font à partir de maintenant parti du passé. C'est un retour à zéro pour elle et moi. Je suis rassurée quand elle affirme que ce que je lui ai confié sur moi, sur ma vie ne sortira pas d'ici et elle me conseille cependant de plus montrer celle que je suis vraiment. Sans carapace. Sans artifices. Que je m'ouvre plus. "Je pense que c'est ce que j'ai compris ces derniers jours, oui." Lui confiais-je avant d'humidifier mes lèvres. "Je pense que ça ne sera pas facile avec tout le monde, et je sais que je garderais toujours une partie de moi un peu plus agressive ... mais je vais essayer de m'ouvrir un peu plus. De laisser revenir ... la fille qui a été éduquée, bien élevée." Lui dis-je avec un sourire, passant une main dans mes cheveux.

Après ma discussion avec Ashley, je quitte donc la piscine, lui adressant un dernier sourire, contente de notre discussion.

Finalement elle a eu des problèmes avec son père. Mais malgré tout ils ont tout fait pour qu'elles sentent mieux et c'est ce qui compte. « En tout cas ils étaient là pour toi quand tu en avais besoin ! »
Elle est plutôt d'accord avec moi, avec ce qu'il s'est passé l'amitié entre nous ne vas pas revenir comme ça, mais au moins on prenait un nouveau départ elle et moi. On repartait à 0 sur un terrain plat, en bonne entente. Je rigole quand elle dit qu'au moins on ne se tira plus dans les pattes du matin au soir. J'avoue que ça me faire du bien, à elle et à moi. « J'avoue que ça commençais à devenir épuisant. » dis-je alors. C'était épuisant autant mentalement que physiquement.
Elle a l'air d'avoir compris en tout cas qu'elle devrait s'ouvrir plus aux autres. Pas forcément comme elle venait de le faire là avec moi car je comprenais qu'elle ne voulait pas dévoiler ça à tout le monde, mais au moins un peu plus que la façade froide de la Sarah qu'on avait en ce moment pour la plupart. « Je suis sûr qu'elle n'est pas très loin. » dis-je en lui faisant un petit clin d'oeil. Je me lève du transat et décide aussi de quitter la piscine en emboitant le pas de Sarah. Notre discussion m'avait fait autant de bien à elle qu'à moi.