Jour 4

Je me pose ici. J'suis dans mon jacuzzi, t'es dans ta jalousie.

J'arrive au jacuzzi avec mon shaker et ma banane. Je vois qu'Esteban est dans l'eau, confortablement installé avec chaque bras glissant le long des bords du bain. Je retire mon tee-shirt et ne garde que mon short-maillot de bain avant de m'immiscer à mon tour à l'intérieur. « Ca va mieux, depuis hier ? J'ai l'impression que tu vis un début d'aventure compliqué ... » je demande alors, allant droit au but, en écho à sa longue tirade hier soir dans le salon.

Je commence ma baignade, je suis tout seul, je suis bien, personne pour me faire chier... et le mec que j'ai croisé plusieurs fois hier arrive avec un shaker et une banane. Il enlève son tee-shirt. Ah ouais, ses muscles sont bien travaillés. Bon, pas aussi bien que les miens, mais il est mieux gaulé que les autres de la maison. J'me rince l'oeil discrètement, pas envie qu'il me voie le regarder. Il va penser que je suis en sang sur lui au bout de 4 jours, ce serait dommage. Il s'installe près de moi et me demande si ça va mieux depuis hier soir. « Beaucoup mieux, même. J'ai balancé ce que j'avais à balancer, ça fait du bien. ». Je marque une pause, tout en me recoiffant avec un air nonchalant. « Et comme prévu, j'ai dérangé certaines personnes qui ont confondu la maison des secrets avec la manif des gilets jaunes. ». Coucou la femme de ménage. Bon, même si j'aime bien parler de moi, j'connais toujours pas son prénom. « Dis moi, tu t'appelles comment ? ». Faisons la conversation. En attendant qu'il me réponde, je caresse mon torse avec l'eau. J'aime bien la sensation.

Liam a écrit:

J'arrive au jacuzzi avec mon shaker et ma banane.

Alors que j'avais entendu des tas de mauvaises histoires sur lui, Esteban semble plutôt réceptif à mon arrivée. Il se recoiffe à peine je me suis installé à ses côtés et se caresse le torse en même temps qu'il parle. Je le regarde avec amusement, j'ai l'impression que je ne le laisse pas indifférent. Cependant je n'en fais rien et me contente de l'écouter et de lui répondre : « Ha, oui, les présentations d'abord. Je suis Liam, enchanté de te rencontrer ! Toi c'est Esteban, je sais déjà ça » je dis en souriant avant de reprendre : « J'ai vraiment l'impression d'avoir loupé toute une dimension du jeu, depuis le début. Je n'ai participé à aucune histoire et je ne connais même pas encore la moitié des habitants ... Comment tu en es arrivé là ? ». Je le regarde en continuant de sourire, et en profite pour passer une main dans mes cheveux pour les décoiffer légèrement, avant de plonger sous l'eau quelques secondes pour me rafraichir et de revenir à ma position initiale pour écouter sa réponse.

Le garçon s'appelle Liam. « T'es américain ? ». Ca fait très série bourrée de lycéens. Bon, après, moi, avec mon prénom, j'fais très télénovela. Mais c'est plus classe. Il déduit de lui-même que je m'appelle Esteban. « Je laisse pas indifférent, à ce que je vois. », dis-je en lâchant un sourire. Les gens parlent bien de moi, dans la maison. Il me parle alors de ce qu'il a raté depuis le premier soir. C'est surtout des histoires avec Sarah, la femme de ménage et Dior en vrai... rien de bien intéressant. Il me demande alors comment j'en suis arrivé là. Là, c'est plus croustillant. « Bah c'est très simple... un beau physique et une grande gueule, ça fait jamais bon mélange. Déjà t'attises la jalousie... puis en disant les choses en face, tu déplais encore plus.  ». Et j'ai la flemme de changer juste pour plaire aux autres. Peut-être que plus tard, je ferai des efforts pour le jeu et pour mieux m'intégrer... mais pour l'instant, c'est pas en prévision. Je le vois se recoiffer et plonger sa tête sous l'eau. Il veut attirer mon attention, lui. On est torse-nus et proches, dans un petit jacuzzi. Ca peut aller trop vite. Pour l'instant, j'fais le mec qui ignore et avec mon index, je fais des caresses circulaires autour de mes tétons. Puis j'me mordille la lèvre inférieure en le regardant. Tu craqueras le premier.

