Jour 20

J'arrive dans le jardin, seul. Je m'installe sur un des transats avec mes lunettes de soleil et lorsque je suis bien installé je sors une cigarette d'un paquet flambant neuf. J'allume la Malboro d'un geste vif puis inhale ma première bouffée. Je m'allonge ensuite, profitant de la nicotine pour détendre mon corps et ralentir mon coeur.

J'arrivais dehors, enfilant mon pull épais multicolore par dessus mon débardeur blanc alors que je voyais @Louis au loin. Ni de une ni de deux, j'allais dans sa direction parce que lui et moi, ça faisait un moment qu'on avait pas discuté, et j'en avais un peu gros sur la patate le concernant. Enfin, pas énorme non plus, mais juste assez. « Hey. » je me posais dans l'herbe à côté de lui avant de reprendre « Je-Je voulais qu'on parle par rapport à hier. » il s'était passé pas mal de choses « Je compte pas juger ce qu'il s'est passé entre toi et Abel parce que quelque part, ça ne me regarde pas et je n'en connais pas non plus tous les détails... Par contre... » je me mordais la lèvre inférieure « Je t'avoue qu'hier, lorsque tu parlais à @Emilya... je t'ai pas reconnu. » pour moi il était sur le moment devenu une toute autre personne « Et la personne que j'avais en face de moi, je l'ai vraiment détesté. » dire autant de choses abominables à quelqu'un qui avait juste été contraint de répondre à une question, j'en voyais pas trop l'intérêt si ce n'est la blesser volontairement. « Alors voilà, je voulais avoir ton avis sur ce moment là. J'aimerais comprendre en fait... » j'étais quelqu'un de doux qui avait du mal avec les embrouilles, surtout lorsqu'elles étaient aussi virulentes.

@Maxime ne tarde pas de me rejoindre tandis que la nicotine m'aide à me calmer. Mon coeur continue de battre plus fort que d'ordinaire, mais j'ai l'impression de mieux parvenir à prendre le contrôle de mes émotions. Il s'installe dans l'herbe, non loin de moi, et je sens qu'il est plus froid que d'habitude. Il est venu mettre les choses aux claires. Il a besoin de parler. Je grimace légèrement. Il m'avoue qu'il n'est pas là pour parler d'Abel. Qu'il n'a pas envie de juger cette histoire. Je ris nerveusement, vert, « Tu serais bien le seul de cette maison à ne pas juger ... » je rétorque ensuite en soufflant la fumée vers le ciel. Il ne s'éternise pas avant de se jeter dans le vif du sujet : il me parle de ce que j'ai dit à @Emilya. Il m'avoue qu'il ne m'a pas reconnu, qu'il m'a détesté, même. Avant de répondre je tire une grande latte sur ma cigarette. « Cutie ... je commence alors en m'étouffant dans ma propre fumée. Je sais que j'ai été beaucoup trop agressif pour la situation. J'en ai conscience. Elle méritait pas tout ça. je marque une seconde de pause avant d'ajouter : Mais au risque d'encore plus te décevoir, je ne compte pas m'excuser ... ». Je suis clair, cash, je ne compte pas arrondir les angles avec des personnes qui n'en valent pas la peine. Je m'excuse rarement, et Emilya ne restera pas suffisamment longtemps dans la maison pour le voir. « Hier soir, j'étais à cran. Par rapport à l'histoire avec @Abel, par rapport à tout ce qu'il se passe dans cette maison depuis le début. Je pleurais depuis plus d'une heure. J'étais une bombe à retardement, et c'est Emilya qui a eu le malheur de me faire exploser ». Je n'ai pas de pitié pour elle, ni même de la compassion. J'ai explosé, point. « Je lui ai jamais parlé, à la meuf, genre c'est à peine si je connais son prénom. Elle est pas venue vers moi une fois, pas une. Et si j'ai déjà du mal avec la critique, je l'reconnais, quand elle est injustifiée c'est encore pire. Et elle, elle s'est permis de m'attaquer sans me connaître. Alors ok, girl, elle a l'excuse du jeu, mais attaque toi à quelqu'un que tu connais un minimum, genre, pas à moi. Si tu vois, quelqu'un comme Léo, Sanctuaire ou même Thomas m'avait critiqué, j'aurais eu du mal à digérer mais ça aurait été basé sur un truc. Là, elle se base sur du vent, c'est ça qui m'a saoulé ». Bon, j'estime que je me suis déjà beaucoup trop justifié, là. Mais c'est Maxime qui est devant moi, donc je me dois de faire des efforts, parce qu'au fond, je veux pas le perdre, ce petit bout de pétasse. « Si je t'ai déçu, c'était pas mon but. J'ai déçu pas mal de monde hier, je le vois bien. Et j'espère que t'arrivera à ne pas garder que cette image de moi ... ». Ouais, sinon, je commence à avoir beaucoup de défauts ...

