Allemagne - Au plus bas • Shiva ft. Hayden

Hayden referme la porte de son hôtel, en pleure. Il s'écroule le long de la porte et c'est un torrent de larmes qui s'abattent sur son visage. Les émotions lacèrent ses joues, ses bras tremblent, son corps tout entier convulse. Il perd complètement le contrôle de sa personne. Après The island, Hayden avait réussi à se remettre sur pieds. Lui qui avait passé quelques mois à la rue avait finalement fait la rencontre opportune de Shiva qui l'avait aidé à se relever et reprendre du poil de la bête. Cette phase de sa vie, macabre, était sensé être derrière lui. Mais un flot de mauvaises nouvelles venaient, une fois encore, de l'accabler. Hayden venait toujours de revenir à Londres lorsqu'il avait appris le décès d'Olaf. Les deux hommes n'avaient pris de nouvelles l'un de l'autre depuis leur ultime rencontre, en Allemagne, lorsque Hayden avait décidé de prendre la fuite lâchement et avait gardé pour lui les tourmentes qu'il subissait nuit et jour depuis que son bébé était né, qu'il avait perdu son entreprise et qu'il s'était retrouvé à la rue. Depuis lors, Hayden s'était fait minuscule. Si petit qu'il n'avait même pas envisagé de recontacter qui que ce soit. Et maintenant qu'Olaf avait rejoint un monde sûrement meilleur, voilà qu'Hayden réalisait à quel point il avait fait une erreur en coupant définitivement les ponts. Allongé sur le sol, il lui faut presqu'une heure pour parvenir à calmer les secousses qui le ravagent et pour finalement y voir plus clair.

***

Je me relève et m'agrippe au mur pour tenter de tenir debout. Face à moi, le mini-bar me fait de l'oeil comme s'il m'invitait à le vider à coup de culs-secs. Je n'ai pas bu depuis que Shiva m'a sauvé, il me l'a interdit et sans lui je sais que je n'en serais sûrement pas là aujourd'hui. Je m'approche dangereusement des bouteilles d'alcool, puis, alors que j'en suis tout prêt, je fais un demi-tour sur moi même, comme pour tourner le dos à mes démons. Je récupère mon téléphone et, fébrile, je compose le numéro de Shiva. Lorsqu'il répond, je ne lui laisse pas le temps « Shiva, j'ai besoin de toi... J'ai besoin que tu m'empêches de replonger, je ne veux pas faire de connerie... mes larmes repartent de plus belle sans que je ne puisse avoir le moindre contrôle sur elles. J'ai besoin que tu me rejoignes en Allemagne, je viens de sortir du commissariat ... ». Suite au suicide d'Olaf, une lettre avait été découverte. Une lettre qui m'était adressée. La police allemande m'avait contacté pour me poser quelques questions, cependant, je n'avais pas encore eu accès à la lettre, elle était toujours étudiée par les policiers. Ils m'avaient posé des tas de questions, si bien que j'ai eu l'impression d'être accusé, je l'espère à tord, d'avoir un rôle dans le suicide d'Olaf.

J'attendais mon avion à l'aéroport de Nice. Je venais de passer une semaine pleine de rencontres sur les marches du Festival de Cannes où à mon arrivée j'ai bien entendu été acclamé par la foule en délire. Qu'on se le dise, ce soit disant "plus grand festival de cinéma au monde" accueille bon nombre de personnes qui n'ont rien à voir avec ce milieu : influenceurs, politiciens, mannequins, et ce de toutes nationalités confondues. C'est donc naturellement que j'ai pris place dans un fauteuil à mon nom dans le Grand Théâtre pour assister à plusieurs films dont celui de Xavier Dolan, Tarantino, Cassel, et j'en passe. On notera toutefois le sourire faux de Madame Efira à l'encontre de son public : j'adore cette femme, elle a tout compris. Et le film de Kechiche qui fait scandale... je vais tâcher de garder mon avis à ce sujet.
Mais alors que j'enregistrais mes bagages voilà que je reçois un coup de téléphone de Hayden. J'osais espérer que ce n'était qu'une simple plaisanterie. J'avais fais l'effort de me déplacer jusque sur une île déserte pour lui il y a plus de trois mois maintenant et jamais il n'avait prit le temps de me contacter. Jamais.
Le fil sur lequel nous avions avancé ensemble il y a deux ans dans Secret Story l'avait laissé choir dans les méandres les plus profonds du néant, là où depuis tout ce temps j'avais tenu bon et continué à avancer. J'avais bien tenté il y a un an de l'aider à remonter, l'aider à se hisser à nouveau à mes côtés sur ce tissage fragile et délicat. Mais arrivé à une intersection nos chemins s'étaient à nouveau séparés.
Mais jamais depuis tout ce temps je n'avais cessé de penser à lui, chaque jour. J'avais Vânia, évidemment, même si en ce moment on se voit moins, surtout depuis The Island. Mais...
Je soupire, et répond au téléphone. Je n'ai pas le temps d'en placer une qu'il me lâche avec désespoir qu'il a besoin de moi pour l'empêcher de sombrer à nouveau. Je m'assied sur un fauteuil dans le hall et prend une profonde inspiration. Bonjour Hayden. Il a du voir les dernières nouvelles concernant Olaf et n'arrive sûrement pas à s'en remettre. Je l'ai toujours trouvé un peu drama queen cet anglais, il ne fait là que confirmer ce trait de caractère que j'avais deviné chez lui.
En Allemagne ? Il se fout de moi ? Je le retrouve en piteux état à Londres, je le remet sur pied et le fait se revoir avec son père, puis plus de nouvelles. Je vais jusqu'à cette île perdue, certes magnifiques mais quand même, pour lui avouer ce que je ressens, et pas plus de nouvelles. Et là il se paye le culot de me demander de le rejoindre en Allemagne. Je reste un moment sans répondre, en suspension dans ce silence qui pèse. Je l'entend pleurer à l'autre bout. J'entend sa tristesse. Je me racle la gorge et passe une main dans mes cheveux, ne prêtant pas attention aux passants qui me prennent en photo "discrètement" bien sûr.
Ecoute Hayden, je ne suis pas sûr de vouloir venir en Allemagne. Je ne vois pas pourquoi je le ferais d'ailleurs. Je n'ai pas hésité une seule seconde à lui envoyer ça. J'ai mon égo et je trouve normal de ne pas accourir à son secours juste quand ça lui chante. J'ai besoin de plus.

