Jour 27

J'arrive à l'isoloir avec Emile et m'installe à même le sol, dos au mur, jambes étendues sur le sol. Je le laisse s'installer à côté de moi et lui tends ensuite le paquet après avoir récupéré une cigarette pour moi. Je l'allume doucement en mettant ma main autour du briquet et je tire une première latte avant de maintenir la fumée dans mes poumons en regardant ensuite Emile. Je relève la tête vers le ciel et crache la fumée. « Comment ça se fait que t'es dans cet état ? », ils ont aussi coupé le courant dans ton cerveau lors du prime ? T'es alimenté par le générateur de secours ?

Il m'explique que son sommeil est altéré par celui d'Emmanuel, qui lui réussi visiblement a passer des nuits paisibles dans le jeu. Je le regarde avec un léger sourire et ajoute : « Il y a deux chambres, tu devrais migrer dans l'autre au pire ? Les lits se libèrent vite, ici ». Les départs s'enchaînent rapidement, surtout en ce début de jeu. « Ca t'arrive souvent, les insomnies ? », je lui demande avec attention en tirant sur ma cigarette. Puis il me demande si je suis satisfait d'avoir mis Pénélope dans le SAS, j'hoche les épaules. « Je ne tire aucune satisfaction à nominer les gens tu sais, je dis en plongeant mon regard dans le sien, mais je préfère voir dans le SAS les gens que je n'apprécie pas, et Pénélope est en top list pour ça, donc je ne vois pas pourquoi je l'épargnerais, puis j'ajoute, d'autant plus qu'elle est vraiment trop dans la stratégie et que je n'ai aucune confiance en son faux cerveau de blonde idiote et écervelée », son rôle, je n'y crois pas. Je crois qu'il ne nous a pas suivi là dedans, Emile, mais soit. Je le laisse fumer un peu puis lui demande : « Ca marche ? », je dis en montrant la cigarette d'un geste de la tête. Ca te réveille ?

Il m'explique que changer de chambre ne servirait à rien, puisqu'Emmanuel est sur le départ. Et il a raison, à vrai dire. J'acquiesce donc d'un mouvement positif de la tête et le laisse poursuivre. Il m'explique que la nuit, c'est son élément, qu'il est plus productif. « L'inspiration nocturne, hm ? C'est quoi ton dernier projet ? » je lui demande par pure curiosité, intrigué par son métier et ses passions avant qu'il ne me rappelle que je suis aussi très porté sur les stratégies. « Pour dire vrai, j'étais resté plutôt en dehors jusqu'à maintenant. Jusqu'à ce que Pénélope vienne me chercher dans le SAS pour mettre les deux noms qu'elle avait décidé de voir. C'est à partir de ce moment que je me suis méfié d'elle et que j'ai compris que je devais rentrer à cent pour cent dans le jeu » et pour ça, l'éliminer elle était la meilleure des options. Bon, j'ai peut-être un peu menti, j'ai peut-être beaucoup joué sur les stratégies d'entrées, mais je suis là pour ça, c'est que j'ai promis à la production lors de mon casting. Finalement, Emile me parle d'Eden, j'arque un sourcil lorsqu'il me demande si je compte encore m'envoyer en l'air avec lui. Je ris dans un souffle : « Je ne couche pas avec les fantômes, je dis alors qu'Eden ne m'a presque pas calculé depuis mon retour de la pièce secrète, ni même lors de mon départ. Je regarde ensuite l'asiatique et lui demande en soufflant la fumée que je maintenais dans mes poumons. Alors, ça devient sérieux, c'est ça ? ».

Il m'explique qu'il a plusieurs scénarios en tête mais que pour le moment, il préfère se focaliser essentiellement sur le jeu. « Et t'as déjà réalisé des films ? Des courts métrages ? » je le questionne tout en fumant. Parce que d'accord il veut aller loin, mais comme nous tous ici. Donc autant se concentrer sur sa vie professionnelle que ses aspirations en tant que joueur. Il rétorque ensuite que la stratégie de Pénélope a pris place lors de la première ou la deuxième semaine du jeu, je rétorque alors : « La deuxième, oui. Pendant la troisième j'ai eu le pouvoir des nominations malgré moi, bien que ça m'ai arrangé, et maintenant j'ai réussi a me venger en la mettant dans le SAS, après, je vise mes ennemis, c'est tout », et c'était vrai. Je n'avais jamais pensé à trahir les gens que j'appréciais. J'avais mis Morgann dans le SAS et elle était parti, je n'avais aucune affinité avec elle et ça avait clairement affaibli Pénélope. Il m'explique ensuite que tant que notre guerre reste entre nous, il ne s'y opposera pas : « Tu es ici pour quoi, Emile ? Je lui demande. La chasse aux secrets ? », et si oui, ou en es-tu ? La conversation dérive sur Eden et le mot fantôme fait écho chez l'asiatique. « Rien rien, seulement que je ne le vois plus et que la dernière fois que je lui ai adressé la parole ou que j'ai tenu une vraie discussion avec lui, c'était avant mon isolement », c'est triste, pas vrai ? Ca t'as laissé quartier libre ceci dit, hm ? Il m'avoue ensuite qu'ici, rien n'est sérieux et que seul l'extérieur révélera la vérité. Lorsqu'il me dit que tout ici est illusoire, je ne peux m'empêcher de répondre en écrasant ma cigarette au sol « Mais il y a des illusions plus belles que d'autres, qui font plus vraies », et Eden en fait parti, il est de ce genre d'écran de fumée que tu crois attraper, que tu crois toucher, mais qui disparaît lorsque tu penses être au plus prêt. « Il te plait ? », je plonge mon regard dans le sien en me laissant glisser sur le sol.

« Bonne nuit, Emile » je dis en quittant l'isoloir.