Jour 6

Avec L'homme rateau, on quitte le salon pour rejoindre le jardin. J'ouvre la grande porte vitrée qui sépare les deux endroits, et la referme, m'adossant conte cette dernière et sortant deux clopes du paquet qui était dans ma poche de veste. « Dis-moi que t'as du feu! » je demande, la clope entre les lèvres. Je l'ai sûrement oublié à l'intérieur, et ça me saoulerait tellement de devoir y retourner!

Je suis Emmanuelle dans le jardin. Il fait tellement froid ! Je souffle dans mes mains pour me réchauffer un peu. T'as oublié ton feu ? C'est con. Tu veux dire que je suis la seule chose entre toi et une cigarette bien méritée ? Bon avant de faire le malin, j'ai pris ma cigarette. Qu'est ce que j'y gagne à te passer mon briquet, hein ? J'arbore un sourire taquin. Je repense un peu à la discussion avec Naïs, mais j'essaye de faire genre d'être totalement avec Emma.

En sachant qu'il a le pouvoir, Théo n'hésite pas à me faire du chantage. Je le regarde dans le plus profond des yeux, retenant un sourire amusé en le voyant faire. Faut que je réussisse à retourner la situation à mon avantage maintenant! « Toute ma reconnaissance! » Je tente, en vain. Il arbore ce regard moqueur, attendant quelque chose de plus attirant sûrement! « Bon ok. Tu gagnes les 3/4 du lit ce soir! J'te promets de ne pas dépasser mon côté, vu que d'habitude j'prends toujours plein de place! » je finis par céder, proposant un gros sacrifice. Il le sait assez bien, puisqu'on dort systématiquement ensemble quand on se voit. Cette semaine, par exemple, on s'est approprié le septième ciel!

Toute sa reconnaissance ? Si elle a rien de plus sérieux à proposer, j'garde mon feu. Je garde la paume de main enfermée sur mon briquet dans le calme le plus serein. Elle promet de prendre moins de place dans le lit ce soir ? Enfin, ça devient intéressant. Et avec ça, tu me sers un petit dej fait avec amour demain matin... Histoire de faire pression, je montre le briquet qui scintille un petit peu grâce à la lueur de la lune. Deal ?

Non mais déjà j'fais un gros sacrifice en proposant de prendre moins de place (ce que je risque évidemment de ne pas trop respecter vu que quand je dors, je ne me rends pas compte que j'bouge), mais en plus de ça il veut un petit déj le matin ? Je commence par secouer la tête de gauche à droite, les bras croisés, et réprimant un sourire pour ne pas perdre crédibilité. « Ça va pas ou quoi! Toujours plus toi! » Je fais tourner ma clope entre mes doigts par impatience, et lorsque Théo affiche le briquet sous mes yeux, j'ai le cœur qui faiblit. « C'est bon t'as gagné! Deal! » je finis par céder, encore. Mais qu'il ne s'attendr pas un truc de fou, ce sera une bouteille de jus d'orange, un verre en plastique à côté, une pomme, et il se débrouillera avec ça! Ou pas. J'sais que mon avis peut changer d'ici demain matin.

Elle fait genre de refuser, moi j'agite simplement un peu plus le briquet, pour qu'il capte l'attention d'Emma. Et bien évidemment, elle finit par céder. Je cache pas ma fierté, comme un enfant qui vient de faire un smack pour la première fois, ou qui réussit truc sur son jeu vidéo préféré (chacun sa vie). Tiens, tu l'as mérité ! Je tends mon briquet, en allumant ma clope avant, quand même. Je tire une taffe, sans retirer ce sourire sur ma face, celui qui s'immisce à chaque fois que je suis avec Emmanuelle. Ils sont sympas, les habitants. Je sais pas pourquoi, mais je m'attendais à ce qu'ils soient relous. Je t'avoue que par contre, c'est bizarre d'être dans la même maison que Naïs.

