Jour 13

Avec le plateau collectif, je pénètre dans le jardin. J'installe le plateau à une table, je m'assois sur une chaise... puis j'attends que quelqu'un arrive. Avec un peu de chance, il y aura quelques lève-tôts ici. Dans tous les cas, j'adore profiter - dès le matin - du soleil. Cette ambiance me rappelle mes étés en Normandie... car oui, même si il y a un mythe qui dit que par là bas, il pleut tout le temps, bah... des fois, il y fait aussi un beau temps.

J'arrive dans le jardin les cheveux trempés et avec mon pull a moitié dans mon short a moitié débordant de tous côtés. Je n'ai mis qu'une chaussette sur les deux et je peine a rejoindre la table ou se trouve le petit déjeuner. "Bon ..." Je commence avant de m'interrompre puis d'hésiter. Je me souviens vaguement de notre discussion d'hier, celle d'avant que je sombre, et c'est tout naturellement que j'hésite entre bon anniversaire, bonne nuit et bon jour ... Je me reprends donc en me raclant la gorge alors que j'arrive au niveau de la table - et plus précisement d'un fauteuil - "Ça va ce matin ?" Je m'avachie lourdement sur ledit fauteuil puis tente d'établie la netteté sur Vincent, mqis c'est un exercice périeux.

Alors que j'attends, le temps passe, le temps passe, le temps passe. Une chance que j'aie mis le café et le chocolat chaud dans un thermos pour que le tout reste bien chaud. C'est alors que notre cher Matthew arrive. Je l'avais laissé dans la cuisine hier soir... et je me souviens que ce matin, quand j'ai préparé le fameux p'tit déj, il était complètement endormi sur la table. Il doit être vraiment fatigué, le pauvre. Il essaye de me glisser un bonjour mais n'y parvient pas. Je me souviens que dans la soirée d'hier, il avait pas mal bu. La gueule de bois, sans doute. Je n'avais pris qu'un shoot, donc je n'ai pas trop subi. « Bonjour Matthew ! Bien dormi ? », demandé-je en souriant. Je me doute bien de la réponse, mais j'ai envie de l'entendre dire. Il me demande si je vais bien ce matin, ce à quoi je réponds : « Oui, merci. Il fait beau en plus... d'où la raison pour laquelle j'ai préparé un petit déj extérieur aujourd'hui. ». Je lui montre ainsi le plateau afin qu'il puisse se servir.

Je redresse ma tête qui tend à s'affaisser lorsque Vincent prend le parole. BonJOUR ! Voilà la réponse à ma question. On dit donc bon-jour. Je souris et rétorque donc, heureux de ma découverte : "Bonjour à toi aussi ! Puis je grimace lorsqu'il me demande si j'ai bien dormi. Je ris un peu nerveusement mais me stoppe aussitôt alors que ma tête me fait comprendre que rire n'est pas une option ce matin. On a connu plus confortable que des tables disons ... Je dis dans un petit sourire étranglé, mais la discussion que j'avais eu avec Théo m'a vraiment fait du bien, et toi ?" Je marque un temps puis Vincent apporte mon attention sur le buffet. Je vais pour récupérer le thermos mais je le loupe dans un geste malhabile. "Tu peux me servir un verre s'il te plait ? Je demande un peu gêné avant de parvenir à saisir un pain au chocolat devant moi. Tu vas faire quoi mardi ... Du coup ?" Je demande en me concentrant au maximum sur lui, sans parvenir à préciser de quoi je parle, mais sans avoir à le faire pour autant car je suis sur que Vincent à compris à quoi je faisais allusion, ou du moins, tenté de faire allusion.

Ca y est ! Il arrive à dire "bonjour". L'ai-je aidé en le disant en premier ? Peut-être... Je lui souris donc puis il répond à ma question : à savoir si il avait bien dormi. C'est bien ce que je pensais, il n'a pas bien dormi. Ca se ressent. Il a l'air nerveux, ce matin... je crois que même du café n'arrangera pas les choses. Il me demande si la discussion avec Théo m'a fait du bien... ce à quoi je réponds : « Ouais. ». L'histoire de Matthew et la mienne sont quand même assez similaires. Je me suis un peu reconnu quand il a raconté son récit. « Et toi ? ». Je ne sais même pas pourquoi je pose la question puisque je pense que c'est oui. Il a même révélé le nom de la personne qui lui était destinée secrètement à Théo. Le connaissant et connaissant son parcours dans la saison, j'ai une petite idée quant au nom... mais je vais le garder pour moi. Cette histoire a bien failli me faire quitter l'aventure. Bref, il me demande de lui servir un verre de café. Il a la tête dans le cul, effectivement. « D'accord. », je prends une tasse et je la remplis. Je sers ensuite mon colocataire qui me demande ce que je vais faire mardi. Je pense que c'est clair. Je vais suivre ma destinée. « Je vais faire - à la personne de mes rêves - exactement ce que tu feras à la personne de tes rêves. ». Rattraper le temps perdu, lui dire que je l'aime, qu'il me manque et que je ne me vois pas passer mes jours sans lui. Les conseils de Théo m'ont réellement été utiles. À moi de les appliquer, désormais. « Sinon, tu deviens quoi depuis la dernière fois qu'on s'était vus ? ». C'était en septembre, il me semble, donc ça date...

