Jour 10

J'arrive devant la porte interdite. La Voix a été formelle : il est interdit de l'ouvrir. Léopoldine l'a fait, je ne m'y risquerai sûrement pas. Je me contente de la regarder avec attention, buvant quelques gorgées de mon shaker pour tenter de percer à jour le mystère qui se cache derrière cette poignée.

J'arrive à mon tour devant la porte interdite, m'étant réveillé de manière assez matinal pour explorer un peu tous les secrets qui regorgeait dans cette maison. Et parmi tous les secrets, il y avait notamment cette porte qui me laissait perplexe. Je remarquais que Liam était déjà là et je ne peux m'empêcher de sourire en lui adressant un. « Alors toi aussi, t'as décidé de franchir le pas ? » en référence à ce qu'avait fait Léopoldine la dernière fois. « J'aurais sûrement fais la même chose à sa place. Je suis quelqu'un de trop curieux. Mais faut croire que c'est pas tout le temps une bonne chose. » Et la preuve, la pauvre avait perdu un de ses indices après l'avoir ouverte. Moi qui pensait que l'audace était récompensé. « Tu réussis à t'intégrer par ici ? » rajoutais-je alors que je n'avais pas encore eu l'occasion de trop parler avec Liam. Je l'avais vu un peu parler de ci de là aux autres habitants, mais sans plus. J'aurais aimé savoir comment il vivait les derniers évènements.

Alors que je fixe la porte depuis quelques minutes, analysant chaque parcelle de bois et de petites gravures, Giani arrive derrière moi et me demande si j'ai pour projet d'ouvrir la porte, je n'ai pas le temps de répondre qu'il reprend en disant que s'il avait été Léopoldine, il aurait ouvert la porte lui aussi. Mais qu'au vu des conséquences du premier essai, il ne l'a pas fait. « Oula, non ! je dis, Je compte rester bien à ma place face à cette porte. J'essaye juste de comprendre quel secret elle cache. Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Elle ne peut pas juste être mise ici pour tester notre capacité à ne pas l'ouvrir, si ? ». Je me tourne alors vers Giani et lui sourit. C'est la première fois que lui et moi nous retrouvons dans la même pièce pour discuter, et je veux en profiter pour mieux apprendre à le connaitre. J'ai l'impression que le petit blondinet est dans la même optique. Lorsqu'il me demande si j'ai réussi à bien m'intégrer dans le jeu, je hausse légèrement les épaules. « Ca va, je crois. je confesse d'abord, Globalement, je discute toujours avec les mêmes personnes et il y a encore des candidats, dont toi, à qui je n'ai pas vraiment parlé ... Mais pour ceux à qui je parle, je pense avoir trouvé une bonne place ! Et toi ? » je lui souris et décide de m'asseoir sur une petite marche prêt de la porte. Je l'invite à s'asseoir à mes côtés.

Je souris amicalement lorsqu'il m'invite à s'asseoir et je prends place à ses cotés.  Il m'avoue que lui aussi se pose beaucoup de questions par rapport à cette porte et tente aussi d'être raisonnable par rapport à son existence. Je fais mine de réfléchir quelques instants. « Je pense qu'on est pas encore dans le genre d'émission ou c'est commun de laisser une porte juste pour tester la capacité des candidats à ne pas l'ouvrir. » On était à Secret Story, pas dans une émission d'expérience sociale. « Mais je pense qu'on saura bien assez tôt de quoi il en retourne, ça promet des choses assez sympathique pour l'avenir. » J'esquisse un sourire amusé avant d'ajouter, d'un rire dans la voix. « Je crois que t'es le premier qui m'ai pas parlé de mon pouvoir dès qu'il m'a vu. » Faut dire que ça faisait tourner toute les têtes que je sois au centre des nominations cette semaine. Et certains ne manquait pas de se faire bien voir pour gagner mes faveurs. Mais Liam était un garçon qui avait l'air d'avoir la tête sur les épaules et c'était d'autant plus appréciable qu'il avait l'air sincère. Il me confesse ensuite que lui aussi parle globalement qu'avec les mêmes candidats. « Je t'avoue que c'est un peu pareil pour ma part, j'ai encore du mal à faire parti d'un groupe. De nature, j'ai toujours été comme ça, toujours indépendant. Je suis un peu un loup solitaire mais c'est jamais bon de marcher seul par ici. » Je n'avais pas tissé des liens particulièrement fort avec les gens que je côtoyais.  Pas forcément à cause de moi, mais plus à cause de la tournure des choses ces derniers temps. Une question me vient rapidement à l'esprit. « J'ai cru comprendre que tu t'étais un peu pris le bec avec Sarah ? Il y a eu de l'amélioration de ce coté là ? » demandais-je curieux. Puis je finissais par avouer. « C'est cool que tu sois ici. Et quel que soit ton parcours, tu donnes de la visibilité aux personnes transgenres. Te laisse pas abattre par les commentaires désobligeants de certains par ce que tu vaux mieux qu'eux. » Et c'est aussi quelque chose que j'aimais chez Liam, on a aujourd'hui beaucoup de mal à être visible à une part égale avec les autres, que ce soit gay, trans, intersexe et je voulais que Liam comprenne que c'était aussi un réel bienfait de sa participation.

