Jour 32

Gabriel m'a embarqué de la cuisine pour directement m'emmener ici. Après les larmes de tout à l'heure, j'avais bien besoin qu'on me remonte le moral. Evidemment, il bloque l'ascenseur entre deux étages afin d'avoir de la tranquillité. « Ca faisait bien trop longtemps, ouais. ». Bien sûr, je n'oublie surtout pas de lui tendre un préservatif. « J'y ai pensé. ». Je commence alors à l'embrasser avec fougue, pendant qu'il me déshabille. Durant ces quelques semaines, j'avais oublié le goût sucré de sa langue... je le retrouve. Pendant que l'on s'emballe, je commence à malaxer ses cheveux. Ces cheveux blonds, ils m'ont manqué. Je continue, je continue, je continue à l'embrasser, à passer ma langue à droite, à gauche, en haut, en bas... en bref, dans tous les recoins de sa cavité buccale.

Son toucher est toujours aussi doux, je suis toujours aussi sensible, toujours aussi chatouilleux à ses soupirs... il me mort la lèvre et traverse mon corps avec ses mains. Les frissons se font petit à petit, le plaisir est au rendez-vous... jusqu'à ce qu'il retire son tee-shirt, son short... et le préservatif. Il avoue alors qu'on n'en a peut-être pas besoin et qu'on se connaît, maintenant... merde, c'est ce que je redoutais en montant dans cet ascenseur. Certes, on l'avait déjà fait une fois sans protection... et j'ai peur que ce soit la fois qui ait été fatale. L'envie est immédiatement coupée, et la tension disparaît d'un coup. Je m'assois sur le sol de l'ascenseur, le regard vide. « Dis moi... tu me promets de ne pas t'énerver si ce que j'ai buzzé n'est pas bon ? ». J'espère de tout coeur que ce que j'ai buzzé ne soit pas bon. Que ce soit bon ou non, je suis dans la merde... mais je le serai bien moins si c'est faux.

L'ambiance a changé du tout au tout. On est passé d'une chaleur torride à un froid glacial... mais bon, je n'ai pas envie de faire n'importe quoi. C'est ma santé, ma vie qui est en jeu, tout de même. Puis la révélation approche à grands pas, ça me stresse. Lorsqu'il me demande s'il m'a buzzé, je ne sais même pas si je suis répondre... je lâche un maigre « Oui. », et je n'ai pas spécialement envie d'en dire plus. Mais on est bloqués dans une cage d'ascenseur, je vais forcément devoir affronter à un moment ou à un autre.

Il me répond par un seul mot. Un pauvre "Oui". Ce mot que tu prononces quand t'as pas envie de te casser la tête, en espérant que ça passe, même si tu sais même pas de quoi l'autre en face est en train de te parler, c'est le mot que tu dis pour être tranquille et qu'on te foute la paix. C'est aussi le mot que tu prononces quand tu veux quelque chose, ou quand on te demande en mariage. Ça veut dire tout et rien dire à la fois (j'essaye de faire un mini pavé histoire de pas passer pour le gars qui se casse pas le cul à faire des grandes phrases vu que Ouss il en fait des grandes tu vois le genre ?). Je le regarde alors qu'il fuit mon regard. Et tu as buzzé quoi ? Ne me répond pas "Oui" sinon je te viole. Et t'as pas d'autres choix que de me le dire.

Et là, il me pose la question que je ne voulais surtout pas entendre : qu'est-ce que j'ai buzzé ? Quelle échappatoire trouver ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire pour ne pas qu'il fasse une tentative d'homicide dans cet ascenseur ? Je réfléchis, je réfléchis, je réfléchis... je sens que je vais devoir mentir, pour ne pas m'attirer ses foudres immédiatement. Ou alors je lui dis la vérité... bon allez, je lui dis la vérité. « Alors... - commencé-je, la mort dans l'âme - j'ai buzzé que ». Et lorsque je dis le mot "que", l'ascenseur reprend sa marche et on arrive à notre étage. C'est la libération, alleluia. La mort m'est évitée de peu. Je regarde Gabriel... l'air de lui dire à plus tard, mais avec des yeux de chien battu, pour atténuer mes futures souffrances, puis je sors.