Jour 38

Olaf veut bénéficier du calme de la love room pour réfléchir en paix... mais Sloane et Allan dorment - comme à leur habitude - dedans. Même si j'ai fait à plusieurs reprises la même chose, ce n'est pas une raison pour le faire aussi. Du coup, pour avoir la pièce, pas d'autres moyens que la force. Il commence par prendre Allan du lit, à le porter sur ses bras et à se diriger avec son corps vers sa chambre.

Cette fois, au tour de Sloane, donc Olaf la prend, la porte sur ses bras et rebelote, direction la chambre 1.

La porte de la love room est ouverte, contrairement à d'habitude. Depuis peu, Allan et Sloane ont investi les lieux d'une manière permanente et récurrente. Je ne peux m'en plaindre, j'ai fait la même chose pendant un bon bout de temps, mais je vais profiter de l'occasion pour m'y ressourcer, seul. J'entre donc dans la pièce, ma bouteille d'eau et mes calmants en main, toujours assez remué par les cauchemars que j'ai fait cette nuit. Je regarde le lit dont les draps ne m'inspirent pas confiance puis l'armoire qui me rappelle les premiers souvenirs avec Olaf. Je décide finalement de m'assoir sur le sol, pour m'éloigner au maximum de tout ce que ma mémoire pourrait vouloir me rappeler. J'ouvre ensuite la boite de calmant et en avale un premier.

Olaf entre dans la love room, avec les nouveaux draps et les nouvelles housses aux bras... puis il voit Hayden. « Euh... ». Le hasard fait les choses de cette manière... Olaf est très énervé, et le destin fait que c'est la première personne qu'il voit aujourd'hui. Il le regarde tout d'abord droit dans les yeux, sans rien dire, comme pour montrer qu'il est sûr de lui et qu'il ne laissera transparaître aucun signe de faiblesse. Puis finalement, il change le drap et les housses. Sloane et Allan ont du bien les user. Une fois que ça, c'est fait, il balance les anciens tissus en dehors de la love room... la femme de ménage se chargera de les ramasser... il ferme la porte de la love room à clé, il s'installe dans le lit, se couvre puis il regarde de nouveau le beau britannique. « Viens. ». Olaf est encore très énervé après ce qu'il s'est passé dernièrement, et il est temps d'avoir une explication.

J'ouvre la bouteille d'eau et bois une gorgée pour avaler le premier cachet. Finalement, alors que j'envisage d'en prendre un deuxième, Olaf rentre dans la pièce avec des draps sur les bras. Visiblement, il ne s'attendait pas à me voir et je ne m'attendais pas à le voir non plus. Alors qu'il me fixe avec des yeux assez sombres, dont je ne parviens pas vraiment à comprendre la signification, je me contente de détourner le regard, cachant la boite de médicaments sous mes jambes, comme pris sur le fait. Je le laisse changer les draps sans bouger. Je me sens comme pris au piège. Comme dans une cage. Finalement, il s'installe entre les draps et me demande de le rejoindre. Je tourne la tête vers lui et le regarde avec un léger doute au fond de moi. Ou la conversation va-t-elle mener ? Je me redresse lentement et monte dans le lit à mon tour, m'enfonçant dans les draps. Je tiens toujours la boite de calmants dans ma main. Mais impossible d'en prendre un deuxième maintenant, pas vrai ? Mon regard se baigne dans celui d'Olaf. Mon coeur continue de battre la chamade, impossible pour moi de me calmer ce matin. Je regarde le bel Allemand et me contente de souffler, pour tenter de garder la face : « Je n'ai vraiment pas envie de m'embrouiller avec toi ... Surtout pas ce matin ».

Lorsqu'Olaf arrive, Hayden boit de l'eau et cache quelque chose sous ses jambes. Pourquoi autant de mystère ? Pourquoi autant de cachoteries ? Il est peut-être malade... puis bon, Olaf s'en fiche un peu... ce n'est pas pour une histoire de médicaments qu'il est aussi énervé et préoccupé. Alors qu'Olaf est installé, le beau britannique hésite. Pourquoi ? Il n'a plus confiance ? Cela risque de mettre l'allemand plus en colère qu'il ne l'est déjà. Depuis le début, son unique but pour lui, c'est de le protéger... donc qu'il ait presque peur quand il le voit ne rend pas les choses joyeuses. Il finit alors par - lui aussi - s'installer sur le lit. Les deux hommes se couvrent alors de la tête aux pieds, afin d'assurer la meilleure discrétion possible. Cette discussion ne concerne personne et se doit d'être intime. L'allemand débranche alors son micro et le retire... il regarde celui qu'Hayden porte actuellement sur lui. « Débranche. », lui lâche-t-il à l'oreille. Cette conversation ne concerne personne à part Olaf et Hayden.