La réponse de Shiva se fait attendre, chaque seconde se casse dans un sanglot, et les sanglots s'accumulent. Lorsqu'il articule finalement quelques mots, ma gorge se noue, mon coeur se sert et je soupire longuement. Bien sûr qu'il ne viendra pas. Je l'ai sûrement trop déçu, j'ai revu les images de The Island, j'ai vu qu'il avait confessé venir pour moi et que Farah n'avait jamais fait passer le message qu'il voulait m'envoyer. Et je m'en veux de ne pas l'avoir contacté, je m'en veux de toujours faire appel à lui uniquement quand j'en ai le plus besoin. « Je n'ai pas de bonnes réponses à te donner, je souffle entre deux larmes, je n'ai pas d'excuses non plus pour t'avoir laissé sans réponse si longtemps ... ». Mes mots sonnent comme des aveux, ils le sont. Je sais qu'il faut que je sois sincère si je veux que Shiva me rejoigne. Je sais que ce ne sera pas facile, mais j'ai besoin qu'il le fasse. « Je ne pourrais jamais réécrire le passé, et c'est exactement pour cette raison que j'ai besoin de toi maintenant ... Parce que le passé m'a déjà fait trop de mal et que je ne veux plus faire d'erreurs ... Et que ... ma voix se brise alors, je suis incapable de terminer ce que j'ai à lui dire. Je soupire à nouveau, prends une profonde inspiration, puis ajoute d'une traite : Et que je sais que tu es la seule personne qui me connait suffisamment bien pour me sortir de là. Tu es la seule personne que j'aime encore ». Derrière moi le mini-bar me fait de l'oeil. Lui aussi aimerait que je l'aime. Lui et Shiva sont les seules personnes au monde qui sont capables de me soulager, les seules personnes encore de ce monde.

Il n'a pas de réponses ni d'excuses. C'est ce qu'il me semblait aussi. S'il m'avait dit le contraire je n'aurais pas pris le temps de parler davantage avec lui. Mais mon avion n'est pas encore prêt à partir donc on va faire passer le temps en écoutant de quelle façon il va essayer de me faire changer d'avis. On fait toujours des erreurs, il suffit de les assumer et de prendre conscience de ce qu'on attend de la vie et de voir si nos choix vont dans ce sens, ou pas. En l'occurence Hayden n'a pas l'air près à faire des choix. Il attend qu'on les fasse pour lui. C'est pour ça que depuis février je n'ai pas eu de ses nouvelles, et qu'Olaf n'en n'a pas eu depuis très longtemps. Il m'avait avoué déjà en mars de l'année dernière qu'il n'avait plus de contact avec l'allemand. Et aujourd'hui le voilà plein de remords suite à la mort de celui-ci. Tu aurais fait quoi si c'était moi qu'on avait retrouvé mort ? Tu aurais téléphoné à Olaf ? J'imagine qu'il n'aurait attendu que ça, que tu l'appelles. C'est bizarre j'aurais jamais pensé ça un jour mais finalement on avait tous les deux un point en commun.... On attendait Hayden.
Un long silence avant qu'il ne m'avoue que je suis la seule personne qui compte pour lui et qu'il aime encore. La seule personne vivante oui... C'est bien Hayden, je suis content de le savoir. Mais un père ne devrait pas dire ça. Il a une fille, ça voudrait dire que ses relations avec sa prostituée et son bambin ne se seraient pas améliorées depuis tout ce temps ? C'est sa vie. J'ai assez à faire de la mienne.
Je regarde l'écran du hall d'accueil. Je soupire et grogne. Tu sais quoi Hayden ? Tu me fais chier ! Tu me fais vraiment chier ! Je raccroche.
Je prend ma valise et enfile mes lunettes de soleil. Je me dirige vers une charmante dame derrière sa petite vitre pour échanger mon billet. Je fais une grosse erreur. Et en même temps je dois avouer ne pas pouvoir me résoudre à oublier cet homme. J'envoie un SMS à l'anglais dans la demi-heure qui suit.
"Je serai à Berlin ce soir. Fais moi venir un taxi et donne lui l'adresse de où tu te trouves."

***

Me voilà arriver en Allemagne. Le taxi commandé par Hayden m'attendais à ma sortie de l'avion et se dirigeait vers son coffre pour y ranger ma valise. Je monte à l'arrière et nous prenons la route pour rejoindre l'Anglais perdu.
Un Italien abandonne sa copine Brésilienne et part rejoindre un Anglais après la mort d'un Allemand. Voilà à quoi ressemble ce nouveau chapitre de ma vie qui, je le sens d'ici, sera un tournant décisif majeure dans mon existence sur cette Terre.

Qu'aurais-je fait si c'était le bel italien qui avait mis fin à ses jours ? Aurai-je appelé Olaf ? Je n'en sais rien, et le simple fait d'imaginer Shiva quitter ce monde me donne le tournis. Je reste silencieux, incapable d'articuler la moindre réponse, cherchant moi même à découvrir ce que j'aurais fait si la situation avait été celle qu'il vient de décrire. Je crois que je n'aurais pas appelé Olaf, je pense que je n'aurais appelé personne. Je pense qu'une rage auto-destructrice aurait pris possession de mon corps et m'aurait consumé jusqu'à la dernière miette. Car il n'y a que Shiva qui arrive, tel un phoenix, à me faire renaître de mes cendres. Il l'a fait une fois, et depuis, je ne peux qu'être reconnaissant envers lui. Finalement, dans un torrent d'insultes il raccroche et alors je sais qu'il me rejoint. Un sourire timide se peint sur mon visage alors que je garde le téléphone scotchait à mon oreille pendant plusieurs minutes. Je continue de pleurer, mais une once de joie vient se mêler au chaos qui s'est inhibé dans mon être. Je soupire finalement et laisse tomber le téléphone au sol, je regarde le mini-bar avec dédain, pensant au fond de moi que j'ai résisté pour cette fois. Puis mon téléphone vibre et Shiva me confirme sa présence ce soir. Ce sera une longue journée d'attente, mais il sera finalement là, avec moi. Il me faut une heure pour calmer mes esprits, je m'enfonce sous la douche et me rince à la fois de mes larmes et mes pêchés. J'enfile un costume, un des plus beaux que j'ai emmené avec moi en Allemagne. Puis descend à la réception les yeux rouges et cernés. Je demande à la réceptionniste de réserver un taxi de l'aéroport jusqu'à l'hôtel pour ce soir vingt-et-une heures. Je fais la réservation au nom de Shiva, puis j'en profite pour changer de chambre. Ce soir Shiva sera avec moi, j'ai besoin de réconfort, et je ne veux rien m'interdire. Je demande une suite avec un balcon qui donne sur la ville. Alors, seulement une fois que la réceptionniste me donne les clés, je sens un nouveau souffle derrière moi prêt à me sortir du trou dans lequel je suis pourtant prêt à m'engouffrer tête la première. Et alors que je suis toujours un suspect sur la liste de la police et que la lettre qu'à écrite Olaf continue de planer au dessus de ma tête, je me sens presque léger. Je rejoins la suite que je viens de réserver et m'y installe. Elle est spacieuse et moderne, avec des angles secs et des meubles composés d'une armature en bois et de verre trempé. Le lit double qui prône au milieu de la pièce est bercé par une dizaine d'oreillers de toutes tailles. La baignoire est immense dans la salle de bain, nous avons deux grands peignoirs blancs fièrement pendus contre le mur qui donne sur le reste de la chambre. Aux alentours de vingt-et-une heure trente, lorsque Shiva est presque là, je nous sers deux verres de whisky. Je n'ai pas touché une seule goutte d'alcool depuis plus d'un an, mais ce soir, je ne bois pas pour oublier, mais pour fêter nos retrouvailles, malgré les circonstances macabres dans lesquelles elles se déroulent. Je jette un regard à mon reflet dans le miroir, ajuste ma cravate et contemple mes yeux nervurés et mes cernes creusées. Seuls mon regard trahit les larmes qui ont coulé sur mes joues. Finalement, une fois que la suite est prête, je me rends au rez-de-chaussée pour accueillir le bel italien. J'attends dans le hall quelques minutes, mais il apparaît rapidement. Lorsque je le vois, j'ai l'impression que mon coeur s'arrête de battre et un sourire s'esquisse sur mes lèvres. Je m'approche de lui sans plus attendre et le prend dans mes bras, mon étreinte est longue et se veut chaleureuse. Doucement, je souffle que je le remercie de m'avoir rejoint, que je le remercie infiniment. J'appelle un des réceptionnistes et lui demande de s'occuper des valises de Shiva. Je prends ensuite la main du bel italien et nous prenons l'ascenseur en verre de l'hôtel. Lorsque nous commençons notre ascension vers le vingt-cinquième étage, je me tourne vers lui pour le regarder dans les yeux, je passe ma main sur son visage et caresse sa joue avec tendresse. « Merci, encore une fois. je souffle doucement, Ca me fait tellement de bien que tu sois là ». Nous sommes presque arrivés dans notre chambre, j'ai hâte qu'il la découvre.

