Jour 14

Je pose mes fesses au salon extérieur, muni d'un verre de lait... et je commence à le boire.

J'arrive à mon tour au jardin extérieur pour m'y poser, perdu dans mes pensées sans que je ne puisse remarquer personne. Ma tête se perdait sur la recherche de secret et sur les derniers évènements de cette semaine. Alors que je venais me poser sur un des fauteuil, ma tête fait un demi-tour et aperçoit Esteban. Je ne dis rien, ne lui offre même pas un sourire et me contente de tenir me tête de mon poing posé sur l'accoudoir. Je ne voulais pas lui parler et si j'avais été vigilant, je ne serais pas venu ici.

Le lait commence sa trajectoire de mon verre à mon estomac tandis que je profite du décor paisible, du beau temps, loin des autres. Une matinée tranquille, en somme... jusqu'à ce que Giani arrive. Il passe sans même me regarder, et lorsqu'il le fait, il m'ignore totalement... il est encore énervé par rapport à la dernière fois, c'est normal. En même temps, faut dire que j'y avais pas été de main morte. J'y vais jamais de main morte... Je pose mon verre sur la table basse sombre et je le regarde, le visage fermé... « Je pense qu'il faut qu'on aie une discussion... ». On est seul à seul, confronté à l'un à l'autre, on est obligé de s'expliquer. Même si j'essaye de ne pas le montrer, j'appréhende un peu sa réaction. Il a de quoi m'en vouloir, en même temps... mais voilà. Aujourd'hui, je ne suis pas dans une optique de vanner sur le physique ou sur l'accoutrement. J'espère qu'il le comprendra.

Alors que j'avais décidé de me perdre dans mes pensées pour éviter toute discussion avec Esteban, je le vois qui se tourne vers moi et me dit qu'il serait bon qu'on aie une discussion. A vrai dire, je n'avais aucune envie d'avoir une discussion avec lui. La gratuité de ses actes couplé aux personnes qu'il a pris pour cible dans ses propos me passait l'envie de l'écouter. Mais j'étais quelqu'un de trop bon et me contentait d'un simple « Hm. » d'acquiescement pour lui dire que j'écoutais. Le connaissant, ce serait encore pour me descendre ou pour jouer à son petit jeu et j'avoue que j'étais lassé d'avance. En attendant, je me contentais juste de jouer avec mes boucles.

Il ne semble pas avoir trop envie de discuter avec moi... à tel point que je lui arrache un simple hm. Ce hm veut tout dire... peut-être qu'il a envie de parler avec moi, peut-être pas, peut-être qu'il veut que je le laisse tranquille, peut-être pas, ou peut-être un condensé de tout ça. J'l'observe jouer avec ses cheveux... bon, je prends mon courage à deux mains, je le regarde droit dans les yeux, et je lui dis : « Bon, ça m'arrache la gueule de dire ça, mais... ». Il y a 2 secondes de blanc qui se créent... c'est probablement la fierté, l'égo, l'orgueil. Il faut dire que c'est très rare que je le fasse. « ... mais je m'excuse pour certains propos que j'ai eu la semaine dernière, pour avoir parlé de tes proches, pour t'avoir jugé sans chercher à te connaître. ». Après, pour cette dernière partie, lui aussi l'avait un peu fait, notamment lors de mon coup de gueule... mais bon. C'est vrai que j'ai été loin dans mes mots. Je peux faire complexer n'importe qui avec mes paroles et totalement emmerder le monde... mais quand je vais trop loin, je sais le reconnaître aussi. Au fond, je ne suis pas quelqu'un de mauvais... j'essaye un peu de le chercher du regard, pour voir ce qu'il en pense. On va voir ce qu'il va me dire.

Alors que je titillais mes boucles capillaires, il commence sa phrase en me disaitn que ça lui arrachait la gueule de dire ce qu'il allait me dire. Si ça t'arraches la gueule, alors ferme ta bouche, que j'en viens à penser dans ma tête. Il en vient à s'excuser par rapport à ses propos de la dernière fois sur mes proches et par rapport au fait qu'il m'ait jugé sans me connaitre. J'avais honnêtement du mal à le croire, Esteban avait cherché le buzz depuis deux semaines. « C'est une mission ou tu viens juste de remarquer qu'être odieux avec tout le monde, ça finirait par te jouer des tours ? » dis-je sèchement. Je mettais les pieds dans le plat, mais c'était la moindre des choses à demander alors qu'il avait carrément insulté mes proches la dernière fois. La rédemption trop rapide, je m'en méfie, surtout venant de personne qui avait un tout autre comportement à la base. Quant on s'attaquait aux gens que j'aime, j'étais totalement rancunier et il fallait clairement qu'on me montre de la véracité de son pardon pour que j'en vienne à oublier si facilement ce qui m'avait été prononcé. Mon regard se pose à nouveau dans le vide, en jouant toujours avec ma boucle, attendant la réaction du mexicain.