Giani me rassure quant au rôle de la porte dans l'aventure. Il a raison, nous sommes dans Secret Story, une émission qui fait son beurre sur le jeu et les stratégies. Mettre une porte pour une porte n'aurait pas grand intérêt. « Peut-être qu'un jour, pris de folie, on ouvrira cette porte ensemble ! ». Finalement, entre deux conversations, Giani me dit presque comme pour me remercier, que je suis le premier à ne pas lui avoir parler de son pouvoir sur les nominations. Je ris dans un souffle. « On ne se connait pas encore tant que ça, je ne suis pas suffisamment hypocrite pour te dire de me sauver alors que je ne t'ai pas prouvé que j'en valais la peine. je marque une pause, puis reprends, Après, si tu pouvais ne pas le faire ça m'arrangerait » je dis en riant, conscient qu'au fond je ne suis sûrement pas le plus en danger cette semaine. Et quand bien même il déciderait de me nominer, ce serait le jeu et ça voudrait dire qu'il ne me juge pas capable de rester dans l'aventure et ce serait à moi de lui prouver le contraire. Alors je vais le laisser choisir les nominés en son âme et conscience. Tout en essayant de faire en sorte qu'il m'apprécie et décide de me garder à ses côtés dans le jeu. Giani poursuit en m'expliquant qu'il joue un peu le loup solitaire depuis le début de l'aventure et que mon parcours fait écho au sien. « J'ai l'impression que les gros caractères étouffent les autres cette saison, et qu'on a tous peur de trop s'imposer pour ne pas se faire dévorer par les fortes têtes du jeu ... Il faut qu'on trouve notre place, je dis avec un sourire et en le regardant dans les yeux. Forte tête parlons-en, Giani mentionne le petit accro que j'ai eu avec Sarah, On a pas eu d'accroche à proprement parler, mais disons que sa réaction super transphobe m'a vraiment blessé et je n'ai pas eu une bonne première impression de sa personne ... Je voudrais bien discuter avec elle, mais je n'en ai pas trop l'occasion ... La seule chose, c'est que je ne veux pas me laisser faire quand j'entends des propos homophobes ou transphobes, je ne suis pas capable de me taire ! ». Giani reprend en soulignant ma participation, le fait que je donne de la visibilité à ma communauté et que je ne dois pas me laisser abattre par les autres, y compris Sarah ou Dior. Je souris alors, et dépose ma main sur son épaule quelques secondes. « Merci beaucoup, Giani, ça me fait vraiment plaisir d'entendre ce genre de chose. Je suis assez fort pour ne pas me laisser faire, ne t'en fais pas, mais savoir que j'ai du soutien me touche. D'ailleurs merci de les avoir repris l'autre jour en disant que transexuel était plutôt transphobe, comme terme. Ca m'a fait plaisir ! » je laisse couler quelques secondes de silence puis je lui demande : « Toi tu places ou sur le spectrum LGBTQ ? ».