Le trajet en taxi est long. Assez pour que des dizaines, voire des centaines de questions me passent par la tête. Et trop court pour que je trouve l'envie de prévenir Vânia que je ne serai sûrement pas à Honolulu, comme prévu, dans deux semaines pour nos retrouvailles. Je suis quasiment certain que nos retrouvailles avec Hayden n'auront pour ainsi dire jamais de fin, tandis que celles avec Vânia n'auront sûrement jamais lieu. Je me mord la main pour me ressaisir. "Arrête de penser Shiva, tu es venu pour aider Hayden, pas plus... non arrête de te mentir à toi-même ce moment tu l'attends depuis cette fameuse nuit à Londre... oui mais j'ai tenu bon à Londres, c'était limite, mais j'ai tenu bon ! Je peux encore résister et privilégier la raison..."
Mais je suis Shiva. Je le suis et le resterai, dans toutes circonstances. Et ici, les journalistes ne m'ont pas suivi, j'ai changé de vol au dernier moment. Personne ne me connaît dans ce pays. Je suis donc tranquille pour la durée de ce petit séjour et si toutefois quelque chose venait à se passer... personne n'en saurait rien. Personne. N'est-ce pas ?

Le taxi me dépose devant les portes de l'Hôtel. Il n'a pas fais dans la demi-mesure l'anglais. Je n'en attendais pas moins. Il ne fait pas très chaud ce soir, la nuit tombe et le vent commence à se lever. On vient m'ouvrir la porte et récupérer ma valise. De l'autre côté de ses portes se trouve Hayden. Celui pour qui se "retenir" consiste en un réel et véritable défi de tous les instants. Sachant exactement quoi dire ou faire pour que tu succombes.

Je suis le bagagiste, et me voilà dans le hall. (TENUE) Hayden vient me prendre dans ses bras et me susurre à l'oreille des mots doux. "Merci merci merci... merci d'être venu..."
Je respire son odeur, déposant un baiser dans son cou, ma main dans ses cheveux et l'autre dans son dos. On se défait l'un de l'autre et je le regarde un instant, avant qu'il ne prenne ma main pour nous emmener vers l'ascenseur.

Je ne dis rien dans l'ascenseur, me contentant de me regarder dans le miroir face à nous, alors que nos mains sont encore serrées l'une à l'autre. Ça me fait du bien aussi Hayden. Je ferme les yeux au moment où les portes s'ouvrent. Toujours dans ce même silence je m'avance, me détachant de son emprise, vers la suite qu'il a réservé. Je regarde un peu, en faisant quelques pas dans le hall. Je vois qu'il n'y a qu'une chambre. Bien...

Je me tourne vers lui, après avoir lancé un coup d'oeil au mini bar où se trouvent deux verres de Whisky.  
Tu n'as pas peur de replonger ?

Je retire ma veste que je pose sur le porte manteau à l'entrée puis m'assied sur un tabouret du bar. Il ne se fait pas prier pour me rejoindre et .. je pose une main sur sa jambe, caressant son genou de mon pouce. Je n'ai pas envie de parler d'Olaf mais ça me semble inévitable.
Tu lui as reparlé depuis ? Je connais déjà la réponse qu'il va me donner en retour.

On trinque.

Je bois une gorgée du Whisky.

Je le regarde. Alors je bois une gorgée de son âme.

Mes sens s'excitent.

Reste calme Shiva. Ecoute déjà ce qu'il a à dire.

Ecoute.. juste ... écoute...

Alors que l'ascenseur ouvre ses portes, j'en profite pour dévorer Shiva du regard une ultime fois. J'avais oublié à quel point il était beau et à quel point il me plaisait. Je le laisse passer premier, lui tendant les clés de la suite, tandis qu'il s'aventure à l'intérieur. Je guette sa réaction lorsqu'il découvre qu'il n'y a qu'un seul lit. Il ne semble pas vraiment surpris, je crois même déceler une once de satisfaction sur son visage. En revanche, lorsqu'il remarque les verres de whisky, il semble plus inquiet. Très vite il me demande si je n'ai pas peur de replonger. Je me saisis du verre et regarde la mixture quelques secondes, la faisant rouler contre les parois du contenant. « Il y a des choses qui me semblent bien plus addictives que l'alcool ... Ca ne me fait pas peur, ça » je dis en même temps que je m'assois à côté de lui et que le bel italien vient déposer sa main sur ma cuisse pour mieux me caresser. Finalement, alors que nous nous fixons d'un regard intense et qui en dit long sur nos intensions, il me demande si j'ai eu la chance de reparler à Olaf avant d'apprendre son suicide. « Malheureusement, non. je dis sans vraiment d'émotions, comme si j'avais épuisé toutes les larmes que je possédais. Je n'en avais pas eu envie non plus, pour être tout à fait honnête ... Et ... ma voix commence légèrement à trembler, Même si son décès m'aurait blessé peu importe les circonstances, le fait qu'il n'ai laissé qu'une seule lettre et qu'il me l'ai destiné me fait l'effet d'une bombe... Même si je ne sais pas encore ce qu'elle contient ». Je viens déposer ma main sur la sienne et enlace mes doigts contre les siens. Je sens nos énergies se mêler l'une à l'autre et nos coeurs se synchronisent. Je laisse couler quelques secondes de silence, puis je reprends la parole : « Et pour te répondre non, je n'aurais pas appelé Olaf si c'était ton corps qu'on avait retrouvé. Si ça avait été le cas, je n'aurais eu personne vers qui me tourner ». Je ressers un peu plus l'étreinte de ma paume contre ses doigts. Nous trinquons, je bois ma première gorgée de whisky et les sensations en moi s'éveillent d'un seul coup, mon estomac semble s'éclairer et la chaleur irradie mes veines. Un léger sourire se dessine alors au creux de mes lèvres. Finalement, je regarde Shiva dans les yeux, et avoue : « Même si je t'ai fait venir à cause de la mort d'Olaf, je n'ai pas envie de parler de son décès toute la soirée ... Je veux surtout penser à autre chose, j'y ai déjà trop réfléchi ... je crois que Shiva est suffisamment intelligent et sait déjà que je veux mener la conversation sur un sujet bien précis. J'ai une question qui continue de me trotter en tête depuis tout ce temps, tu es vraiment revenu sur The island pour moi ? ». Je le fixe avec des yeux curieux et plein d'espoir. Mon regard est rivé sur ses lèvres, ou plutôt perdu sur elles, je me noie dans les reflets rosés et légèrement humides de sa bouche.