Et là, c'est la réaction que je redoutais... celle qui te ferait presque regretter d'avoir fait le premier pas, surtout quand t'as un ego comme le mien. Il a un regard noir... ah ouais, ça va être compliqué, il a du caractère. Après, avec le temps, ça lui passera, je pense. Il me demande si je suis en mission ou si j'ai juste remarqué qu'être odieux avec tout le monde allait - tôt ou tard - me retomber dessus. « Tu verras au prime que c'est pas une mission. ». C'est vrai qu'Esteban qui est gentil, c'est moyen crédible... mais pourtant, cette semaine, j'ai bien réfléchi. Et je dois quand même admettre que la soirée des problèmes a été le principal élément déclencheur de ce repentir. En entrant, je crois que c'est le premier que j'ai jugé sur le physique, avec ses cheveux rouges. « Après, ce que je fais là, je ne le fais pas avec tout le monde : avec Léopoldine, avec Billie, et avec d'autres gens, je serai comme j'ai été pendant deux semaines, jusqu'à la fin. ». Pour que je m'excuse, faut vraiment que j'aie eu de la culpabilité. Après, l'aspect jeu joue quand même... avoir trop de gens à dos, si tu veux avancer, c'est pas bon non plus. Mais bon, s'il a été cru la semaine dernière, c'est parce que j'ai été blessant... et si j'ai été blessant, c'est parce qu'à certains moments, il l'a été. Bon, après, il a touché certains points sensibles du doigt sans savoir, mais quand les choses se seront un peu plus arrangées, je lui en ferai part. « Après, je peux comprendre que t'aies du mal à y croire, c'est normal. ». Pour une fois, j'suis pas dans le jugement, y a pas de gentillesse hypocrite comme il a pu y avoir avec Sarah hier. J'ai vraiment envie que ça s'arrange. Je reprends une goutte de lait et j'attends sa réponse...

Il m'assure que le prime nous montrera que son mea culpa n'était pas une supercherie. Je croise les bras. « On verra bien oui. » lui dis-je pas franchement convaincu. Je ne sais pas, avec Esteban nos deux mondes étaient totalement différent. Je ne savais pas si je pouvais croire ses paroles à l'instant et je restais méfiant vis à vis des choses qu'il pouvait encore dire sur moi et notamment dans mon dos. Je décide tout de même de faire un geste car ma nature m'impose d'aller vers les autres et d'accepter un semblant de pardon lorsque c'était nécessaire. Il m'assure ne pas faire la même avec Léopoldine, Billie, etc. Encore une fois, j'avais peur que ce soit une stratégie de sa part. Mais je décide de mettre mes aprioris de coté et d'ajouter. « Je vais te laisser le bénéfice du doute, Esteban. Je dis pas je crois totalement en ta sincérité et j'attends d'en juger d'ici les prochaines semaines. C'est tout ce que je peux te promettre pour l'instant. » J'étais honnête, s'il voulait gagner mon pardon ou repartir sur de bonnes bases, j'avais besoin qu'il me montre qu'il était vraiment partant pour ça. Pas qu'il s'excuse pour mieux me tacler dans mon dos.

Pour l'instant, il est froid... froid verbalement, froid non-verbalement. Mais je sais qu'il n'a pas aimé mes remarques, donc je laisse le temps au temps. On va essayer d'y aller étape par étape. Déjà, quand il sera sûr que je ne suis pas en mission, ce sera mieux... il finit par s'ouvrir un peu plus et par me laisser le bénéfice du doute. Déjà, je suis content qu'il fasse un effort. Je suis sincère avec lui, et si je dois laisser le temps faire les choses, je le ferai... il dit d'ailleurs qu'il attend de juger ma sincérité les prochaines semaines. « Après, non plus, j'dis pas qu'on sera les meilleurs amis du monde - loin de là - mais au moins qu'on puisse se dire bonjour le matin, à la cuisine, sans se regarder de travers. ». Sans tension, sans mauvaises arrières pensées. Et je sens qu'au fond, il a envie de croire en mon honnêteté... il en a envie. Mais il a l'air d'avoir une carapace assez solide. « Bon... du coup, j'vais te laisser vaquer à tes occupations. ». J'vais pas le déranger plus longtemps, j'prends mon verre de lait et avant de partir, je lui dis : « À ce soir. ». Puis je vais ailleurs.

J'hoche la tête à Esteban lorsqu'il me dit qu'on pourrait au moins avoir une relation cordiale. En effet, on ne serait sûrement pas les meilleurs amis du monde mais on pouvait au moins se mettre d'accord sur ce point là. Il me laisse ensuite, préférant vaquer à ses occupations et je vois Sarah me rejoindre ensuite. J'aurais pensé qu'il y aie un peu plus d'animosité de sa part étant donné les récents évènements. Mais elle a l'air plutôt calme pour une personne que j'ai foutu dans le SAS. Et il fallait encore plus s'en méfier à mes yeux. Elle me demande ce que je faisais ici. « Je viens d'avoir une petite conversation avec Esteban. » que je répondis calmement. « Et toi, t'es prête pour ce soir ? » lui demandais-je avec un léger sourire amusé. Faut dire qu'elle allait en baver ce soir avec le SAS en perdant une de ses alliés dans le jeu. Moi j'étais plutôt serein à vrai dire, j'avais juste à regarder ce que j'avais créé. « Je suppose que j'ai du soucis à me faire pour la semaine prochaine. » rajoutais-je avec un sourire de défi sachant pertinemment qu'elles avaient pu discuter toutes les trois pour au moins monter une stratégie sur comment m'évincer le mieux possible d'ici les prochaines nominations. Autant savoir ce qu'elles comptaient faire pour réussir.

