Jour 28

J'arrive dans l'isoloir et me pose par terre, avant de sortir une clope de mon paquet. Je me l'allume et tire une taffe, regardant l'horizon. Je tente de penser à une belle mélodie, harmonieuse, histoire de m'adoucir un peu. Je déteste voir à quel point les gens peuvent me changer.

Bien évidemment qu'elle ne lâchera pas l'affaire si facilement. Je ne gratifie Charlène d'aucun regard, mais fait en sorte de changer mon comportement, pour paraître complètement normal. Tu sais, si je suis venu à l'isoloir, c'était sûrement que je voulais être seul ! Je fais passer ça pour une simple boutade, mais mon sourire mauvais me trahit un peu. Je ne suis pas froid. Pourquoi tu penses ça ? Simplement parce que j'en ai rien à foutre de ce qu'à t'as pu faire avec Matthew? Bah ouais Charlène, t'es pas le centre du monde.

Non mais arrête, t'es ridicule... Tu n'as pas vécu la moitié de ce que j'ai vécu et tu crois ça va me faire peur que tu puisses être ''énervée''. J'ai vraiment eu l'impression qu'elle réprimandait un gamin... Très peu pour moi. Bah j'avais faim, faut rien y voir de plus. Finalement, j'ai juste décidé de venir me griller une clope avant. Je fronce les sourcils, dans un jeu d'acteur parfait. J'en ai rien à foutre, ouais. Je vois pas pourquoi ça me ferait quelque chose... On se connait que depuis cinq semaines.

Elle me déballe son sac. J'en ai pas demandé autant moi, je voulais juste griller une clope au calme. Les filles peuvent être hystérique parfois... Avant qu'elle parte, je glisse, dans un petit sourire satisfait. Pourquoi t'es froide comme ça ? C'est un moyen de reprendre contenance, suite à tout ce qu'elle vient de m'envoyer à la tronche. J'en ai ramassé et je me dis même que j'ai peut être fait le con. Peut être.

Je passe dans le jardin pour aller m'installer au salon extérieur. Je passe devant l'isoloir et voit deux de mes camarades de jeu. Hey. Ils ont pas l'air d'aller bien, vu la tête qu'ils tirent, l'un comme l'autre. L'ambiance est froide. A chaque fois que j'arrive quelque part, j'ai comme cette impression de déranger. J'aime bien, ça va, y a pire comme sentiment. Je regarde. Attendant que quelque chose se passe.

Milo me rejoint finalement. Je tire une taffe de ma clope avant de sourire légèrement. Tiens, qui voilà ?? Tu veux une cigarette ? Je tends mon paquet. C'est une façon d'engager la conversation et me demandez pas d'être original en ce moment.

Charlène s'est cassé avant que je m'en rende compte. Kovu me propose une cigarette. Je ne fume pas. Mais merci d'avoir proposé. Je me serais bien assis mais vu le nombre de mégôts qu'il y a par terre. T'as des problèmes avec Charlène ? On va pas reparler nominations tout le long du jeu. Et s'il veut se confier, qu'il en profite, je suis là. A moins qu'il ne me fasse plus du tout confiance, ce qui est possible aussi.

Milo ne fume pas... Une bonne résolution ! Je me dis que ça doit pas être cool de clamser d'un cancer du poumon. Ou de tout autre cancer tel qu'il soit d'ailleurs. Il me parle de Charlène... Peut être a-t-il vu qu'elle était un petit peu énervé après notre entrevue. Hm, y'a rien à dire. Juste mes rares démons qui reviennent à la surface... Je peux me montrer très possessif. Je n'en dirai pas plus, d'ailleurs, je dois avouer que ça me met un peu mal à l'aise. Mais j'apprécie de pouvoir me confier sur ça à quelqu'un.

Oh j'ai fais bien pire que fumer dans ma vie. J'en ai peut-être déjà trop dit. Pas sûr qu'il y prête attention. Je ne sais pas si le fait de mourir est cool en soit. On y passera tous, certains plus tôt que d'autres.
Charlène a l'air de lui plaire. Du moins c'est qui ressort de ses paroles. Les filles aiment se sentir libre tu sais. Je suppose qu'il l'a compris en discutant de cette chose dont ils ont discutés. Un petit câlin et une coupe de champagne, et ça s'arrangera. Les filles aiment ce genre d'attention. Parole de Milo.

Je me demande bien ce que ce grand papa a pu faire de pire que fumer tiens. Je ris légèrement avant de hocher la tête. Moi je vis la mort sereinement. Enfin du moins, autant que ça puisse être possible. J'ai plutôt pas envie de souffrir avant de débuter mon voyage vers une autre vie. Je hausse les épaules en regardant la fin de mon mégot. Non mais clairement, je ressens rien d'autre que de l'amitié pour Charlène. Je suis pas le genre de mec à papillonner à droite et à gauche et à jouer sur plusieurs tableaux. Mais je déteste avoir l'impression qu'une personne me fuit. Je sais, c'est ridicule. Question maturité, on repassera, c'est sûr. La petite touche Milo hein ? Plaisantais-je en échangeant un regard complice avec lui.

