We need to talk about us ~ {ft. Tanguy}

J'ai quitté l'aventure des All-Stars il y a quelques heures seulement. Téléphone récupéré en main, je regarde mes messages, mes notifications, mes appels manqués. Du moins, certains d'entre eux. Je suis contente d'être de nouveau libre, de sentir à nouveau l'air frais de la capitale sans avoir à être enfermée dans la maison et déraper. Mon doigt, lui, dérape rapidement sur le nom de Tanguy dans mes contacts. Coeur serré, j'observe pendant un long moment, dans ma chambre d'hôtel, son numéro, sa photo de contact. Prenant mon courage à deux mains, je décide de lui envoyer un texto : "L'aventure est terminée pour moi aussi. J'ai besoin qu'on puisse se voir, qu'on discute. Rejoins moi au restaurent Le Dali. Je t'aime." Envoyé. Je souffle légèrement, contente d'avoir passée ce premier cap, bien que je sais pertinemment que celui-ci est minime comparé aux autres qui suivront certainement courant de cette soirée, de ces retrouvailles. Je me prépare longuement dans ma chambre d'hôtel. Prête, je fais les cents pas dans celle-ci avant de prendre mon sac à main et sortir, accostant le premier taxi en vue. "Au Dali s'il vous plaît." Annonçais-je au chauffeur, bref sourire de quelques secondes aux lèvres afin de le remercier. Je le vois me fixer longuement à travers son rétroviseur intérieur. Je décide de faire abstraction, poussant un léger soupire. Oui, c'est bien moi. C'est clairement ce que j'ai envie de répondre, mais préfère me taire. Arrivée, je remercie le chauffeur, lui donne la somme demandée et quitte cette immonde voiture jaune. Refermant la porte, certaines personnes présentes devant l'entrée me reconnaisse et décident de m'accoster. Je signe deux-trois autographes rapidement, décidant exceptionnellement de ne pas prendre le temps pour les photos. Je me dirige vers le comptoir à l'entrée du restaurent. "Bonsoir, ce serait possible d'avoir un coin plus éloigné et tranquille des autres tables, s'il vous plaît ?" Demandais-je gentiment à la jeune femme debout face à moi. Elle me répond positivement et me dirige dans un coin plus isolé et calme du restaurent. "Merci beaucoup." Je lui adresse un léger sourire. "On va rapidement me rejoindre, vous pouvez laisser la porte ouverte pour le moment." Précisais-je avant de m'asseoir à la table. Je regarde mon portable toutes les dix secondes, ça ne passe pas vite, j'angoisse. Jouant avec mes doigts, je n'observe plus la porte face à moi. Tanguy a répondu à mon message. Il m'a dit qu'il viendrait, mais je sentais bien cette froideur dans sa réponse, une froideur pour laquelle je ne peux malheureusement pas le blâmer. Quelle idée j'ai eu de lui mettre Je t'aime à la fin de ce message. Oui, je le pense, mais les circonstances sont mal choisies, j'en ai conscience. J'entends des pas. Je lève le regard. Il est là, face à moi.