J'ai rejoins Olaf, nos regards ne se quittent pas, et je le vois débrancher son micro après nous avoir plongé sous les draps. Avant qu'il ne me dise de faire de même avec le mien, je le retire également et l'éteint. On n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace, j'ai débranché les micros avant toi tu sais. Une fois que nous sommes baignés dans l'intimité la plus totale je le regarde tout en tentant de reprendre le dessus sur mes émotions. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » je lui demande alors que je réalise que nous sommes bien isolés pour une conversation anodine. Je me demande de quoi l'Allemand veut qu'on discute, s'il espère prolonger la discussion de la veille ou passer du tout au tout.

Hayden débranche son micro. Maintenant, les deux hommes peuvent discuter tranquillement, sans risquer d'être dérangés... et c'est parfait comme ça. Ils sont dans leur petit cocon, et mine de rien, cette petite ambiance qu'il y avait entre eux auparavant et qui a disparu avec le temps manquait à Olaf. Ces derniers temps, une partie de lui avait été retirée... et ce matin, elle est de retour. Hayden regarde Olaf... Olaf regarde Hayden. C'est un mélange de joie, de mélancolie, mais en même temps de haine qui s'offre à tous les deux. Vraiment une sensation indescriptible. Il a fallu qu'un manque se créé pour que les émotions soient décuplées... cependant, Olaf reste toujours en colère, et Hayden lui demande ce qu'il se passe. L'allemand passe alors sa main derrière le crâne du britannique, histoire de le rapprocher un peu de lui, il passe ses lèvres sur l'une de ses oreilles, puis il lui susurre : « En mission. ». Et c'est bien à cause de ça qu'il est énervé. Hier, la réaction d'Hayden a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Olaf reprend vite fait son micro... le rebranche pour dire dessus : « Les cadeaux empoisonnés, stop. »... puis il le débranche. Ce message était adressé à la production. Il se recouvre bien de la tête aux pieds, avec Hayden... profitant de ce petit moment... puis il lui chuchote quelques mots à l'oreille : « Production de merde. ». Il a fini par se rendre compte que le pire ennemi n'était pas un candidat lambda, mais bien la production. Il n'y a qu'à voir jusqu'où ils sont prêts à aller pour faire de l'audience. Ils ont voulu faire du mal à Hayden, et ça a vraiment fait mal à Olaf.

Le regard d'Olaf est empli de sentiments difficiles à comprendre, ses yeux parlent à sa place et des éclats de joie, de tristesse, de remords ou de colère jaillissent de son visage. Je me sens tellement mal à l'aise actuellement, j'ai l'impression que notre relation dérape dans un gouffre dont elle sera incapable de ressortir. Finalement, l'Allemand passe sa main derrière ma tête et se rapproche de moi pour me souffler en mission. J'hésite un peu, me reproche-t-il d'avoir joué ma mission encore une fois ? Ou au contraire, m'insinue-t-il qu'il était en mission également ? Finalement il se découvre après avoir rallumé son micro et dit tout fort qu'il rejette le cadeau empoisonné qu'ils lui ont donné et il se replonge dans le petit cocon qui nous lie tous les deux. Lorsque nous sommes à nouveau l'un en face de l'autre, nos visages à une proximité grandissante, il souffle que les gens de la production ne sont autres que des merdes. J'acquiesce alors, on ne peut plus d'accord avec ce que l'Allemand venait d'insinuer. « Tu viens vraiment d'arrêter ta mission ? Tu devais faire quoi ? » je lui demande à voix basse. Tous les bruits sont calfeutrés autour de nous. Mon coeur semble se calmer. Je ne sais si c'est Olaf ou bien le calmant qui commence à faire son effet.

