Jour 29

Ne pas avoir dormi dérègle complètement mon horloge interne, et alors que le soleil va bientôt se lever, mon ventre cri famine. Je me fais donc une plâtrée de pâtes que j'agrémente de sauce tomate et basilic, puis emmène toute la casserole avec moi, une fourchette en main.

Charles se retrouve dans la cuisine. Une nouvelle fois, son repas n'est pas prêt. C'est n'importe quoi dans cette maison y a personne qui le respecte. Bref, il doit donc se débrouiller de lui-même encore une fois et regarde dans le frigo ce qu'il reste à manger de sain.

J'arrive à mon tour dans la cuisine pour me préparer de quoi manger et Charles était déjà là. Je ne lui parle pas, après tout je n'allais pas non plus changer mes habitudes pour monsieur et n'allait sûrement pas lui donner ce plaisir là. Je prend donc une casserole, quelques légumes et commence à me faire une petite rissolé du sud.

Charles a tellement la flemme de cuisiner qu'il décide de regarder ce que Sheila cuisine histoire d'avoir de l'inspiration. En plus ça a l'air sein ce qu'elle mange c'est parfait. Du coup il fait exactement la même qu'elle juste à côté d'elle, mimant ses gestes.

Je jette un oeil à Charles qui n'avait pas l'air de savoir comment cuisiner. A vrai dire c'était le cadet de mes soucis, mais une idée me vint soudainement. Et j'allais en profiter pour obtenir une revanche sur le beau métisse. Je savais exactement quoi mettre dans ma casserole pour que ce soit comestible, mais Charles lui ne le savait pas, alors autant doubler les doses et donner à Charles une bonne leçon. Je viens prendre de l'ail, du piment. Je découpe une moitié de grosse gousse d'ail que je viens trancher de moitié pour la mettre directement dans ma casserole. Je viens ensuite ajouter une bonne dose de centilitre d'huile pimentée, assez pour arracher la gueule à un lépreux à l'agonie. La recette n'était pas encore finie et j'attendais de voir discrètement la réaction de Charles avant de continuer.

Tout pareil.

Il marche, je continue donc. Je rajoute une bonne dose d'huile d'olive forte pour lui, assez pour lui décrocher le palais. Je prends un peu de gingembre très amer, un peu de wasabi mis à notre disposition et je laisse mariner le tout. Je pense que la recette était assez concluante pour laisser Charles avoir quelques crampes d'estomacs pendant quelques jours. Je me sers mon plat et vais m'installer toujours comme si de rien n'était pour ne pas attiser les soupçons. Mais d'un oeil avisé, j'attendais que le résultat se fasse.

Il continue de cuisiner sauf qu'il perd Sheila à un moment donné. Il aime pas trop quand c'est gras et trop épicé alors il se contente juste de rajouter des herbes de provence et du sel. On va modifier un peu la recette. Il se sert ensuite et se pose en face de Sheila.  ─ Merci pour la recette, ça s'appelle comment ? fit-il avec un sourire bienveillant.

Alors que je faisais mine de lever ma fourchette pour manger, Charles vint me demander le nom de la recette. Tu vas avoir la chiasse toute la night mon pote, voila le nom de ma recette. Mais continuons à jouer le jeu. « C'est une recette de ma vieille grand mère ukrainienne. Ça s'appelle une boblovska, c'était un plat typique pour réchauffer les mineurs qu'elle a revisité à sa façon. » rétorquais-je plus neutre alors qu'il me posait la question. C'est fou ce que je pouvais raconter comme bullshit, j'avais intérieurement hâte de voir la tête de Charles après une bouchée et ce n'était pas du genre à critiquer les traditions de grands parents, hein ?

Charles fait une grimace. Qu'est-ce qu'elle raconte elle, elle a pas envie de manger un plat qui donne envie d'être revisiter.  ─ Parce que t'es ukrainienne toi maintenant ? Elle ressemble plus à une mexicaine.

Et le voila qui pose encore des questions. Tais toi et bouffe. Sheila fulminait de l'intérieur. Toujours est-il au contraire qu'à chaque fois que Charles m'interrompais, je faisais mine de lever sa fourchette pour pouvoir manger. Je me contente de lui répondre. « Ma grand mère était ukrainienne, mon grand père croate, et je suis né en Croatie. » Tais toi et bouffe. « Tu ferais mieux de manger ça risque de refroidir. » fis-je d'un air neutre comme pour le prévenir qu'il fallait se taire et laisser ce fameux plat de déglinguer l'intestin.