J'esquisse un sourire à sa remarque. Si on faisait chacun notre jeu assez longtemps pour aller loin, on l'ouvrirait ensemble cette porte. « Peut-être qui sait ? » rétorquais-je en esquissant un sourire. « En espérant qu'on en ressorte avantagé. » Ca serait dommage qu'on l'ouvre pour se recevoir à nouveau d'autres mauvais petits cadeaux. Liam m'avoue ensuite qu'il serait hypocrite pour lui de venir me dire de le sauver. « Je te rassure, de toute façon, tu n'étais pas vraiment dans ma ligne de mire. » rétorquais-je en rigolant légèrement. Mais mon esprit taquin n'était jamais rassasié alors j'ajoutais bien vite. « Mais qui sait, peut-être que je pourrais changer d'avis d'ici là. » J'esquisse un sourire taquin en sa direction avant d'ajouter alors qu'il vient m'étayer ses réflexions par rapport aux différentes personnalités de la maison. « Honnêtement, je pense pas qu'on ai de réelles grandes personnalités dans cette maison. Du moins, j'estime pas que ceux qui gueulent le plus sont ceux avec la plus grande personnalité. Au contraire, ce sont généralement ceux qui ont besoin de compenser leur manque de personnalité qui se font entendre. » J'étais un peu shady mais c'était de bonne guerre, j'avais plus que ras-le-bol de l'ambiance dans cette maison. Il m'explique ensuite la petite altercation qu'il a eu avec Sarah. « Je comprends tout à fait. Et c'est pour ça que j'ai ouvert ma bouche. J'ai pas très bien compris sa réaction lorsque j'ai repris Dior, on en a parlé et elle m'a surtout dit que c'était par rapport à l'enchainement de la situation. » Soit, j'allais lui accorder le bénéfice du doute sur ce point. « J'ai une longue histoire qui fait que c'est le genre de chose qui m'exaspère au plus haut point. Je me bats tous les jours pour que des jeunes comme moi se sentent acceptés, se sentent bien dans leur peau malgré que leurs parents les aient rejeté. Je peux pas encore entendre qu'aujourd'hui se soit mal considéré d'être qualifié de transgenre, etc. On est encore dans une société où ça a un coté péjoratif et j'accepte pas ça. C'est ce que j'ai fais comprendre à Sarah. » C'était fou comment les gens débattaient encore de tout ça aujourd'hui. Je souffle, marquant une pause alors que Liam me remercie. Je lève à nouveau ma tête, un grand sourire sur mon visage, hochant la tête pour lui faire comprendre que c'était bien normal. Il me demande ensuite bien vite où est-ce que je me définissais. « Je suis gay. » lui déclarais-je pour être tout à fait honnête. « Venant d'une famille italienne, je t'assure que ça a pas été facile. J'ai eu la chance que mes parents aient fini par me soutenir, mais je peux t'assurer que l'ambiance était à la maison au moins aussi rasoir qu'ici au début. » marquais-je dans un rire taquin. « Et toi ? Comment a réagi ta famille quand tu as décidé de faire ta transition ? » demandais-je curieux. C'était toujours intéressant de découvrir les histoires de chacun.

