Jour 4

Je m'isole ici pour fumer une pipe. J'hesitais entre un cigare et une pipe, finalement une pipe c'est plus plaisant.

J'étais resté ici toute la journée à fumer ma pipe, à réfléchir à tout et à rien, je commençais à avoir une petite faim. Je partis donc vers la cuisine.

J'viens me rouler une clope et profiter un peu du calme, loin de toute cette agitation. Sérieux, avec ce nouveau casting, on pourrait créer le nouveau muppet's show. Je prends l'une des chaises et me pose dessus en sifflotant une chanson disney que j'avais en tête.

J'arrivais dans l'isoloir pour fumer une cigarette. En entrant je vis tout de suite Eden. Je lui souriais alors pour le saluer, avant de m'asseoir à ses côtés et d'allumer ma cigarette. « C'est ambiancé dans la maison, on ne sait plus où donner de la tête... » Dis-je légèrement blasée. C'est vrai que niveau ambiance dans la maison là c'était mort. Malheureusement.

Je rejoins l'isoloir désireux de prendre un peu de temps libre et de boire le Punch Coco que j'ai emmené en juif et de manger les Curly que j'ai piqué dans le sellier. Lorsque je vais pour m'installer je vois que Eden est déjà là, sifflotant Je voudrais déjà être roi du Roi Lion. Je ne peux m'empêcher de voir qu'encore une fois, notre conversation risque de tourner autour de Disney. Je m'assois à côté de lui et lui montre ma bouteille d'alcool pour toute entrée en matière. Je le regarde quelques secondes et propose : « Te rendre au pays imaginaire, ça te dit ? ». Il n'a pas le temps dé répondre que Vânia nous rejoint, bon, elle a piqué mes frites une fois, pourquoi pas mon alcool ? Elle fait une remarque sur l'ambiance de la maison, et je ne réponds rien, je préfère laisser Eden prendre la parole le premier. J'ouvre la bouteille et en bois une gorgée.

J'termine ma clope plus ou moins en même temps que Vânia arrive. Je fouille dans mes poches, me rendant compte que j'ai oublié mon briquet à l'intérieur. « Tu me passes ton briquet ? » Petit sourire à l'appui pour la remercier. Je m'allume ma clope dans un haussement d'épaule à sa remarque. « A vivre les uns sur les autres h24, on peut déjà être content de pas s'entretuer. » J'marque une pause, me mordant un peu la lèvre pour retenir un rire. « Oh wait, il y en a déjà qui se sautent à la gorge. A défaut de t'amuser, vois ça comme un jeu de survie grandeur nature. Puis t'as l'air de bien kiffer ton moment avec le petit Shiva, non ? » Avec lui et ses conneries créationnistes, y'a de quoi se marrer. Hayden nous rejoint finalement avec une bouteille d'alcool. Merde, j'ai déjà la réputation d'alcoolo qui me colle à la peau ? « C'est ta poussière de fée à toi ? Ta façon de t'envoler ? » que je lui demande en lui prenant la bouteille pour boire une gorgée. « Vous pensez que j'peux établir un camp ici ? Ce serait un peu comme mon royaume. Et si vous voulez, vous pourrez être mes disciples, voire mes conseillers. »

Je prêtais mon briquet à Eden alors qu'il me dit que au moins on ne s'entretuait pas. Mouais enfin vu la soirée d'hier c'était un peu le cas. « Le mieux serait qu'on rigole et qu'on s'amuse tous ensemble ! On est pas là pour ça aussi ? » Personnellement, moi oui ! Il finit par me parler de Shiva. Je rougissais à ses paroles. Donc il avait vu notre rencontre, notre moment qui, je pensais, n'appartenait qu'à nous. Mais ce n'était pas le cas vu qu'il y avait assisté. Je finis par le regarder, un sourire un peu gêné sur les lèvres. « Jaloux de notre rencontre galactique ? » Je lui faisais un clin d'oeil alors qu'Hayden arrivait. Je lui souriais et je voyais qu'il avait de l'alcool dans les mains. « J'avais oublié que les français adorait l'alcool ! » Je riais. Je ne le jugeais absolument pas, au Brésil on buvait aussi beaucoup d'alcool !

