Jour 2

Olaf entre dans l'isoloir et allume une petite cigarette. Cela lui rappelle certainement ses rituels lors de ses pauses quand il est garde du corps. Il faut le dire : il aime son métier.

Cela faisait une petite heure que je vagabondais dans la maison en cherchant ce que je pouvais bien faire de ma peau. Depuis le début de l'aventure, je me permettais des clopes ici et là, ce que la prod m'avait d'ailleurs souligné, me rappelant que l'isoloir était fait pour cette raison et qu'ils n'avaient pas le droit de me filmer une cigarette à la bouche. En vérité, ça m'arrangeait mais bon. J'avais décidé d'être sage cette fois ci. Alors, je me rendais dans l'isoloir, saluant d'un hochement de tête le candidat s'y trouvant déjà. « Salut Olaf. » après deux matinées dans la maison des secrets, les prénoms de chacun commençaient à rentrer, même ceux que je n'avais pas encore fréquenté. « C'est toi le gars qui ne parle pas, c'est ça ? » pas ou peu, j'en savais trop rien « Moi qui pensais que ce rôle me serait destiné, tu m'as sauvé, je te remercie. »

Alors qu'Olaf est en train de profiter du temps gris parisien avec sa petite cigarette à la main, voilà qu'Emile, l'asiatique de service se ramène. Olaf n'avait pas encore eu le temps de discuter avec lui, mais il l'avait entendu se présenter le premier soir. « Guten tag. ». Dans le fond, c'est peut-être l'un des seuls qui peut vraiment s'entendre avec Olaf. Il n'a - lui aussi - pas l'air très expressif. Cela leur fait déjà deux points communs. Olaf continue de fumer et Emile lui demande si c'est bien lui le gars qui ne parle pas, ou peu. Il semble que la réputation a déjà été faite. Les nouvelles vont très vite dans cette maison, et les téléphones arabes semblent très nombreux. Cela dit, il a bien raison. « Oui. ». L'asiat lui avoue ensuite qu'il pensait que ce rôle lui était destiné et qu'il le sauvait. Cela va droit au coeur d'Olaf de servir à quelque chose. En guise de remerciement, il lui tend son paquet de cigarette et son briquet. Cela signifierait qu'il lui propose une petite cigarette ? Certainement.

C'était donc bien lui le grand bavard de la saison. D'ailleurs, je levais le menton à sa réponse, comme si j'attendais un complément de paroles qui n'arrivait de toute évidence pas. Oui, c'est donc tout ce que j'allais avoir. « Okay. » Au moins il validait mes pensées et ne dérogeait pas à sa réputation ce qui était tout à son honneur. Si j'avais été sympa, j'aurais probablement espéré de sa part qu'il s'ouvre un peu plus histoire qu'il puisse sympathiser avec d'autres candidats, mais en réalité, je me fichais pas mal de ce qu'il adviendrait de son destin dans cette aventure. « Merci. » répondis-je simplement alors que je tirais une cigarette du paquet, la plaçant entre mes lèvres avant de l'embrasser. Soufflant la fumée de mes poumons, je levais un instant la tête en l'air pour que celle ci s'envole sans frôler le visage du brun. Stupide, il était déjà fumeur, déjà condamné. Faisant alors tombé par maladresse le briquet par terre, celui ci glissait alors sous ma chaise. Je me retournais donc un instant pour le chercher. « Merde, tu le vois ? » lui demandais-je en me penchant.

Olaf continue de fumer sa cigarette. Comme la majorité de ses conversations, celle-ci est assez... silencieuse. Il a l'habitude, en même temps. C'est pourquoi généralement, tout se joue dans le regard. Olaf le regarde donc fixement, dans les yeux. Il reste totalement focus sur ça. C'est sa manière de faire connaissance. Emile ramasse alors le paquet tendu par l'allemand et commence - lui aussi - à fumer. « De rien. ». Cette ambiance est quand même plaisante. Ce silence ferait rêver n'importe qui. Les deux êtres sont assis tranquillement, dans un isoloir, sans rien pour les déranger, si ce n'est l'odeur légèrement aigre du tabac. Olaf regarde dans les yeux, et observe son iris. Iris légèrement caché par les yeux bridés. On pourrait penser que ce silence est éternel... jusqu'au moment où Emile fait tomber le briquet par terre. Il se baisse afin de le trouver, et Olaf l'aide. Par chance, il le trouve tout de suite. « Devant ton pied. ». Ses sports de combat et son métier de garde du corps lui permettent d'avoir une vision très efficace et de trouver les failles en un rien de temps. Il faut espérer que dans le jeu, les choses se déroulent de la même façon. Tiens, comme par hasard, au même moment, le paquet de cigarette tenu par l'allemand tombe aussi. Celui-ci se baisse alors pour le retrouver. « Merde. ».

Evidemment, il a fallu que je fasse tomber le briquet du brun. Je n'étais pourtant pas particulièrement maladroit, mais par chance le candidat réussit à le retrouver rapidement, m'indiquant qu'il se trouvait devant mon pied. Me baissant pour l'attraper, je me relevais au moment même où Olaf faisait à son tour disparaitre son paquet de clopes, ce qui me fit légèrement sourire. Tirant un coup sur ma clope pendant qu'il cherchait le paquet du regard sans réellement le trouver, je haussais finalement les épaules. « Allez, c'était sympa. » Si vous vous posiez la question, non, je n'avais aucune intention de l'aider. Il était grand et un homme de sa stature était capable de résoudre ce genre de problème tout seul. Et puis ça n'était pas mes clopes après tout. « T'attrapes ? » lui dis-je en lui lançant au passage doucement le briquet qu'il venait de me prêter avant de pousser la porte de l'isoloir. « J't'aime bien toi. » c'était vrai, enfin un qui ne parlait pas beaucoup et qui se contentait d'observer. Ça changeait par ici. « Par contre, essaie de sourire un peu plus. » marquant un pause, je me corrigeais finalement « Ou pas en fait, je suis certain que tu ferais un de ces sourires forcés façon psychopathe à la paralysie faciale. » fronçant légèrement les sourcils, j'approuvais finalement mes paroles et quittais la pièce en un dernier salut de la main.

La première rencontre entre les deux hommes est plutôt bonne. Le courant entre eux passe bien. Ils se rendent service, Emile relance le briquet à l'allemand. Cela lui fait plaisir. Il ne le montre pas avec son visage, mais il n'a plus les bras croisés... et si ses bras se décroisent, en général, c'est bon signe. Il baisse un peu la garde. Un sourire ? Au, au final, peut-être pas, et il a bien raison... Olaf a horreur de se forcer à sourire. Si un jour dans l'aventure, ça vient, ça viendra naturellement. Sur ce, Emile part, et Olaf - qui a fini sa cigarette et qui a réussi à retrouver son paquet tombé par terre - s'éclipse aussi.

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