Des choses bien plus addictives. Je souris en coin, en référence à cette soirée londonienne il y a un an. Il n'en n'avait pas envie, pas envie de reprendre contact avec Olaf. Pourquoi ça ? Eux deux qui se sont protégés l'un et l'autre tout au long des deux mois de jeu auquel on a participé. Eux deux qui ont squatté pendant je ne sais combien de temps la love-room. L'allemand qui n'a pas hésité à me tabasser après avoir procurer du plaisir à Eden en plein milieu du jardin... Et l'anglais m'avoue ne pas avoir envie de le revoir. Peut-être que tu aurais mieux faire de lui dire, une bonne fois pour toute... tu ne crois pas ? Je bois une gorgée de Whisky. C'est certain que ce n'est pas en lui disant ça que ça lui changera les idées, non. Pour ça je pense à autre chose mais ça viendra plus tard évidemment. Avant on doit discuter. Tu te sens coupable de sa mort ? C'est légitime. Et c'est sûrement le cas. Je ne suis surement pas tout blanc dans l'histoire, j'imagine que l'allemand a du s'imaginer qu'on avait fini ensemble tous les deux. Si seulement il avait pu un jour dans sa vie apprendre à utiliser internet et aller voir sur Instagram les nombreux photos qu'on partage de nous avec Vânia. Mais contrairement à l'anglais je n'avais pas de remords. Je ne devais rien à Olaf, je ne lui avais rien promis. Mais si Hayden avait été plus clair avec lui dés le début...
Je garde bien entendu tout ça pour moi, parce que d'ici deux jours j'aurai oublié totalement l'existence de Grincheux.
Et cette lettre... tu l'auras quand ? Il m'a dit ce matin qu'il sortait du commissariat, j'imagine donc que ce sont les policiers qui lui ont dit qu'ils avaient trouvé une lettre qui lui était destiné.
Il enlace ses doigts entre les miens. L'alchimie n'a pas disparue, même après tout ce temps. Il y a des liens qui ne se dissipent jamais.
Je plonge mon regard dans le sien. Cette intensité, cette fougue. Je sens la chaleur de son corps envahir le mien. Je souris quand il me dit qu'il n'aurait pas téléphoné à Olaf si c'était moi qu'on avait retrouvé mort. Je respire, calmement, essayant de refouler mes pulsions. C'est trop tôt...
Il caresse ma main et la sert de plus en plus. Arrête mon chou je suis en train de bander. Je me ressers un verre, lui demande s'il en veut un autre. Ce n'est peut-être pas prudent qu'il se remette à boire au vu de son passif. Mais est-ce qu'on a choisi d'être raisonnable ce soir ?
Il m'avoue ne pas avoir envie de parler de l'allemand toute la soirée. Certes, je suis venu pour ça. Enfin c'était l'une des raisons qui m'avait poussé à ne pas retourner à Florence, à laisser tomber mon soleil italien pour le froid du nord-est allemand. Tu veux penser à autre chose... Je fais mine de ne pas comprendre pour changer de sujet. Faisons durer ce jeu de séduction plus longtemps. Ça n'en sera que meilleur. Déjà c'est bien si tu n'envisages plus de te saouler. Je me relève du tabouret pour aller m'asseoir sur l'un des fauteuils du salon, après être passé devant le tourne disque. Je choisis un vinyle dans la petite étagère. Je choisi du Bruce Springsteen parce que sa voix est juste dingue. (MUSIQUE)
Je regarde l'anglais encore au bar alors qu'il me demande si je suis allé à The Island pour lui. Maintenant qu'on est dans l'ambiance USA, poursuivons.Un proverbe américain dit : "Le lâche meurt chaque jour, le brave ne meurt qu'une fois." Je le regarde alors avec ce petit air supérieur qu'il m'a été donné d'avoir. Merci Mère Nature. Ça faisait un an qu'on s'était croisé à Londres. Et je n'avais plus de tes nouvelles. J'ai retrouvé ma vie avec Vânia et ça m'a plu. Mais je n'ai pas arrêté de penser à toi. Je ne savais pas si c'était réciproque. Je n'en n'étais pas sûr. Je devais donc être comme Olaf, dans l'attente d'un signe de la part de l'anglais. Mais rien. Alors j'ai voulu en avoir le coeur net. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis venu. Je pose mon verre sur la table basse après avoir fait tourner le liquide en rond. Je redirige mes yeux vers l'anglais, toujours au bar. Et j'ai eu ma réponse. Un silence vaut 1000 mots. Je reste impassible, et j'arrive même presque à être détendu. Donc oui... j'étais venu pour toi. Comme ce soir. C'est vrai. Au fond de moi, je n'attendais que ça. Qu'il me contacte. Je n'oublie pas le début de sa phrase. J'ai une question qui continue de me trotter dans la tête depuis tout ce temps... Je souris et répète : "Le lâche meurt chaque jour, le brave ne meurt qu'une fois." Lâche dans ses sentiments, dans ses choix, dans sa vie. Hayden ... il va falloir se ressaisir et prendre les choses en main.

