Jour 16

J'ouvre les yeux difficilement, dépose un bisou sur le front d'Olaf, puis je quitte la love room, direction de nouvelles aventures avant le prime de ce soir.

Ce baiser sur le front est le meilleur des réveils pour Olaf. Il se lève et direction la salle de bain.

En peignoir, Olaf arrive, prend des vêtements au hasard et les ramène à la salle de bain.

Cette soirée avait été longue et signée par le départ de Rachel. Je n'étais pas particulièrement surpris, elle avait cependant fait une bonne bataille. J'arrivais donc dans la Loveroom bien décidé à me reposer un peu, déposant ma veste dans un coin avant de déboutonner les premiers boutons de ma chemise.

Couverture sur moi, j'arrive d'un pas traînant jusque dans la love room. Emile y est déjà présent et j'ai un léger moment d'hésitation. Je décide tout de même de rentrer. Je crois que je couve quelque chose, et j'voulais passer une nuit dans un bon lit. Le départ d'Hayden étant l'occasion pour moi de profiter enfin de cette love room. J'suis pas trop fan de la décoration. Trop de couleurs vives pour moi.

Alors que je m'apprêtais à me mettre un peu plus à l'aise, Eden arrivait à son tour dans la pièce. M'approchant légèrement de lui, ma main venait se poser sur son front « Tu m'as pas l'air particulièrement malade pourtant. » lui dis-je en haussant finalement les épaules avant d'ajouter « Mais je comprends ton besoin de retrait. » Parfois ça faisait de bien de se séparer un peu du groupe. « Mais que ça soit toi ou moi, il est hors de question que je nous laisse dormir... là dedans. » franchement, ça serait du suicide. Tirant sur tous les draps, je les dégageais dans un coin de la pièce, en sortant ainsi des nouveaux du placard.
« Allez hop, aide moi. »

Emile vient prendre ma température, ce qui fait naître un fin sourire idiot sur mon visage. J'y vois souvent trop, mais ça me semble très protecteur comme geste. Mon regard se dirige vers les draps. Dieu sait quelles cochonneries ils ont fait ici. J'apporte l'aide nécessaire à Emile pour défaire les draps et mettre les nouveaux, lui lançant des fois quelques regards furtifs sans essayer de me faire griller. Un véritable nid douillet. Je me laisse tomber sur le lit, une main portée sur le bas de mon ventre. Ou alors, c'est peut être que j'ai un peu trop abusé de la glace. Quand toi et Clem n'êtes pas là, c'est plus difficile de s'arrêter.

Il est vrai que je ne préférais pas imaginer ce qu'Olaf et Hayden avaient pu faire dans ce lit, ce qui était cependant vrai, c'est qu'ils avaient occupé la pièce pendant de nombreux soirs. Mais pas ce soir, il ne fallait pas déconner non plus. Bon, de toute façon Hayden était """éliminé""". Quelque part, la phrase que je lui avais dit en face, concernant le fait qu'il n'allait pas faire long feu s'était avérée véridique, même si on savait tous que ça n'était pas franchement la vérité. Une fois les draps changés, mon sourcil droit s'arquait face à la remarque du brun. « Parce que tu as besoin de moi pour te canaliser ? » m'amusais-je avant d'ajouter « Et depuis quand je ne suis plus là ? » C'était nouveau ça encore.

« Parce que tu as besoin de moi pour te canaliser ? » Je lâche un long soupir, avant de rire très doucement, ayant enlevé mes lunettes de soleil depuis bien longtemps. Mon regard ne quitte pas Emile. Ce qui est troublant avec lui, c'est qu'on peut jamais vraiment savoir si il est sérieux ou non. A sa deuxième question, je hausse les sourcils, pas du tout dans ma zone de confort. J'avoue que j'avais parlé sans réfléchir, parce qu'au fond, c'est un peu ce que je ressentais. Mais je m'attendais pas forcément à ce qu'il relève. Je sais pas... Tu as l'air de bien t'entendre avec... Clem.
Et voilà... quoi. J'reste plutôt vague, impossible d'imaginer que j'puisse lui dire que j'me suis senti délaissé, ça me rendait bien trop vulnérable à ses yeux, et c'est pas l'image que je veux rejeter dans cette maison.

