Jour 27

C'est la canicule, aujourd'hui. Pour me rafraîchir, je me ramène à la piscine et je commence à faire quelques longueurs tout en méditant sur mes prochaines oeuvres.

Alors que je suis en train de faire mes longueurs, Adel fait son arrivée et trempe simplement ses jambes sur le bassin. J'étais évadé, complètement noyé dans mes pensées, perdu dans ma grande inspiration et je retrouve peu à peu mes esprits. Il me dit que j'ai l'air pensif, ce matin. « Je songeais à quelques vers, quelques rimes pour mes prochains poèmes... puis aussi à quelques idées de tatouage. ». Grosso merdo, je faisais travailler mon libre artistique. Et j'étais bien... je nageais, je fermais les yeux, et je me visualisais toutes les situations possibles et imaginables. Certaines étaient bien belles, d'autres plus dramatiques... mais cela m'a tout de même donné un grand nombre d'idées. Il me demande ensuite si j'ai un truc particulier en tête. « Euh... oui... enfin, non, pas vraiment. ». Mes petites pensées existentielles - en ce moment - m'aident aussi grandement à avoir de l'inspiration. Et c'est pour ça que j'ai souhaité avoir ce moment d'évasion.

Lorsque je parle de tatouages, il me demande à combien j'en suis de tatoos. Même moi, je ne les compte plus, tant y en a... mais je vais tout de même faire une petite estimation. « Je dirais que j'en ai au moins une quarantaine. ». J'ai commencé à me tatouer dès le jour de ma majorité, et depuis, ça ne s'est plus arrêté. J'aime décorer mon corps et y ajouter - chaque jour - une part plus importante de ma personnalité. Il me demande alors lequel je préfère... Je regarde un peu mon corps pour resituer, puis je finis par trouver. « Hm... tu vois le symbole rectangulaire en relief, en dessous de mon téton... c'est celui-ci que je préfère. ». C'est le plus original de tous, et sa source est - de loin - la plus marquante. « En fait, je l'avais fait lors d'une période plutôt sombre de ma vie... clairement, j'étais au plus bas. Puis au final, j'ai décidé de le faire afin de me rappeler que la vie est loin d'être un long fleuve tranquille, et qu'il faut toujours se battre, malgré les difficultés. ». Dès que je ne suis pas bien, je l'observe attentivement, et ça me rebooste illico presto. « Après, je ne te cache pas que c'est assez personnel... et pour l'instant, je pense que c'est un peu tôt pour en parler. Pour tout te dire, il n'y a que Léna qui connaît sa signification précise. ». C'est pour dire à quel point c'est un élément important, mais également très intime de ma vie.

Il ne cherche pas à insister, et je dois avouer que ça me soulage. J'avais peur qu'il veuille rentrer dans les détails, et de devoir encore insister sur mon refus. Il me demande ensuite quel tatouage je pourrais faire pour symboliser mon passage dans l'émission. « Ouais, et je pense que je vais faire un oeil pour symboliser celui de La Voix. ». J'y réfléchissais juste avant qu'il arrive... et ce que je dois dire, c'est que celui-ci est loin d'être le seul que je prévois de faire. Dans la vie, il n'y a que deux éléments qui peuvent m'assagir : ma soeur et l'art. Et quand je pense à l'art, j'oublie tout, et je suis dans mon monde... à tel point que je ne pense même plus à toute l'attirance que je peux avoir pour lui. Je suis passionné par ce que je dis, et ça se ressent. « Dis moi, je pourrais avoir ton avis à propos de quelques rimes que je travaillais à l'instant ? ». Il me faut quelqu'un qui me dise ce qu'il pense.

Même s'il m'avoue ne pas être un grand connaisseur, il veut bien. Je le sens que ce n'est pas vraiment son monde, mais il veut quand même bien faire le pas, donc ça me fait plaisir. « Très bien... ». Trois, deux, un, et je me lance...
« Voir le paradis comme un cancer
Et brûler dans les méandres de l'enfer.
Avoir une vision satanique,
Et rester cynique.

Le monde est bon,
Et en oublier le charbon.
Ne pas penser à l'avenir,
Pour ne pas se dégarnir.

C'est la vie que j'ai décidé de mener,
Sans me surmener
Profiter
Sans s'arrêter. ». Voili voilou, et bien évidemment, j'ai réfléchi à tout ça ce matin. Je ne sais pas ce qu'il va en penser, vu qu'il ne semble pas très poème, mais j'espère qu'il a apprécié.

Lorsque je termine de clamer mon poème, il semble étonné et me demande si je suis sûr que tout va bien. Déjà, il a bien saisi le message que je cherchais à faire véhiculer à travers ces vers, et j'en suis plutôt content. Pour quelqu'un qui n'aime pas les poèmes, il est plutôt futé à ce niveau là... et c'est quelque chose que j'aime bien. « Je pense que tu l'as très bien remarqué avant d'entrer dans la maison... je suis athé. ». Et tout le monde l'a remarqué, à mon avis... et la plus grande différence entre moi et ma soeur, c'est ça. « Je suis de ceux qui ne croient pas vraiment en Dieu... ». Après, je suis totalement tolérant, et j'aime tout le monde... ou presque. « Tu sais, des personnes qui pratiquent leur religion comme Léna la pratique, c'est assez rare. La plupart s'en servent comme excuse pour juger tout ce qui bouge et être aigris, et je t'avoue que c'est une chose que je déteste. ». C'est la vérité. Et même si je suis du genre à ne voir que le bien chez les autres, il y a aussi des choses qui m'agacent un peu.