Il semble d'accord avec moi pour ouvrir la porte interdite plus tard dans le jeu. Nous échangeons un regard entendu et nous continuons notre discussion sur les futures nominations. Il m'avoue ne pas m'avoir dans sa ligne de mire, mais que son avis pourrait encore évoluer. « Une fois que tu te seras rendu compte que tu n'as rien à tirer de ma personnalité, tu voudras sûrement me mettre dehors » je dis en riant dans un souffle, sachant pertinemment que nos deux caractères semblent bien coller l'un avec l'autre. Du peu que j'ai vu de Giani, il semble avoir la tête sur les épaules, il semble savoir ce qu'il veut et ou il va. Je l'apprécie bien et je ne suis presque sur qu'il ne me nominera pas. Lorsque je parle des fortes têtes de la maison, il semble plutôt en désaccord avec mes propos, m'affirmant que dans cette maison, les réelles fortes têtes n'existent pas. « Quitte à être shady ... Pour toi, qui est le plus gros pétard mouillé cette année ? Celui qui veut faire le dur, mais qui ne l'est pas. je m'approche de son oreille et souffle pour être sûr que personne n'entende, juste au cas ou : Moi je dirais bien Nahim quand même ». Zéro fondement dans mes propos, juste un aprioris basé sur une semaine et demie de jeu. Finalement, notre conversation dérive sur nos prises de position contre Sarah et Dior vis-à-vis du buzz 'transgenre'. Giani m'explique pourquoi il a décidé de s'opposer aux deux candidats et de leur expliquer en quoi leur réactions étaient stupides. « Quand j'ai vu que tu parlais, ça m'a rassuré, vraiment. J'avais peur d'être le seul concerné par ce genre de propos. Bien qu'on est sensé avoir deux drag queens dans la maison, je n'en ai toujours pas vu la couleur ... Et du coup, quand je t'ai remarqué, j'ai vu en toi comme du soutien, et ça m'a vraiment soulagé. La prochaine fois, ce sera moi qui ouvrirait ma bouche ! » je dis en souriant, créant sans le dire un duo entre Giani et moi qui ne demandera qu'à s'agrandir avec le temps. Il me parle ensuite de son passé. De comment son coming out s'est déroulé et comment s'est parents l'ont d'abord rejeté puis accepté avec le temps. Il semble déterminé à me convaincre que même s'il n'est que gay, son parcours n'a pas été facile, je l'interromps et lui dis : « Tu n'as pas à m'assurer quoi que ce soit, je sais que c'est dur. Mais je suis heureux d'entendre qu'ils ont fini par accepter, aujourd'hui vous êtes en bons termes, du coup ? je demande avant que lui même ne me retourne la question, De mon côté, ça a toujours été un peu plus compliqué ... je dis en soufflant et en marquant quelques secondes de battement avant de reprendre, J'ai vraiment voulu faire ma transition à dix-huit ans, lorsque je l'ai annoncé à mes parents ils ont catégoriquement refusé et, même s'ils ne m'ont pas mis à la porte, ont décidé de ne plus m'adresser la parole. Mon frère Nassim a décidé de faire la même chose ... Seule m'a soeur a continué de me soutenir. Elle m'a accompagné dans les démarches et m'a suivi jusqu'en France lorsque j'avais vingt ans. J'ai dit adieu à ma famille en même temps que j'ai quitté le pays ... Aujourd'hui, j'ai repris contact avec mon frère, mais pas mes parents. Ils refusent de me parler comme ils parleraient à un homme, ils continuent de me traiter comme si j'étais une fille ... Et ma soeur a été obligée de retourner vivre là bas, mais elle a attendu que je sois dans une situation stable, je ne la remercierai jamais assez ». Ma voix tremble légèrement mais je parviens à articuler clairement sans m'effondrer. Parler de ma famille est un sujet sensible qui me touche énormément, mais après de longues années de rejet et de crises de larme, je mets enfin de la distance entre les évènements et les mots et je peux raconter mon histoire sans fondre en sanglots. Je regarde ensuite Giani et essaye de comprendre à quoi il pense maintenant qu'il en sait un peu plus sur moi. Je me suis ouvert rapidement, peut-être trop, mais au moins maintenant, il sait.

