Jour 13

J'arrive à destination avec Clémence sur le dos. J'avais gagné et il était temps pour moi de réclamer mon dû. Je dépose Pépito sur le siège du confess et regarde le buzz avec l’œil brillant. « Voilà ce que tu vas faire. Tu vas buzzer et dire que tu penses avoir trouvé mon secret... » Je tire une taffe de notre clope commune, dans un petit sourire. « Et quand on te demandera de quoi il peut s'agir, tu diras un truc du style ''J'pense qu'Eden est le gars le plus cool de la terre. Quelque chose comme ça, je laisse le soin à ton imagination de choisir par quelle manière tu vas faire la fayot. » J'croise son regard de mes prunelles vives, comme elles le sont souvent avec Clem.

Eden il perd pas l'nord, il a gagné, il décide de mon sort. J'ai juste le temps de finir et jeter ma cigarette qu'on rentre déjà dans la maison, direction... le confessionnal? Agrippée sur son dos, j'me laisse porter, c'est moins fatiguant que marcher. On arrive donc, et le gage que me donne Eden me fait largement sourire. « Tu t'arrêtes jamais toi hein? » Je ris dans un souffle en baissant la tête, réfléchissant un court instant avant de me lancer, et d'appuyer sur le buzzeur. Quand l'alarme retentit, je prends le bras du candidat pour le poser autour de mes épaules, et je danse légèrement... avant que La Voix ne se manifeste.« J'ai déclenché l'alarme des secrets car je pense avoir découvert le secret d'Eden. » Je me mordille la lèvre inférieure, avec un sourire très amusé. « D'après moi, Eden appartient à un gang de mafieux. » Je reste les yeux rivés sur la caméra, alors que je sens Eden me regarder à côté. « Pour la coupe, déjà. Et puis, il est menaçant comme garçon. Tout est lié. » Je finis par tourner la tête pour plonger mon regard dans celui du brun, enjouée.

Le buzzer retentit et ce son ambiance toujours autant. Je me suspend aux lèvres de Clémence, impatient de savoir ce qu'elle va dire. Je mise sur le terme: ''beau-gosse'' ou encore ''la plus belle chose que cette terre ait...'' ah non. Mafieux. Mafieux qu'elle a dit. J'ouvre la bouche de surprise, dévisageant totalement Clem. « Déjà qui a décidé qu'il y avait une coupe spéciale pour les mafieux ? J'veux dire, t'as pas une coupe spéciale pour les boulangers, ni pour les bouchers, alors pourquoi pour les mafieux ? Puis toi, tu vois souvent les coiffures des mafieux ? Bah non, ils portent tout le temps des chapeaux.  » J'pose les vraies questions moi, je finis par rire doucement, rapprochant le visage de Clémence de mon buste avec le bras qui entourait ses épaules. « Avoue, ça te ferait grave kiffer de savoir que j'suis un mafieux... » Pour la compréhension de l'exercice, j'ai l'impression qu'elle a pas tout comprit. A mon sens, ça mérité un deuxième gage.

J'attends qu'Eden finisse son speech. Une fois qu'il le termine, je reste plantée là, la tête levée vers lui et mes yeux aussi. « Tu vois, tu prends le sujet très à cœur. » Un fin sourire de fourberie se dessine sur mes lèvres. « Si ça c'est pas un signe. » J'me mets à rire, alors qu'il me rapproche de lui. Je prends sa main dans la mienne et joue avec ses doigts. « Non... finalement j'trouve que t'as plus une tête de boulanger. » J'me mords la lèvre, les yeux pétillants, trop amusée par la situation.

Olaf arrive, après avoir suivi Eden et Clémence, et La Voix lui dit directement que le confessionnal n'est pas libre. La porte du confessionnal est fermée... et la pièce est interdite au public. Ils ne lui ont pas fait ça, quand même ? Eden risque de se prendre une belle punition, ça, c'est sûr. Il s'assoit devant le confessionnal, et attend.

Faut pas s'fier à son sourire d'ange, elle est démoniaque Clémence. Je roule des yeux à sa remarque « Vous avez vu comment elle tend des pièges ? Cette fille, c'est le diable en personne. » que je dis à l'attention de La Voix qui n'écoutait sûrement déjà plus notre conversation. Et voilà qu'elle me compare à un boulanger. Je me recule d'elle et me mord la lèvre, amusé par la situation. « Et toi alors, on en parle de ton air de bibliothécaire ? Avec tes lunettes rondes trop mignonnes, ton joli petit nez, tes petites... » Qu'est-ce que je raconte ? « Bref, tout ça pour dire que j'suis sûr que tu serais devenue un rat de bibliothèque si jamais t'étais pas aussi bavarde et bruyante. »

Moi? Le Diable en personne? Je laisse échapper un rire, avant de reprendre mon sérieux. « Méfiez-vous des appareences! » j'avertis sur un ton mystérieux tout en replaçant mes lunettes sur mon nez. Alors que je taquine Eden en associant son physique à tel ou tel type de personne, il commence à faire de même pour moi. Je l'écoute avec attention, et me pince les lèvres une fois qu'il termine. « Et oui... j'aurais pu être une bibliothécaire, dans une autre vie... » genre, une vie où j'aurais aimé la lecture. « ...avec "mes lunettes rondes trop mignonnes, mon joli petit nez et mes petites..." » Je répète ce qu'il a dit quelques instants plus tôt, malicieuse. « Mes petites quoi, d'ailleurs? » Je demande, avec un sourire angélique. Et dire qu'à la base, c'était moi qui devais le complimenter...

