Jour 23

Je débarque dans la cuisine, affamée (et levée bien trop tard, mdrr on dira rien). Toujours liée à mes origines, je m'empresse de prendre du poulet, des épices, des oignons, des tomates, un peu de citron, de l'ail, des tortillas et de l'avocat, dans l'idée de préparer une soupe typiquement mexicaine. Je cuisine pendant un certain temps, faisant mijoter le poulet, les épices, les oignons, les tomates, l'ail et le citron dans de l'huile de d'olive. Je passe au four les tortillas coupées en lamelles puis je les ajoute à la soupe que j'ai versé dans un grand saladier. Je coupe l'avocat en cube, que je dépose finalement sur les autres ingrédients déjà mélangés. Et voilà ! Une petite merveille. Je m'en sers un grand bol, j'attrape une grande cuillère et j'emporte mon repas avec moi, laissant sur la table ma préparation pour les curieux. Hum... Les odeurs des épices m'avaient bien trop manqué !

Charles ne sait pas qui à cuisinier mais il se sert avant de tout emporter direction quelque part pour manger.

Je passe par la cuisine pour me préparer un petit bol de ramen avec du boeuf et des légumes. Cela va me prendre un peu de temps mais bon, le plat n'en sera que meilleur. En arrivant, je sens un poulet aux épices qui m'a l'air délicieux. Mon ramen sera pour demain soir, j'en prend une petite part et part manger dans un petit coin tranquille.

Après cette annonce pour le moins troublante, je passe dans la cuisine afin de me servir un verre de lait. Pas d'alcool pour ce soir, juste du lait. Je ne suis pas vraiment d'humeur à faire la fête, pour le coup... même si en temps normal, je dirais oui pour faire le con. Là, je ne sais pas, je ne suis pas souriant comme à mon habitude. Je me pose à une place, et je ressasse. Pourquoi part-il sans même qu'on ait pu avoir cette fameuse conversation ?

Me re-voilà dans la cuisine. Je remarque immédiatement Corentin, posé sur une chaise, en pleine réflexion. Je rigole un bref instant. << Ouah ! Je ne t'ai jamais vu aussi sérieux... Qu'est-ce qu'il se passe, y'a plus d'alcool, c'est ça ? >> Je le taquine bien sûr... Mais au moins, s'il a besoin de parler, je l'aurais lancé ! J'en profite pour me servir un autre bol de soupe mexicaine et je me pose face à lui.

Alors que je bois quelques gouttes de ce verre de lait - tout en pensant à ce que notre aventure aurait pu être si on avait eu l'occasion de reparler de tout ce qu'il s'était passé, de crever l'abcès, Kirsti fait son entrée dans la cuisine et sent bien que je ne suis pas vraiment dans mon assiette. Elle me taquine alors en me demandant s'il n'y a plus d'alcool. « T'es bête... », dis-je en riant un coup. En fait, l'histoire est plus compliquée que ça... « Dans la vie, il vaut mieux avoir des remords que des regrets... et avec le départ d'Hamza, des regrets, j'en ai, hélas. ». Qu'est-ce que les choses auraient été si on avait pris la peine de discuter ?

J'ai au moins eu le mérite de le faire rire... Même si en passant, je me retrouve qualifiée de "bête". Je souris légèrement d'ailleurs en l'entendant m'appeler ainsi, avant de retrouver un air plus sérieux pour l'écouter. Air sérieux qui se change rapidement en air étonné. << Le départ d'Hamza ? Il a abandonné ? J'étais pas au courant... >> M'enfin, c'est pas là le plus important. << Je vois parfaitement ce que tu veux dire par rapport aux remords et aux regrets... Moi aussi, je préfère largement ressentir les premiers plutôt que les seconds. Mais dis-toi que votre discussion aurait très bien pu ne rien donner, voir te dégoûter. >> Maigre consolation, j'en suis bien consciente. Mais j'avoue ne pas trop savoir quoi dire d'autre à cet instant. Nous sommes tous impuissants face aux rebondissements du jeu et aux virages imprévisibles de la vie.

