Jour 54

Alesandro se pose à la terrasse avec un verre d'eau fraiche afin de profiter d'un peu de fraicheur. Dans la maison, il suffoque.

Qu'est-ce qu'il fait chaud, aujourd'hui... après être passé par la cuisine pour prendre un verre de citronnade, voilà que je décide de venir ici. Et comme le destin fait bien les choses, je retrouve celui avec qui je voulais parler : Alessandro. Évidemment, il est en petite tenue. "T'aimes toujours autant plaire, à ce que je vois.", que je dis avec un rire avant de m'installer sur la banquette, à côté de lui. C'est un truc que j'adore chez lui... mais que je déteste en même temps. Car quand t'es le seul à avoir droit à tout ça, c'est plaisant... mais le problème, c'est que c'est tentant pour les autres. Mais bon, j'ai su le garder cinq ans malgré tout. Faut dire que je ne suis pas dégueulasse non plus, et que quand je privais monsieur, il ne pouvait que revenir. Mais le sujet n'est pas là. "Bon, maintenant, on va pouvoir discuter posément.", que je lui dis en commençant à boire ma citronnade et en regardant ses yeux foncés. "Des trucs à me reprocher ?". Tant qu'à faire, commençons par lui. La liste sera longue, mais il faut crever l'abcès à un moment ou à un autre. Et du coup, j'ai une autre question qui me vient en tête. Après avoir bu une goutte de ma citronnade, je lui demande : "Et tu deviens quoi ? Toujours chorégraphe ?". En même temps, j'observe un peu ses jambes... et j'ai l'impression qu'elles sont encore mieux travaillées qu'avant. En tout cas, elles sont bien épilées, c'est un bon point. Par contre, qu'est-ce qu'il fait chaud... j'enlève mon débardeur, laissant apparaître mes abdos. Je le balance par terre, j'le ramasserai plus tard. Je le regarde alors avec un brin de concentration et j'attends qu'il me réponde.

Alessandro hausse les épaules avec un sourire. C'était pas vraiment une tenue faite pour plaire ce qu'il avait sur le dos à ce moment là, un débardeur et un short... juste son style habituel. Mais oui, il aimait de toute façon plaire en général donc il n'allait pas rebondir là dessus. Parlons plutôt sérieusement comme il dit. Des trucs à lui reprocher ? « Tu veux vraiment que je te balance des trucs là comme ça ? » demande t-il le regard perçant. Il connaissait Esteban, c'était une question piège ça car dés lors qu'il aura fait ses reproches, il va se sentir attaqué et va se braquer. C'était délicat. « J'habite à Los Angeles depuis un an maintenant. Je suis de plus en plus chorégraphe que danseur ouais » Parfois ça lui manquait de danser sur la scène auprès des grands, de faire le show... mais c'est une évolution qu'il a décidé de prendre et qui lui est bénéfique au final. « Et toi alors, raconte-moi... quand je t'ai laissé, t'étais le petit fils à papa pourri gâté qui ne faisait rien de sa vie » L'ambition, c'était quelque chose qu'il trouvait sexy chez quelqu'un et pour le coup quand il connaissait Esteban, ce n'était pas vraiment sa principale source de motivation.

Est-ce que je veux qu'il me balance les trucs comme ça ? J'prends quelques secondes pour réfléchir... en vrai, j'me tâte un peu. Est-ce que je tente ? J'le vois et j'reconnais très bien son regard... il sent que ça va mal tourner. Je me pince la lèvre inférieure et je réponds de façon totalement innocente : « De toute façon, si tu prends des pincettes, j'vais prendre la mouche parce que t'auras pas dit les choses clairement. Et si tu les dis clairement, j'vais prendre la mouche car t'auras pas pris de pincettes. Donc dans tous les cas... j'vais surement prendre la mouche. ». Ouais, je suis chiant et ouais, il sait. Maintenant, il ne peut écouter que son instinct. Comment va-t-il devoir dire les choses ? Je suis tout ouïe. Et j'vais aussi lui reprocher des trucs... donc la soirée est loin d'être finie. Il me parle alors de ce qu'il devient... depuis un an, il habite à Los Angeles. « J'ai bien marqué ton esprit, visiblement... ». Parce que ouais, avec mes parents, c'est là bas qu'on habitait, à la base. Et grâce à moi, il partait souvent en vacances là bas. Il venait dans mon domaine et tout. C'était frais. Il m'annonce qu'il est de plus en plus chorégraphe que danseur, maintenant... « T'as fait des clips pour qui, genre ? ». Est-ce que c'est pour des Sarah Fraisou ? Ou est-ce qu'il a quand même visé plus haut ? Je l'ai toujours soutenu dans ses projets... et là-dessus, je ne lui souhaite que du bon. « Comme je t'ai dit, jusqu'à mon entrée, j'étais ce mec. Mais ici, j'ai grandi. Et maintenant, j'ai plus qu'un objectif : devenir un homme indépendant. ». Ouais, ça fait très vidéo pour le développement personnel de youtube, ce que je dis là. « J'vais plus me concentrer sur le mannequinat et essayer de trouver un appart dans Paris. ». Vivre à Paris a toujours été mon rêve. Habiter près de la Tour Eiffel, et tout... mais bon, en vivant aux crochets de papa, faut que je m'adapte à ses choix. Mais j'ai plus envie de m'y adapter... j'ai envie de faire les miens. Et pour que je fasse les miens, va falloir que je me prenne en main. « Après, ce qui me saoule un peu, c'est que je vais surement devoir réduire les soirées, les séances shopping... ». Pour avoir ce qu'on veut, il faut faire des sacrifices, ma foi.

