¶ SIDA OR NOT SIDA ¶ Corentin + Sheila

Ca y est ! C'est le jour J, le 1er août. Il est temps pour nous de passer à l'hôpital. La production est venue nous chercher, les caméras nous suivent. J'aurais aimé que ce moment reste intime, mais soit. « Vous pouvez arrêter avec les caméras, s'il vous plaît ? ». Ils n'arrêtent pas, et on est résignés à y aller... ces prochains jours vont être intenses en suspense. Lorsque l'on arrive - la mort dans l'âme - on est accueillis par une infirmière véreuse du nom de Solange. Elle aussi s'est rendue compte que la vie peut parfois être une chienne ? Je crois bien... on s'installe dans la salle d'attente, et on attend, on attend, on attend...

Je m'étais réveillée pleine de hargne ce matin. La nuit avait été bénéfique et j'avais repris mon assurance passée. Mon nervous breakdown d'hier n'avait fait que confirmer mon envie de casser des bouches et surtout celle de Gabriel. Sheila était de retour et maintenant, quoi qu'il en était j'allais vivre ma vie comme je l'entendais, jusqu'au jour de ma mort qui n'est pas près d'arriver. On était arrivé au centre d'analyse et les caméras continuaient encore à nous suivre. Je voyais Corentin peu sûr et je décidais de prendre les choses en main, poussant violemment une caméra vers le bas. Hors de question qu'on nous voit comme ça. « Vous l'avez entendu, vous arrêtez vos caméras sinon je me casse d'ici, je fous en l'air votre organisation, je vous fous un procès au cul pour tout ça et on se revoit au tribunal. » C'était en partie la faute de la production et j'étais bien décidé à leur montrer qu'il fallait mieux faire profil bas. Après de longues discussions, les caméras s'arrêtent et je m'installe avec Corentin. Je lui prends la main pour la caresser doucement avant d'ajouter. « T'inquiète pas, il paiera pour ça. » Que ce soit dans le jeu ou en dehors, ma vie ne s'arrêtera que quand ce batard aura payé.

Sheila est très énervée contre la production, et c'est totalement légitime. C'est eux qui ont laissé ce malade entrer dans la maison, c'est eux qui l'ont laissé nous faire ce mal, c'est eux qui nous ont laissés pendant plusieurs semaines, sans rien nous dire... en bref, c'est eux qui voulaient de l'audimat. Et je ne sais même pas si j'arrive à avoir une rancoeur contre eux, ni même contre Gabriel, d'ailleurs. Ils ont peut-être gâché ma vie, mais je n'arrive pas à avoir d'amertume. Je ne suis que dégoûté et impuissant face à ce qui m'arrive. Elle s'en prend d'ailleurs aux caméramen et menace de leur coller un procès. On s'installe alors dans la salle d'attente, et Sheila me dit de ne pas m'inquiéter. Il paiera pour ce qu'il a fait. « L'espoir, l'espoir... ». Je répète ce mot à l'infini dans ma tête. Au fond, peut-être que nous n'aurons rien, et là, nous aurons de la chance. Les minutes sont longues, très longues. Vous savez, ce sont des minutes où votre coeur bat de plus en plus vite, où toute votre vie défile... en bref, où vous avez juste envie de reculer. Ce sont des minutes là. Et après ces analyses, ce ne seront plus des minutes, mais des jours.

Je comprenais la situation de Corentin, et je savais qu'il allait falloir qu'il soit fort. Je ramène sa tête entre mes seins, comme d'un instinct maternel alors que je le voyais ressasser des considérations . Je viens lui chuchote. « Quoi qu'il arrive, promet moi d'être fort. » Je lui caresse les cheveux, doucement comme pour le rassurer avant d'ajouter. « Je sais que c'est difficile, mais les progrès de la médecine ont fait qu'aujourd'hui, tu peux en vivre sans soucis jusqu'à très tard. » Et c'était vrai. Mais c'était tout de même un grand changement de vie. Une maladie comme ça laissait des traces au quotidien, des jugements, des regards, des appréhensions. J'espérais que Corentin pourrait relativiser un peu tout ça. Et à l'avenir, j'espérais aussi qu'il soit plus prudent. Ce n'est pas un acte anodin que de coucher avec quelqu'un sans protection. Si tu n'as pas une entière confiance à la personne, c'était même presque du suicide d'aller risquer le reste de ta vie pour une erreur de jeunesse.

Solange entra dans la salle où les deux infectés, comme elle aimait les appeler depuis qu'on leur avait raconté l'histoire, avaient été emmenés dans la plus grande discrétion par la production. Elle entra donc, le regard méchant et baladeur, passant des yeux de Corentin à ceux de Sheila, la mine rigide et le teint mauvais. Alors c'est vous qui avez baisé sans capote ? À la télé ? Tsssss. Elle pose son matériel sur la petite table face à eux assez rudement, ce qui provoque un bruit métallique résonnant dans toute la petite pièce. Quel merdier ce truc là ! cria-t-elle alors que le tabouret sur lequel elle voulait s'assoir ne voulait pas se redescendre, ses genoux butant sur le bord de la table. Elle commence à s'exciter pour le faire descendre, posant tout son poids sur l'assise, son ventre, ses fesses, mais rien n'y fait. Raaaaah la saloperie ! Elle balance un coup de pied dans le tabouret qui part en roulant jusque dans le mur. Elle se retourner vers Corentin et Sheila. QUOI ?! VOUS VOULEZ MA PHOTO ? reprenant son souffle et remettant sa mèche derrière son oreille, elle défroisse sa blouse et se remet droite, fixe, les regardant la tête en haute et les yeux baissés. J'imagine que vous savez pourquoi vous êtes ici.

Oui, il va falloir être fort. Fort pour moi, fort pour ma soeur, fort pour ma famille, fort pour mes proches... sinon, tout le monde chute. C'est difficile, mais avec les progrès de la médecine, je peux en vivre quasiment sans problème, maintenant. Ses propos ont le don de me rassurer, tout de même. On partage la même galère, et ça nous rapproche. « J'espère que nos tests seront négatifs. ». Je l'espère de tout coeur. Elle me caresse les cheveux, et à ce moment là, on est reçus par Solange qui n'est pas très aimable. Elle est surement débordée, donc je ne vais pas insister plus. De toute façon, je ne suis pas ici pour me prendre la tête avec l'agréabilité du personnel... mais pour faire ce test. Elle a le jugement facile, tout de même. On imagine qu'on sait pourquoi on est ici... « Evidemment... et on n'aurait pas aimé être ici pour ça. ». D'habitude, c'est plutôt parce que je suis déchiré que je suis transporté ici. Ca me fait drôle.

Marie apparut

Bonjour Solange, je viens chercher les résultats de ma prise de sang

Depuis le coup de son déni de grossesse, plus question de se laisser surprendre. Solange lui donna l'enveloppe. Marie se tourna vers Corentin et Sheila

Franchement ça va, dîtes vous que cela aurait pu être pire : vous auriez pu tomber enceinte d'un marchand de glace en CDD....

Puis Marie sortit de la pièce pour se diriger vers le caméraman afin de le convaincre de prendre plusieurs prises de vue d'elle

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