Jour 06

Après m'être couchée, je me réveille dans la nuit. Je n'arrive pas à dormir, j'ai trop chaud, trop envie de sortir de l'obscurité et de l'oppression qui se sont imprégnés de la chambre. Je décide donc de faire un rapide détour par la cuisine pour prendre un verre d'eau, et je file en direction du jardin pour prendre l'air. En marchant sur l'allée, je m'allume une cigarette qui me sert de seule lumière nocturne. Je décide de m'asseoir contre un muret, profitant de la paisibilité de l'endroit.

Paquet de clope à la main, j'arrive dans le jardin, plutôt frisquet à cette heure de la nuit. Mon sourire se creuse immédiatement en voyant Pepito. Je me pose à ses côtés, le dos contre le muret. Alors, on fait l'oiseau de nuit ?? que je demande en allumant ma cigarette

Quand j'vois Pan débarquer avec son gros pull de ski, ça m'arrache un rire discret. Moi qui suis en sous-vêtements seulement, on joue le parfait contraste entre le jour et la nuit. « J'attends la pluie. » J'passe une main sur mon front, baissant la tête et étouffant un rire en me rendant compte de la connerie de ma réponse.

Ah. Attendre la pluie... J'vais rien dire, j'ai appris à ne pas juger les occupations des autres ici. Certains baisent et font les canards, d'autres attendent la pluie. Chacun son créneau. Tu devrais faire gaffe à ne pas prendre froid. J'me rends compte qu'elle est en sous vêtements. Je la soupçonne de vouloir tomber malade pour que je sois à ses petits soins. J'ai failli coucher avec une licorne aujourd'hui. Je le dis le plus naturellement du monde, dans un petit rire complice.

J'me laisse échapper un petit rire en entendant l'avertissement d'Eden, ayant tourné ma tête en sa direction. « Tu... devrais faire gaffe à ne pas attraper la fièvre! C'est dangereux, surtout si on est pas un Samedi soir... » je réplique, l'ayant maté de haut en bas. La fatigue me fait parler trop vite, enfin comme d'habitude. Je ris seule, dans ma tête j'ai au moins le mérite d'égaler les blagues malabar.
Je tire sur ma cigarette, tandis qu'Eden me fait des confessions assez intrigantes. « Really nigga? » J'hausse les sourcils et affiche d'abord un sourire amusé avant de me redresser, de m'asseoir en tailleur face à lui et de joindre mes deux mains l'une dans l'autre. « Bonsoir Eden, bienvenue à la réunion des sex-addicts anonymes. Nous sommes ici ce soir pour parler de votre précédé presque rapport, nous vous écoutons. » Et j'le regarde, avec des yeux qui brillent de curiosité.

Ah d'accord, ça sort les vannes que racontent nos oncles bourrés pendant les réunions de famille ? Je me mords la.lèvre stupéfait, l'air un peu grave. Ouutch, elle passe mal cette blague. Mais t'as de la chance, je garderai cet égarement pour moi. Entre enfants terribles, faut savoir se soutenir. J'me retrouve en deux secondes à une réunion des accros au anonyme. Du coup, vu que tu m'as appelé Eden, on est plus vraiment dans une réunion anonyme. J'suis le genre de gars à roleplay jusqu'au bout perso. Oh l'histoire est pas aussi intéressante que ça en l'air. On s'est chauffé un peu avec Vania et Hayden,
Et c'est parti en couilles, finalement, Vania s'est ramenée au confessionnal dans un costume de licorne. Je te cache pas que c'est pas allé plus loin. En tout cas pas avec elle.