Juger cette histoire avec @Abel, ça n'était pas trop à moi de le faire. Je pouvais totalement comprendre que ce dernier ne veuille pas pardonner @Louis cela dit, mais je n'allais pousser m'investir ou prendre partie dans une histoire qui était hors de mon contrôle. A mes yeux, Louis avait merdé oui, mais il avait aussi conscience de ses erreurs. Cependant, Abel était libre de le pardonner ou non, c'était sa décision et il fallait le respecter. Personne ne pouvait savoir à quel point il avait pu être atteint par tout ça. Pour ce qui était des propos tenues à l'encontre d'@Emilya, c'était autre chose. C'était quelque chose dont nous avions tous été témoins, et qui avaient été légèrement trop gratuits à mon avis. J'avais beau connaitre beaucoup plus le jeune homme, ça ne voulait pas dire que je prenais son parti sur ce coup là. Il m'expliquait que cette journée là avait été éprouvante pour lui et que c'était simplement la goûte d'eau qui avait débordé le vase, mais qu'il ne comptait pour autant pas s'excuser. Je grimaçais légèrement, parce que c'était pas la réponse que j'attendais de sa part. « On a peut-être des visions différentes, mais par chez moi, c'est pas parce que quelqu'un dit quelque chose sur toi que tu es dans l'obligation de le descendre non plus. » c'était pas comme ça que j'avais été élevé, certains prendraient peut-être ça pour de la faiblesse, mais chez nous, on appelait ça de l'intelligence. « Elle a été contrainte de répondre à une question qu'elle n'a pas choisi. Chacun est libre d'avoir des avis sur chacun de nous. Elle a décrit son ressenti de ce qu'elle a vu de toi et la seule chose que tu as su lui prouver... c'est qu'elle avait probablement raison. » maintenant aux yeux d'@Emilya, le tout avait été confirmé, et pour le coup, elle n'allait plus chercher à voir si elle avait raison ou tord. « Et... et je trouve ça triste, parce qu'au fond, c'est pas celui que t'es. » je baissais un instant les yeux, jouant aves les lacets de mes chaussures pour trouver mes mots. « Et quelque part, tu vas peut-être me trouver niais... mais je trouve que tout le monde mérite la même attention. C'est pas parce que tu ne la connais pas pour le moment que son avis doit compter moins que les autres, ou que tu dois privilégier d'autres personnes à son égard. Je veux dire... tu sais même pas pour combien de temps les gens sont ici. » et qu'il s'agisse de deux jours ou deux mois, chaque personne avait son importance à mes yeux. Ça ne voulait pas dire être faux cul, bien au contraire, c'était accordé un petit peu de son être à tout le monde, de façon à avoir une vision la plus objective de qui ils sont. « On a tous à apprendre les uns des autres, tu crois pas ? »