Si Théo m'a permis d'avancer ? "Définitivement je dis dans un petit souffle avant d'enfouir ma tête dans mes mains pour me frotter les joues afin de mieux me réveiller. Je veux dire, il m'a vraiment fait prendre conscience de ce dont j'avais besoin et de qui je voulais". Et tout ça au travers d'une seule petite question : comment rencontre-t-on le véritable amour et comment on le reconnait ? Oui. Théo était quelqu'un de bien, de très bien, de calme et de posé, mais qui savait donner de conseils avisés sublimés par des compliments. Et je le considérais beaucoup. Il était réellement devenu quelqu'un d'important pour moi. Quelqu'un d'essentiel. Vincent me tend la tasse de café que je lui ai demandé de me servir. "Merci beaucoup Vince'" je dis dans un sourire en posant le pain au chocolat sur la tranche du fauteuil pour pouvoir la récupérer. La chaleur se répand instantanément dans mes doigts, et ça fait du bien même si le soleil me réchauffe déjà. Vincent me parle de ces projets vis-à-vis de Huge, et je baisse les yeux vers ma tasse dans un sourire. Il m'avoue qu'il va faire exactement la même chose que moi je compte faire. Je ris nerveusement et relève la tête : "Toi aussi tu comptes partir en Jamaïque alors ?" Je dis dans un petit sourire comme pour lui donner un nouvel indice sur qui je compte retrouver. Et alors que je bois une gorgée de mon café, il me demande ce que je deviens depuis notre dernière entrevue il y a de ça bientôt six mois. Un rendez-vous imprévu, sois dit en passant. "A lot of things, je dis avec mon plus bel accent anglais. Je t'avais parlé de la série dans laquelle j'étais supposé tourné je crois ? Et bien, ça y est c'est fait. Tout est dans la boîte et elle sera diffusée au moins d'Avril sur les écrans. On a un partenariat avec Netflix et on sera diffusé en live sur TF1 puis le lendemain les épisodes seront disponibles sur internet". Les partenariats de ce genre se multiplient entre les sites de streamings et les chaînes de télévision, et faire parti de ce genre de projets est un plaisir. "Sinon j'ai aussi tourné dans un film, mais je n'avais pas un des rôles principaux. J'ai tourné toutes mes scènes avant le début de la All Star".  Je lui souris et décide de finir en parlant de mes études : "Sinon j'avais aussi un emploi-du-temps aménagé pour poursuivre mes cours, mais je suis rentré aux cours Florent à Paris. Donc j'ai du faire une croix sur la belle ville de Lyon. Et maintenant, je vis ma vie de Parisien !" En somme : tout va pour le mieux, ma vie professionnelle est florissante, et j'ai de la chance d'avoir pu signer autant de contrats en si peu de temps. "Et toi alors ? Raconte moi un peu ta nouvelle vie post-secret story". Je lui souris puis bois une nouvelle gorgée de café, parler quand on est encore un peu dans le flou c'est compliqué, mais les dolipranes font enfin effet, donc ça va beaucoup mieux.

Hier soir, Théo a fait prendre conscience de beaucoup de choses. Il a été un excellent confident, il faut le dire. Il sait être à l'écoute, réconforter les autres. Bref, il s'occupe bien de tout le monde. C'est l'une des personnes qui va vraiment me manquer à partir de demain. « Il est magique. ». Je me fais une petite tartine beurrée que je commence à déguster puis je réalise que l'aventure se termine déjà demain. Tant de souvenirs, tant d'intensité dans cette aventure. Chaque journée est unique. C'est l'une des nombreuses choses que j'ai apprises en venant là. Il est vrai que ce All Stars a été révélateur pour chacun de nous, même si c'était parfois à une intensité différente. C'est passé très vite... et je m'en rends compte lorsque j'entends Matthew projeter de partir en Jamaïque. À ce moment, j'écarquille les yeux... c'était bien ce à quoi je pensais. Mais que va en penser Danaë ? Je pense que cette histoire se réglera entre eux... pas besoin d'en ajouter. « Ah... moi, ce sera à Oslo. Il n'est pas vraiment fan de télé-réalité donc ce sera la grande surprise. ». À l'heure actuelle, il a son appart là bas. Dès la fin du tournage, je prends mon billet d'avion pour le rejoindre. Au final, Matthew et moi, on a le même destin... mais avec deux personnes différentes. On va chacun retrouver nos amours puis on vivra paisiblement et heureusement.