Je me pince les lèvres en lançant un regard très intense et sensible à Eden - l'air de dire "merci mec, t'assures."
Quand je lance cette mise en situation de réunion anonyme, il rentre directement dans le jeu, et me fait rire à sa première réplique. Il est pas con, ce type. Finalement, je découvre les dessous de la situation. Je continue, avec mon ton grave et un peu trop mélancolique hors-contexte. « Merci pour ta franchise sex-addict anonyme numéro vingt-et-un. Si elle le veut, Aphrodite t'acceptera dans son royaume, parmi les siens. » Aphrodite, déesse de la séduction, tout ça. Petite mention pour ma prof de latin en cinquième, la bise.
Après avoir laissé planer un court silence, et m'être rassise le dos conte le mur, je réagis une nouvelle fois. « J'savais pas que certains étaient branchés plan à 3 dans cette maison. » J'crache ma fumée, tête en arrière, les yeux levés vers le ciel qui n'se termine jamais. Je retourne finalement la tête vers Eden, assimilant enfin sa dernière phrase. « Pourquoi pas avec elle? Hayden a su conquérir ton cœur-gamin plus tôt? » Tant de questions inachevées.

Elle est extra cette fille. Elle me fait tellement rire avec son espèce de réunion improvisée. Un peu qu'Aphrodite me voudra ! J'serai un bon ajout non ?? Je hausse les épaules avant de reprendre Clémence Bah techniquement, Vania a prit ses jambes à son cou, je crois qu'elle est déjà trop accro à son Dieu de la création. Je marque une pause avant de lancer un regard intense en direction de Pepito. Puis je lui ai fais comprendre que si je devais me taper une candidate dans l'aventure, ce serait toi... Bon, d'accord, c'est pas vrai, mais j'ai hâte de voir sa réaction. Il a rien conquis du tout, mais il a un certain talent pour faire monter la pression. Il est dangereux ce Hayden. Et il m'a fallu coucher avec lui pour m'en rendre réellement compte. Peuchère

S'il sera un bon ajout? J'hausse les épaules, pinçant mes lèvres, mimant cette expression d'enfant qui sait, mais qui veut pas dire.
« Son "Dieu de la création", c'est toi je présume? » Je tire une nouvelle taffe, lorsque Eden me dit qu'il a avoué à Vânia vouloir coucher avec moi plutôt qu'une autre candidate dans la maison. « Déjà moi on m'tape pas. On m'fait l'amour. » Ouais, des barres. Même moi j'y crois pas, l'Amour c'est pour les cons. Le sexe, si c'est pas sauvage c'est pas bon. « Hayden est donc dangereux. Merci pour la prévention, ça peut toujours servir. » C'qui est cool, c'est qu'on a pas eu besoin de poser des mots explicites sur nos pensées. En quelques phrases, plus ou moins compréhensibles, on a parfaitement interprété le dialecte de l'autre.

Son dieu de la création ?? Mais non, c'est Shiva ! Tu sais, Stéroïdeman ? Ça m'étonnerait même qu'on lui air donné des idées à Vania, moi et Hayden. Je fronce ensuite les sourcils à le remarque de Clem. J'la voyais pas trop dans le style fleur bleu romantique. Et sa tête, j'comprends très vite qu'elle s'est joué de moi. ''Faire l'amour'' c'est ce que je disais quand j'avais 14 ans que je voulais me taper la reine de promo derrière un buisson Bah ouais, à cette époque, les disquettes, ça marchait encore. Mais tu t'en doutais déjà non ? T'es sympa, pas naïve. que je dis par rapport à Hayden.

Ah mais oui, Shiva! Ah bah non... j'vois toujours pas! « Tu sais, j'me préoccupe pas tellement des ragots dans cette maison. Faut qu'ça soit fondé pour qu'ça m'intéresse. » Faut qu'j'ai vu quelque chose de mes propres yeux pour y croire, c'est comme ça. J'termine ma clope, gardant le mégot près de moi pour que je puisse le jeter à la poubelle quand je rentrerai. J'me mets à rire en écoutant Eden. « Une reine de promo à 14 ans? T'as vécu où pour vivre ça? Moi à 14 ans, j'avais le droit à une boum de fin de collège. Ce jour-là, on avait tous sécher le cours de techno et on avait fumé une lucky strike - indus, je précise, à cinq, derrière un escalier, près du gymnase. Des vrais cas sociaux. » Mais, je préfère ça au bal. De toutes manières, jamais j'aurais accepté de participer à un truc aussi ridicule. Surtout à quatorze ans, pleine période de recherche, puis d'affirmation de soi, sans oublier la rébellion. J'crois que j'ai encore quatorze ans. « Mmh, non. J'l'avais pas vu venir celle-là. » J'retourne la tête vers Eden, délaissant la vue sur le paysage pour me focaliser sur ses iris beaucoup trop sombres, même dans la pénombre. « Mais j'pense qu'avec toi, j'ai pas fini d'être surprise. » Un pré-sentiment.