Oui il connaissait bien Esteban et il suffisait d'un mot de travers pour que ça monte très vite entre les deux car Alessandro bien que plus tempéré, était aussi du genre à vite monter dans les tours. « Ouais, je suis tombé amoureux de cette ville » Il a grandement contribué à ça. Sans lui, son expérience à L.A n'aurait jamais été la même. Il n'aurait jamais pu se faire de contact non plus là-bas. C'était tout à fait naturel que même après leur séparation, il continue ce qu'il avait commencé professionnellement là bas. « Pour J.Lo, Taylor Swift.. » Notamment. On peut dire qu'il avait percé oui mais à côté de ça, il y avait aussi des noms peu connus avec qui il a tout autant aimé travaillé tant le projet lui plaisait ou des nouveaux talents en devenir. Quand il lui demande ce qu'il devient, apparemment rien n'a changé. Il est toujours au crochet de papa et maman et ne fait rien de sa vie. Son expérience dans cette émission lui a permis d'ouvrir les yeux et il veut devenir indépendant. « C'était ça que je te reprochais Esteban... » souffle t-il, le regard sérieux mais en même temps attendri par le fait qu'il veuille changer. Il prend sa main pour l'attirer contre lui, le soulevant avec cette aisance et dextérité que le mexicain connaissait, le faisant s'assoir sur ses puissantes cuisses qu'il matte depuis tout à l'heure. L'une de ses mains lui caresse lentement le bas du dos, remontant et descendant en petits effleurements. « Je pouvais pas rester avec un mec sans ambition dans la vie. J'ai envie d'un homme et pas d'un gamin. Un homme qui en veut et avec qui je peux construire quelque chose de solide, un avenir » Et les deux dernières années, il ne voyait plus ça en Esteban même s'il l'aimait toujours. Il avait tenté de le pousser vers le haut tandis qu'il se sentait couler avec lui. Et c'est comme ça qu'il a commencé à aller voir ailleurs, qu'il commençait à rejeter toute sa frustration sur lui car il voyait qu'il ne changeait pas. Plus Aless grandissait, plus il évoluait dans sa carrière et plus il s'éloignait d'Esteban. Même si leur caractère matchait, il n'était tout simplement pas au même stade dans leur vie et c'était triste car ils s'aimaient d'un putain d'amour.

On parle un peu de nos nouvelles vies... il est totalement sous le charme de L.A.. En même temps, en vivant avec moi, j'ai envie de te dire que c'est normal. Je peux te rendre full love d'un truc que tu détestes en deux minutes. C'est mon charme naturel. J'fous une jambe sur le divan pour me mettre à l'aise. « Les villas qu'il y a là bas, elles sont splendides. Je rêve tellement d'en acheter une, un jour. ». Franchement, ce serait le kif. Vivre ma meilleure vie en étant propriétaire d'un grand ensemble, ce serait l'aboutissement de ma vie. Mais pour réaliser son rêve, il faut se donner les moyens... Un sourire se dessine sur mon visage d'ange lorsqu'il m'annonce pour qui il a fait des clips. « Jure ? ». Je me mordille la lèvre inférieure... « Je suis trop jaloux. ». Voilà ce que j'aime le plus chez lui : malgré tout ce que je possède, il réussit à me vendre du rêve et à me faire vibrer. Là, il fait un putain de truc... et s'il continue comme ça, il peut bien percer. « Je suis fier de toi. ». Lorsqu'on était ensemble, c'est pas une phrase qu'on s'est souvent dit. Je suis fier de toi. Ah purée, ça me fait tout drôle... Pour être tactile, s'embrasser et tout, on est très affectueux. Mais alors pour les mots, on a une sale fierté. Mais ça, c'est pas forcément de la bonne fierté. Et c'est peut-être ce qui a causé la fin de notre couple... la rareté de ces phrases. Quand on parle de mon côté fils à papa, il m'avoue que c'est ça qu'il me reprochait... ah ouais. Je suis content mais en même temps, ça me met un petit coup. Il me saisit ensuite et me pose sur ses cuisses. Je retrouve des sensations perdues. Celle de me sentir protégé, choyé, d'être la petite princesse de quelqu'un. C'est vrai que depuis qu'on s'est quitté, j'ai plus fait grand chose de sérieux avec les mecs. J'enchaînais les relations sans forcément aimer. Mais avec lui, il y a un truc inexplicable. Je passe une main autour de son dos, comme pour me tenir à lui. « Il n'y a rien de mieux que le temps pour comprendre les choses. ». Heureusement qu'il ne me l'a pas dit directement, en fin de compte. L'issue n'aurait peut-être pas été la même. Il veut un homme, et pas un gamin. « Et moi de même... », que je dis, en référence à toutes les tromperies qu'il a pu y avoir. « Dis moi, ça se passe comment avec les autres, depuis que t'es entré ? ». Est-ce qu'il a su s'intégrer ?