Je rigole légèrement à sa remarque sur sa personnalité. Il avait de l'auto-dérision, c'était plutôt agréable chez quelqu'un. J'esquisse un sourire de mes dents du bonheur. « Franchement, si je devais juger sur ça tu bien derrière beaucoup de personne que je pourrais virer avant toi. » Par ce qu'à ce niveau on n'était pas vraiment gâté cette année. Et pour preuve, même lui se mettait à être shady, j'esquisse un sourire lorsqu'il vient me poser sa question et chuchoter à mon oreille. « Je l'ai à peine croisé, je vais pas te mentir. » Comme pour dire qu'il n'avait pas non plus trop marqué mon aventure. « Je dirais Esteban. » Toujours le même. « Il fait le mec qui n'a peur de rien ni de personne et que rien ne l'atteint mais j'ai bien vu sa tête la dernière fois quand je lui reprochais qu'il ne supportait pas de ne pas être au centre de l'attention. » Et depuis il s'était calmé, comme quoi. Liam m'avoue ensuite qu'il voyait en moi comme un soutien et notamment par rapport aux différents propos qui se sont tenus. « Tu peux toujours compter sur moi de ce coté là. J'ai peut-être un grand sourire, je suis peut-être celui qui va vers les gens et qui essaye d'apporter un peu de gaieté, mais si j'ai un truc à dire, je le dis. Merci d'ailleurs à la mama de m'avoir apporté un peu de son franc-parler. » J'esquisse un sourire amusé lorsque je parle de ma maman, faut dire qu'elle me manquait aussi un peu et que parler d'elle me faisait aussi du bien pour sentir qu'elle est prêt de moi. D'ailleurs en parlant de mes parents, Liam finit par me demander si je m'entendais finalement bien avec eux. « Les relations avec mon père restent tendues, c'est un peu le quotidien de beaucoup de jeunes comme moi tu me diras, mais on arrive à s'entendre. » Je reprends ensuite. « Avec ma mère c'est plus calme, je me sens plus proche d'elle et je sens que je peux un peu lui parler de ce qui me tracasse, j'aurais pas été qui je suis aujourd'hui si elle n'avait pas été là. » J'esquisse un sourire, un peu perdu dans mes pensées comme un signe que je lui été tout de même reconnaissant des choses qu'elle avait pu faire pour moi quand tout n'allait pas forcément bien. Je relève la tête et j'écoute Liam attentivement. Je comprends bien vite que la relation avec sa famille avait été plus compliqué. Il semblait ému de revivre ce moment et de m'en parler. Instinctivement et d'un sourire amical et compatissant, je lui passe une main dans le dos. D'une caresse rassurante, j'essaye d'alléger sa peine. « Tu as encore plein de temps devant toi. Laisse toi le temps et peut-être qu'un jour, tes parents réussiront à t'accepter tel que tu es. Tu n'as pas à changer pour eux. Ils doivent faire évoluer leur esprit et ça prendra sûrement du temps. Je sais que ça peut être difficile, je sais que tu aimerais que je te dise que tes parents finiront par t'accepter. Mais je sais aussi bien que toi que c'est pas aussi simple et je côtoie cette réalité tous les jours. En attendant profite des gens qui t'aiment et notamment de ta soeur. » Ma deuxième main vient caresser son bras alors j'attends sa réaction. Je ne voulais pas mettre Liam dans un mauvais état et je voulais qu'il se sente accompagné et soutenu dans ce qu'il peut vivre. Je reste donc là, un instant, offrant toujours une présence rassurante au jeune tatoué à mes cotés.

Giani me rassure dans un rire en m'affirmant que même en terme de caractère, je ne suis pas le premier sur la liste des candidats à éliminer. Je lui souris alors, satisfait de sa réponse, tandis qu'il ne semble pas être franchement d'accord avec le nom de Nahim comme pétard mouillé, il m'explique ensuite qu'il ne lui a jamais vraiment parlé puis mentionne le prénom d'Esteban. Je le laisse développer puis lorsqu'il a terminé je réponds : « J'ai eu l'occasion de discuter un peu avec lui, et je suis vraiment intrigué par sa personne, je pense qu'il a plus a donner que ce qu'on pense de prime abord, je n'ai pas l'impression qu'il n'y ai que sa belle gueule pour tout argumentaire. Mais je me trompe peut-être ! alors, je décide de parler des nominations malgré tout. Mais du coup, tu as une idée des noms que tu vas mettre dans le SAS ? Ou tu attends de voir qui te harcèlera le plus ? Est-ce que ça te plait d'avoir ce pouvoir ? » je demande alors, conscient que si un tel avantage me revenait, je risquerai de perdre les pédales et de ne plus savoir ou donner de la tête. Finalement, Giani m'explique qu'il a hérité des gènes de sa mère et qu'il sera toujours là pour l'ouvrir s'il le faut. Je souris satisfait d'entendre cela, puis nous passons à autre chose. Il m'explique un peu plus en profondeur les relations qu'il entretient avec ses parents, comment les choses continuent d'être délicates avec son père mais comment sa mère est devenue un pilier pour lui. Il ne mentionne ni frère ni soeur, je