Lorsqu'il entend mon prénom, il me demande presque aussitôt si je suis américain. Je ris dans un souffle et réponds en riant : « Non, je suis libanais. J'ai changé de prénom lorsque j'ai été opéré pour avoir le corps que j'ai aujourd'hui. je dis sans détour, Et toi, d'où est-ce que tu viens, Esteban ? ». Il me parle ensuite de ses histoires depuis le début du jeu et une confiance en lui transpire de chaque pore de sa peau. Je le regarde en arquant un sourcil. « Donc toutes ses histoires, c'est simplement de la jalousie sur ton beau physique d'Apollon intouchable ? » je dis comme pour le teaser alors qu'il commence à se caresser le téton. Il se mord ensuite la lèvre inférieure en me regardant et je reste de marbre face à lui malgré la beauté indéniable de son corps et son visage. « Qu'est-ce qui t'a amené ici ? Dans le jeu, je veux dire » je lui demande en le dévisageant avec toujours le même petit sourire à la commissure de mes lèvres.

Il est libanais et a changé de prénom suite à l'opération qu'il a faite pour avoir le corps qu'il a aujourd'hui. Je lève un sourcil. « T'as refait quoi ? ». Il est passé par la case chirurgie et certains auraient besoin de faire pareil. En tout cas, je dois admettre que c'est réussi. « Moi, j'ai pas besoin de chirurgie pour être beau. ». Je le nargue un peu mais c'est de l'humoooour. Il me demande d'où je viens. « J'habite à Saint-Tropez, dans l'immense propriété de mon père... mais j'ai grandi à Los Angeles et je suis très exotique, comme mec. ». Tu veux que je te fasse la liste de mes origines ? Si oui, j'espère que t'as du temps devant toi. On évoque ensuite mes histoires dans la maison. Il me complimente sur mon physique. Je sais que j'ai un physique d'Apollon, je le sais. « Ouais... et ma capacité à être franc, aussi. ». Quand t'es moche, j'vais pas faire semblant. J'me caresse le téton avec un regard charmeur pour qu'il me regarde d'un peu plus près, mais visiblement, monsieur a envie de faire l'ignorant. Très bien, j'décide de regarder l'eau. En même temps, j'me caresse les jambes, mais cette fois, c'est pas pour lui. C'est juste parce que je trouve la texture agréable... surtout sous l'eau. Il me demande alors ce qui m'a amené ici... et précise qu'il parle par rapport au jeu. Un double-sens, peut-être ? Bon bah j'vais te répondre par rapport au jeu... « En fait, j'me faisais un peu chier, et j'avais envie de tenter la télé-réalité. ». Puis surtout, j'ai envie que le monde entier m'admire, mais ça, j'vais le garder pour moi, pour l'instant. L'eau est bien chaude, un brouillard s'en dégage et vient jusqu'à mes yeux. J'reporte mon regard sur le beau brun qui est tout près de moi. « Et toi ? ». Pendant qu'il me répond, je m'assoupis un peu. L'ambiance est relaxante.

Lorsqu'Esteban me demande ce que j'ai refait, j'écarquille un peu les yeux et lorsqu'il ajoute qu'il n'a pas eu besoin de chirurgie pour être beau je marque une pause, décontenancé. Je le regarde, incrédule, puis tente d'articuler une réponse : « Je ... Heu, hm ... je bégaye, Je suis transgenre, donc ... Hm ... ». Je ne trouve pas de mots à mettre tant sa réponse m'a perturbé et laissé sans voix. Quelques secondes d'un silence très gênant défilent et je formule finalement quelques mots pour tenter de mettre fin à ce moment de latence : « Je suppose que j'en avais besoin ... Mais mon visage est resté intact, tout est vrai » je dis dans un rire forcé pour essayer de sauver ce qui peut l'être dans la conversation. Il me parle finalement de ses origines et où il vit en ce moment. Un fils à papa, donc. Je le regarde avec envie, une pointe de jalousie aussi peut-être, désireux d'avoir une relation stable avec ma famille. « Los Angeles, je répète rêveur, J'ai toujours voulu aller aux Etats Unis, c'est aussi beau que ce qu'on raconte ? ». La conversation semble reprendre un peu de contenance et de profondeur, j'essaye de mettre de la distance entre ce moment profondément gênant et ce qui arrive. Il m'explique qu'il a décidé de participer à Secret Story simplement par ennui, et je ris dans un souffle. Lorsqu'il me retourne la question, je réfléchis quelques secondes puis dit : « Je voulais raconter mon histoire et que les gens soient confrontés de plus prêt à ma communauté. Les transgenres sont oubliés par toute la société, et tu as pu observer l'autre soir que la transphobie était rampante et trop intégrée dans les moeurs ... J'aimerais changer ça. Et comme je sais que je suis beau, et que ma transformation est réussie, je veux prouver que nous valons autant que n'importe quel autre individu ». Je lui souris ensuite, il se caresse les jambes désormais, j'essaye de ne pas trop le regarder, j'aime notre conversation et je ne veux pas venir y mettre un terme tout de suite.