@Maxime n'est pas convaincu par mon discours et tente même de me convaincre de m'excuser auprès d'Emilya. Je l'écoute avec attention sans l'interrompre. Quand bien même sa critique était injustifiée, je n'aurais pas forcément dû la descendre. Non, je ne suis pas d'accord avec cela. Je le laisse poursuivre. Il m'assure qu'en réagissant comme je l'ai fait, je lui ai prouvé ce qu'elle croyait connaître de moi. Ça, je suis d'accord, mais ça m'est égal. Il souligne, sans doute pour me brosser dans le sens du poil et me convaincre de son discours, que je ne lui ai pas montré celui que j'étais réellement. De fait, je comprends qu'il y a une sorte d'erreur à réparer. Je continue de porter une attention toute particulière à ces propos. Il pense que chaque candidat mérite la même attention, qu'on doit tous s'écouter les uns les autres, parce qu'on a tous à apprendre les uns des autres. Je fais non de la tête : « Je trouve ça très beau sur le papier, ce que tu me dis, Maxime. Et j'aimerais y adhérer, mais ce n'est pas le cas. Je ne pense pas qu'Emilya puisse m'apprendre quoi que ce soit, tout comme je ne pense pas que Léo puisse m'apprendre quoi que ce soit, tu vois. J'estime qu'en trois semaines d'aventure j'en ai vu assez pour savoir ceux qui méritent mon attention et au contraire, ceux qui ne la méritent pas. Et Emilya, pour moi, elle ne la mérite pas pour diverses raisons. Pour ce qu'il y a eu hier, c'est vrai, mais aussi parce que je ne la trouve pas joueuse et que je n'aime pas les gens qui font semblant d'être discrets. Donc peut-être que je lui ai donné raison, mais au final, ce n'est pas elle qui me fera aller en finale ou non, ce sera le public. je plonge mon regard dans le sien. Quelque part, je suis admiratif de sa naïveté. Une espèce de monde des bisounours ou tout le monde peut s'aimer librement et apporter aux autres ce qu'ils n'ont pas. Tu sais Maxime, tout ce que tu dis, je l'entends et je le respecte, vraiment. Mais c'est un discours auquel je n'adhère pas, je n'ai pas été élevé comme ça et je refuse de faire semblant avec des gens qui n'en valent pas la peine. Je trouve la vie trop courte pour perdre du temps avec des gens qui ne t'intéresse pas ... ». Finalement, j'ajoute : « Mais je reconnais que j'ai des torts, hm, je dis en hochant la tête, Simplement, je n'estime pas suffisamment Emilya pour essayer de faire mieux. Si ça avait été quelqu'un d'autre, j'aurais essayé de rattraper les choses, là, pour le coup, non ... Parce que si Emilya ne m'aime pas, ça n'impact en rien mon quotidien, elle était déjà inexistante à mes yeux ». J'espérais ne pas trop le décevoir, mais j'étais campé sur mes positions. J'avais été impulsif, c'était vrai. Mais non, pour mon intégrité personnelle je ne pouvais pas aller m'excuser. Et si je n'aimais déjà pas m'excuser, je détestais encore plus le faire sous la contraire ou par charité.

C'était peut-être parce que @Louis et moi avions deux éducations totalement opposées que nous ne pouvions être d'accord l'un avec l'autre. Je trouvais ça hyper triste en vérité, ce qu'il pouvait ressentir, parce que ça voulait dire que dans sa réalité, on partait du principe que personne n'était sur un même pied égalitaire, et que quoiqu'il arrive, certains méritaient d'être traités de la sorte. Et ça, c'était pas quelque chose que je pouvais concevoir. Certes, tout le monde n'était pas fait pour s'entendre, mais chacun méritait une chance, et un peu d'attention. @Emilya et lui n'avaient beau s'être jamais parlé, je trouvais ça triste de juger quelqu'un avec tellement peu d'importance que son avis n'en était que ridicule. « Je... suis désolé mais je peux pas être d'accord avec ce que tu dis. Ça va à l'encontre de tout ce en quoi je crois. » parce que ses pensées étaient armées d'une violence et une indifférence que je ne cautionnais pas. Peut-être avais-je simplement trop d'empathie pour réussir à parfaitement cerné sa vision des choses. « Ça remet pas en cause de ce que je pense de toi, ou notre relation bien évidemment... mais ça montre juste que là dessus, on sera jamais sur la même longueur d'onde. » automatiquement, cela me faisait tout de même réfléchir à comment j'envisageais réellement Louis et sa relation avec les autres. Notre lien n'en était pas affecté, mais je n'étais pas réellement certain de pouvoir avoir bonne conscience en faisant comme si rien n'était si jamais quelque chose du genre venait à se reproduire. « Je vais rentrer, on se voit pour manger... » lui dis-je en déposant un baiser sur le haut de son crâne, dans sa chevelure blonde, avant de rentrer.

@Maxime me fait savoir qu'il ne cautionne pas mes propos et mes actes. Bien, parce que je respecte le garçon et que je ne veux pas gâcher notre relation, je ne réponds pas que je n'ai pas demandé son accord ni même son aval avant d'agir. Je parlerais encore une fois sur le coup de la colère et je devais essayer de calmer mes démons, qui ressortaient trop depuis hier. Il ajoute, comme pour me rassurer que ça ne change rien à notre relation, et aussitôt qu'il a dit ça il s'évapore à l'intérieur de la maison. M'ouais, pas convaincu que ça n'ai rien changé, pas vrai ? « A plus tard, Maxime » je dis avec un léger sourire alors qu'il vient déposer un bisou sur mon front. J'attrape sa main quelques secondes tandis qu'il s'éloigne. Je le laisse disparaître, puis rentre à mon tour. Je conçois qu'il ne me comprenne pas, mais j'ai l'impression de vivre dans le monde réel tandis qu'il continue de se bercer d'illusion sur la réalité humaine.