Jour 30

Olaf entre - avec quelques larmes qui coulent le long de son visage - dans l'isoloir, se recroqueville et cache sa tête à entre ses genoux. Personne ne doit le voir dans cet état, personne.

J'arrive à l'isoloir ou se trouve Olaf, je le trouve replié sur lui même, la tête entre les jambes, frêle, fragile, une ombre. Son ombre. Mon ombre. Je m'approche de lui et m'assois à ses côtés. Je m'en veux d'encore penser à ne pas briser ma mission, à me contenter de l'accompagner en restant silencieux. Mais ma présence n'est pas une solution ce soir. Il faut plus que ça. Mais je suis là pour jouer aussi, alors est-ce que je dois parler ? Je ne sais pas. Mais je me contente de m'allonger sur le sol, à côté de lui, et je préfère rester silencieux pour le moment. Putain je suis d'un égoïsme sans nom.

Olaf est complètement recroquevillé, le regard dans le vide, les yeux humides. Ayant une immense fierté, ce sentiment ne lui arrive que rarement... et quand il arrive, il préfère s'isoler. Il refuse catégoriquement de baisser les armes et se montre fier jusqu'au bout. Son souhait est de ne surtout pas perdre la face. Il est vu comme un homme fort, sécurisant, et cette situation est déstabilisante. Il continue alors à réfléchir, à ressasser, à avoir des remords sur son passé, car au final, peut-être aurait-il du se rebiffer face à son père. Peut-être aurait-il du être avec Arthur au moment où ce dernier a eu son accident. Ce qui est sûr, c'est que pour lui : c'était l'homme de sa vie... et tous ses rêves se sont brisés au moment de l'annonce de son décès. Olaf est - en quelque sorte - décédé avec lui ce jour là. Hayden arrive alors... il s'est très certainement demandé ce qu'avait Olaf. Il reste silencieux, ne prononce pas un mot. Est-il touché ? Sans remonter sa tête, même Olaf n'arriverait pas à le savoir. En tout cas, si il est venu, c'est qu'il est soucieux. L'allemand relève la tête, le regarde avec des yeux d'agneau et la remet entre ses genoux. Une partie de sa carapace s'est brisée ce soir... et dans le fond, peut-être que la présence du britannique suffit à combler Olaf.

La réaction d'Olaf fasse à son propre son propre discours continue de faire échos en moi de la plus sombre des manières. Il est tombé amoureux d'un britannique, comme moi, et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il décalque l'amour qu'il lui portait sur moi. Je garde les yeux, doux, rivés sur l'Allemand tandis qu'il relève la tête. Nos regards se croisent et je peux voir que du sang est injecté dans ses yeux. J'ai énormément de peine mais je tiens bon et me résout à simplement le regarder pour toute action. Pas de contact, pas de toucher, simplement un regard compatissant, plein d'amour et de soutien. Olaf s'est laissé enfermé par son père ... J'aimerais lui parler de mon propre passé, mais je n'en fais rien. Je préfère rester silencieux. A quoi bon remuer le passé quand les tombeaux et les démons sont déjà de sortis ? Le bel allemand n'est que l'ombre de ce qu'il m'a laissé entrevoir jusque là, sa faiblesse est-elle qu'il me fend le coeur en deux. Je ne m'attendais pas à découvrir Olaf dans cette position d'infériorité, ça ne lui ressemble pas. Sans un mot, je me relève et reste debout face à lui, il me regarde, et j'attends qu'il se lève ensuite. Je me mets à marcher pour quitter la pièce et à mi-chemin, vérifie qu'il me suite. On ne peut pas pas se toucher, pas se parler, mais on peut partager, au moins cette nuit, le même lit. Je le sais. Je quitte l'isoloir avec Olaf, sans un mot, les pas calfeutrés par la nuit.

Olaf quitte pendant quelques instants ses genoux afin d'apercevoir le regard d'Hayden. Ce regard est tellement compatissant, tellement compréhensif. L'anglais a l'air tellement touché. Il n'y a aucun doute, il se sent pleinement concerné par le récit d'Olaf. Sinon, pourquoi l'aurait-il suivi jusqu'à l'isoloir ? Pourquoi continuerait-il à observer son visage enfermé entre deux jambes plissées ? Olaf continue de le regarder.. d'observer sa belle bouille. Il a l'air très pensif. Cette histoire le ferait-il réfléchir ? Probablement. Il le contemple encore et encore... puis il constate qu'Arthur possède son propre double : lui. Il est britannique, exactement comme lui, il possède les mêmes traits de caractère. Au final, pourquoi Olaf n'a pas pensé à cela dès le début ? Probablement car il était trop borné sur Arthur. Pourquoi ses précédentes histoires n'ont pas fonctionné ? Certainement à cause de ce passé tragique. En observant Hayden, Olaf constate une chose : c'est que c'est le bon.

De là, le beau britannique l'embarque avec lui sans le toucher ni lui parler. Que vont-ils faire ?