Je ne m'en étais rendu compte que trop rapidement, ce genre d'aventures n'étaient de toute évidence pas faite pour moi. Pourtant, je m'étais dit qu'il était évident que de retenter l'expérience, peut-être qu'avec un peu de chance, je réussirais plus facilement à me lancer dans la course et à faire abstractions des détracteurs aux langues pendues et fourches avisées. Je n'en étais pas capable. A l'extérieur, tout était différent puisque je pouvais choisir mon entourage, et ce que composait ma vie. A l'intérieur d'un jeu comme celui ci, il fallait se contenter de subir et sourire à ce que l'on nous envoyait à la tronche. Très peu pour moi. J'aimais avoir le contrôle sur ce que je choisissais d'avoir, même si je restais quelqu'un de peu exigeant en règle générale. Et ce contrôle, je l'avais perdu au moment même où j'avais laissé Léonie dans cet environnement. "Je te fais confiance" c'est les mots que je lui avais murmuré avant de faire mon entrée, mots qui avaient un goût quelque peu amer maintenant que j'y repensais. Les images ne m'avaient pas fait grand chose sur le moment, probablement parce que j'avais toujours eu du mal à faire la liaison entre une personne réelle et celle bloquée dans l'écran cubique. Ça n'était que lorsque mes proches m'avaient bombardé de messages que j'avais réalisé. Et si je n'avais en soi pas grand chose contre le tatoué, je devais bien avouer avoir gardé une certaine animosité envers la marseillaise. Ses explications avec le concerné auraient pu me rassurer, mais en vérité, cela n'avait fait que me questionner un peu plus. Alors, lorsque son nom s'était dessiné sur l'écran de mon portable, ma voix s'était faite la malle. Un rendez-vous, bien. Evidemment j'analysais à l'avance tout ce que j'allais pouvoir lui dire, en sachant précisément que rien ne réussirait à sortir au moment où je la reverrais. Alors lorsque j'arrivais enfin au restaurant, quelques quinze minutes de retard à mon compteur, dont cinq dues aux cent pas que j'avais du faire devant l'entrée, mon regard se posait sur elle, tentant de discerner à quelle Léo j'avais affaire. « Thomas m'a appelé, y'a une heure. » lui, c'était mon pote d'enfance, celui qui avait toujours veillé sur moi et qui avait d'ailleurs défendu Léo à de nombreuses reprises. Quelque part, il avait choisi de lui faire confiance malgré tous les doutes qu'il avait pu avoir à son sujet, se disant qu'elle ne voulait que mon bien. Ils s'étaient vus à de nombreuses reprises depuis. « Il m'a dit de t'en mettre plein la gueule. » et pour être honnête, je l'aurais probablement fait. « Mais avant ça j'ai besoin de savoir. J'ai affaire à quelle Léo ? » plantant mon regard dans le sien, je tirais finalement la chaise pour prendre place face à elle. « Celle que j'ai connu au début de notre relation, ou celle qui cherche à tout prix la reconnaissance ? » Parce que pour moi, il n'y en avait plus qu'une qui comptait.

J'ai eu ce besoin de lui demander de me rejoindre dès l'instant où j'ai récupéré mon téléphone. Je suis trop honnête, que ce soit envers moi ou envers les autres pour seulement fuir ou échapper aux discussions qui fâchent. Puis clairement, avec ce que Tanguy et moi avions vécus, il était impossible, de sa part comme de la mienne de fuir et d'échapper une discussion. Mon regard se pose sur le jeune homme lorsqu'il entre dans la salle, je le détaille. J'ai envie de le prendre dans mes bras, de le serrer aussi fort que possible, mais je me retiens. Intérieurement, je suis juste aux anges. Le simple fait de l'avoir en face de moi me fait plaisir, même si je ne sais absolument pas à quoi m'attendre de cette discussion, de ces retrouvailles surement précipitées, puisque j'ai décidé de quitter l'aventure de mon plein gré. Pour lui. Je me contente de le regarder s'installer, face à moi. Il commence à parler et j'en suis soulagée. Je sens mon coeur s'accélérer comme jamais auparavant. Il me parle de Thomas. Ils se sont appelés un peu avant le dîner, je hoche positivement la tête, pas le temps de répondre qu'il enchaîne. Je prends tout en pleine face, toutes sortes de réflexions et questions en même temps. Je le mérite. Je lève les yeux au ciel quelques secondes, non pas lassée par ce qu'il me dit, mais touchée, vexée et épuisée par ce qui se passe. Reposant mon regard dans le sien, je fronce légèrement les sourcils. "C'est comme ça que tu me vois ?" Laissais-je finalement sortir, voix légèrement fragile suite au stresse, à l'anxiété. "Celle qui recherche à tout prix la reconnaissance ?" Je n'en crois pas mes oreilles. J'arrive pas à croire qu'il me sorte ça, il me connait. J'ai merdé, c'est vrai. Il a le droit de m'en vouloir, toutes sortes de réactions sont légitimes, mais j'avoue avoir un pincement au coeur à cette réflexion, à laquelle je ne m'attendais absolument pas. "Ou c'est quelqu'un qui t'as mit ça en tête ?" C'est possible ça aussi. On sait tous les deux à quel point nos familles respectives aiment parfois mettre leur grain de sel dans notre relation depuis plusieurs mois, ça ne m'étonnerait donc pas. Puis, j'ai bien reçue le message de son père. Je le dégoûte, il ne veut plus me voir. Ce sont ses mots. "La seule chose que je cherche, c'est toi, c'est moi, c'est nous." Comme avant. Avant que tout ne dérape, par ma faute.