Parlons maintenant de ce qu'on est devenus après notre dernière rencontre. Il a tourné sa série qui sera bientôt diffusée. Ah, je suis content pour lui ! Je lui souris. « Croisons les doigts pour que ce soit un succès ! ». Bien évidemment, à cet instant même, je croise mes doigts. J'ai envie qu'il lui arrive du bien. Il m'annonce ensuite qu'il a quitté Lyon et qu'il s'est installé à Paris... si on veut se faire une bouffe un de ces jours, on pourra plus facilement se donner rendez-vous. Je commence à boire mon jus d'orange quand il me demande de raconter ma vie post-Secret Story. Je lui réponds tout simplement : « Comme tu le sais, avec Juju, on a pris un appart à Courbevoie... à côté de Paris. ». Petite pause. « Puis juste après la saison, je suis entré à l'école vétérinaire de Maisons-Alfort. Je me plais vraiment là dedans. ». Les animaux, ma vocation. « Maintenant, il faut voir comment les choses se dérouleront pour moi. ». Je lui souris amicalement. Avec la télé-réalité, peut-être que des propositions s'offriront à moi. À voir ce qu'il se passera pour moi ensuite et comment je gérerai ça... ce All Stars m'a donné l'envie du milieu. Désormais, la saison 10 ne compte plus que comme une mauvaise expérience.

Je souris bêtement lorsque Vincent qualifie Théo comme étant quelqu'un de magique. "Il l'est, je confirme avant de reprendre, il est envoûtant". Et c'est vrai, Théo nous transporte ailleurs au premier contact et au premier regard. Il est à la fois le ying et le yang, le beau, le brut mais aussi le vrai et le sincère. Il m'avoue ensuite que son retour aux sources à Oslo, là ou retrouvera son homme sera la plus grande des surprises. De toutes les surprises. "J'espère vraiment pour toi que ça marchera, je confesse sincère, mais si je peux te donner un conseil, essaye de faire en sorte que les caméras soient très très loin de vous deux". Et c'est un conseil que j'essaierai d'appliquer au mieux également, lorsque je tenterai de renouer le contact avec le beau Kovu. Maintenant j'ai vraiment une motivation pour sortir de cette maison, et c'est de le retrouver pour ne jamais le quitter. Mais en a-t-il envie ? Pire, se sentirait-il prêt à faire des concessions pour moi ? Ferai-je des concessions pour lui ? Tant de questions qui pour l'instant ne peuvent que rester sans réponse mais que j'espère pouvoir résoudre très vite. Le plus vite possible. Aussitôt que je serai sorti de la maison des secrets. Et alors que la conversation dérive sur nos parcours professionnels et qu'on laisse de côté nos amours, Vincent me souhaite de la réussite et je croise les doigts avec lui. "J'espère que le sort nous sera prometteur !" Je ris doucement puis l'écoute me parler de ses études de vétérinaires. Tiens ? Je ne savais pas qu'il était attiré par ce milieu. On n'en avait jamais parlé. Ca me surprend mais en même temps ça coule un peu de source quand on y pense. Vincent est quelqu'un de timide humainement parlant, mais c'est quelqu'un de gentil. Avec un bon fond. Pas étonnant qu'il humanise son contact avec les animaux au point de vouloir les garder en bonne santé. "Ca me fait plaisir que tu ai trouvé ta voix, je dis honnêtement, et vraiment, je ne parle pas tant sur le plan professionnel mais sur tous les plans. Ca me fait plaisir que tu saches enfin qui tu es Vincent, et c'est sincère". Car oui, il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre que Vincent s'assume enfin totalement. Dans son intégralité. Il sait enfin ce qu'il vaut. Je m'amuse d'ailleurs en pointant mon doigt vers lui et l'imite il y a encore quelques mois dans un petit rire enjoué : "D'a-d'a-d'ailleurs, tu-tu-tu bégayes plu-plus ?"

