Jour 25

Romane resta donc éveillée après l'annonce de la Voix et se décida à aller dans la cuisine pour se faire son petit-déjeuné préféré : une eau citronnée.

Je me traîne difficilement jusqu'à la machine à café en mode walking dead. Je me prépare genre le café le plus puissant de la Terre avant de venir faire la bise à Romane. Et bien, on voit tout de suite qui est du matin et qui ne l'est pas. Je souris légèrement, je sais pas faire plus aussi tôt dans la journée. Je m'installe à ses côtés, tout en n'oubliant pas de rajouter du sucre dans mon café. Tu crois qu'on va avoir un trophée pour être aussi matinale ? Non parce que sinon, ça sert relativement à rien de se lever aussi tôt. Surtout que c'est à cause des ces cons. Et de cette maudite alarme.

Peut-être que la plupart était partie se recoucher ou simplement jamais levé au final. La maison des secrets n'avait pour ainsi dire pas l'habitude de voir en son sein des candidats levés à cette heure-là de la journée. Elle n'était pas prête pour ça. Heureusement, y a son petit Kovu pour apporter un peu de soleil de la Jamaïque dans cette forteresse de solitude qui composait son environnement actuellement. Romane n'aime pas être seule. Peut-être pas la plus avenante des filles, ni la plus sympathique, il n'en reste néanmoins qu'elle est destinée à être entourée. Elle boit une gorgée de son eau citronnée avant de lui faire la bise, histoire d'assurer son haleine. Il aurait peut-être bien du faire de même d'ailleurs mais bon, ça reste de l'ordre du supportable. A croire que vivre ici depuis maintenant vingt-cinq jours a considérablement renforcé sa capacité de survie. Si elle survie à tout les sauvages qui l'entourent, alors surement qu'elle pourrait faire une apparition dans  Man vs. Wild au côté de Bear Grylls, ouais ouais. « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt » à ce qui parait. Ça devrait suffire comme raison, non ? Enfin elle cite, elle cite mais en attendant d'habitude, elle est plutôt en mode Nekfeu Orelsan, laissant le monde à ceux qui se lèvent à l'heure où elle se couche.  « tu n'as pas envie de conquérir le monde avec moi Kovu ? » demande t-elle avec ce petit sourire mutin au coin des lèvres, cachés par son verre avec seulement son regard de biche communicant son air taquin.   « Profite, c'est pas à tout le monde que je propose de m'accompagner dans ma conquête » c'est un honneur qu'elle lui fait là, oui oui. Il devrait saisir cette chance de l'épauler -parce que qu'on se le dise, il sert simplement de figurant dans sa pièce de théâtre grandeur nature qu'est sa vie- mais ne serait-ce que l'épauler est un honneur.

Ah ouais d'accord, elle me sort le cliché du ''Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt''. Si on part du principe que le monde tourne autour de l'argent, je crois que si j'avais été un patron pété de thunes, je me permettrais bien de faire des grasses matinées. Mon regard croise ensuite celui de Romane. Conquérir le monde... avec elle. Je ne me suis jamais vraiment vu comme un conquistador, je dois avouer que l'appât du gain n'a jamais été une fin en soi. Je serai plutôt du genre à simplement le visiter ce monde. A la découverte d'autres cultures, en combat contre ma propre routine. Tu me laisses terminer mon café avant ? Dis-je, dans un petit sourire taquin. Mais le monde, c'est tellement vaste... Par où commencer ? Par ici peut être... Ce n'est qu'une simple proposition.

Je rentre dans la cuisine en trainant des pieds et le regard vtreux. Je déteste cette alarme et ce réveil. De manière plus radicale, je déteste cette journée. Je me hisse jusqu'au frigo sans porter attention à Romane et Kovu (Je ne les avais même pas vu pour ainsi dire). Je récupère du jus de pomme ainsi qu'un grand verre puis m'installe a la table ou je remarque enfin les deux candidats. Quelques bribes de leur conversation arrive à traverser mes tympans, mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dise. Je m'enfonce le visage dans mon tee shirt quelques secondes, baille un bon coup, puis bois une gorgée de jus de pomme et arrive à relever m'accompagner dans ma conquête. Hein ? Je comprends rien. J'ai déjà dis que je détestais ce matin. Je pose ma tête sur la table en direction de Romane et Kovu, puis les regarde sans rien dire. Je peine à faire la netteté sur leur visage tant je suis encore endormi.