Et comment, que je l'ai bien mérité! Je le saisis enfin, adressant un sourire à Théo par la même occasion, un sourire genre "t'es un enfant mais jtm quand-même". J'allume enfin ma clope, et glisse le briquet dans ma poche, comme si de rien n'était... j'ai hâte qu'il me le redemande avant de rentrer à l'intérieur, ça sera drôle! Je profite de ma première taffe, qui est aussi la première de la journée, tandis que Théo m'parle un peu des habitants. « Ouais, franchement on est bien! Puis y'a ma Léo, quoi, je m'y attendais pas! » J'souris, ce début d'aventure est parfait. Mon sourire s'estompe un peu quand on en vient au sujet Nais. Au fond, on avait sûrement tous les deux envie d'en parler. « Pour moi aussi. T'as parlé avec elle? » Toute à l'heure, ils sont partis ensemble en direction du fumoir.

Je connaissais pas vraiment Léonie. Juste de nom. En même temps, j'avoue que je suis très exclusif avec Emma. Quand on se voit, je la veux rien que pour moi. Léonie a l'air sympa, même si elle faisait un peu la gueule hier. Après, y'avait sûrement une raison à tout ça. On en vient à Naïs naturellement. Elle m'a expliqué pourquoi elle a rompu après notre voyage. Répondis-je, à la suite de sa question, je ne donne pas plus de précisions. Mais on s'en fout. Je veux juste que tu saches qu'il y a jamais rien qui se mettra entre nous deux. Même si j'ai pas perdu espoir de récupérer l'amitié de Naïs.

Léonie, c'est mon sunshine! « Non mais de base c'est mon soleil cette fille! Y'a du avoir quelque chose pour qu'elle soit comme ça... » Il faudra que je lui demande, d'ailleurs. Je tire sur ma clope, écoutant Théo. Il n'a pas forcément envie de me détailler leur discussion, ce que je comprends. Je me concentre donc sur l'avant fin de sa phrase. « Jamais rien? » Je répète, les yeux joueurs et le sourire en coin.

Ouais j'imagine bien. Tu devrais aller lui parler un de ces quatre. C'est sûrement un truc avec le forceur, là, Steven. Si on en croit leur passif dans Secret Story 10 en tout cas.  « Jamais rien? » Je relève le regard à sa question et mes yeux se posent sur Emmanuelle. Tourné vers elle, je répète distinctement ces deux mots. Jamais rien. Mon corps se rapproche du sien, je m'en rends pas vraiment compte. Je veux juste qu'elle se rende compte que je le pense vraiment, en lisant dans la lueur de mon regard, sur les mimiques sérieuses de mon visage. Tu as eu raison de vouloir revenir ici. J'ai pleins de souvenirs qui me reviennent en tête. Le jardin chinois, Elie qui se prend une gifle. C'est vraiment derrière nous tout ça ? Je veux dire, ça me paraît tellement... récent.

Je souris comme une gamine quand il m'affirme que non, jamais rien ne viendra se mettre entre nous. En le voyant se rapprocher, mon cœur bat un peu plus vite, un peu mieux. Je glisse subtilement une de mes mains dans une des poches de son sweat, réduisant la distance restante entre nous. « Le jardin japonais, la love room, elie et ses b..gifles! Warry le canari, Svetlabiatch, Zelda fadat... » Des souvenirs plein la tête, des étoiles dans les yeux. « Et on est encore là! » Je souris, nostalgique, relevant finalement les yeux pour les plonger dans ceux de Théo. « Ça aurait été bête de passer à côté de cette nouvelle aventure! » Y'a comme un sens caché.

Je fais rien pour réduire notre proximité. Au contraire, j'veux pas partir. L'odeur de son parfum se fait encore plus distincte. J'ai presque envie d'y enfouir mon cou, parce cette odeur me rassure, elle m'est familière et que je sais que souvent j'aurais droit à des caresses. Mais on discute là, pas vrai ? On énumère toutes les belles aventures qu'on a vécu ensemble. Un rire se fait entendre bien évidemment, quand elle parle des Bi...giffles d'Elie.T'as vraiment réussir à faire tenir tout ça dans un seul calepin ? Référence à nos délires d'avant, qui sont peut être plus si drôles maintenant, mais ce délire là m'arrache encore un petit sourire amusé. Y'a peut être moyen d'en remplir un nouveau. Si on fait sorte de rendre cette aventure... inoubliable. Ma main vient replacer une mèche rebelle d'Emmanuelle qui me cachait son regard.