Théo est envoûtant... c'est exactement le mot. Il est envoûtant. Il sait mettre à l'aise et on a envie de se confier à lui. « Grave ! ». Parlons ensuite de mon futur séjour à Oslo. Je veux faire la meilleure surprise possible à mon homme... et je n'ai pas envie qu'il soit déçu. Matthew me conseille d'ailleurs de faire ça bien en dehors des caméras et de me méfier. « T'inquiète pas ! Je me méfierai. ». Ce sera notre moment... pas celui de la sphère. Je réalise que c'est aussi ça, s'affirmer : savoir refuser des choses. J'apprends trop de choses ici. Je grandis et ça fait un effet bizarre. J'ose espérer qu'il n'y aura pas un paparazzi pour se cacher et nous prendre en flagrant délit. Ca gâcherait bien le moment... mais bon, ce sera à Oslo, et je ne pense pas qu'il y en aura un suffisamment idiot pour se déplacer aussi loin dans l'unique but de faire quelques lecteurs en plus.

Parlons maintenant du professionnel ! Ca fait plaisir à Matt' que j'aie trouvé ma voie. Ce sont ces moments simples qui sont les plus touchants et les plus forts : on est juste en train de prendre notre petit déj et on discute de nos vies, on s'ouvre. Dans la saison 10, j'ai fait un énorme gâchis avec ma possessivité, ma jalousie et notre brouille. Une relation amicale entre nous deux est la plus adéquate. La relation amoureuse, je la laisse à mon homme... et il laisse certainement la sienne à son homme. Avec ma participation au programme, j'ai découvert qui j'étais... et je m'assume de plus en plus. « Merci. ». C'est bien pour ça que je bégaie moins. Je ne peux m'empêcher de rire à son imitation. « Ca s'estompe. ». Après, je ne cache pas que ça fait toujours partie de moi... mais j'ai pris mes aises avec le milieu de la télé. Bon, maintenant, je me lève, j'embrasse Matthew sur le front, puis je termine : « Bon, je vais faire bronzette à la piscine ! ». J'y vais.

Je bois une gorgée de mon café tout en écoutant Vincent. Notre conversation se termine peu à peu alors que nous venons de passer un vrai moment de complicité et de sincérité. Le genre de moment sur lesquels nous n'aurions jamais parié cet été, ni lui ni moi. Je le regarde avec une amitié qui se veut de plus en plus profonde, et même moi je peine à comprendre comment le changement a pu être si radical. Nous avons tous les deux grandis et mis de l'eau dans notre vin. Et nous voilà aujourd'hui. Chacun prêt à reparler à l'autre en effaçant les erreurs du passé. Lorsqu'il me confie que ses bégaiements s'estompent je lui souris "Ca me fait plaisir pour toi, ça veut vraiment dire que tu évolues vers la plus jolie version de toi même". Je le laisse ensuite s'éclipser en lui faisant un clin d'oeil puis en levant ma tasse de café verre lui. "Et merci pour le petit-déj" je dis alors qu'il disparaît de mon champ de vision. Puis je m'enfonce un peu mieux dans le fauteuil et reste là encore quelques minutes.

Ma fin d'après-midi seul m'a permis de réfléchir et de prendre de grandes décisions. Aussitôt hors de la maison, je m'envole tout droit pour la Jamaïque. Et personne ne m'en empêchera. Je décide de me rendre dans le confessionnal pour une requête un peu spécial, puis je ferai un crochet par la salle de bain et me préparerais pour une éventuelle soirée ce soir. En espérant que les habitants soient prêts à marquer le coup pour l'ultime soirée de la saison all star.

Après avoir fait un crochet par ma chambre ou j'ai récupéré tous mes draps et mes couvertures, oreillers et autres gadget pour une bonne nuit, je m'installe dans l'herbe synthétique de la maison des secrets. Après tout, je peux me permettre de mettre mes draps à l'extérieur : je n'y dormirai plus jamais dedans. Alors autant faire ce que je veux réellement faire et dormir à la belle étoile. Je me pose là et reste le regard vers l'horizon pendant de longues minutes. Sans m'endormir. Je reste là et pense beaucoup. Alors tout se termine déjà ce soir.

Les étoiles tournoient au dessus de ma tête et mon esprit se perd à l'intérieur. Je me sens comme happé dans l'immensité infinie et noire du ciel. Toute mon aventure se résume à ça : les astres. Ils ont dansé avec moi ces deux semaines et m'ont permis de découvrir qui j'étais réellement, ce qui était essentiel pour moi et quelles relations je devais à tout prix préserver pour l'avenir. Celles qui ne valaient presque rien et celles que je ne vendrais pour rien au monde. Entre les planètes et les étoiles je ne peux que revoir le reflet à la fois si loin mais encore si proche d'Emmanuelle et de Théo. Mes deux compagnons du ciel, mes deux astronautes. Sans eux, j'aurais sûrement fait fausse route et me serrait perdu dans l'espace. Mon voyage aurait eu une toute autre saveur. Et grâce à eux, même s'ils ont participé tantôt indépendamment et tantôt à deux, ils m'ont indiqué une trajectoire que je me devais maintenant de suivre, ils m'avaient guidé vers une destination encore inconnue, celle du véritable amour. Et je devais poursuivre ma route et ma lancée, parce que si je pouvais y parvenir, se serait le plus beau des cadeaux, et se serait uniquement grâce à eux. Je les aime tellement. Je m'endors alors, tandis que ma fusée continue de slalomer entre les étoiles à la recherche de demain.