Lorsqu'on parle de religion, le sujet dévie forcément sur Léna qui est très religieuse... il veut savoir si elle me juge parfois sur mes paroles ou sur mes actions. Je connais la réponse, et je sais que... « Non, nos parents nous ont appris - depuis tout petit - que peu importe comme on est, il faut toujours être tolérant dans la vie. Et avec notre éducation et notre vécu, on regarde ce que la personne fait de son coeur, et non ce qu'elle fait de son corps. ». Ca fait peut-être un peu bisounours, mais c'est comme ça qu'on a toujours fonctionné, et c'est comme ça qu'on continuera à fonctionner. Juger autrui ne sert strictement à rien.

Ouais, on a eu de la chance, pour le coup. La génétique a bien fait les choses, et l'amour est le pilier dans une famille. Ma soeur est parfaite et mes parents sont parfaits. Que demander de plus ? Il me parle ensuite d'une promesse de ne plus chauffer personne jusqu'à la fin de la semaine. « Je suppose que c'est Charles qui te l'a dit. ». Dans cette maison, tout finit par se savoir tôt ou tard. Il me demande pourquoi j'ai accepté de faire ça. En fait, les raisons sont nombreuses donc je ne sais pas par où je vais commencer, mais je vais commencer. « En fait, depuis ton arrivée, je me suis rendu compte que depuis que je suis entré, j'ai peut-être trop pris mes aises... donc quand j'ai une target, j'ai cette tendance à être derrière elle, en groupie. Avec Gabriel, les choses se sont faites facilement, et j'en avais oublié que tout le monde ne fonctionnait pas de cette manière. ». Ca, c'est la première raison. Je me suis peut-être pris pour acquis, du coup, je suis tombé dans le piège du courir après. J'enchaîne... « Aussi, je me suis rendu compte que je me fiais trop au physique, et que j'en oubliais complètement la personnalité. Et au final, même si le physique joue, ce qui attire le plus, c'est la personnalité. ». Peut-être que je devrais prendre plus de temps pour connaître les gens, au lieu d'être prêt à tout pour coucher avec, comme si c'étaient des morceaux de viande. Puis enfin... « Ce que vous avez dit hier m'a conforté... et au final, j'ai peut-être un peu trop réfléchi avec ce que j'avais entre les jambes. ». Quoique, je suis comme ça à l'extérieur aussi, et je ne sais pas si ça changera... chassez le naturel et il reviendra au galop. Mais ce que je veux dire par là, c'est qu'en fait, on ne me connaît que parce que j'aime le sexe, et pas vraiment pour ce qu'il y a au fond de moi.

En maillot d'bain, je décide de rejoindre la piscine pour aller m'y baigner - il fait beaucoup trop chaud dans cette maison (surtout au jacuzzi ). Je débarque alors qu'Adel & Corentin sont en pleine discussion, ça parle d'homme de sa vie. « Les relations sentimentales, ça craint » je m'avance vers eux, les saluant d'un demi-sourire. « Protège-toi Coco » Phrase à double sens, p'tit sourire en coin parce que j'ai sûrement besoin d'arrêter d'me prendre la tête cinq minutes. Je descends les marches, arrivant dans la piscine où l'eau m'hérisse les poils en sentant qu'ça vague au-dessus d'mon nombril.

Il arque un sourcil et me demande s'il m'a fait tant d'effet que ça... c'est vrai qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et que j'ai eu un coup d'z'yeux. « Bah physiquement, je pense que ça a un peu été le cas pour la moitié de la maison hein, moi y compris. Après, c'est aussi un bien pour un mal pour un mal, ou même un mal pour un bien, car c'est ça qui me permet de me remettre en question. ». Sans les petits aléas de la vie, qu'ils soient positifs ou négatifs, jamais on ne pourrait avancer. « Après, j'étais peut-être aussi comme ça avec Gabriel, et avec d'autres mecs à l'extérieur. ». On va éviter de parler du petit accident de la veille avec Charles... je n'ai pas envie de le mettre mal à l'aise à son tour. Surtout qu'il n'y a aucune arrière pensée dans notre conversation, pour le coup... donc je n'ai pas envie de gâcher ça. Il me parle ensuite du fait de s'envoyer en l'air, en me disant que certains l'ont probablement fait bien plus que moi, dans cette maison. « Après, c'est vrai que j'aime bien être sexy, que ce soit le matin, l'après-midi ou le soir... donc peut-être que ça joue sur l'image que j'ai dans la maison. ». Au fond, il a raison, il faut surtout que je fasse en fonction de ce que je veux. « Ouais, quand t'as 23 ans et que t'es étudiant, le sexe, c'est un peu la base de la vie. ». Et je ne compte pas m'arrêter, bien au contraire... juste que je devrais peut-être mettre un peu d'eau dans mon vin, et moins me comporter comme un mort de faim. Il me conseille ensuite de faire ce que je veux, de m'en foutre du regard des autres, et de m'envoyer en l'air quand ça me chante. « Et t'as carrément raison... en fait, je suis peut-être dans une période un peu transitoire, vu que beaucoup de choses changent dans l'aventure avec vous quatre, les trios, ma nomination et tout. Du coup, je me pose des questions que je ne devrais peut-être même pas me poser. ». Le secret, c'est de se fier à l'instinct. Il me demande ensuite si je crois sérieusement que c'est ici que je vais rencontrer l'homme de ma vie. « Evidemment que non... puis mentalement, je ne pense pas qu'il y ait ce qui me correspond. Passer du bon temps est largement suffisant. ». Bien sûr, quand je dis "passer du bon temps", je vous laisse deviner l'implicite.

