Jour 6

Robe de plage couleur de lin sur les épaule, je m'approche de la piscine, petit déjeuner en main. Je m'installe sur une margelle, trempe mes pieds dans l'eau puis croque dans ma pomme. Je m'étire ensuite face au soleil, et me laisse bronzer calmement.

Ce matin, j'ai envie de faire quelques longueurs afin d'être un peu seul et de faire le point sur moi-même ainsi que tout ce qu'il s'est passé hier soir. En boxer, je fais donc mon arrivée... et je vois que Léna est déjà présente... mon dieu. Clairement, aujourd'hui, avec les autres, c'est mieux que je me fasse petit. Lorsque je la remarque, je lâche un « Bonjour, désolé pour ce à quoi vous avez assisté hier. ». Cette phrase risque d'être ma préférée aujourd'hui... et avec Mona-Lisa sur le dos, il vaut mieux que je me tienne à carreau cette journée. Je commence alors mes longueurs, sans en dire d'avantage. Fais toi petit Corentin, fais toi petit.

Corentin arrive à la piscine, et je le vois complètement différent de d'habitude. Toute son aura s'est effondrée, on est bien loin du Corentin plein d'assurance et qui apporte de bons conseils comme je l'ai vu jusque là. Lorsqu'il passe à côté de moi en s'excusant, je le prends pas le bras et l'arrête. Je me relève alors, déposant ma pomme sur le sol, puis prends sa tête entre mes mains, précautionneuse de ne pas lui faire mal. J'inspecte ses blessures en le caressant lentement. Je reste silencieuse de longues secondes, qui peuvent paraître durer des heures, et je me contente de découvrir une à une chaque marque qui laisseront peut-être des cicatrices sur son doux visage d'ange. Puis enfin, je souffle à voix basse : « Ne t'excuse plus jamais pour être ce que tu es, je commence à mi-chemin entre la compassion et l'ordre, tu as été bête, hier. Mais tu ne t'ai pas fait taper pour ça, mais bien parce que tu étais gay - ou bisexuel. Et ça, tu n'as pas à t'en vouloir de l'être, tu ne peux rien y changer ! ». Je l'empêche d'aller dans l'eau, je ne veux pas qu'il se détourne de mon attention, je me contente de le regarder avec insistance, lui souriant légèrement pour tenter de le rassurer. Mes doigts maintiennent toujours son visage prêt de moi, comme une maman l'aurait fait. « Sois fier de qui tu es, Corentin. Et ne laisse personne te dicter ta conduite. Je finis ensuite par céder à la tentation de parler de son état : mais il t'a sacrément amoché ... Tu as été recousu ? Est-ce que tu veux que je te passe de la biafine ou de la pommade ? ».

Alors que je m'apprête à entrer dans l'eau, Léna m'arrête immédiatement pour vérifier les bobos et les cicatrices. Effectivement, hier soir, la personne a laissé ses marques. Elle inspecte tout en me caressant délicatement... et je dois bien admettre que c'est agréable. J'ai l'impression d'être avec ma mère... elle est très inquiète pour moi et ne me veut que le bien. « L'infirmière m'a dit que dans deux jours, normalement, ça revient à la normale. ». Lorsque je m'excuse, elle me demande de ne plus jamais m'excuser pour ce que j'ai fait. Je me demande pourquoi... elle m'explique ensuite les raisons, et je vous avouer que j'étais quand même sonné hier, donc ma garde a été grandement baissée. « Attends... tu veux dire qu'il n'était pas énervé qu'à cause des nuisances ? ». Il a donc fait ça parce qu'il est homophobe ? « Avec toutes les preuves, heureusement que je ne suis pas assez bête pour porter plainte. ». Même si je suis athé, même si j'aime le sexe, je suis quelqu'un qui agit toujours dans le bien avec les autres... donc je ne m'abaisserai pas à ça. « Comment s'appelle-t-il ? ». Je ne connais même pas son prénom, c'est pour dire. Des malades comme ça, il y en a des tonnes et des tonnes à Paris. Elle me demande alors d'être fier de qui je suis, et de ne laisser personne me dicter ma conduite. « T'inquiète pas Léna... t'inquiète pas. ». Cette fille, c'est la douceur avant le savon que je vais me prendre par Lili. Je n'ai vraiment pas hâte, et je réfléchis déjà à ce que je vais dire pour ma défense. Elle me pose ensuite des questions sur mon état physique... lorsqu'elle me parle de Biafine, je rebondis immédiatement : « Pour que les cicatrices partent vite, elle m'a conseillé de prendre de la biafine matin et soir. ».