Shiva continue de me poser des questions sur Olaf, ce que je comprends, après tout il a fait le déplacement jusqu'en Allemagne pour parler de lui. Lorsqu'il me demande pourquoi je n'avais pas eu envie de reprendre contact avec l'ours allemand, je réfléchis quelques secondes avant d'articuler ma réponse, le temps qu'il faut à Shiva pour embrayer et me dire que j'aurais dû être franc avant qu'il ne soit trop tard. Le coup est soudain, mais mérité. Je finis alors par ouvrir la bouche, un peu timide, puis je dis tout bas « Olaf a toujours été là quand j'allais bien. Il m'a vraiment apporté beaucoup de choses, quoi qu'on en pense. Mais lorsque ma vie s'est effondrée, je me suis coupé de tout et tout le monde, lui compris. je marque une seconde pause avant de reprendre, Je suis comme ça lorsque je vais mal, je mets un terme à mes relations et me renferme sur moi même. Lorsque tu es réapparu il y a un an, tu as réussi à me faire changer cette facette de moi. Ou du moins, tu as réussi à la faire évoluer, mais seulement quand il s'agit de toi. Même après ces quelques jours qu'on a passé ensemble à Londres, je ne me sentais pas capable de recontacter mes anciens amis ... C'est sûrement bête ... et lâche; mais je n'ai pas réussi à faire autrement ». Ces confessions me font du bien, mais une larme perle doucement sur ma joue alors que je l'essuie d'un revers de la manche et bois une gorgée de whisky. Je regarde Shiva et lui souris, un sourire triste. Finalement, il me demande si je me sens coupable de la mort de l'allemand. J'arque un sourcil et rive mon regard sur l'alcool qui danse dangereusement dans mon verre. « Je devrais, tu penses ? je demande alors que les reflets marrons de l'alcool se font séducteurs, Je pense qu'au fond je me jette la pierre, oui. Mais j'ai surtout peur de ce que cette lettre me réserve. La police m'a dit que je l'aurais sûrement d'ici quelques jours ... Tu voudras bien rester avec moi jusque là ? ». Je pose ma question comme une requette qui se veut nécessaire pour ma propre survie, et je pense qu'elle l'est. Je pense que j'ai besoin de Shiva pour faire face à tout ce que ce morceau de papier peut contenir. Ma main est toujours posée sur la sienne et nos fluides continuent de passer de l'un à l'autre. J'ai envie de le toucher, mes mains vibrent à l'idée de parcourir son corps, j'ai besoin de le redécouvrir, j'ai besoin de sentir son odeur, sa peau contre la mienne. C'est une pulsion que je ne peux presque pas contrôler, mais je tente de me retenir. Et visiblement, Shiva fait de même de son côté, il se relève du tabouret adjacent au mini-bar pour aller s'asseoir sur un des fauteuils dans la pièce. Je le regarde s'éloigner, voyant clair dans son jeu: lui aussi chercher à ne pas craquer, lui aussi ressens l'attraction qui nous rapproche. Finalement, je me lève à mon tour et termine mon verre de whisky. Il me dit alors que ne pas enchainer les rasades d'alcool est déjà une bonne chose, j'ouvre un des tiroirs duquel je sors un paquet de cigarettes, et m'avance sur le balcon. « On remplace une addiction par une autre » je dis en sortant une Malboro du paquet que je porte immédiatement à mes lèvres. J'ai toujours fumé, je fumais déjà dans Secret Story, mais à l'époque il en relevait plus du passe-temps que de la dépendance. Aujourd'hui je pense être accro au tabac, ce qui est réellement mauvais pour moi mais qui aura la chance de me tuer à plus petit feu que l'alcool, ou à défaut, ne m'empêchera pas d'accomplir ma nouvelle vie professionnelle. J'allume la cigarette d'un geste vif, puis tire la première late de fumée. Je tends ensuite le paquet à Shiva et me contente d'un léger hm? pour toute proposition de me rejoindre à l'extérieur. Le bel italien lance aussi de la musique, et un petit sourire se dessine sur mon visage entre deux inspirations sur ma cigarette. Après que je lui ai demandé s'il était revenu dans The island pour moi, il semble hésiter quelques secondes puis finalement articule une réponse qui débute par un proverbe. Il m'explique qu'il est retourné vivre avec Vânia, j'ai presque envie de lui demander comment elle va, mais je préfère ne pas me concentrer sur elle, conscient que cette nuit d'intimité entre Shiva et moi ne doit abriter que nous deux. Vânia était un bon supplément dans la maison des secrets, mais elle ne m'apporterait plus rien maintenant que je suis à l'extérieur. Une seule personne me suffit, et elle se trouve en face de moi. Il continue en disant qu'il n'a pas arrêté de penser à moi depuis notre interlude à Londres il y a un an. Lorsqu'il m'avoue avoir redouté le manque de réciprocité face à mes sentiments, je souffle la fumée contenue dans mes poumons et me contente de le regarder avec un léger sourire et une expression de satisfaction. Puis il termine en me disant qu'il était venu pour moi, comme il est venu pour moi ce soir. Je reste muet quelques secondes, il répète ensuite le dicton une dernière fois. Je suis conscient qu'il teinte cette déclaration par cette critique ouverte qu'il formule à mon égard, mais je ne garde que l'essentiel de son message, l'essence même de ses mots: il est venu pour moi et a été prêt à le faire de nouveau malgré le manque d'intérêt que je lui ai porté sur l'île. Finalement, après un long silence à le regarder dans les yeux, nos seules émotions pour toute communication, je dis à mon tour: « J'avais envie de pouvoir prendre une douche, avant de t'offrir mon corps une nouvelle fois, je dis avec un sourire narquois pour justifier mon manque de discussion sur The island, aussi paradoxal que cela puisse paraître, je veux que tu vois que le meilleur de moi, sur le plan physique tout du moins ». Il m'a vu dans les abysses de ma vie, les méandres de mon existence, mais je ne voulais pas que ça arrive quand j'avais le contrôle sur mon existence. Finalement je reprends: « C'était réciproque. Ca l'a toujours été. je me tourne alors dos à lui, fumant les derniers grammes de tabac de ma cigarette et regardant la ville en contre-bas, Berlin est illuminé, le traffic calme, l'air frais. Ca a toujours été réciproque parce que je crois que depuis Secret Story je n'ai pas vraiment arrêté de t'aimer ». Je jette mon mégot de cigarette dans le vide, il chute dans une spirale infernale jusqu'à s'écraser sur le sol, vingt-cinq étages plus bas. Je garde les yeux rivés sur la capitale allemande, incapable de soutenir le regard de Shiva, répétant à vois basse je n'ai pas vraiment arrêté de t'aimer ...

J'aime qu'on me dise à quel point je suis important, à quel point j'ai de l'impact sur la vie de ces pauvres humains, que j'ai un rôle significatif à jouer. Ça ne fait que renforcer ma place de Dieu sur cette Terre.
C'est son explication sur le pourquoi il n'a pas reprit contact avec ses anciens amis. Ça reste cohérent vu le personnage qui se trouve en face de moi. Mais c'est bien, il arrive à mettre des mots sur ses ressentis et sur son comportement. On avance vers un équilibre meilleur et plus sain.
Il me demande alors si je voulais bien rester avec lui jusqu'à ce qu'on lui remette la lettre. Je soupire et bois une gorgée de Whisky. Je le regarde, me contentant d'hocher légèrement la tête de haut en bas en me mordant la lèvre inférieure. Je ne suis pas certain qu'au fond de moi je ressente l'envie de repartir, pas tout de suite, pas maintenant. On vient de se retrouver et on sait tous les deux comment ça va se terminer.