Et une réflexion sur Shiva, une. Décidément, leur relation aura fait jaser jusque chez les exclus. Moi je n'y ai pas prêté tant attention que ça, mais il faut croire que tout le monde les a remarqué, le rayon de soleil et l'illuminé, ensemble, c'est plutôt prévisible. On parle ensuite de comment on évolue dans la maison, entre coups de louboutin et bonne entente : « On ne s'entendra jamais tous bien, je ne crois pas aux utopies, ça va finir par déraper et on va voir des clans se former sans même le réaliser vraiment ». Suffisait de voir les petits groupuscules qui se formaient déjà. Mais Vânia était bercée dans ce monde enfantin et encore rose, difficile de lui briser ses rêves, elle était si douce, personne n'avait envie de l'atteindre pour la blesser. Personne, a part peut-être un anglophone qu'elle compare à un français, je manque de m'étouffer alors et fait tout pour que mon accent anglais ressorte : « Je pensais que mon accent ne trompait personne, j'viens de Londres honey, pas de n'importe quel autre coin en France ! ». Quelle atteinte, wow. Je récupère la bouteille que Eden tient encore dans ses mains et bois deux grandes gorgées pour oublier. Un français, et puis quoi, encore ? Eden, qui visiblement apprécie l'alcool lui aussi - un point commun, un ! - nous demande ce qu'un campement à son nom aurait comme impact ici, si ça rendrait bien et que une fois les choses mises en place on pourrait servir de disciple. « Chaque roi adule un dieu, alors si Vânia rempli le rôle du conseiller, je pourrais m'occuper d'être ta divinité. Chacun sa place, chacun son rôle ». Je lève ma bouteille et bois une gorgée à ce nouveau royaume en perspective. C'est une idée qui me plait : défier ce Eden qui se la joue sûr de lui. Monter au créneau alors même qu'on trinque ensemble, dans la même bouteille.

Il est beau le programme de Vânia. Vivre tous ensemble, faire des feux de joie en se tenant par la main. Tant qu'on y est, on y brûlerai les louboutins de Penelope Tara, la jambe de fer d'Achille, dans l'insouciance et la bonne humeur. Mais la vie, ça marche pas comme ça. Surtout pas ici. « Tu devrais t'endurcir Vânia, devenir injuste et cruelle. » C'est la meilleure façon d'éviter les pièges ici. Je guette une réaction au fond de ses prunelles pleines de lumières, et j'en souris vaguement avant de continuer. « Mais c'est pas toi ça, hein ? » J'espère pour elle que ça lui portera pas préjudice. On a tous besoin d'un p'tit rayon soleil, mais le soleil est aussi voué à exploser. Hayden est donc londonien. J'ai déjà eu la chance de visiter plusieurs fois cette ville pour les affaires. « Vous les anglais, quand vous buvez pas, vous êtes vraiment coincés.   » D'ailleurs, mon père avait coutume de dire qu'il y a deux types d'anglais: ceux qui boivent pour s'amuser et ceux qui boivent pour exister. Je vais éviter de le citer devant Hayden. Je dévisage d'ailleurs le bel anglais quand il enchérit sur mon idée de construire un royaume dans cet isoloir. C'est qu'il manquait pas d'assurance ce con. « Tu le penses sincèrement ? Tu n'en as pas la carrure ni la prestance. » Je dis surtout ça pour le sortir de sa zone de confort, le rendre mal à l'aise, en soi, j'ai pas vraiment réfléchi à la question. « Le seul qui aurait la prestance d'un Dieu dans mon royaume, c'est moi. » Terminais-je dans un sourire à la fois insolant mais également angélique.

Eden me disait qu'il fallait que je devienne plus dure, plus cruelle et injuste. Je fronçais les sourcils lorsqu'il me disait ça. Je n'étais pas comme ça, et je ne le serai jamais. Justement, j'allais rester moi même du début à la fin de ce jeu. C'est ce que j'avais dis pendant mon entretien. Et puis jouer un rôle serait beaucoup trop lourd pour moi. Le jeune Eden me demandait si c'était moi ce genre de personne. Je secouais la tête négativement. « Non ce n'est pas moi. J'ai jamais été comme ça. Tu sais j'ai été élevée par des hippies... » Je riais puis je vis Hayden offusqué que je le compare à un français. Hum... Rattrape toi Vânia, et vite. Je lui souriais alors amusée. « C'était ironique lorsque je te traîtais de français, ne m'en veux pas, sir. » Je finissais ma cigarette alors qu'ils parlaient d'un royaume ou je ne sais quoi, où Eden serait le roi et nous ses disciples. « Hophophop, je ne suis la disciple de personne moi ! T'as déjà vu une rousse esclave toi ? » Je riais. Oui certainement que ça existait au Moyen-Âge ou quoi... Oui bon je devais avouer que j'étais nulle en histoire !

