Jour 8

Je me réveille.

Je me réveille doucement et fait attention à ne pas réveiller Naïs et ensuite aller dans la salle de bain.

Je me réveillais à mon tour et je quittais la chambre.

A défaut de trouver la sortie de la maison je trouvais le chemin de la chambre. J'avouais ne pas être très en forme ce soir, il faut dire que la soirée n'avait pas été remplit d'émotions positives. Je soufflais. De 1) on me faisait rencontrer mes exs qui m'avaient fait souffrir pour, je ne sais pas, sans doute remuer le couteau dans la plaie et de 2) qu'est-ce que je m'ennuyais ! Moi qui était du genre à courir partout et à vivre à 100 à l'heure, j'étais servit. Je me laissais finalement tomber sur mon lit, me demandant bien comment la suite de mon aventure allait se passer.

J'entre dans la chambre avec mon tee shirt XXL trois fois trop grand et mon boxer et je souris à Naïs lorsque je la vois sur son lit. "Je peux m'asseoir ?" Je demande gentiment avant de me poser tout en douceur au bord du matelas. "Tu as l'air ... Vidée" je dis en soupirant presque, compatissant face à l'état avancé de fatigue de la jolie brune.

Finalement Matthew brisa ma solitude qui devenait pesante. Je le laissais donc s'asseoir et je me tournais sur le côté vers lui. Vidée c'était exactement le mot. Vidée d'émotions, vidée d'envie aussi. Je hochais la tête positivement à ses paroles et je regardais le beau brun au visage d'ange. « A vrai dire je me demande ce que je fous là. » Cela sortait du coeur. Oui c'était ce que je ressentais à ce moment même. J'avais eu des petits coups de mou aussi dans ma saison mais là j'avais l'impression qu'ils avaient tout fait pour me mettre à terre et prouver que finalement je n'étais pas la sur-femme que je voulais paraître.

La réponse de Naïs me fait grimacer légèrement. Elle semble réellement mal en point. Elle se tourne vers moi et je m'allonge à côté d'elle. "Pourquoi tu es venue ici au départ ? Je lui demande comme pour tenter de lui rappeler ses motivations en venant ici. On est ici pour deux semaines, c'est ce que tu ne dois pas oublier non plus, on est là pour en profiter". Il fallait avouer que je n'avais pas du tout suivi les évènements de la journée et que j'avais encore de la lecture à rattraper, et je ne savais pas trop ce qui lui pesait autant.

Je haussais les épaules. « Pour passer une aventure agréable avec le garçon que j'aime. » Et bien oui , c'était de là que partait mon inscription au casting. Je continuais de le regarder lorsqu'il me dit qu'on était là pour en profiter et que ce n'était pas long. Je soupirais. « C'est plutôt dur quand tu te rends compte que la personne qui est censé tenir le plus à toi te manque de respect et s'en fout de savoir si tu es triste ou non. Et c'est encore plus dur quand la production appui tout ça en te faisant rencontrer des fantômes de ton passé. » J'avais l'impression d'être dans un épisode des malheurs de Sophie. Enfin les malheurs de Naïs pour le coup. « Et puis je m'ennuie. » Je marquais une pause. « Et je vais faire du mal à Florian. » Une nouvelle pause. « Et je crois que c'est tout, mais c'est déjà pas mal non ? » Je lui faisais un faible sourire.

Naïs est vivante, elle vibre, elle me touche au plus profond de moi. Son histoire, je la comprends et la ressens. Mais je vois aussi ce qu'il se passe de l'autre côté du tableau, là ou Théo à trouver son véritable amour. Je ne connaissais ni les tenants ni les aboutissants de leurs différentes relations. Mais le garçon semblait avoir trouvé sa voix en la personne d'Emmanuelle. Naïs ne pouvait qu'en souffrir, surtout maintenant que le spectacle s'offrait sous ses yeux. "Je ne pense pas qu'il s'en foute de toi, je dis sincèrement, mais ses sentiments ne sont peut-être pas à la hauteur des tiens.". Je lui souris du mieux que je peux, essayant d'être convaincant et rassurant. "Alors bien sûr que ça fait mal, ça fait toujours mal de toute façon, surtout lorsqu'on est attaché plus qu'on ne le voudrait, mais c'est la dure loi de la vie. Et elle continuera toujours malgré tout. Je prends doucement sa main comme pour prouver qu'elle n'est pas seule. Ne te laisse pas atteindre par la production, elle n'en vaut pas la peine, elle veut juste frapper là ou ça fait mal parce qu'elle sait que tu es déjà affaiblie par tout ce qu'il se passe vis-à-vis de lui". La situation est délicate et je ne sais vraiment pas sous quel angle l'aborder. Je me sens à la fois heureux pour Théo mais si triste pour Naïs.