A ne pas se préoccuper des ragots, elle va finir par être dingue. Concrètement, c'est l'une des seules choses que l'on peut faire... Mais bon, c'est tout à son honneur de pas trop tendre l'oreille et de s'arrêter sur le concret. Je ris doucement lorsqu'elle me raconte l'anecdote de sa petite boum de fin d'année, en oubliant même de répondre aux multiples questions qui accompagnent son récit. Ma tête offusqué annonce la couleur. Quoi ??? Ma petite Pepito a fumé un jour des cigarettes industrielles ?? Une légende se brise ce soir. Je suis surpris de savoir qu'elle ne voyait pas Hayden comme quelqu'un de dangereux. Mes prunelles vives croisent les siennes au moment précis où elle dit ne pas être au bout de ses surprises me concernant. Tu le sauras qu'en étant curieuse... J'incline un peu la tête, comme pour la jauger. Et tout ce que j'arrive à en retirer, c'est qu'elle est vraiment très belle avec ses petites lunettes de binoclarde. Je me lève finalement, écrasant ma cigarette dans un mégot. Des gouttes d'eau m'accompagne. Il semblerait que tu auras eu ta pluie.. J'viens lui déposer un léger smack, c'est bon enfant, gamin. Bonne nuit Pepito... Je m'arrête devant la baie vitrée, lui lançant un dernier regard. Au cas où tu en douterais... j'suis dangereux moi aussi. j'sais même pas pourquoi je lui dis ça. Je rentre finalement pour retrouver mon lit

Il y a mon rire, cassé, qui s'envole jusqu'aux fenêtres ouvertes qui séparent les chambres du jardin. J'mets ma main devant ma bouche, pour éviter de réveiller qui que ce soit, lançant un regard pétillant de malice à Eden. « Arrête, j'm'en veux encore aujourd'hui. » J'ai repris mon sérieux, un peu. Y'a encore un sourire amusé qui traîne sur mon visage, tandis que mon épaule vient légèrement taper celle du candidat.
La nuit abrite nos rires et nos regards. Un vrai recueil de bonheur, à l'état pur. Et comme si ce n'était pas assez idyllique comme ça, il se met à pleuvoir. J'affiche un sourire aussi surpris que satisfait. « Tu vois, j'ai bien fait d'att- » J'ai pas le temps de finir ma phrase, qu'Eden me coupe en venant poser un baiser furtif sur mes lèvres. J'reste figée, une demi-seconde, le temps d'me rendre compte à quel point, ouais, il pourrait vraiment faire partie de ma bande de potes de tous les jours. « Bonne nuit beau gosse! » J'dis, de façon la plus spontanée du monde. Quand il me lance un ultime regard, je l'écoute attentivement, je lui rends son regard de braise, et j'étouffe un rire quand mon cerveau se permet de l'imaginer se prendre la vitre deux secondes plus tard.

J'reste encore quelques minutes, alors que la pluie tombe peu à peu. J'imaginais avoir le temps de me perdre dans mes pensées, pour quelques instants encore, mais les gouttes s'écrasent de plus en plus vite sur le sol, de plus en plus fort. J'ai à peine le temps de me lever, et de me mettre à courir jusqu'à l'entrée du salon, que je suis déjà toute trempée.

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