Profitons de la vie. Je souris à ses paroles. C'est pas ridicule. Je peux tout à fait comprendre ce que c'est. Même si ça paraît étonnant venant de moi. Personne ne me connaît réellement ici. Presque personne. Je ris en sortant de mes pensées et rajoute : te tracasse pas. Tu ne la perdras pas, elle tient à toi. Je pense ce que je dis. Puis il fait une remarque que je ne comprend pas. Non c'est pas vrai j'ai compris. Disons que tout cela n'était pas au programme.

Milo, il me sort des petites phrases toutes surfaites. Mais elles sont parfaites dans la situation. Ouais, profiter de la vie, c'est un bon programme... Je suis plutôt étonné de voir que Milo comprend. Au fond, j'ai toujours trouvé ce sentiment qui m'habitait totalement injuste... Peut être qu'on est pas si différents tout les deux. Je suis pas quelqu'un de méchant au fond... Enfin, je suis pas ''comme ça''. Je ne sais pas trop ce que ça désigne, le ''comme ça''. Ce que j'étais tout à l'heure avec Charlène. Je souris un petit peu lorsqu'il m'avoue que c'était pas au programme... Revoir ses plans, dans certaines situations, ça peut être bénéfique, non ?

Je te dirais bien que non, on est pas si différent tout compte fait, on a pas mal de points en commun même. Mais je ne peux pas te le dire parce que je ne peux pas lire dans tes pensées. Mais j'arrive à le lire dans ton regard. Si grand, si profond. Parce qu'être trop possessif pour toi c'est être quelqu'un de méchant ? Là je crois qu'il s'égare et qu'à force d'avoir trop de remords il ne sait plus ce qu'il dit. A moins qu'en plus d'avoir joué au possessif il ait été méchant. Mais ça je ne le sais pas à moins qu'il ne me le dise. Revoir ses plans ça a du bon oui. Je lui souris. Il était pas mal dans son genre le petit Kovu. Et j'aurais fort aimé m'allier à lui dans le jeu. Mais ça fallait que j'y pense avant, maintenant c'est trop tard pour espérer retrouver sa confiance.

Disons que ça peut paraître injuste aux yeux de ceux qui subissent ce sentiment. Répondis-je du tac au tac finalement. Je suis content de savoir qu'on est pas si différents. Comme quoi, parfois, la vie est pleine de surprises, hein Milo ? J'ai tout de suite compris à quoi il faisait allusion en parlant de changement de plan, c'est ce qui me fait sourire un peu. Tu me devais des cannellonis, c'est ça ? Que je demande, en le dévisageant un petit peu.

Il y a beaucoup de choses injustes dans la vie. Il me répond du tac au tac, sans prendre le temps de réfléchir que ça sort tel quel. Affirmatif mon cher Kovu, plein de surprises. Il sourit quand je fais allusion à ce qu'il s'est passé avec Hestia. Pensant qu'il allait renchérir à ce sujet il me parle de ... ses cannellonis. Je te les dois toujours. Pourquoi utiliser un temps du passé Kovu ? Je te le demande.

Tu sais, ça tombe bien, j'ai faim... Je me relève attendant de voir si Milo va me suivre ou non (quoique avec son nouvel avatar de psychopathe, je suis pas sûr). Tu me poses trop de questions Milo.. Je suis sous pression là

Ah moi ça va j'ai grignoté un truc tout à l'heure. Je reste là le voyant s'arrêter regardant si je le suivais. Il a une tête qui me fait rire. Un psychopathe et un clown, là aussi ils ont des points en commun t'as vu ? Je vais te faire ça. On quitte l'isoloir pour aller à la cuisine.

J'arrive à l'isoloir ou je découvre avec satisfaction qu'il n'y a personne. Je m'installe donc sur une marche et ouvre la bouteille de Malibu que j'ai soigneusement rapporté de la cuisine puis en bois quelques gorgées à même le goulot. Je réfléchis aux derniers événements, Charlène, la love room, Romane, Vincent, la rumeur selon laquelle son frère est parmi nous, ses rapprochements récents. Et je rebois. Et je réfléchis, et je bois.

Julian voulait simplement se fumer une cigarette avant de retourner à l'intérieur, mais en l'intégrant il tombe sur Matthew. Sa tête surmonte alors le brun, avec un peu de dédain. Pauvre chouchou, t'avais besoin de t'isoler, on t'a fait du mal ? Il se rappelle ce que lui a demandé Vincent, pas le piquer au vif directement. J'suis le frère de Vincent. Il se prend une cigarette de son paquet, ne gratifiant même pas Matthew d'un regard et l'allume.

Le frère de Vincent me rejoint. Bon, très bien. Je crois que les choses sérieuses commencent maintenant. Il me demande si on m'a fait du mal, il est piquant et froid. Très bien, j'aime bien. Ca change des coeurs et des paillettes qu'on trouve ici. Je lui souris : "L'alcool ça m'aide à réfléchir. Mais le Malibu c'est long à faire effet." Je dis sans plus d'émotion que ça dans la voix. Il se présente ensuite. "Je sais qui tu es." Je l'invite à s'asseoir à côté de moi tandis qu'il allume une cigarette. Je bois une nouvelle gorgée et en profite pour le découvrir. Beau garçon, bien foutu, visage attirant, cheveux en bataille. Mais prétentieux jusqu'au bout des ongles. "Ca doit te faire du bien de retrouver ton frère, il est ou d'ailleurs ? Tu veux pas profiter de lui ?" Je bois une nouvelle gorgée et le regarde fumer sans prêter attention à moi.