décide alors de demander : « Tu es fils unique ? je dis en le regardant dans les yeux, avant de reprendre, En tous cas, si ta mère t'accepte aujourd'hui, je pense que ça finira forcément par irradier sur ton père et lui aussi deviendra plus à l'aise avec le temps ... Du moins, c'est mon côté idéaliste qui le veut ... ». La conversation se centre désormais autour de moi et mon histoire, lorsqu'il sent ma voix dérailler légèrement, il dépose sa main dans mon dos et entreprends de douces caresses. Ca m'aide à m'ouvrir mais lorsque ma voix se brise il dépose sa seconde main sur ma jambe. Je laisse ma tête fondre dans le creux de son épaule tandis qu'il me souffle des mots de réconforts qui font du bien. « Je suis un peu idéaliste, mais je ne me fais pas d'illusions non plus, je sais que ça prendra du temps et que ça n'aboutira peut-être jamais à rien de convaincant ou qui me satisfera ... Mais je veux quand même continuer d'y croire, et si un jour je suis amené à y retourner, peut-être qu'ils accepteront de me parler ... ». Ma tête blottie entre son menton et son épaule, je me laisse doucement bercé par ses caresses. Comme un enfant dans le corps d'un adulte, je me sens faible et fragile. « C'est aussi pour leur prouver que je peux être un vrai homme que j'entretiens mon corps comme je le fais ... je souffle alors, entrant dans une confidence que Giani n'avait pourtant pas demandé, Comme pour leur prouver que oui, je suis vraiment quelqu'un, et que non ma transition n'était pas un caprice ... » ma voix est éreintée, tremblante, mais je maintiens encore le cap.

Il en vient à défendre Esteban et je crois comprendre qu'il y a peut être plus que de la simple amitié entre eux. Chaque chose en son temps. « Je ne l'aime pas. Et tant que je ne le vois pas, ça m'est égal. Il a été irrespectueux, et a mêlé mes proches à son petit jeu stupide. » lâchais-je. On serait jamais ami et c'était plutôt clair quant à ce point là. Vu que Liam en vient finalement à me parler des nominations, j'ajoute. « Tu te doutes bien qu'il est d'ailleurs en danger vu que la décision me revient. » Je marque une pause avant d'ajouter. « Mais j'ai pas pris ma décision. J'ai quelques pistes et j'essaye de voir ce qui me serait profitable aussi dans tout ça. » Il fallait aussi penser à soi par ici et j'espérais prendre la bonne décision. « Maintenant, j'ai aussi à composer avec ceux qui mettent l'ambiance à mal, rien que pour ma santé mental. C'est beaucoup d'enjeu et j'aimerais être sur de prendre les bonnes décisions. » J'en viens à rigoler lorsqu'il me demande si ça me plait d'avoir du pouvoir. « Bien sûr que ça me plait. Je pense pas que quelqu'un cracherait sur une opportunité de contrôler un peu les choses par ici. Même la personne la plus modeste. Après, il faut que je la joue finement pour pas que ça me retombe dessus. » déclarais-je ensuite. Certaines décisions allaient froisser, mais c'était le jeu après tout. Ile me demande ensuite, après que j'ai pu conter mon histoire, si j'étais fils unique. « Tout ce qu'il y a de plus unique. » rétorquais avec un sourire amusé et fier. Au grand dam de mes parents qui auraient voulu avoir plusieurs enfants. « J'aurais aimé avoir un frère ou une soeur aussi proche que la tienne. C'est vrai que ça aurait pu aussi m'aider dans toute mes déconvenues. Mais j'ai du coup appris à me débrouiller seul et c'est pas plus mal non plus. » Liam vient ensuite se blottir contre moi. Je continue à la caresser doucement, comme un réconfort maternel à son enfant. J'étais malheureusement plus doué à rassurer les gens dans mes gestes que dans mes paroles. Mais je comprenais totalement ce que ressentait Liam. « Ne perds pas espoir c'est l'essentiel. Continue à vouloir leur montrer qui tu es et ce que tu es devenu. Et si eux ne sont pas fier de toi, il y a un paquet de gens qui le seront à leur place. » fis-je avec un sourire rassurant alors qu'il continuait en m'affirmant que ce physique était aussi une marque pour ses parents. « Quel que soit ton physique, l'important c'est pas ce que tu ressens là .. » ajoutais-je en lui touchant du doigt un biscoteau « Mais là. » finissais-je en un sourire tendre en lui touchant l'endroit du coeur. « Et personne ne pourra t'enlever ça. » Je reste là quelques instant, dans le calme alors que Liam restait blotti contre moi, perdu dans mes pensées. Plusieurs longues minutes coupées de tout avant que je vienne briser le silence en calmant l'atmosphère. « Mais dis moi, tu dois en faire tourner des têtes non avec ton physique ? » déclarais-je avec un léger rire complice en lui tapant légèrement le buste. « Tu vas pas me faire croire qu'il y a pas eu de petit rapprochement avec personne ? » demandais-je dans une curiosité qui me caractérisait bien. Je voulais aussi que Liam se détente et qu'il oublie un peu ses tracas dans tout ça.