J'arrive à la cuisine après avoir vu un message sur l'écran du salon disant que Tanguy était immunisé cette semaine. Faut le dire la prochaine fois qu'on me propose d'être le maître des nominations que j'aurai le choix entre seulement la moitié des candidats garçons. Entre Kyet qui part et Tanguy immunisé, ça faisait deux choix possibles en moins. Pas que ces noms là faisaient obligatoirement partie de mes priorités mais bon. Sur le principe ça craint. Tout ça à cause des marionnettes. Hello, dis-je un peu blasé des annonces qui apparaissent comme ça et qui changent tout d'un coup d'un seul. On nous prend pour des pigeons dans cette baraque.

Le laissera t-elle terminer son café avant de partir à la conquête du monde ? Son regard se plante, fonce à la vitesse d'une Lamborghini Gallardo lancée à son maximum, mais une aux courbes affriolantes et gracieuses, qui dirait : regardez-moi i'm fabulous sans pour autant avoir l'air tape à l'oeil aux lumières tapageuses, le genre qui intrigue, qui jalouse et qu'on respecte -chose qui manque cruellement dans cette maison sur sa royale personne ici à son gout mais passons-. Elle plisse les yeux, comme si elle méditait intensément sur cette question, ma foi qui demande réflexion. Ses lèvres s’entrouvrent après quelques secondes tombées hors du temps, comme si le temps s'était arrêté l'espace d'un instant. Elle donne son verdict, le couperet tombe, son jugement divin est annoncé.  « cinq minutes, pas plus » Cinq minutes pour boire son café brûlant, faisable. S'il n'arrive pas à passer cette première étape, comment pourrait-il conquérir le monde ? Oui, disons que c'est un test, un gage de confiance. Peut-elle lui faire confiance ? Va t-il la décevoir ? Mais le monde, c'est tellement vaste... Par où commencer ? Elle le regarde avec son petit air de petite ingénue qu'elle n'est pas réellement, dans le style ginger sauvageonne de game of thrones, prête à lui claquer un : you know nothing, kovu snow.  « commençons par conquérir les coeurs » bien qu'elle sache déjà qu'elle a conquéri celui de Kovu. Celui de Matthew aussi tiens. Elle pense à ça parce qu'il vient juste d'arriver, la tête visiblement dans le coltar.  « ça reproche de ne pas dire bonjour à l'heure du diner mais ça ne dit rien le matin, hm ? » note t-elle d'une voix caressante, en battant des cils dans sa direction. C'est officiel, ce matin, Romane a décidé d'être casse-bonbon et si l'on est complètement honnête, c'est ainsi qu'on l'adore la blonde, non ? Un autre qui n'a pas l'air en force ce matin, c'est Milo. Heureusement, personne n'arrivera à ébranler le soleil de la Jamaique, personne n'est aussi fort, ni le froid à la frozen des yeux de Milo, ni la darkess de ceux de Matthew. « Coucou ! Monsieur Grognon ce matin ? » minaude t-elle d'une voix toute douce, avec ses grands yeux mouillés mais hé, c'est une vraie question.