Un peu plus éméché que ce que je veux bien laisser croire, je tente de traverser le jardin pour rejoindre le septième ciel. Sans faire exprès, je marche d'ailleurs sur Matthew, qui dort profondément. oups. Rire beaucoup trop fort, je m'abaisse pour que Emmanuelle puisse se poser. Puis je me laisse tomber au sol, dans un grand soupir, le regard dans les étoiles, l'air un peu beaucoup absent.

J'arrive dans le jardin, transportée sur le dos de mon dragon des mers. Une fois allongée par terre, j'ai l'impression que je n'en bougerai plus jamais. Ma tête fait des tours, mais mon regard n'se tue pas. C'est les étoiles qui m'parlent. « Il est minuit passé, ça y est, on est demain. On est le 13. » Je chuchote pas, même si dans ma tête, je pense pourtant le faire. Je tourne la tête vers Théo, cherchant sa réaction.

Une voix distante me sort de mon coma. Elle me fait sourire tendrement, amoureusement. Alors je me munie du peu de volonté qui me reste pour tourner ma tête vers Emmanuelle. On est le 13. Ce 13. Le 13 qui a tout fait basculé, avec nos petites âmes on a conjuré le sort. Bon 13anniversaire bébé ! Je l'embrasse fougueusement, dans un éclair de lucidité qui s'évaporera très vite. On a les étoiles comme cadeau ! Elles brillent encore très fort, c'est bizarre non ?

13anniversaire. Ça sonne insolite, inédit. Alors quand Théo m'embrasse, je prolonge, relevant une jambe contre sa cuisse, et lui mordillant la lèvre avec envie, prise d'une pulsion qui ne se contrôle pas. Encore moins enivrée. Heureusement, Théo, ignorant, met fin à tout ça. « Et dire que c'est le soleil qui va les éteindre. » Le ballet des astres, y'a rien d'plus captivant.

Emmanuelle, elle réussit encore à me faire croire que je joue à l'équilibriste sur un fil ténu.   Je manque de chavirer, de tomber, sous l'impulsion de sa passion. Mais je réussi à tenir, à faire désirer, dans la conscience de cette promesse que ce n'était pas le bon endroit. Si c'est la certitude de passer une journée de plus avec toi, je m'en fiche ! Les astres, l'espace. L'infini. Rien ne peut nous atteindre. On est invulnérables, beaux. Je ne quitte plus ses prunelles, comme j'en ai que trop bien l'habitude depuis un sacré bout de temps. Sans y trouver une certaine forme d'usure, simplement mon reflet dans son regard amoureux.

Une journée de plus, une journée de moins. J'n'ai plus conscience ni de l'espace, ni du temps. J'n'ai plus conscience de rien.  « On part, demain. » De la All Star, puis, de la France. Du monde humain. Et sans un mot de plus, je prends ses bras pour les entourer autour de ma taille, et j'empiète légèrement sur la zone de confort de Matthew pour avoir un bout de couverture. Je finis par m'endormir, alors que mes doigts caressaient tendrement les bras de Théo, et que mon autre main jouait dans les cheveux de Matthew.

La nostalgie pourpre de cette fin d'aventure s'envole en trois mots soufflés sous l'impulsion des étoiles. On part demain. Plus qu'une fois dormir, comme on disait avant. Mon corps se détend naturellement, laisse place à la fatigue de cette longue journée, riche en émotions, comme elles l'ont toutes étés ici. La main entrelacée à celle d'Emmanuelle, en même temps qu'elle me caresse le bras, je repense à notre discussion de tout à l'heure. ''Elle était parfaite cette aventure''.

En effet, elle l'a été. Grâce à elle, et Matthew, qui dort paisiblement à nos côtés. Il est si beau.
Je garderai tous les moments vécus ici en mémoire, quelque part dans mon âme, dans mon cœur, en même temps que quelques phrases dans un nouveau calepin. Le sien, le notre.

Celui de nos all-stars. Je m'endors finalement, léger comme un plume.