Lorsque je défends Esteban, Giani se fait un peu plus tranchant et n'hésite pas à me dire franchement qu'il n'apprécie pas le mexicain. « Je ne savais pas pour tes proches ... Il s'est passé quoi ? » je demande alors, réellement curieux. Je n'ai pas eu trop connaissances des histoires entre Esteban et lui. Il m'explique ensuite qu'il n'a cependant pas encore pris de décision et qu'il réfléchit encore à la meilleure composition de nom à mettre dans le SAS. « En tous cas, je ne te donnerai pas de conseil, tu es assez grand pour prendre tes décisions et je sais que ça m'énerverait si j'étais à ta place. Dans tous les cas, je sais que tu prendras la bonne décision ». Lorsqu'il avoue finalement adorer ce rôle de maitre des nominations je laisse échapper un rire et la conversation suit son cours. Il m'explique qu'il est fils unique mais qu'il aurait aimé avoir le soutien dont j'ai bénéficié de par ma soeur. Un sourire un peu triste se dessine sur mon visage et je prends quelques secondes pour répondre : « Se débrouiller seul, c'est bien aussi. Mais je comprends, avoir des personnes sui qui compter c'est important. Tu es célibataire ? » je lui demande alors, pour essayer de savoir à quel point Giani est indépendant dans sa vie quotidienne à l'extérieur du jeu. Finalement, alors que je suis blottis contre son épaule et qu'il continue de me caresser, il me rassure et continue en m'affirmant que le plus important ce n'est pas ce que dégage mon corps, mais mon coeur, et que c'est également ça qui pourra faire changer mes parents de point de vu vis-à-vis de moi. Je reste silencieux, ne sachant trop quoi dire et étant perdu dans mes pensées. Pour mettre un terme au silence, Giani me taquine et souligne de nouveau la beauté de mon corps en insistant sur le nombre de coeurs que je dois faire chavirer. Il tapote mon buste et me demande s'il n'y a pas eu de rapprochements dans le jeu. « Tristement, de manière générale, être transgenre est un frein pour tout rapport sexuel. Quand je l'explique aux gens, ils fuient souvent et je trouve ça aussi triste qu'immonde. je souffle de lassitude, puis je reprends, Mais dans l'aventure, non, je n'ai pas vraiment eu de rapprochements à proprement parler ... je mens en cachant le rapprochement qu'Esteban et moi avons eu la veille, Il faut croire que mes gros muscles ne suffisent pas ! » je dis en riant à pleins poumons avant de lui retourner la question : « Et toi ? Qui a succombé à ce petit sourire ? » je demande en le regardant.