Oser croiser le regard de Romane, c'est comme jouer avec le feu. On le sait, ça brûle. On doit pas jouer avec non plus, on le sait ça aussi. Mais on le fait quand même, pour connaître la sensation que ça fait de se brûler, tester les propres limites de son corps. En attendant son jugement, je ne baisse pas le regard. Romane, elle a besoin d'un némésis, un lointain adversaire/allié aussi imperturbable qu'abordable. Un paradoxe... Et ça peut comprendre. Il n'y a rien de plus beau qu'un paradoxe. Une entité invisible, indolore, qui titille deux extrêmes mais qui fuit quand il s'agit d'en choisir une. Comme peut l'être la vie. Un choix... Ou une fuite perpétuelle. 5 minutes pour terminer mon café, une aubaine, quelque chose de largement réalisable. On se sent comment à cinq minutes du début d'une nouvelle ère ?  A cinq minutes de la conquête de quelque chose qui nous dépasse encore ? Dans l'idéale, ça pouvait être une question rhétorique, qui ferait simplement écho dans mon esprit. Mais la réponse de Romane peut avoir son lot d'importance... Pour peu qu'elle soit inattendue. On devrait commencer par les coeurs... Mon regard jauge la sincérité de la blonde écarlate. Elle ne m'a jamais semblé avoir besoin de ça pour avancer, je l'ai toujours vu comme une force lutant contre le vent, parfois contre des tempêtes. C'est peut être simplement une belle phrase pour me rallier à sa cause... Parce qu'elle sait que j'en ai besoin. Les yeux et les coeurs... C'est un bon début. Nous sommes rejoint par Matthew pas réveillé. C'est affreux comme il peut perdre de son aura quand la petite bête n'habite pas son corps, son coeur. Je grimace légèrement, buvant une gorgée de mon café. Puis c'est au tour de Milo d'arriver. Mais pourquoi ils tirent tous une tête d'enterrement ? Réveillez vous ! La journée risque d'être longue... Autant s'y mettre dès à présent. Se mettre à quoi hein ? Seuls Milo et Matthew en ont la réponse.

J'ai toujours la tête d'un chacal percuté par une voiture qui est posée sur la table lorsque Romane m'interpelle et retourne ma remarque de la veille (ou l'avant veille ?) contre moi. Je souris et relève finalement la tête, comme un tant soit peu reboosté par ce petit pic. Lui dire bonjour ? Maintenant ? Alors que je viens de me lever ? C'est vraiment une mauvaise idée. Je suppose que comme les trois-quart des gens, je n'ai pas que la tête du chacal le matin, mais aussi son haleine. Je la regarde et estime être suffisamment à distance pour pouvoir parler sans qu'elle ne s'intoxique (et puis après tout, je suis sûrement parano, je dois pas plus empester que les autres (C'est même certain ça)). "Il me faudrait d'abord un peu d'eau citronnée ... Pour l'haleine". Je dis d'une voix roque et male réveillée - presque suave et sensuelle je dirai même - tout en affichant un petit sourire en coin. Puis je finis mon verre de jus de pomme avant d'espérer passer à la boisson préférée de la blonde. Puis Kovu nous dit quelque chose d'incompréhensible. Du moins, pour quelqu'un encore dans le patté comme moi. J'ai loupé des mots ou quoi ? Il veut se mettre à quoi ? A la journée longue ? Je grimace légèrement et repose ma tête sur la table, elle fait un bruit sourd mais je crois que je n'ai pas eu mal. "jeveuxdo...rmir..." Je baragouine tout en gardant la tête contre le bois. Puis je me relève légèrement et toujours à l'intention de Kovu : "Il y a des activités de prévues aujourd'hui tu sais pas ?"

Je ne comprend absolument rien à leur délire de ce matin. Mais je vois qu'ils tournent à l'eau citronnée. C'est peut-être ça qui les drogue tous au fond. Je sais pas. Je devrais en prendre pour être dans leur délire. Je ne suis pas grognon, me contentais-je de dire à l'encontre de la blonde avant de me servir de l'eau citronnée et d'avaler le fameux breuvage divin.