Et bah putain il imaginait pas du tout Sheila avoir ses origines là. Elle lui dit ensuite qu'il devrait manger avant que ça refroidisse. Il prend donc une petite bouchée et recrache aussitôt. C'était vachement fort. Il se lève en furie pour se servir du lait puis rajoute de la crème légère dans le plat pour adoucir le plat.  ─ Maintenant je l'ai revisité à ma façon aussi Et il remange avec du pain en plus.

Et le voila qui mange enfin une bouchée. Je le vois qui se lève et qui part en trombe chercher de quoi calmer la fureur du feu qui s'était créé dans sa bouche. La scène me fait m'arracher un rire et ce que j'attendais été enfin arrivé. Toujours se méfier de l'eau qui dort Charles. « Tu n'aurais pas fais long feu dans les mines ukrainiennes. » me contentais-je d'ajouter, un sourire amusé sur mes lèvres. Je prend une bouchée. J'étais bien plus habitué à la nourriture épicé, mais j'avais beaucoup forcé. « Hum .. » fis-je doucement pour broncher, en mettant ma main devant la bouche. Il ne fallait pas que je sois grillé, so je décidais de vite me reprendre en mangeant du pain.

Bon, y avait du piquant dans leur plat alors pourquoi n'y aurait-il pas du piquant dans leur parole aussi maintenant ?  ─ Pourquoi vous vous êtes disputés ce matin avec Mona ? demande t-il finalement vu qu'on lui avait rapporté ça.

Je mangeais donc tranquillement mon plat tandis qu'il vint remettre sur le tapis l'embrouille qu'on avait pu avoir ce matin avec Mona Lisa. « On a eu quelques différends par rapport à ce qui s'est passé hier. » me contentais-je de répondre sous entendu, elle a voulu la ramener pour protéger ton petit cul de privilégié. Ce n'est pas comme si j'allais encore raconter ma vie à Charles, on faisait seulement que partager un plat et Mona avait sûrement eu le temps de lui raconter ce qui s'était passé.

Ah d'accord.  ─ C'est bête, ce : seule contre tous, que tu ressens, il ne vient que de toi hein. Si t'arrêtais de te braquer, les gens te parleraient normalement sans rien te reprocher C'était un conseil pour qu'elle vive mieux son aventure alors qu'il a pourtant des raisons de lui en vouloir vu le prime. Après, si elle le prenait tans mieux et ils pourraient avoir de nouveau une relation cordiale et si elle se braquait de nouveau, alors ce serait définitivement mort.

Ah d'accord, donc il était définitivement là pour me chercher des noises en me rejetant la faute encore encore une fois. J'hausse les sourcils, jouant avec ma fourchette en ajoutant à la suite de ce qu'il venait de dire d'une voix calme teinté d'un ton ironique. « Et tu vois, c'est bête, car si tu étais un peu plus respectueux avec les gens qui t'entourent, on en serait sûrement pas là. Chacun ses problèmes. » La pique était lancée mais il l'avait mérité. Je dirigeais encore mal les mots d'hier et il ne faisait que remuer le couteau dans la plaie et me servir ses conseils à deux balles. Je finis mon plat et mange les quelques derniers bouts de pains qu'il me reste.

Charles hausse les épaules. Il a même pas envie de réagir parce qu'il sait qu'ici, il aura la maison pour témoigner du respect dont il fait preuve. Il aura essayé, elle n'a pas voulu maintenant tans pis pour elle. Il continue donc de manger en silence pendant qu'elle s'active.

Charles ne pouvait plus jouer le jeu du gendre idéal avec moi et il l'avait très bien compris. Le masque été tombé et en attendant des excuses, je n'avais rien envie d'avoir à faire avec lui. J'espérais que les gens dehors n'était pas dupe non plus. Nous avions coupé court à la conversation et chacun restait campé sur ses positions, soit ce n'était pas plus mal, il vaut mieux être seule que mal accompagnée comme on dit. Je me lève, histoire de rincer mon assiette et mes couverts, les poser et je quitte ensuite la cuisine, bien peu intéressée à l'idée de rester le regarder en chien de faillance.