Esteban lui dit qu'il est fier de lui. C'est pas des mots qu'il a eu l'habitude d'entendre venant de lui. Même quand ça allait bien dans leur couple, ils étaient pas vraiment le couple gnangnan. Plutôt celui passionné, qui dégage un truc avec un simple échange de regard qui peut mettre mal à l'aise tout le monde autour tellement y a une tension palpable. C'est le cas ici d'ailleurs et Alessandro n'hésite pas à s'approprier ce qui lui appartenait, comme si ça lui appartenait encore, comme si rien n'avait finalement changé. C'est plus fort que lui, il a besoin de le toucher et de sentir de nouveau sa peau contre la sienne. Ils veulent tous les deux un homme.« Et pourquoi tu veux un homme au juste ? Qu'est-ce que t'attends de lui ? » C'est peut-être là que tout va se jouer et qu'ils vont comprendre s'ils ont les même attentes. « Ca se passe bien pour le moment. Tu sais comment je suis, je m'adapte facilement » Il avait réussis à s'adapter au cercle superficiel des fils à papa à l'époque, il pouvait s'adapter ici. Il était sociable, charmant et amical Alesandro, rien de compliqué pour lui. « T'as des choses à m'avouer ? » demande t-il finalement le regard sur le côté. Dieu sait ce qu'il a pu faire avant qu'il arrive et avec qui après tout.

Qu'est-ce que j'attends chez un homme ? J'ai déjà mes idées bien tracées... du coup, je réponds du tac au tac : « Ce que j'attends, déjà, c'est qu'il soit fidèle. ». Ca, c'est le point que je lui reproche, et il le sait. Maintenant, deux ans sont passés. Et il a l'air d'être devenu plus mature, plus posé. « Donc j'espère qu'il y a eu de l'amélioration sur ce point. », que je prolonge en plongeant mes beaux yeux dans les siens. « Mais surtout... et c'est ce que j'aime chez toi : c'est qu'il porte ses couilles, qu'il me défende quand il faut me défendre, qu'il tienne ses engagements, et qu'il sache me remettre à ma place quand il faut. ». Et là dessus, il fait très bien le boulot. J'me fais pas de bile. Y a un dernier truc... « Qu'il tienne ses promesses et qu'il soit paré pour construire quelque chose de concret. ». Je pense que c'est la b-a ba d'un couple : construire. On s'est fiancé lorsqu'on était ensemble... si on se remet ensemble, on pourrait peut-être aller dans la continuité de ça. Mais faut voir s'il pense pareil. Pour que ça marche, on doit être sur la même longueur d'onde. Il me parle un peu de son intégration dans la maison, et ça se passe. « Ouais, c'est tranquille. ». Il est très sociable, donc je ne suis pas étonné. Il finit par me demander si j'ai des choses à lui avouer... les aveux, venons-en. « Beaucoup de choses en deux ans, mais finalement, rien de sérieux. Y a eu pas mal de choses dont je ne suis pas fier, mais c'est des trucs que tu sais un peu. ». C'est un sous-entendu que je lui glisse. Il est au courant de mes activités, il sait que je fais des choses pas très bien... et c'était un sujet de discorde. « Mais après l'aventure, je compte arrêter ça aussi. ». Je me suis rendu compte que maintenant, je voulais une vie saine. Les trucs de merde, j'veux plus. Je veux faire des choses concrètes, travailler honnêtement. Bref, la vie normale. « Et ici, j'ai couché avec Liam. ». Appelons un chat un chat, un chien un chien. « Et ça a été un peu ambigu, mais y avait pas d'étincelle. Quand t'es enfermé dans une maison, t'as besoin d'un pilier... et j'me suis un peu reposé là-dessus. ». Après, j'étais célibataire et ça faisait deux ans qu'on s'était quitté, donc je reste quand même libre de faire ce que je veux. Puis bon, je rappelle qu'il n'est pas tout blanc, non plus. « Bref, là, j'suis un peu claqué... si tu veux, on en rediscutera et on approfondira. ». Et on approfondira aussi sur les conneries qu'il a faites quand on était ensemble. Enfin plutôt, la connerie : sa liaison avec une fille. J'me lève alors, je l'embrasse sur le front — « Fais de beaux rêves et fais pas trop de conneries en mon absence. » — et je quitte la terrasse.