Les mots de Matthew résonnèrent en moi comme un mauvais rêve. Il était donc en train de m'avouer que Théo était amoureux d'elle ? Chose qu'il n'a pas réussi à m'avouer de lui même ? J'en perdais mon souffle. Je me relevais alors essayant de le reprendre ce que je faisais difficilement. Je regardais dans le vide. « J'ai enduré tellement de choses pour lui, tu te rends pas compte. J'ai laissé ma vie, mes envies de côté juste pour lui. Juste parce qu'il avait besoin de moi. Et ça a servit à quoi ? A le soigner pour une autre ? Pour une autre qui ose dire des belles paroles d'amour à quelqu'un d'autre que son fiancé ? » Fallait pas l'oublier ça. Je soufflais et je finis par me rallonger. Je serrai la main de Matthew dans la mienne. « Il me parle d'amitié, de quelque chose de fort. Tu parles, il n'en est rien. Il n'a même pas le respect de garder tous ces gestes envers Emma en intimité. C'est bien il est heureux, mais il me le vomit à la gueule. » Des larmes montaient à mes yeux. Et je détestais être comme ça, être faible. Surtout devant quelqu'un que je ne connaissais pas tant que ça finalement. Et encore plus devant toutes ses caméras. Mais j'arrivais plus à tout garder pour moi, je me rendais compte que je gardais beaucoup trop de choses pour moi.

J'arrive dans la chambre prêt à me coucher mais je vois Matthew et Nais en pleine discussion de plus Nais est pas bien. Je m'approche d'elle et la regarde. " Hey qu'est-ce qui ne va pas ? " Lui demandais-je.

J'entre et j'entends que ça discute, je me dirige donc vers mon lit, et j'écoute un peu la conversation, avec mon immense curiosité.

La voix vibrante de Naïs me brise une partie de mon coeur, je me sens tellement immiscé dans sa situation, je m'y identifie comme s'il s'agissait réellement de moi. Et j'ai presque envie de pleurer avec elle. Alors je resserre encore un peu plus l'étreinte autour de sa main tout en essayant de rester le plus rationnel possible. C'est ce qui est le plus dur lorsque l'on essaye de communiquer avec quelqu'un dans le dénis, ne pas perdre notre objectivité et ne pas les nourrir de faux espoirs, sans pour autant les briser plus qu'ils ne le sont. "Personne ne peut luter contre ses sentiments, je suppose qu'on ne le sait que trop bien tous les deux ... Je souffle à voix basse tout en m'autorisant à glisser une main dans ses cheveux pour y replacer une mèche qui lui barre le visage. Mais ne pense pas une seule seconde qu'il s'est servi de toi. Il t'a aimé, je pense, à sa manière. Il a profité de chaque seconde avec toi. Puis le destin vous a séparé. Ne lui en veut pas pour ça ... Je lui souris tristement mais avec une sincérité profonde puis reprends : Je pense juste qu'il ne réalise pas à quel point ça t'atteint, à quel point ça te fait du mal. Il ne veut pas te blesser." Le plus dur dans tout ça, c'est que son nom n'a pas encore été prononcé une seule fois, et que je ne suis pas sûr qu'il le soit. A vrai dire, je n'ai pas envie de m'aventurer sur un terrain glissant en prononçant un nom qui pourrait la faire fondre en larmes. "La pire chose que tu peux faire maintenant, c'est regretter ce que vous avez déjà vécu". Ils ont profité, se sont sûrement aimés, pourquoi souhaiter revenir en arrière pour effacer le passé désormais ? Les choses sont faites, et ont été bien faites, pourquoi y passer un coup de balais dessus maintenant ?

Au final les paroles de Matthew me faisaient réfléchir. Et oui, même dans cet état là j'arrivais à réfléchir. Qu'est-ce qu'il m'avait apporté en tant que couple dans ma vie ? Des soucis. Des inquiétudes. Des blessures. C'était vraiment ça l'amour ? Ressentir du dégoût pour la personne qu'on est censé aimé ? Et si au final je m'étais juste trop investie dans tout ça ? Et si au final c'est pour ça que j'avais si mal ? Parce que j'y croyais ? Alors que oui, on s'était mit ensemble plus sur un coup de tête. Et si la peur de perdre mon meilleur ami était au dessus de tout question souffrance ? Tout se bousculait dans ma tête. Je finis par fermer les yeux lorsqu'il passait sa main dans mes cheveux. Certes il ne réalisait pas à quel point il me faisait du mal, mais de mon ressentit il n'en avait pas non plus l'envie. Et si il n'assumait pas tout ça ? Je me calmais grâce aux gestes de Matthew et à sa respiration qui me berçait. Finalement ce moment d'apaisement fut interrompue par la voix de Florian. J'ouvrais les yeux et je tournais le visage vers lui. « On en parlera demain, d'accord ? » Puis je regardais Matthew. « Merci. Merci beaucoup. » Je lui faisais un sourire, bien que faible il était là. Puis je remontais la couette sur moi prête à m'endormir.

Je hoche la tête. " D'accord. " Je me met sous la couette pour la prendre contre moi et m'endormir avec un pressentiment bizarre.

Je sens les traits de Naïs se détendre légèrement au rythme ou ma main caresse ses cheveux. Je souris lorsqu'elle ferme délicatement les yeux jusqu'à ce que Florian nous rejoigne. Il coupe comme court à la conversation et je ne parviens à savoir si la jolie brune fuit ou si elle souhaite vraiment dormir. Lorsqu'elle me remercie, je me contente pour toute réponse d'apposer sur son front un petit baiser. Puis je m'extirpe du lit pour substituer ma place à Florian et vais rejoindre mes quartiers, mes draps, mon lit, ou je sombre dans un sommeil profond et réparateur. Loin des galaxies et des larmes.

La pauvre, son histoire me touche tellement. Bref, je finis par m'endormir.