J'ai la vague image d'une Clémence qui tiendrait une bibliothèque. Un bordel monstre, avec des skates partout, des bédos qui tournent. Ouais, j'aurais un peu plus traîné dans les bibliothèques si ça se passait comme ça. Elle répète ce que j'ai dis précédemment sans trop vraiment réfléchir sur sa belle bouille. Cette insolence... Nan, j'refuse, c'est mon rôle à moi ça.  « Et tes petites manies très dérangeantes, comme par exemple de remonter tes lunettes à ton nez. Typique des bibliothécaires ça... » J'prends un ton dégagé, en essayant de pas paraître trop concerné, le regard déjà porté ailleurs que sur Pépito. « Mais moi, j'peux pas être boulanger, j'suis déjà gosse de riche à plein temps... Désolé, va falloir que t'ailles voir ailleurs si tu veux qu'on te fasse des croissants. »

J'explose de rire quand Eden complète finalement sa phrase. « C'est pour mieux te voir, mon enfant! » Quoi? Comment ça je joue mal le rôle du méchant loup dans le petit chaperon rouge? Eden préfère détourner le regard et me rappeler qui il est. Je souris, amusée, lui donnant un léger coup d'épaule avant de laisser ma tête se frayer un chemin pour se nicher dans son cou. « Ahhhhhhh... comment t'assumes paaas! » J'le taquine, toujours et encore. J'crois qu'c'est l'une de mes activités principales dans cette maison. Je me redresse enfin, laissant une proximité entre nous afin de le dévisager complètement. « Non mais t'inquiète.. » Mes yeux parcourent son visage. « Moi aussi, j'aime bien, tes... cernes... et ton air d'gamin rebelle! » J'avoue, sourire en coin.

J'ai peur d'avoir capter la référence. Ce serait bien qu'on installe un nom de code pour quand elle se décide à faire des références dépassées. Je soupire doucement devant les conneries de Clem, c'est qu'elle fatigante hein.... « En même temps, j'ai pas envie de me lever à 4h du mat pour cuire des baguettes et du pain gris.» Le monde appartient à ceux qui se lèvent à l'heure où j'me couche. Elle enfuit sa tête dans mon cou avant de la relever pour capter mon regard. « C'est un bon commencement...» que je dis en rapprochant un petit peu mon visage du sien. « C'est tout ce que t'as comme compliments en stock ? » J'prends un air faussement déçu. Traîner avec des acteurs, ça aide à en devenir un bon.

« Pourtant j't'imagine grave bien dans l'rôle! Avec un peu d'chances, j'viendrai t'acheter des mille-feuilles. » Sous-entendu : retiens, j'aime les mille-feuilles. Je le regarde, amusée, tandis que le petit jeu des compliments raté continue. On est inépuisables. « C'est tout c'que j'ai, oui... parce que c'est surtout les seuls en fait. » Quoi, vous voyez d'autres trucs qui passent sur le visage d'Eden? J'me mords la lèvre inférieure, détaillant son visage.« J'ai beau cherché, j'vois rien d'autre qui mérite mon attention. » Provocation, quand tu me tiens. J'provoque le gosse sans arrêt, et j'joue encore à un jeu dangereux lorsque je rapproche d'avantage mon visage du sien.

C'est memorized J'reviens même pas sur le délire du boulanger. La seule fois où j'ai essayé de faire un gâteau, il marchait tout seul. Puis je préfère les tiramisus. Donc, elle avait pas d'autres compliments en stock. J'me sens pas du tout déconcerté, nos visages continuent à se rapprocher. J'm'arrête à quelques centimètres de ses lèvres. Après un petit moment d'inertie, je dépose une main sur sa joue pour venir pousser Pépito. « Dommage, t'étais à deux doigts de réussir mon gage. » que je dis d'une manière faussement innocente. Sérieux, ça fait combien de temps qu'on est là ? J'ai l'impression de pas avoir vraiment de notions du temps depuis qu'on est arrivé ici.

J'humidifie mes lèvres avant de les mordre dans un sourire, fermant légèrement les yeux, lorsque Eden me repousse avec sa main. « Qui a dit que j'jouais encore? » Je me lève du canapé, passant derrière Eden et m'abaissant légèrement pour poser mes bras sur ses épaules. « Oublie pas ma baguette bien cuite pour demain matin, j'aime quand ça croustille. » Je lui tape doucement l'épaule et je quitte la pièce, tombant... sur Olaf, assis. « Olaf? » Mais qu'est-ce-qu'il fait? « J'suppose que c'est pas moi que tu attendais, dommage. Bon allez, see you next time to the sea to the cotton eye joe! » J'me casse en dansant le madison.

Clem passe ses commandes. J'crois que c'est mort, va me falloir beaucoup d'efforts pour lui faire comprendre que j'suis pas boulanger. Elle quitte le confessionnal, toute légère et enjouée. J'peux néanmoins l'entendre crier Olaf. Et j'éclate de rire. Qu'est qu'il fait là lui. Je me lève à mon tour et regarde le beau brun assis par terre. « Qu'est ce que tu fais là ? T'attends depuis tout à l'heure ? » Je le jauge d'un regard, dans un petit sourire angélique. « Tu me fais à manger pour récompenser ma victoire à notre défi ? J'ai trop faim. »

Bon, il semblerait qu'Olaf ne soit pas très chaud à l'idée de me faire un p'tit canard à l'orange. Je le laisse à la porte du confessionnal, préférant aller me préparer pour la soirée.

Olaf s'était endormi ici... il n'avait donc pas pu voir Eden. Cependant, celui-ci ne paye rien pour attendre. Vu que les deux sont sortis, l'allemand part à la soirée prévue.