Vânia refuse de s'endurcir, je la comprends. C'est parfois difficile d'accepter que notre nous n'est pas celui qu'il devrait être au moment ou il devrait l'être. « Tu es si innocente Vânia. J'espère que personne n'en abusera ici », malheureusement, je n'étais pas prêt à le parier. Tout le monde va vouloir abuser de sa gentillesse, et tôt ou tard, le château de carte finira par s'effondrer et Vânia par payer les pots cassés de ses sourires et sa bonne humeur. Bonne humeur qui l'aide d'ailleurs à se rattraper après m'avoir confondu avec un vulgaire mangeur de grenouilles. « Je vais faire semblant de te croire, alors, je dis en la fixant avec un léger sourire à la commissure des lèvres, puis je me tourne vers Eden, qui se sent obligé de me piquer par rapport à mes origines, ça nous permet de percer à l'international, et de continuer à être un pays en croissance ». Mon regard est plein de défi, le sien est plein de flammes, nos corps sont liés par la bouteille d'alcool entre nous à laquelle j'arrache encore une gorgée. Il tente ensuite de me rabaisser en disant que ma carrure n'égale pas celle d'un dieu, je ris nerveusement à sa remarque, et rétorque d'un seul coup, naturellement : « Tu es trop sûr de toi Eden, tu es le lièvre et moi la tortue, tu t'élances premier, crois en tes acquis, puis dans un élan de défi te laisse mourir sur la fin. Et un dieu ne peut se permettre ce genre de relâchement, tu n'en as pas l'étoffe, je regarde ensuite Vânia et ne peux m'empêcher de rire à sa remarque : et un ticket en enfer pour la rousse au fond de la salle, un ! ». Quoi ? Les roux n'ont pas d'âme et brûlent en enfer, non ?

Je ne peux que confirmer ce que dit Hayden concernant Vânia. Elle ne veut pas jouer un rôle, rester intègre et honnête. C'est tout à son honneur, une qualité humaine bien trop rare dans cette émission. J'espère pour elle qu'elle réussira à s'allier avec les bonnes personnes. Pour déjà avoir discuter avec Shiva, il me semble être un grand joueur. Et qu'est ce qui se passera quand il devra choisir entre son idylle naissante avec Vânia et un avantage dans le jeu ? Je ne préfère pas y penser. Piqué au vif, Hayden rétorque sur ma pique concernant ses origines.  « Un pays en pleine croissance soumis aux principes de la monarchie. C'est doucement ironique quand on y pense. » Je lui arrache la bouteille des mains pour m'en boire une gorgée avant de préciser, dans un petit rire. « J'vous aime bien moi, les anglais. Vous savez boire et vous aimez le foot. » Du pain et des jeux... Il faut rien de plus pour être heureux. J'apprécie cette simplicité, même si elle me correspond pas. Hayden me sort la fable du lièvre et de la tortue pour me décrire. En plus d'être parfaitement insolant, il se paye le luxe d'avoir ses petites envolées lyriques bien à lui. Je tire une taffe de ma cigarette dans un grand sourire. « Je viens d'un milieu ou rien n'est jamais acquis d'avance Hayden. » Je marque une pause, ne déviant pas mon regard du sien. « Et puis peu importe qui est la tortue et le lièvre. A la fin, c'est toujours celui qui a le plus de thune qui gagne. » Vânia compare mes possibles futurs disciples à des esclaves. J'ai l'air si tyrannique que ça ? Je hausse les épaules à sa question. « A l'époque, les rousses étaient considérées comme des sorcières et on les brûlait au bûcher... Du coup, j'suppose qu'être esclave pour un rousse, ça devait pas être si mal. »

Je les écoutais tous les deux. Ils me prennaient pour une fille innocente, naïve et sans grand caractère. Oui j'étais souvent de bonne humeur, mais cela ne voulait pas dire que j'allais me laisser marcher sur les pieds. Ils verront bien par eux mêmes. Gentille mais pas idiote ! Ils finirent par me dire que les rousses à l'époque partait soit en enfer, soit au bucher. Je haussais les épaules. « Ca devait sentir le roussi... » Je me pinçais les lèvres avant de rire de ma blague, pas forcément de bon goût ! « Sur cette magnifique blague, je m'en vais me coucher ! Bonne nuit vous deux ! » Je laissais mon briquet à Eden et je leur faisais un grand sourire avant de quitter la pièce.