Hayden a l'air très mal à l'aise. Que se passe-t-il ? Se sent-il - lui aussi - rongé de tristesse et de remords dont il n'arrivera pas à parler ? Olaf se rapproche un peu plus de lui. Ce climat est beau. Ils sont tous les deux, enfermés sous un nid de tissu blanc écarlate... et c'est un bonheur simple, comme l'allemand aime. Cependant, il reste toujours énervé... et certainement pas contre Hayden. À partir de maintenant, il a prévu d'offrir une belle guerre à la production. Il a compris qu'ils tenaient les ficelles et qu'ils avaient déjà prévu toute leur intrigue... et tout le monde tombe bêtement dans le piège. De plus, en donnant du crédit à une personne comme Shiva avec un secret comme il a eu, il constate qu'ils sont carrément prêts à enfoncer des personnes fragiles psychologiquement pour faire leur beurre. Et c'est vraiment dommage, car il y a tellement de façons de faire une bonne audience. Pourquoi vouloir être aussi trash ? Hayden demande à Olaf ce qu'il devait faire. « Ne pas te pardonner. Pendant une semaine. », lui lâche-t-il, toujours tendrement au creux de son oreille. La révélation est faite... maintenant, c'est ça de moins sur la conscience. Le but de cette mission n'était pas de semer la merde - qui était déjà semée - mais de la remuer. Donc maintenant, ils la ramassent. « Le jeu : la production. Nous : les marionnettes. ». Traduction : depuis le début, les habitants croient jouer... mais en réalité, il n'y a aucun jeu. C'est uniquement la production qui joue... et ça désespère bien Olaf.

La mission d'Olaf était donc de ne pas me pardonner. L'objectif de la production était clair : nous séparer pour de bon de manière à nous voir jouer en individuel et nous entretuer. Sans doute ferions nous plus d'audiences en nous clashant qu'en couchant l'un avec l'autre. Je le regarde avec un peu plus de tendresse encore. « N'as tu pas peur des conséquences ? ». C'est vrai, même si il est dans le SAS cette semaine, rien n'empêche la production de le remettre encore la semaine prochaine et celle d'après et ainsi de suite jusqu'à la finale si ils veulent se venger de son comportement, et peut-être aussi du mien. N'as-tu pas peur qu'ils nous séparent ? Finalement, il réalise que nous sommes des marionnettes, mais ça, je l'ai réalisé il y a bien longtemps. « Mais il y a des marionnettes qui valent plus que d'autres, et on doit se débrouiller pour faire parti du haut du panier Olaf ». Et je ne veux pas que tu sois une marionnette amochée par son comportement, ne te mets pas tout le monde à dos s'il te plait. J'ai besoin de toi entier ici : mais ça, seul mon regard pourra te le faire comprendre, je ne suis pas encore prêt à te le dire en face. Finalement, je le regarde et décide de lui demander doucement : « Je peux dormir avec toi ce soir ? », il n'y a que quand je suis avec toi que je n'en fais pas. Quand je suis seul, je me réveille constamment, presque toutes les nuits.

En quelques minutes, dans leur regard, ils sont passés de la haine à la tendresse. Leur relation semble repartie pour de bon. Il y a eu une petite période de down, maintenant, il faut espérer qu'il n'y ait que du up. Hayden lui demande s'il n'a pas peur des conséquences. « Peur de rien. ». Si il doit affronter tous les SAS jusqu'à la fin, il les affrontera et en reviendra - à chaque fois - comme un homme. C'est le meilleur moyen de se forger, de toute façon. Hayden est aussi conscient qu'il y a des marionnettes... sauf que certaines sont au dessus des autres. C'est une manière de voir les choses. « Oui. ». Il n'y a aucun doute, ils doivent tirer leur épingle du jeu. Il ne faudrait pa qu'ils soient séparés... donc ils doivent marquer le coup. Ils se regardent alors, puis Hayden lui demande si il peut dormir avec lui ce soir. Olaf fait mine d'hésiter... « Pourquoi pas ? ». Retrouver l'ambiance nocturne perdue avec le temps, ça rappellera de bons souvenirs. « Deux secondes. ». Olaf remet vite fait son micro, quitte le lit, ouvre la porte de la love room et ressort. Il revient, il a une petite course à faire au confessionnal.

Olaf retourne dans la love room, referme la porte à clé et se réinstalle sous la couette avec Hayden. Il a fait ce qu'il avait à faire, maintenant, il est temps de prolonger ce moment de complicité. Il se mordille la lèvre inférieure puis chuchote à l'oreille du britannique. « Sinon... quoi de neuf ? ». Ca fait assez longtemps qu'ils n'ont pas eu une bonne conversation, donc il faut se mettre à jour.