Alors que Kovu et Romane sont en erreur 404 depuis le début de la matinée, Farah débarque dans la cuisine et s'adresse directement à moi. De la manière la plus ridicule qu'il soit. "Premièrement, tu es la seule ici à faire ces enfantillages comme tu dis. Tu es la seule qui déchire des draps et crache dessus parce que tu es incapable de te contrôler. Tu es la seule qui hurle en plein direct pour se donner de la contenance. Tu es la seule qui n'est pas capable de tenir un défi plus de 24h lancé par la voix, et j'espère que tu en paieras les conséquences. Donc n'ose pas dire que JE suis responsable de TES gamineries. Tu es assez grande pour t'assumer seule, je crois. Je marque un temps sans detourner mon regard du sien. Je parle calmement, n'hausse pas le ton. Elle retourne la situation contre moi comme si j'étais responsable du fait que nous ne nous parlions plus. Pour être honnête, je t'appréciais et croyais te connaître un minimum. Tu étais une personne sur laquelle je pensais pouvoir m'appuyer dans l'aventure. Mais tu m'as déçu, humilié, et tu as craché dans mon putain de lit. Donc que tu ne sois pas rancunière, tant mieux : tu n'as pas à l'être envers moi puisque je ne t'ai rien fais d'autre que te demander, une fois, pourquoi tu crachais sur un "ami" en plein prime." Je continue de la fixer, ne trouve rien à rajouter, car, de toutes manières, elle n'en vaut pas la peine, et termine donc par : "Le gay frivole te remercie, mais il n'a pas besoin de toi dans cette aventure. Et je ne voudrais pas que tu attrapes le sida si je t'approche de trop prêt". Je récupère ensuite la bouteille d'eau citronnée de Romane, en boit quelques gorgées, puis lui la rends. J'hésite à partir. Mais je lui laisse la chance de répondre. Si elle hausse la voix, ou qu'elle s'avise, ne serait que pense, à me rabaisser, je quitterais la pièce sans plus d'explications. Je ne lui dois rien. Je n'ai pas besoin d'elle comme allié dans ce jeu. J'ai déjà tissé des liens plus forts et plus concrets avec d'autres.

+ Je pourrai répondre qu'à partir de 21h, je suis au taff désolé :/

 « belle et forte » fit-elle avec un sourire à Kovu. Ah non pardon, ça c'est son ressenti habituel. Donc ouais, ça change rien pour elle. Il pense que c'est un bon début. C'est même le principal au final. Si t'arrives à conquérir le coeur d'une personne, t'as tout gagné. Matthew lui demande de l'eau citronnée. « tu sais que c'est très simple à faire ? » ouais qu'ils arrêtent tous de lui voler et qu'on lui en fasse un peu aussi ! Surtout qu'à chaque fois, elle se fait sa petite bouteille d'un demi litre soit rien du tout quoi ! Que des égoïstes qui pensent pas à elle dans cette baraque. Même Milo s'y met. Farah arrive ensuite pour s'expliquer avec Matthew. Les yeux de Romane vrillent de gauche à droite et de droite à gauche comme si elle suivait une balle de tennis en plein match. Qui marquera le point ? Et elle partit ensuite.

J'ai passé 8 heures. 8 heures assis là sans rien dire. Sans rien entendre si ce n'est un gloussement de la barbie botoxée et une réponse piquante de l'amour à Têtard. Je suis sûr qu'elle met des choses pas claires dans son eau citronnée. C'est obligé. Je regarde Romane, puis Kovu, puis Matthew, puis Farah. Beurk. C'est quoi cette horreur. On croirait un sac poubelle orange tatoué de fond de teint rose. Puis un mini-clashounet fait rage. Farah fait sa diva en détresse et s'en prend à Matthew. Que c'est beau. J'aurais fort bien repris de la citronnade. Mais Romane se casse. Après plus de 8 heures passées dans la cuisine, je vais en faire de même. Je quitte la pièce.

Je laisse Farah s'empourprer dans ces mots et se placer en position de victime tandis que ses yeux commencent à briller. Pauvre chérie, on joue les durs et puis on craque ? Donc en résumé et en plus intéressant que son monologue : elle s'en veut d'avoir agis comme ça, mais de toutes façons, ça reste en parti ma faute parce que j'avais qu'à m'écraser face à elle pour la laisser rouler sur tout le monde ensuite. Et lorsqu'elle a déchiré mes draps, c'était une mission. Parfait. Fin du résumé. Je la regarde avant qu'elle se retire et lorsqu'elle me propose de continuer cette discussion plus tard, je me retiens de souffler et de rouler des yeux. Elle s'accroche comme un cheewing-gum à une basket. La surfaite Farah à finalement additionner deux et deux et a compris que j'étais un de ces seul allié dans cette aventure. Je verrais comment je réagirais plus tard. Si elle peut m'être utile ou non. Si elle en vaut encore la peine. "A plus tard alors", dis-je en la laissant s'éloigner. Puis une fois que Romane et Milo lui ont emboité le pas, je fais de même et laisse Kovu seul dans la cuisine. Il n'est toujours pas sorti de sa phase d'erreur 404.