Je mime une mine sévère, il avait eu la fâcheuse manie de me faire sortir de mes gongs l'autre. « A vrai dire, il s'est permis de juger et de moquer ce que je portais. Et après que je lui ai dis que ça avait été confectionné par un ami à moi, il s'est permis des remarques désobligeantes sur mon ami. Je l'ai tout de suite remis à sa place. Autant les remarques sur mon physique ou sur moi-même, je m'en fous, autant quand ça touche aux personnes que j'aime je peux devenir très cinglant. » Liam m'avoue ensuite que lui même ne me donnera pas de conseil et que je suis bien assez grand pour prendre mes décisions. « J'ai connu beaucoup de gens qui ont essayé de changer ma perception des choses, mais j'ai appris à les occulter et à me faire mes propres avis moi-même. » J'étais immunisé face à la manipulation. Le milieu gay était rempli de pervers narcissique de ce style et j'avais eu ma dose pendant une partie de mon adolescence. Il me demande ensuite si je suis célibataire. Je réponds avec un sourire amusé. « Libre comme l'air. Et toi ? » Je lui retournais la question, à vrai dire peut-être que lui aussi était en couple et que je m'étais trompé sur toute la ligne. Mais ça faisait bien longtemps que quelqu'un n'avait pas vraiment eu une place aussi importante dans ma vie. Il m'avoue ensuite que le fait qu'il soit transgenre est un frein et malheureusement il a raison. Je continue à lui caresser le dos avant de lui dire. « Tu trouveras une personne qui t'aimes pour qui tu es. Tu es un très beau garçon Liam et les gens qui s'arrêtent simplement à ça n'ont pas compris à quel point tu peux rendre leur vie meilleure. » J'esquisse un sourire sincère alors qu'il me dit que même dans l'aventure, c'était plutôt plat. « T'es sûr ? J'ai cru pourtant en voir certains te dévorer des yeux. » fis-je en esquissant un sourire taquin, lui donnant un léger coup de coude. On en vient à parler de moi encore, et dieu sait que je déteste parler de ma vie amoureuse. « Oh tu sais, je suis pas trop ici pour ça. Mais je ne laisse pas la porte fermé. Il y en a bien quelques uns mais ... » finissais-je en laissant en supsens ma phrase car je ne voulais pas trop en dire non plus. Je finis par me lever avant d'ajouter « Je commence à avoir un de ces faims. Je pense que je vais rentrer. »J'esquisse un grand sourire ensuite. « Ca m'a fait plaisir de te parler Liam et tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. » Je mime un clin d'oeil, laissant à Liam le soin de prendre le temps de me répondre avant de m'en aller.

Il m'explique la médisance qu'Esteban a eu à son égard et comment il n'a pas accepté les critiques du mexicain. Je l'écoute attentivement et plutôt que de chercher à le défendre à nouveau, je concède : « C'est vrai que c'est un peu nul comme comportement ... Je n'étais pas au courant, je vais essayer d'apprendre à mieux le connaître pour me faire un meilleur jugement ! Mais je prends bien note de tout ça ! ». Il m'explique ensuite que beaucoup de personnes ont tenté de faire changer ses opinions concernant les nominations de cette semaine. Je m'en doutais déjà, mais je suis malgré tout surpris d'à quel point les gens peuvent être vicieux. Finalement, alors que nous commençons a parler de nos vies amoureuses, il me confie qu'il est célibataire. « Moi aussi, je n'aurais pas pris le risque de venir dans l'aventure en étant en couple avec quelqu'un. Il y a trop de tentations ici ». De la tentation, il en parle, puisqu'ils soulignent les regards que certains candidats me lancent de temps à autres. « Ca ne veut rien dire, regarder des abdos ne veut pas dire qu'il va se passer quoi que ce soit ... Enfin ... je crois » je dis avant de rire dans un souffle et qu'il ne me rassure en me disant que je peux rendre la vie de quelqu'un meilleur. Je lui souris, me redresse lentement et tapote son épaule à mon tour. « C'est gentil, Giani. je dis en continuant de sourire, J'espère que tu as raison. Mais je suis aussi très bien tout seul, je ne suis pas malheureux ». Giani m'explique qu'il n'est pas venu dans le jeu pour trouver quelqu'un, il s'arrête alors brusquement quand il commence à mentionner de potentiels candidats, je vais pour rétorquer mais il s'éclipse en simulant une soudaine petite faim. Dans un rire je rétorque : « Notre discussion n'est pas terminée, je n'oublierai pas ! » je dis avec un clin d'oeil. Je reste ensuite quelques instants devant la porte interdite, pensant : je t'ouvrirai, un jour. Puis je regagne l'intérieur de la maison.