Penchant légèrement la tête sur le côté, j'écoutais les paroles d'Eden sans trop savoir quoi en penser. Ses réactions me semblaient démesurées puisqu'il ne m'avait jamais vraiment dit quoi que ce soit jusqu'ici. Evidemment, d'instinct, je me doutais bien que quelque chose l'avait dérangé là dedans, et que depuis quelques jours, il ne se sentait pas forcément à me parler. « T'attends quoi de moi exactement Eden ? » lui dis-je dans le plus grand des calmes. Ça n'était pas particulièrement dit comme un reproche, plutôt comme une réelle interrogation. Que voulait-il vraiment ? En avait-il la moindre idée d'ailleurs ? « Je vais reformuler. » qu'il comprenne mieux « De quoi t'as envie, là tout de suite ? Sois franc, avec toi même comme avec moi, on mérite bien ça. » Mais surtout avec lui même.

Cette discussion n'a aucun sens. Très clairement. Qu'est ce que j'attends de lui ? Je suis supposé en attendre que dalle. On est dans un jeu, on joue, on s'attache pas puis on retourne à nos vies. Un gros blanc, je le fixe l'air un peu absent, ma respiration de moins en moins fréquente. Il faut bien que je trouve quelque chose à répondre. Nous trois, dans ma tête, c'était nous trois. Je détourne le regard, sachant pertinemment que cette réponse n'allait pas le satisfaire, tout comme elle ne me satisfait pas. Je m'attendais pas à avoir une discussion aussi ''personnelle'' ici. Et j'ai pas envie d'être laissé de côté.

C'était nous trois. Arquant une nouvelle fois mon sourcil, comme à chaque fois que je laissais paraitre un questionnement, je prenais place sur le bord du lit, face au jeune homme. Nous trois. Et alors qu'il me disait ça, son regard s'échouait sur le sol, en fuite. « Eden... » A vrai dire je me disais qu'il y avait bien une part de vérité dans ce qu'il me disait. Je comprenais le fait qu'il ne veuille pas être mis de côté, mais pour autant « Mon métier c'est d'apprendre à jouer la comédie... » il pensait réellement que je n'allais pas deviner son demi-mensonge ? « Je te plais ? » autant lui poser la question directement après tout. Mes prunelles, elles, ne quittaient pas son visage, cherchant à capter son regard pour y défier une once de vérité.

J'pense m'en sortir, mais il me lâche pas, il s'accroche, essaye de comprendre. Une de mes mains vient nerveusement serrer le drap. J'incline légèrement la tête quand il fait allusion à son métier. Il finit par poser LA question. Je le dévisage malgré moi, pleins de pensées contradictoires entrant en jeu dans l'élaboration de ma réponse. Ouais. Ils me plaisent. Tous les deux. Pour des raisons différentes, parce qu'ils sont différents. C'est aussi difficile à expliquer qu'à imaginer.

Je pouvais sentir son visage se décomposer au moment même où je posais la question. La fameuse question que l'on avait volontairement choisi d'éviter l'un l'autre. Et la réponse était bien celle que j'attendais. Je lui plaisais. « Et alors ? T'allais baisser les bras comme ça et accepter ? » lui dis-je alors que ma tête se retournait dans sa direction « Sérieusement il est où le Eden de la première soirée ? » finis-je par ajouter de ma voix grave « Celui qui ne se laisse pas marcher dessus, et qui agit avant de ne plus avoir de contrôle. » Parce que c'était bien ce gars là que j'avais rencontré, et que je connaissais, pas cette demi-mesure effrayée à l'idée de dire trois mots que j'avais en face de moi. « Ressaisis-toi. »

J'me sens comme empli d'une seconde énergie aux mots d'Emile. Je déteste quand les autres ont raison, mais où j'suis ? Définitivement, j'me suis perdu en route. Ma main se décolle du drap en même temps que mon visage se raidit légèrement. Puisque j'suis incapable d'aligner trois mots ce soir... Je pousse Emile sur le lit, empoignant fermement l'un de ses poignets. Mon regard croise le sien, joueur, ambitieux. Et j'viens l'embrasser avec cette fougue toute particulière, revigorer par Emile et ses mots durs: ce soir j'agis et j'reprends le contrôle.