Il sort une cigarette et m'en propose une. Je refuse d'un geste de la main. Toujours assis dans le fauteuil je me perds dans les paroles de Bruce tout en regardant avec insistance chacune des parties du corps de l'anglais. Plus aucun bruit si ce n'est la musique. Un moment suspendu. Jusqu'à ce qu'il me dise avoir voulu prendre une douche avant de m'offrir son corps. Reste calme Shiva, tu es trop excité et il n'est même pas minuit... Je souffle, comme pour m'apaiser, mais rien n'y fait. Il finit par se tourner dos à moi et logiquement je reluque son derrière, toujours aussi ferme, et bien moulé dans son pantalon.

Je passe ma main sur mon entrejambe alors qu'il avoue n'avoir jamais cessé de m'aimer. Il reste là, immobile face à la ville qui s'étend sous nos yeux. Je continue à me caresser doucement, je n'ai plus rien à ajouter à la conversation, plus rien à dire pour combler, on se retrouve là, lui comme moi, face à notre destinée que rien ni personne ne pourra changer. Ni Olaf, ni Vânia. Pas ce soir. C'est ainsi.

Je me lève de mon fauteuil, calmement, n'essayant plus de lutter. Je m'étais juré de ne pas faire le premier pas. D'attendre qu'il agisse. De me retenir de toutes mes forces. Mais c'est littéralement impossible.

Je m'approche de lui, alors qu'il me tourne encore le dos. Je viens pincer sa fesse de ma main tout en collant mon corps entier au sien, passant mon autre bras sur son torse, déposant des baisers brûlants dans son cou. À chacun des contacts la passion se ravive et se montre de plus en plus folle.

On était resté aux préliminaires lors de notre rencontre à Londres. J'avais stoppé tout après un appel de Vânia mais force est de constaté que ce soir, on allait bel et bien reprendre là où on en était resté. Téléphone en mode avion depuis mon entrée dans le hall de l'hôtel, pas d'interférence ce soir. Juste lui et moi. Juste lui en moi. Ne faisant qu'un.

Je t'aime Hayden.

Le reste de ma cigarette se trouve désormais quelques dizaines de mètres en contrebas. Mon regard flâne d'un bâtiment à un autre, fuyant l'aveux que je viens de faire à Shiva en avouant mes sentiments pour lui à défaut de tout ce que je lui ai laissé croire. Mon coeur bat vite et ma gorge est serrée, je ne l'entends pas s'approcher de moi et lorsqu'il me pince délicatement la fesse et que je sens son corps venir se hisser contre le mien, mes craintes s'évanouissent. Ses lèvres viennent parcourir mon cou et je profite de l'instant en me laissant faire, ma tête bascule légèrement en arrière et je laisse le souffle du bel italien m'envelopper. Lorsqu'il ajoute dans une ultime note qu'il m'aime, je ne peux plus me retenir et me tourne vers lui. J'admire son visage, silencieux, avant de venir le prendre entre mes mains avec délicatesse. Je le regarde avec des yeux emplis de douceur tandis que mes doigts le caresse. Lentement, j'approche ma bouche de la sienne et l'embrasse avec tendresse. Notre baiser dure quelques secondes, les émotions qui me parcourent sont fortes, intenses, tout mon être vibre. Je me recule alors et souffle : « Je t'aime aussi, Shiva ». Sur ces mots, je viens l'embrasser à nouveau, avec un peu plus de passion cette fois, mes mains continuant d'envelopper ses joues. J'aimerais lui dire mille mots, lui dire à quel point je le trouve beau, à quel point il m'apaise, au combien je veux passer plus de temps avec lui. Mais je n'en fais rien, je me contente de mon langage corporel pour tout message. Très vite, je nous guide tous les deux à l'intérieur et, tout en l'embrassant, le couche sur le lit. Nous avons l'habitude de ne pas passer par quatre chemin, de s'arracher nos vêtements, de sauter l'étape des préliminaires ... Ce soir je ne veux pas de ça, ce soir je veux qu'il comprenne la place qu'il occupe dans mon coeur. Au dessus de Shiva mes lèvres voguent des siennes à son cou, ma langue vient caresser délicatement sa peau tiède et j'y dépose ça et là des baisers. Tandis qu'une de mes mains me permet de me maintenir au dessus de lui, l'autre s'immisce délicatement sous son t-shirt. Je lui retire alors sa veste, mon souffle enveloppe son corps, je l'embrasse à nouveau, viens lécher le lobe de son oreille, l'enlace de doux baisers saliveux ... Puis je m'arrête et, toujours au dessus de lui, le fixe avec insistence. Je le dévore du regard. Je m'accorde ces quelques secondes de pause avant de lui retirer également son t-shirt, désormais torse nu devant moi je ne peux m'empêcher de parcourir son corps avec mes yeux de plus en plus curieux. Je viens embrasser son cou de nouveau, puis laisse ma bouche glisser le long de son torse, ma langue se mêle au parfum sucré de sa peau. Je viens mordiller avec attention son sein, mes lèvres humides y laissent quelques goutes tandis que mon visage entame sa descente jusque son nombril. Je parsème son corps de mes baisers, qui perdent peu à peu de leur douceur pour devenir plus fougueux et intenses. Arrivé au niveau de son pantalon, j'embrasse le jean tout en retirant sa ceinture. J'humidifie le tissu avant de le retirer totalement. Evidemment, je savais que Shiva serait prêt avant même que je ne retire ses sous-vêtements, je peux déjà le sentir gonfler sous la matière fluide du caleçon. Un caleçon que je retire sans ménagement avant de m'emparer avec fermeté de son membre. J'y dépose un premier baiser, que j'accompagne de ma langue qui l'enveloppe avec vigueur. Ma salive se mêle à ce que Shiva est prêt à offrir, je glisse le tout à l'intérieur de ma bouche. Maintenant toujours le tout d'une main, caressant ses abdominaux de l'autre. Je prends plaisir à offrir ce cadeau à Shiva, un cadeau que je rêve de lui offrir depuis plus d'un an. Alors que je continue de le sucer, je relève le regard pour le fixer dans les yeux. Nos regards s'échangent, mes lèvres continuent leur travail.

Je t'aime aussi Shiva. Ce baiser envahit mon corps d'une chaleur intense, un baiser qui nous consumme et qui ravive en nous cette flamme qui ne s'est jamais éteinte. Nos langues s'assemblent alors que ses mains passent et repassent sur mes joues, comme pour s'il voulait m'agripper pour ne plus me lâcher.

On entre à l'intérieur, la porte fenêtre du balcon reste ouverte. On abandonne la fraîcheur de la ville pour la frisson de la chaire. Il prend les choses en main et me couche sans me demander mon avis sur le lit. J'aime ça. Surprend moi Hayden, surprend moi !