Elle n'était pas au courant qu'il était parti ? On était trois au téléphone rouge, en même temps, donc je pense que beaucoup ne s'y attendent pas. Elle voit typiquement ce que je veux dire par rapport aux termes "remords" et "regrets"... et elle essaye tant bien que mal de me faire remonter la pente. « Si j'avais été dégoûté, au moins, je saurais où on en est... mais le problème, c'est que là, je ne sais même pas. ». Est-ce qu'on est amis ? Est-ce qu'on est ennemis ? Est-ce que l'affection est toujours là ? Est-ce que c'est ambigu ? En fait, c'est beaucoup de questions pour lesquelles je n'aurai jamais les réponses.

Bien sûr, mes paroles restent vaines... Non en fait elles sont totalement inutiles mais je ne voyais vraiment pas quoi dire d’autre. D’ailleurs, Corentin a parfaitement raison : même s’il était ressorti dégoûté de leur discussion, il aurait au moins été fixé sur leur relation. Là, ce ne sont que points d’interrogation qui flottent dans ses pensées. « Certes, tu te tourmenteras toujours sur ce qu’il y a entre vous mais il ne faut pas non plus que tu te pourrisses l'esprit avec ça. Je sais que ça reste plus facile à dire qu’à faire, mais si tu restes obnubilé par ce que tu aurais pu, que tu aurais dû faire, tu n’arriveras pas à aller de l’avant. Et ce serait vraiment dommage, surtout dans cette aventure où, je pense, tu as les capacités d’aller loin. »

J'écoute ce qu'elle a à me dire pour me réconforter. Il ne faut pas que je me pourrisse l'esprit, que je me laisse omnibuler, il faut que j'aille de l'avant, et elle a totalement raison. C'est une philosophie que j'affectionne particulièrement, et elle marque des points. Elle et moi avons l'air d'avoir de bons points communs. « T'inquiète, ça ira mieux demain matin. C'est juste que sur le moment, ça met un petit coup et ça fait bizarre. ». Et au fond, ça montre que j'étais loin de me ficher de lui. J'aurais aussi aimé le connaître un peu plus, creuser pour en savoir davantage sur son vécu. Je suis quelqu'un qui adore aller au plus profond et jouer le psychologue. « Bon, sinon, tu t'es pas présentée, raconte moi un peu ta vie. ». Changeons un peu de conversation, ça va me détendre.

Corentin semble d’accord avec mes propos et rajoute que je n’ai pas à m’inquiéter, que c’était simplement un petit coup passager et je souris avant d’ajouter pour le taquiner « Un petit coup d’alcool et hop, tu seras reparti du bon pied ! » J’avais parfaitement remarqué que son verre n’était rien d’autre qu’un verre de lait. Corentin changea finalement de sujet et me demanda d’en dire plus sur moi. Je laissais échapper un léger rire avant de lui répondre. « Eh bien moi c’est Kirsti, j’ai 23 ans presque 24. Je vis en Bretagne, près de Vannes mais je suis née au Mexique comme mon père et mes frères et sœurs. Ma mère, elle, est française de naissance. J’ai emménagé en France il y a 3 ans avec toute ma famille et je fais des études de littérature et de langues... et il m’arrive aussi de prendre ma plume et de revêtir mon costume d'écrivaine. » Je souris et reprend. « Pour moi, rien n’est plus important que mes origines et ma famille... qui est plutôt nombreuse ! J’ai douze frères et sœurs, très exactement ! »

Un petit coup d'alcool et je serai reparti du bon pied ? Elle m'a tout l'air d'avoir raison. Parlons ensuite d'elle. Bientôt 24 ans, bretonne, mexicaine d'origine, s'est installée en France il y a peu de temps, étudiante, douze frères et soeurs. « En terme de liens, il n'y a pas mieux que la fraternité, ahah. ». Aaah, je crois qu'il va y avoir une soirée au salon. « Allons y. ». Juste avant d'y aller, et ayant très envie de lait ce soir, je me prépare deux bouteilles de tequila rose, et c'est parti ma gueule.

Je rigole lorsque Corentin me dit qu’il n’y a pas moeux en terme de liens que les frères et sœurs : je suis parfaitement d’accord avec lui ! Une soirée se prépare au salon et Corentin m’y entraîne sans oublié l’alcool. « Tu partageras hein ! » Que je le dis en riant avant de le suivre.

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