Je ne reconnaissais pas la personne que j'avais en face de moi, ou plutôt, ça n'était pas vraiment celle que j'avais connu par le passé. Toute sa force de caractère et son ambition s'étaient envolés, pour ne laisser place qu'à une ombre faite de résignation. Je refusais ça. Hors de question de perdre l'un des meilleurs atouts de cette aventure simplement parce qu'il était trop effrayé à l'idée d'assumer ce qu'il voulait. Alors, lorsqu'il vint faire basculer mon corps sur le lit, passant au dessus de moi pour m'immobiliser, son visage à quelques centimètres du mien, un sourire imperceptible étira mes lèvres, bientôt accaparées par celles du beau brun. Ça serait mentir que de dire que je ne l'avais pas vu arriver, ou même que j'aurais voulu le repousser. Non, en réponse, mes dents vinrent se planter légèrement dans sa lèvre inférieure, le provocant un peu plus.

Ses prunelles intimidantes que je tentais de fuir quelques secondes plutôt ne me faisaient absolument plus peur. Au contraire, j'm'y voyais briller et en pleine possession de mes moyens. Totalement moi, en somme. Je relâche tout doucement la pression autour du poignet d'Emile plus concerné parce ce qui se tramait plus haut. Après qu'il m'est mordu la lèvre, je me recule de manière sec, mon emprise se faisant à nouveau plus forte et présente. Mes baisers parcourent son cou, dans des souffles chauds, arrivent jusqu'à la lobe de son oreille que j'me mords à mon tour avec conviction.

Je pouvais sentir des frissons parcourir mon corps à chacun de ses mouvements, à chacun de ses baisers, ma peau de braise vibrant sous son contact. Mes pensées elles, s'étaient éteintes un instant, prêtes à savourer le moment, et pourtant, mon côté joueur reprit rapidement le dessus alors que ma main quittait son emprise pour venir glisser dans le bas de son dos, jouant avec les bords de son tee shirt. Mes lèvres récupéraient alors rapidement les siennes, dans un baiser braise, alors que je le poussais finalement à mes côtés, me relevant ainsi, debout à côté du lit. Là, je récupérais ma veste posée dans un coin, un sourire malicieux au coin de mes lèvres. Je pouvais sentir son regard me suivre. « Tu n'as pas cru que ça serait aussi simple, hm ? » m'amusais-je en poussant la porte de la loveroom « Profite bien des nouveaux draps. » je lui adressais un clin d'oeil avant de quitter la pièce.

Il quitte mon emprise, se défile. Et se mêle en moi un mélange de frustration, d'excitation. Je me redresse légèrement, passant l'un de mes doigts sur la lèvre qu'il avait mordu plus tôt. Il me teste, et j'vais relever le défi comme il se doit, j'sais qu'il en doute aussi peu que moi. Une fois qu'il est parti, j'me lève histoire d'aller fumer une dernière clope, ou de retrouver Stan, au choix.

La love room pour moi tout seul, le pieeed. Je m'allonge sur le lit et m'endors instantanément, c'est que c'est confortable en plus.

Je pousse la porte de la love room, pensant qu'il n'y avait personne. Loupé, Eden est là allongé dans le lit. Oh pas grand grave ! Toute façon j'suis trop crevé pour aller jusqu'à la chambre... Je me met en boxer, pousse un peu Eden sur le côté, et je m'endors dans le lit.

Je me lève déjà, alors qu'Eden est toujours en train de dormir. Je pars direct à la douche.

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