Me déposant des baisers en alternant des caresses avec sa langue, je suis en train de brûler de l'intérieur et gémir de plaisir alors qu'il me retire ma veste, puis mon tee-shirt. Il l'aime mon corps. Il l'adore. Il en est fou. Parcourant mon corps de ses bras et sa langue, je passe mes mains dans son dos pour le rapprocher de moi. Je sens son excitation, pas seulement dans ses mouvements, aussi dans son pantalon. Il ne tarde pas à faire glisser sur mes jambes mon pantalon puis ensuite mon caleçon.

Me voilà une nouvelle fois nu devant l'anglais, qui lui est toujours vêtu. Je m'apprêtais à en faire de même sur lui mais voilà qu'il me repousse d'une main pour me maintenir couché et qu'il commence à faire des aller-retours avec sa bouche. Je passe une main dans ses cheveux pour l'accompagner tout en soufflant et levant les yeux au ciel. Ça m'avait manqué. Terriblement manqué.
Je gémis. Oh... Et il continue alors que mon corps frétille. Nos regards se croisent et ne se lâchent plus. Il ne s'arrête pas. Et je sens que ça vient... ça vient... Je le fais se relever pour faire durer le plaisir. Je l'embrasse en passant mes mains dans son cou et ses cheveux. Mais à mesure que j'avance mes mains pour le dévêtir il me repousse et continue ce qu'il avait commencé.
Et ça vient, ça y est. Ça jaillit du plus profond de mes entrailles.

Le vide.

Je me réveille. J'ouvre les yeux et n'entend plus rien. Je me remet de mes émotions mais j'ai l'impression que rien de tout ça ne s'est passé. Plus aucun bruit. Plus aucun touché. Juste moi et ma respiration saccadée. Seul.

J'ai vraiment rêvé de tout ça ? N'était-ce donc qu'illusion ? Mon fantasme le plus fou aurait-il prit trop de place dans mon esprit si bien qu'il a réclamé à sortir de ma tête ?

Je me relève sur le lit, m'appuyant sur mes coudes.

Je ne vois pas Hayden.

Pas tout de suite du moins, le voilà qu'il se relève, nu devant moi.
Je souffle de soulagement. Je tend mon bras et l'approche vers moi, l'embrassant avec fougue après le cadeau qu'il vient de m'offrir. C'est à mon tour maintenant.

Je n'avais pas prévu de m'arrêter là, à une simple pipe, mais sentir le corps de Shiva convulser à mesure que ma bouche l'enveloppe m'a galvanisé et plongé dans une tourmente telle que j'ai refusé de mettre un terme à notre moment. Je continue jusqu'à ce que dans un ultime frisson je sens le bel italien jouir. Sur ma langue se dépose tel un hostie ses potentiels enfant et je me redresse alors, fier, en avalant dans un sourire satisfait et m'essuyant la bouche d'un revers de la main. J'embrasse son sexe une dernière fois puis me déshabille à mon tour. Si Shiva a eu ce qu'il voulait, j'ai encore tout à gagner de cette soirée. Je jette mon t-shirt sur le fauteuil sans ménagement et laisse mon pantalon gindre sur le sol. L'italien se remet lentement de ses émotions, les yeux fermés. Lorsqu'il est revenu à lui, il se redresse et je peux observer un sourire se peindre sur ses joues. Il a toujours autant envie de moi. Sans lui laisser trop de choix je me penche vers lui, attrape sa tête d'une main dominatrice puis le fais se pencher en avant vers mon entre-jambe. A son habitude Shiva ouvre la bouche et englobe le tout sans broncher, sa langue tourne délicatement dans sa bouche et mon corps vibre intensément. Mes doigts parcourent ses cheveux et le force à tenir une cadence rapide et abrupte. Je reste debout alors que Shiva est à quatre pattes sur le lit, il me jette de temps à autre un regard coquin qui m'excite comme je n'ai encore jamais été excité. Alors que mes convulsions se font plus hachurées, Shiva retire sa bouche et saisit mon sexe entre ses mains. De vifs vas-et-viens remplacent les coups de langues qu'il mettait jusque là. Il laisse son visage tout prêt, sa bouche légèrement entre-ouverte. Je le regarde avec envie et excitation mais suis très vite obligé de fermer les yeux lorsque je sens que je suis sur le point de jouir. Shiva gémit à son tour lorsque se déverse sur son visage le produit de son dur labeur. Je reste debout, tête basculée à l'arrière, quelques secondes, avant de saisir son visage entre mes mains et de venir l'embrasser langoureusement pendant plusieurs minutes. Lorsque les émotions redescendent, je lui prends la main et l'emmène sous la douche. Il est temps de le rincer. Sur sa joue, j'essuie une trace de mon propre sperme à l'aide d'un doigt que je porte ensuite à ma bouche. Je souris au bel italien. « Tu m'avais tellement manqué, je souffle dans un aveux alors que je me jette sous le jet d'eau. ton corps m'avait manqué. Tout m'avait manqué ... »

Après cette séquence intense, emplie de détails pour le moins surprenants et inattendus (et avec Théo qui passe maintenant pour un pervers ), je reste là, le visage couvert, à rire en voyant Hayden la tête penchée en arrière. Ça t'avait manqué hein ? Je n'avais pas à me plaindre de ce que je partageais avec Vânia bien au contraire c'était pour ainsi dire toujours aussi cosmique entre nous. Mais là...
Direction la salle de bain. Il colle son torse à mon dos et on avance comme ça jusqu'à la douche. Je fais couler l'eau alors qu'il m'embrasse dans le cou et récupère ce qu'il a joyeusement envoyé sur mon si beau visage. (j'ai encore du mal à y croire )

Là, l'eau sur ma peau ne fait que me raviver et je continue à l'embrasser alors qu'il est en train de me savonner. Hayden. Je chuchotte à son oreille alors que l'excitation m'envahit à nouveau. Je le plaque contre le mur de la douche, repliant sur lui sa jambe droite que je soutiens avec mon bras alors que je colle mon corps au sien. Je le fais se retourner. La tension est trop forte. Je n'arrive pas à m'arrêter. J'en veux encore plus, toujours plus.

Je frôle ses fesses et m'aide d'une main pour trouver le chemin du bonheur. Il lâche un cri. Puis un autre. En rythme avec mes à-coups. Je le serre contre moi et ne m'arrête pas. Je fond en lui, nos soufflent se rejoignent. Glissant ma main le long de son bras, repliant mes doigts sur les siens. Je l'embrasse dans le dos alors que je me fais de plus en plus brut. T'aime ça hein ! Je sais que t'aime ça ! Je passe mes mains autour de son cou et je commence à serrer. Ça se fait de plus en plus bestiale alors que l'eau continue toujours à parcourir nos corps.

J'espère que les murs sont insonorisés. Parce qu'ici on ne se prive pas pour crier.

La nuit ne fait que commencer.