AH... quand je parle de chirurgie, son visage se crispe. Il a mal pris ce que j'ai dit ? Pour une fois que je fais un compliment à quelqu'un... bon, certes, je me suis aussi complimenté avec cette phrase, mais voilà. Il me dit alors - non sans bégayer - qu'il est transgenre. AH. Là, ça change tout... effectivement, j'ai gaffé. « Ah oui, je... ». Je ne sais pas quoi dire non plus... je baisse un peu la tête. Plusieurs secondes se passent avant qu'il ne prononce sa phrase suivante... « T'as fait ça vers quel âge ? ». On va essayer de combler les blancs comme on peut. J'ai perdu une bonne occasion de me taire avec mes remarques sur la chirurgie. Ca m'apprendra pour la prochaine fois... mais bon, j'ai le mérite d'être direct. On se rassure comme on peut. On parle ensuite de moi. Essayons de discuter d'autre chose, ouais, ce sera moins gênant. Là, on est juste bons à passer sur le compte twitter de Malaise TV. Il me demande si les States, c'est aussi beau que ce qu'on raconte. Je lâche un souffle d'hésitation, puis j'lui réponds : « Franchement, je saurais pas te dire, parce que quand t'y vis, c'est la routine, tu vois pas les choses de la même manière. Perso, j'me promenais sur Hollywood Boulevard comme j'me promène dans un centre commercial. ». Au milieu des gueux. Mais si tu veux comparer, en vrai, faut visiter. « Par contre, j'peux te dire que le bled où j'étais pendant la semaine d'isolement, il m'a complètement dépaysé. Ca a été ma descente aux enfers. ». Les hôtels en pleine province, plus jamais. J'ai détesté. Pendant que je m'assoupis, il me parle des raisons de sa participation. Ils sont tous là pour défendre une cause ou quoi ? Il me dit qu'il sait qu'il est beau. « Calmos, le plus beau mec de la maison, c'est moi. ». J'dis ça en me marrant, évidemment. C'est du second degré... mais au fond, c'est la réalité : je suis le plus beau mec de la maison. Mais encore une fois, c'est vrai qu'il est bien foutu. On rebascule ensuite sur les raisons de sa participation. « Surtout, j'comprends pas comment on peut autant mal prendre un buzz pareil. Pour moi, si t'as confiance en toi, t'as pas à faire du cinéma comme ça. ». J'parle de Sarah. Après, avec ses poils aux pattes, elle a de quoi ne pas avoir confiance en elle. Mais voilà. Puis effectivement, on peut avoir changé de sexe et avoir un physique plus qu'acceptable. Mais ça, j'vais pas lui dire, j'ai pas envie qu'il prenne le melon. Puis bon, c'est aux autres de me complimenter. Une bonne princesse se fait complimenter mais ne complimente jamais. C'est comme ça. J'remarque - d'ailleurs - qu'il fait l'ignorant. J'fais l'ignorant aussi. Un long silence se fait alors, jusqu'à ce que je brise la glace : « J'ai très envie d'un massage... ». Je suis un peu tendu.

Bon bah le massage, ce sera pour plus tard. On est appelés au salon, let's go.

Il semble lui aussi mis très mal à l'aise suite à ma réaction, nous nous regardons en chien de faïence tandis qu'un ange passe. Il tente de combler le malaise en me demandant à quel âge j'ai été opéré. Je réponds en amassant le plus de contenance possible « J'ai fait ça à 20 ans, quand je suis arrivé en France. C'est pour ça que j'ai quitté le Liban ». Je marque une seconde de pause et lui souris, pour tenter de le mettre de nouveau à l'aise. Il me parle ensuite de sa vie aux US et du fait que la routine à en quelques sortes fait perdre son éclat au rêve américain qui ne ressemblait plus qu'à un rêve lambda. J'hoche de la tête pour expliquer que je comprends. Esteban continue en me parlant de la semaine d'isolement. J'éclate de rire. « C'était la pire semaine de ma vie ! je confesse à mon tour. Le plus dur pour moi c'était de ne pas avoir mon téléphone portable et d'être vraiment coupé de tout. Quelle horreur ! ». Il continue en se vanter qu'il est le plus beau garçon de la maison, et il est difficile de réfuter ça. Il est très beau et il le sait. Il continue en qualifiant la réaction de Sarah d'une réaction qui traduit un manque de confiance en soit. J'hoche de la tête à nouveau. « J'avoue qu'en apprenant ça, j'ai été très déçu. Je ne pensais pas être confronté à la transphobie dès les premiers jours, encore moins sachant que je n'étais pas directement concerné ... ». Finalement, il me propose un massage mais nous sommes interrompus par la voix qui nous appelle au salon, je lui lance un clin d'oeil et ajoute « Ce n'est que partie remise ! ». Nous quittons le jacuzzi, je me sèche en vitesse, puis regagne l'intérieur de la maison.