Et là, Chani fait son arrivée et me dit clairement que les relations sentimentales, ça craint. « À notre âge, je suis totalement d'accord. ». En fait, j'avais peur de tomber sur des personnes trop fleur bleues en entrant dans cette maison, et au final, c'est tout l'opposé... « Tu t'es encore embrouillée avec Arthur ? ». Pour qu'elle me dise ça, elle doit forcément avoir une motivation derrière. Elle me conseille alors de me protéger. Je me marre, mais en même temps, je la remercie.

Corentin n'a pas tord, même si pour moi, l'amour n'a jamais été question d'âge. Jouant de mes mains dans l'eau, je soupire à sa question. « Si seulement c'était qu'ça ! » je tente un sourire léger, arquant les sourcils.« C'est pas lui, c'est Blair.. » s'il ne nous a pas entendu nous disputer violemment hier, c'est un vrai chanceux. « Mais ceci dit Arthur ne m'a pas du tout soutenue non plus donc bon. » Allez, tout l'monde m'engraine en même temps, plus on est d'fous, plus on rit ! « Mais j'ai plus envie de me prendre la tête, je suis venue ici pour jouer, j'en paie les conséquences. Maintenant dans ce jeu, j'avance seule, on verra ce que ça donne. » Fini les alliances à deux balles et les affinités en carton. Je relève mes cheveux pour les attacher dans un chignon négligé - oubliant quelques mèches qui me tombent le long des tempes. « Et vous, ça va ? » je demande alors aux deux jeunes hommes présents.

Donc elle m'avoue que le problème n'est pas Arthur mais Blair... ah oui, Charles m'avait dit hier, avant ce fameux massage. « Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que vous vous crêpiez le chignon à ce point ? ». Apparemment, ce n'était pas beau à voir... donc heureusement que je n'y étais pas. Elle m'avoue alors qu'Arthur ne l'a pas du tout soutenue. Ah, donc j'avais raison, ils ne se sont pas encore frités, mais quelque chose me dit que ça ne va pas tarder. « T'avais besoin de réconfort, j'imagine... peut-être qu'il a voulu vous laisser régler ça entre vous, vu que vous vous connaissiez mieux que personne. ». A ce moment là, évidemment, je ne sais pas qu'il était ailleurs que dans la chambre au moment des faits. Elle m'avoue alors ne vouloir jouer que pour elle même, maintenant, sans avoir besoin de pilier. « T'as pas à te sentir seule, si ça ne va pas, tu peux venir me voir, tu peux venir voir Léna, et on t'accueillera à bras ouverts, même si dans le jeu, tu perds tes repères. ». Si elle a envie de se confier à l'un de nous, on sera toujours là. Elle nous demande ensuite - à moi et Adel - si on va bien. « Ouais, ça va, je réfléchissais à mes futurs poèmes ainsi qu'à mes futurs tatouages. ».

Comme beaucoup de candidats, Corentin s’interroge sur ma dispute avec Blair. « Vous le saurez bien assez tôt... » je réplique alors, la voix basse. Inutile de justifier que ce n'était pas de la comédie, hein ? Et quand je lui parle de l'absence d'Arthur hier, il tente de lui trouver des excuses. « Il n'était pas là quand ça s'est passé, mais vu comment ça a vrillé, impossible qu'il n'en n'ai pas entendu parler. Il a dormi avec moi cette nuit, quand il s'est réveillé, il s'est cassé, alors que je restais justement au lit pour lui parler. » Les malheurs de Sophie, ça suffit, je souffle une dernière fois. « Mais j'veux plus trop en parler, c'est bon, j'ai bien compris qu'on était dans un jeu. » je conclus alors. La gentillesse et l'altruisme de Coco me fait néanmoins sourire, très sincèrement. « Je... je sais oui. Vous êtes vraiment gentils, tous les deux. » je complimente alors, attachée à leur innocence. On décide finalement de changer de sujet, tant mieux !« Des nouveaux tatouages ? Tu pensais à quoi ?  » je m'intrigue, m'approchant du garçon par instinct.