Les vapeurs d'eau nous plongent tous les deux dans une ambiance calfeutrée et douce, nous échangeons quelques baisers passionnés qui dégénèrent presque aussi tôt. Nous venons à peine de terminer nos premiers ébats que nous repartons de plus belle. Cette fois, Shiva me retourne et me plaque contre le mur de la douche. Froid, le carrelage contraste avec la peau du belle italien qui vient me réchauffer. Très vite je le sens caresser mes fesses pour mieux insérer son sexe en moi. Je soupire profondément et tente de m'accrocher à un mur qui n'a pas de prise. Shiva accélère les vas et viens tandis que mes hormones continuent de se diffuser en moi et que la douleur se mêle à la perfection au plaisir de la chair. Shiva me souffle, presque comme un ordre, que j'aime ce qu'il me fait. Mon sourire pour toute réponse témoigne de ma satisfaction. Il passe sa main autour de mon cou et me sert de de plus en plus, ma respiration se saccade, l'excitation augmente. Je viens enlacer mes doigts contre les siens et l'invite à serrer encore plus fort. Je ne peux presque plus respirer désormais, l'italien continue ses allers et retours et mon corps réagit à la pression que je m'inflige par des convulsions de plus en plus importantes. Lorsqu'il relâche mon cou je prends une profonde inspiration, essoufflé, et ris. « Comment ai-je fait pour oublier ce que ça faisait ? » je dis entre deux inspirations en même temps que je me contorsionne pour mieux venir l'embrasser. Je sens son souffle qui se fait plus incertain alors que nos langues se mélangent. Ses vas-et-viens se font moins réguliers, je recule ma bouche de quelques millimètres et lui susurre de continuer. Mes quelques mots ont pour effet de le galvaniser et dans d'ultimes coups de rein il jouit en moi. Par chance, ou fruit d'une étrange coincidence, je jouis à nouveau et en même temps. Il se retire alors et je m'assois dans la douche, l'eau brûlante ruisselant sur mon corps tandis que je profite des effets apaisant de l'orgasme qui inhibent mon corps. Je reprends mon souffle avec difficulté, une légère marque bleue sur mon cou, un suçon dans le dos. « Tu envisages de continuer la téléréalité ? je demande alors en prenant un peu de savon dans ma main pour me rincer le visage, ou tu comptes y mettre un terme et passer à autre chose ? ».

Comment ai-je fait pour oublier ce que ça faisait ? Comment as-tu pu Hayden ? Serrant mon torse contre son dos, je serre une main sur son torse et presse l'autre sur son entrejambe. Nos lèvres se froissent, nos langues se mêlent, dans une chaleur intense qui envahit la pièce en même temps qu'elle se libère de nos corps. Je perds en régularité mais gagne en intensité. L'osmose est à portée de main, le septième ciel sous nos pieds. Flottant dans les vapeurs, notre plaisir arrive à son maximum d'intensité.
Il ne reste plus longtemps avant d'arriver à destination, je continue alors que l'anglais s'offre entièrement à moi. Continue Shiva... continue...
Un dernier cri, pour marquer le coup final. Je reprend ma respiration, alors que l'eau coule toujours sur nos corps. Je desserre ma main, et me retire. Frottant mes cheveux sous le jet d'eau je ne tarde pas à m'asseoir face à l'anglais, jambes étendues, caressant sa cuisse d'une main.
Pourquoi continuerais-je dans la télé-réalité ? Je ne m'attendais pas à cette question. Pas tout de suite en tout cas. Je ne sais pas où le vent me portera, pour l'instant je n'ai pas intérêt à y remettre les pieds en tant que candidat à plein temps. Et toi ? Après The Island, quels sont tes projets ? Au delà de récupérer au poste de police la lettre laissée par Olaf j'imagine qu'il a prévu d'autres choses pour sa vie future.

Alors que je demande à Shiva s'il compte continuer dans la télé-réalité, sa réponse se fait catégorique : il n'en voit pas l'intérêt. Il m'explique qu'il n'a pour autant pas vraiment de projet, qu'il se laisse porter par le vent. Il me retourne finalement la question. Je prends le temps de réfléchir, ayant demandé quelque chose à quoi je n'avais moi même jamais réfléchis. Je laisse l'eau chaude envelopper mon corps tandis que le bel italien caresse ma cuisse. « A vrai dire, je ne serai pas contre, mais j'ai peur de tomber dans cette torpille infernale qui me coincera dans les stéréotypes des candidats désespérés. je marque une seconde de pause avant de reprendre : J'essaye vraiment de reprendre ma vie en main, j'ai été embauché dans une nouvelle boite, dans un post plus ou moins similaire à celui que j'avais dans l'entreprise de mon père. Je gagne une sommes décente d'argent, j'ai toujours ma notoriété post-The Island mais surtout post-scandales ... Mais d'un autre côté, je n'ai jamais retrouvé nul part la petite flamme que je ressens quand je participe à des émissions de télé. Tu vois ce que je veux dire ? je réfléchis en même temps que je parle, il me faut une dizaine de secondes avant d'ajouter : Je donnerais cher pour retourner dans une maison, enfermé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, si tu étais avec moi ». Je souris, me penche pour mieux l'embrasser et dépose mes lèvres sur les siennes quelques secondes avant de me reculer. Je meurs d'envie de le toucher encore et encore. Je ne veux plus me défaire de lui.

Tomber dans les stéréotypes de candidats de télé-réalités qui ne sortent jamais de leur moule et qui l'use jusqu'à la moelle, voilà ce qui lui fait peur. Ce que je peux comprendre. Pour moi la télé-réalité n'est pas une fin, ce n'est pas un but ultime dans une vie, ou alors c'est une vie maussade et inintéressante. Pour moi c'était un chemin à emprunter, une fois, peut-être deux, pour s'ouvrir à de nouveaux horizons même si très différents des nôtres. Je ne regrette pas. Il m'étale alors en quelques parcours où il en est aujourd'hui dans sa vie, après qu'on se soit séparé l'an dernier à Londres. Il a réussi à remonter la pente même si tous ses problèmes ne sont pas encore réglés. Il y a un scandale auquel on se doit d'échapper... Je dépose un baiser sur sa bouche alors que je m'approche de lui, passant mes jambes de chaque côté de ses hanches. Je le regarde ensuite droit dans les yeux pour qu'il comprenne. Lui et moi, ensemble, ce n'est pas possible pour le moment. Je ne veux pas avoir à supporter à nouveau toute une horde de paparazzi à chaque fois que je sors de chez moi. Et je ne veux pas faire de mal à Vânia... pas tout de suite.
Je vois ce qu'il veut dire, j'hoche la tête, en posant ma main sur son torse. Hayden... moi-même je ne peux pas résister à l'anglais. Il me fait des avances, il est sincère, et ça me touche. Peut-être que la prochaine fois que Vânia part voir sa famille au Brésil, tu pourrais venir chez moi... à Florence. Ce n'est pas ce qu'il veut je le sais, mais c'est un début. Je te ferais goûter aux spécialités italiennes lui-dis en souriant malicieusement, et me mordant la lèvre avant de passer une main dans ses cheveux et poser ma joue contre la sienne.