Elle me dit qu'elle avait pu discuter un peu avec lui depuis hier. Tiens, tiens, ça me mettais la puce à l'oreille. Je décide simplement de lui rétorquer. « J'attends de voir s'il décide de se repentir. Les excuses, ça reste un peu facile, surtout dans un jeu comme le notre. » Elle m'avoue ensuite qu'elle est prête et j'esquisse un sourire avant de venir lui dire. « C'est bien, c'est le genre d'état d'esprit dans lequel il faut être. » Contrairement à Léopoldine qui n'avait cessé de me casser du sucre jusqu'à hier. Je me relève légèrement et je savais aussi que Sarah attendait à ce que je prenne la parole par rapport à ça. « Écoute Sarah, j'espère que tu comprends que ça n'avait rien de personnel. Si j'ai fais ce choix comme je l'ai dis, c'est qu'avant tout votre trio peut être très redoutable dans ce jeu et toi en particulier. Je n'ai pas fais mon choix en fonction d'affinité mais simplement en fonction de ce qui me semblait le mieux pour moi. » Stratégiquement et pour mon bien-être. A vrai dire, à part l'histoire en début du jeu avec Dior, je n'avais personnellement rien contre Sarah. Ni contre Léopoldine. Je voulais juste qu'elle comprenne qu'il fallait nominer des gens et qu'à ma place elle en aurait sûrement profité pour s'avantager elle-même. Elle me confesse enfin qu'elle à d'autres plans. « D'autres plans ? » lui demandais-je curieux en esquissant un sourire. Pourtant, j'aurais cru qu'elle essaye de me jeter sous le bus. C'était assez bizarre pour que je m'en méfie. Peut-être qu'elle essayait sûrement de noyer le poisson pour que je lâche l'affaire mais j'étais bien déterminé à ne pas laisser un pet de ma carapace s'étioler. « Tu te penses sincèrement en danger ce soir ? » lui demandais-je en rigolant légèrement. Après tout, j'estimais que c'était la plus forte des trois et celle qui avait le plus de chances de revenir. Et je doutais vraiment qu'elle puisse se dire qu'elle était vraiment en danger. Se placer en victime pour attiser la sympathie du public qui sait, c'était généralement une bonne stratégie.

Sarah me demande assez vite si j'avais eu des différends avec lui. C'était le peu de le dire. « Il a joué à son petit jeu avec moi, et a été odieux avec moi mais surtout avec mes proches. » Et c'était surtout ce dernier point qui m'avait fait le plus sortir de mes gongs et lui avait gravé sa réputation dans mon esprit. « Et toi ? » J'avais cru comprendre une certaine animosité entre les deux et je savais pertinemment qu'elle ne me posait pas la question par simple amitié. Elle me dit ensuite qu'elle comprendre que je la trouve dangereuse mais qu'il n'y a pas vraiment de trio. « J'ai cru comprendre ça à la soirée problèmes oui. » fis-je avec un sourire par rapport à la réponse d'Ashley qui avait ne serait-ce qu'un peu pincer Sarah dans son égo. « Tu penses que tes coéquipières sont du même avis ? » fis-je pour la déstabiliser légèrement. Du moins pour Léopoldine étant donné qu'Ashley avait clairement mis ses intentions sur le papier la concernant durant la soirée dernière. Elle se confie ensuite sur ses stratégies vis à vis de moi. Car soyons honnête, Sarah ne savait pas mentir. Elle allait clairement me mettre face à des fortes têtes la semaine prochaine et bien qu'elle essayait de me faire croire le contraire, tous ses gestes et ses sous entendus disaient le contraire. J'étais un peu plus futé pour connaitre le comportement des gens. Et en lui faisant croire que j'avais gobé son mensonge je viens lui dire. « Chouette, moi qui voulait être tranquille pendant un bout de temps. » déclarais-je en mettant mes mains derrière la tête et en m'allongeant sur le canapé, un sourire taquin. aux lèvres. Quelques secondes passent et je me lève enfin du fauteuil avant de mettre une main sur l'épaule de Sarah assise. « En tout cas, que la meilleure gagne. » Je la regarde avec un demi sourire. Cette phrase sonnait à la fois pour le SAS de ce soir, mais aussi dans les stratégies qu'elle comptait mettre en place sur les prochaines semaines. « Je rentre, je vais me préparer pour le prime. A plus tard. » dis-je avec un sourire avant de m'apprêter à rentrer.