Ok, je l'avoue, la blague de Vânia m'arrache un léger rire. La pauvre. Ça doit faire mal de s'autoclasher comme ça, mais ça montre à quel point elle ne se prend pas au sérieux. Je lui souris, « Fais de beaux rêves Vânia. Dors bien », et elle quitte l'isoloir, nous laissant seul avec Eden. Parfait. J'en profite pour récupérer ma bouteille de Punch Coco et d'en boire une gorgée quand il réplique que notre pays est encore sous une monarchie. « Parce que pour toi, en France, c'est une vraie démocratie peut-être ? Comme : tout le monde a la parole ? On est juste moins hypocrite chez nous ». Et pour cause, les français élisent des représentants qui ne les représentent qu'à moitié. Toujours entrain de râler, jamais content. Éden. Il continue en disant qu'il n'a pas grandit dans un lieu propice aux acquis et que de toutes manières l'argent achète tout. Je souris. « Manque de chance, j'ai les deux, le milieu et l'argent. Il ne te reste qu'a te soumettre désormais », j'arbore un sourire fier et taquin, puis j'ajoute, « Mais estime toi heureux, tu gouvernes ton peuple, je me contente d'être ta tête de proue.

Hm. Vânia s'essaye à une vanne. Disons qu'elle a le mérite d'exister... Je salue la rousse de la main, nous laissant seul moi et Hayden. La tension devient immédiatement un peu plus palpable. Il critique la ''démocratie'' française. Et ça me tue un peu de l'avouer, mais il n'a pas totalement tord. « La démocratie, c'est qu'une vaste connerie, on sait tous les deux que ça n'existe pas. »  Je bois une gorgée de la bouteille d'alcool avant de continuer. « On peut au moins s'accorder sur le fait que tous les systèmes électoraux sont imparfaits. De toute façon, au final,ce ne sont pas les élus qui tirent les ficelles, mais les grosses entreprises, les multinationales. » Je baigne assez dedans pour le savoir. Hayden prétend finalement qu'il a le milieu et l'argent, ce qui fait apparaître un putain de sourire sur ma face. Et moi qui croyait être le plus insolant... Il faut croire que j'aurais de la concurrence. « Manque de pot, moi aussi. J'serai ravi de jouer à qui a la plus grosse avec toi. » J'écrase ma cigarette et boit le fond de sa bouteille d'alcool que je lui repasse ensuite, totalement vide. « Allez, je me taille. Dors bien mon petit anglais coincé. » Suite à ces mots, je quitte l'isoloir pour me diriger vers ma chambre.

Éden s'accorde avec ce que je venais de dire. D'un côté c'était normal puisque j'avais raison, mais de l'autre je m'attendais à ce qu'il s'oppose à mon avis de bout en bout. Je suis à la fois agréablement surpris et déçu. Je me rends compte qu'on aura donc de vraies discussions, ce qui est plutôt sympa, mais que le défi ne sera pas toujours là en terme de combat de coq, et ça c'est dommage. Mais j'acquiesce de la tête et lui répond : « Les multinationales ont de l'argent, c'est exactement ce que tu disais, le fric ça achète tout, ça corrompt tout et tout le monde, sans exception. Alors au fond, les élections, c'est du vent », je marque un temps « De la poudre de perlimpinpin, c'est bien ça ? ». Il me lance ensuite un regard de défi en me disant qu'il adorerait continuer de jouer à qui vaut mieux que l'autre, a qui a la plus grosse, je souris et étouffe un rire dans un soupire lorsqu'il s'en va en me baptisant d'un surnom qu'il estampille à son appartenance. mon anglais, a-t-il dit. Je roule les yeux et maintiens la bouteille d'alcool vide dans mes mains. « Ne te laisse pas hanter par moi dans tes rêves, prince de ton royaume fantôme ». Je le laisse s'éclipser, reste dans l'isoloir quelques minutes le temps de distiller notre conversation et d'analyser la tension entre lui et moi, puis part me coucher également.