Le calepin, une grande histoire! Je laisse échapper un rire, on s'en souviendra à jamais de tout ça! « Dans un seul et même! » Dans ma tête et dans mon cœur, aussi. Je finis ma cigarette que je laisse ensuite tomber par terre. « Je suis sûre qu'elle va l'être! » Et je suis sûre que le nouveau calepin invisible sera plein à la fin de la semaine! Je me rapproche encore de Théo, mettant ma deuxième main dans son autre poche et glissant ma tête au creux de son cou. A ce moment-là, j'hésite à lui dire qu'il m'a manqué, depuis un bout de temps. Mais je me rétracte, parce que je n'ai jamais réussi à avouer mes sentiments à Théo. Jamais. J'me dis que les actes valent mieux que les paroles, après tout. « Diane doit au moins en être à son troisième verre!  » Je ris légèrement, l'imaginant piégée entre les disquettes de Steven. Je me recule ensuite de Théo, un sourire amusé au bord des lèvres. Finalement, je sors le briquet de ma poche, l'air malin. « Si tu veux le récupérer, va falloir que tu sois convaincant! Qu'est-ce-que tu dis d'un massage? A me faire, quand tu veux dans la semaine! » C'est comment d'inverser la situation? J'suis terrible, comme gosse!

Diane nous rejoint finalement. Je me mets à rire, appréciant son apparition originale. « J'savais que tu lui manquais! » je glisse à l'oreille de Théo. Généreuse, je passe une clope à la candidate, qui balance que Steven est puceau. « Steven, puceau ? » Tiens, ça nous fait un point en commun! Je ne réagis pas vraiment là-dessus, je compte sur Théo pour ça!

C'était donc une promesse, cette aventure sera inoubliable. Je n'en doute pas, au fond, on enchaîne l'inoubliable. Encore dernièrement, avec ce voyage au soleil, ce temps rattrapé. Elle se rapproche encore plus, et cette fois, je reste totalement figé, j'arrive pas à faire quoi que ce soit. Même pas besoin d'un geste en soi, des mots bien choisis suffiraient peut être. Mais est-ce que c'est vraiment nécessaire ? Je prends du temps pour capter la remarque d'Emmanulle. Putain, c'est vrai, Diane. Je lui laisse un peu d'avance. Quand je vais me mettre en mode pro vodka, elle va plus rien comprendre. Elle m'a volé mon briquet, putain ! J'y crois pas, j'ai rien vu venir. Je pousse un cri d'horreur, genre même pas je me retiens. T'es diabolique... Prendre en otage mon briquet, t'es vraiment prête à tout hein ? Je souffle avant de concéder. J'ai pas le choix de toute manière ! Allez, rend le moi !!! Que je dis, faussement blasé.

Diane se ramène ensuite. Comme ça, au calme. Elle a le don d'aménager ses entrées en tout cas. J'échange un rire complice avec Emmanuelle. Jure ? T'as des preuves irréfutables? Les potins, c'est ma deuxième passion.

Le mode pro vodka de Théo, je le connais bien, et il fait pas rire les pigeons! Quand il remarque ma fourberie quant au briquet que je tiens dans mes mains, d'un air malicieux, il concède à son tour. J'affiche un graaaand sourire satisfait à ce moment là, lui rendant son feu. « T'as intérêt à honorer ton deal! » J'souris, devant son faux air blasé. Quand il fait cette tête là, j'ai envie d'le croquer. D'le faire rire, d'lui montrer qu'il fait semblant d'être sérieux.

Apparemment, Steven a avoué à Diane être puceau. J'laisse échapper un rire, c'est un truc qui m'étonne beaucoup en fait! Mais why not, only god can judge you! Sur cette belle confidence, je décide de quitter le jardin. « Bon, moi j'vais me coucher. Bonne nuit! » En réalité, je m'adresse plus à Diane qu'à Théo, vu qu'il dort avec moi!

T'inquiète, j'serais muet comme une tombe. Je croise les doigts derrière mon dos, parce que je promets pas de vouloir foutre la merde un de ces jours. Emmanuelle annonce qu'elle va se coucher, à croire qu'on est connectés (ou qu'elle sur la cb), j'avais envie d'aller crécher aussi. On se voit demain Diane ! Fais gaffe à pas attraper froid. Pourquoi j'ai dis ça moi ? Waaah, il est vraiment tard. Je me taille.