Si on le traite correctement, Corentin m'affirme que ses blessures n'en ont que pour de jours avant de disparaître. Un fin sourire apparaît alors sur mon visage. « Alors on va tout faire pour que ça ne laisse pas de traces, d'accord ? », je dis avant de finalement retirer mes mains de son visage et de récupérer ma pomme sur le sol. Alors que je m'apprête à croquer dedans, je me rends compte que je n'ai plus l'appétit, et je décide donc de l'abandonner en la laissant retomber sur le sol. Voir Corentin comme ça, à cause d'un des candidats ici, je trouve ça totalement injustifié et inadmissible, et ça m'écoeure au plus haut point. Il paraît étonné lorsque je mentionne l'homophobie plus qu'une simple altercation dû à leur bêtise d'allumer le micro pendant l'acte. « Je ne sais pas, je ne peux en être vraiment sûr, peut-être que le fait de voir que vous étiez deux hommes à simplement décuplé sa réaction. Mais oui, il y a eu un tas d'insultes homophobes, je crois. Je n'y étais pas, je n'ai pas vu, on m'a simplement raconté et j'ai entendu les gens parler un peu. Il parle ensuite de porter plainte. Laisse déjà voir ce que la production lui réserve, on verra ensuite si on doit te rentre justice ou pas. Ne pense pas à ça maintenant, et profite de ton aventure ». Je lui fais le plus sincère sourire, et malgré moi, ma main le caresse à nouveau. Il paraît si affaiblit, ça me fend le coeur de le voir ainsi. Il me demande son prénom, ce à quoi je ne préfère pas répondre, puis il m'affirme ensuite que je n'ai pas à m'inquiéter, et un petit rire nerveux s'échappe malgré moi. « Facile à dire, tu ne vois pas ton visage, toi ». Et c'est alors qu'il me confirme que la biafine fera effet et que c'était même ce que l'infirmière lui avait conseillé. Levant le doigt comme pour mettre sur pause, je lui souffle de ne pas bouger et reviens avec un tube neuf de crème cicatrisante. Proche de lui à nouveau, j'ouvre le petit pot et en met généreusement sur mes mains avant de l'appliquer sur son visage. Il a un mouvement de recule d'abord, puis passe la biafine le plus délicatement possible pour ne pas lui faire mal. J'essaye de faire des petits mouvements circulaires pour que la crème pénètre facilement, alors que je n'ai pas fini je m'assure que ça aille : « Je ne te fais pas trop mal ...? Ça va ? ».

On va tout faire pour, oui... Léna est une infirmière à domicile, j'adore ça. Elle prend soin de moi et on sent qu'elle le fait par plaisir. « D'accord. ». Me voir dans un tel état lui coupe même l'appétit. Je me sens encore plus mal en voyant que l'on s'inquiète, que l'on se tracasse pour moi. Elle m'explique alors que le fait qu'on ait été deux hommes au lieu d'un homme et une femme ait décuplé ses réactions. Les insultes homophobes ont été nombreuses apparemment. « Je trouve ça regrettable, de réagir comme je veux. Dans cette maison, on est tous pareils, on est tous dans la même merde... je ne comprends pas l'intérêt d'être aussi haineux. ». J'ai abandonné la religion car je ne m'y sentais pas à ma place, justement... et ici, j'ai envie d'être libre et de m'amuser à fond... bon, dans la limite du raisonnable, maintenant, mais à fond quand même. Lorsque je dis que je ne suis pas assez bête pour porter plainte, elle me conseille de ne pas penser à cela et à ne me concentrer que sur mon aventure. Elle sait trouver les mots pour m'apaiser. « Avant de profiter, je vais devoir passer par Mona-Lisa... et je sais d'avance que je vais me faire tuer. T'aurais pas des conseils pour que je puisse me tirer un peu d'affaire ? ». Lorsque je lui dis de ne pas s'inquiéter, elle échappe un petit rire et me dit que c'est facile à dire, puisque je ne vois pas mon visage. Il m'a tant amoché que ça ? « Heureusement que ce ne sont que des plaies superficielles... ». Elles s'estomperont vite. Enfin, elle fait un aller-retour afin d'aller me chercher de la biafine, et elle commence à m'en mettre. Il est vrai que ça picote un peu, mais bon... il faut souffrir pour être beau. Elle me demande si je ne lui fais pas trop mal... « Hm... ça picote, mais c'est comme pour tout produit. Continue. ». Ca fait tellement du bien d'avoir une personne dévouée, qui ne fait que le bien dans sa vie... elle est adorable.

(hs : juste pour prévenir ceux qui veulent venir, on n'est plus dispo pour rp, pour l'instant)

Mes plaies allégées, je quitte la piscine.

Je quitte la piscine.