Olaf accepte à demi-mots de dormir avec moi ce soir, et il quitte la pièce en me disant qu'il revient. Je reste figé quelques secondes, puis je décide de faire vite, j'ouvre à nouveau la boite de calmant pour prendre un deuxième cachet et une fois avalé je mets la boite sous le lit et dépose la bouteille d'eau à côté de moi, sur la petite table de chevet. J'attends ensuite le retour du bel Allemand, qui ne tarde pas, et lorsqu'il se réinstalle à côté de moi, il me demande ce qu'il y a de nouveau depuis notre dernière vraie discussion ... Qui remonte à il y a déjà plus de deux semaines en liant la pièce secrète et la mission ou ni lui ni moins ne pouvions nous parler. « Des cauchemars » je souffle finalement, comme une confession, le coeur relativement lourd malgré l'apaisement des dernières minutes. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait sans moi pendant deux semaines ? ».

Leur dernière vraie conversation a eu lieu il y a assez longtemps. En fait, tout s'était arrêté brutalement au moment où il a été placé dans la maison des exclus. Le dernier vrai souvenir qu'il avait gardé de lui était leur choix en commun.... et c'était il y a trois semaines. Il faut impérativement rattraper le temps perdu. Même après ce temps de vide, le lien n'est toujours pas brisé, bien au contraire. Toutes ces péripéties semblent avoir soudé le duo. Hayden lui avoue qu'il a eu des cauchemars pendant ce temps. « Des cauchemars ? Comme ? ». Maintenant, Olaf est là... il ne risque plus rien. Il sait qu'il sera en sécurité. Il lui demande cependant ce qu'il a fait sans lui pendant tout ce temps. « Conflits en masse. Lassitude. ». Autant le dire : il a subi son aventure... et il ne veut plus que ce soit le cas. À deux, soudés, ils seront plus forts que jamais.

Olaf me demande des explications sur le pourquoi de mes cauchemars et mon regard se brouille quelques secondes ... Allan ... Celui qui hante mes cauchemars depuis tant d'années. « Un ami à moi, qui s'appelait Allan ... Est mort il y a plu-... Je m'interromps, la gorge nouée, est mort à cause d'une sale affaire de drogue ». Pourquoi tu parles de ça Hayden ? Espèce d'abruti. Je reste silencieux. Je le revois, en boucle, mourir face à moi. Putain. J'ai vraiment été qu'un sal petit con pendant tant d'années. « Je n'ai rien pu faire, et il est mort à cause de mon manque de réaction », mon coeur s'accélère encore. Je crois que c'est d'un somnifère dont je vais avoir besoin, pas de calmants, ça suffira sûrement pas, pas si je remue les démons du passé.

Un ami à lui qui s'appelait Allan et qui est mort dans une affaire de drogue ? Chacun a son histoire... et celle d'Hayden est particulièrement touchante. « Une affaire de drogue ? ». Olaf a besoin qu'il en dise un peu plus... qu'il s'ouvre un peu plus. Là, il est sur la bonne voie, et il faut continuer comme ça. Un manque de réaction ? Malgré les apparences, Hayden a l'air de quelqu'un qui ne se révèle pas facilement... et c'est peut-être ça qui a fait la différence à ce moment là. « Regrets ? ». L'histoire d'Hayden est en partie similaire à celle d'Olaf... et ça peut rapprocher les deux hommes. Il va falloir creuser ça. En attendant, c'est l'heure de Mister Secret, donc l'allemand prend le britannique par la main, il ouvre la porte et va en direction du jardin avec lui.

Olaf demande des clarifications concernant l'histoire de drogues que je viens de lui confesser ... Est-ce que c'est raisonnable de lui en parler ? Est-ce que ça ne me met pas trop en danger ? Je n'en sais rien, mais peu importe, je décide de parler, j'en ai besoin, mon coeur bat trop vite. « Je n'ai pas toujours été ce garçon froid, distant et qui peine à s'amuser. J'ai été un petit con prétentieux et arrogant très longtemps. J'étais un peu comme Eden, si ce n'est pire. Drogue, alcool, prétention, c'était moi ... ». Mon coeur s'accélère, Allan était rongé par le crac, mais il a été rattrapé par les gangs. Il est malheureusement mort sans que je ne puisse rien faire et lorsqu'Olaf me demande si j'ai des regrets, je sens ma voix se mettre à trembler ... « Beaucoup trop de remords oui ... » je marque un arrêt puis il m'invite à aller à l'élection de mister Secret. Je me redresse, essuie mon visage d'un revers de la manche alors qu'un semblant de larme commençait à se créer, puis nous quittons la pièce main dans la main.